- Sacré-Cœur
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Le Sacré-Cœur est une dévotion au Cœur de Jésus-Christ, en tant que symbole de l'amour divin par lequel le fils de Dieu a pris la nature humaine et a donné sa vie pour les hommes[1]. Cette dévotion est particulièrement présente au sein de l'Église catholique romaine mais aussi, quoi qu'à moindre échelle, dans l'Église anglicane et dans certaines Églises luthériennes. Elle met l'accent sur les concepts d'amour et d'adoration voués au Christ. La solennité du Sacré-Cœur a été instituée par le pape Clément XIII en 1765 et étendue à toute l'Église catholique romaine par le pape Pie IX en 1856.
L'extension de cette dévotion dans l'Église catholique romaine à partir du XVIIe siècle provient des révélations d'une religieuse visitandine catholique du couvent de Paray-le-Monial en Bourgogne, Marguerite-Marie Alacoque, qui a affirmé l'avoir reçue du Christ lui-même lors de différentes apparitions entre 1673 et 1675[2], et, plus tard, à partir du XIXe siècle, provient des révélations d'une autre religieuse supérieure catholique du couvent de la Congrégation du Bon Pasteur de Porto, en Portugal, Marie du Divin Cœur, comtesse Droste zu Vischering, qui a demandé, au nom du Christ lui-même, au pape Léon XIII qu'il consacre le monde entier au Sacré-Cœur de Jésus.
La tradition catholique a toujours associé le Sacré-Cœur avec les Actes de Réparation dédiés au Christ. Dans son encyclique Miserentissimus Redemptor, Pie XI a indiqué : « l'esprit d'expiation ou de réparation a toujours tenu le premier et principal rôle dans le culte rendu au Sacré-Cœur de Jésus ». La Dévotion au Sacré-Cœur est parfois pratiquée au sein des Églises orthodoxes, où elle reste un point de controverse, car perçue comme étant un exemple de latinisation liturgique.
Le Sacré-Cœur est souvent représenté, dans l'art chrétien, sous la forme d'un cœur enflammé brillant d'une lumière divine, saignant car ayant été percé par la lance du soldat romain Longinus, entouré d'une couronne d'épines et surmonté d'une petite croix. Parfois, le cœur est centré sur le corps du Christ, avec ses mains transpercées dirigées vers lui, comme s'il allait l'offrir à la personne qui se tient devant lui. Les blessures et la couronne d'épines font allusion aux conditions de la mort de Jésus-Christ, alors que le feu symbolise le pouvoir transformateur de l'amour.
Histoire
Origines
La tradition du Sacré-Cœur trouve son origine avec l'apôtre saint Jean, qui a reposé sa tête sur le cœur de Jésus durant la Cène (Evangile selon st Jean 13,23) et a vu le Cœur transpercé de Jésus lors de la Passion (Evangile selon st Jean 19,34-37). Par la suite, de nombreux saints ont parlé du Cœur du Christ, tels sainte Catherine de Sienne, sainte Gertrude de Helfta, saint François de Sales, des Chartreux ...
XVIIe siècle
Pendant les premiers siècles du christianisme, le cœur du Christ ne symbolisait pas tant l'organe de l'affectivité et des émotions [réf. nécessaire], comme il le fait aujourd'hui, que le siège de toute activité mentale, de façon indifférenciée.
Ludolphe le Chartreux fait allusion au Sacré-Cœur dans la Grande Vie de Jésus-Christ. Quelques images allemandes, la patrie d'origine de Ludolphe, le représentent aux XVe et XVIe siècles, ainsi que les Cinq-Plaies.
Au XVIIe siècle, saint Jean Eudes (1601-1680) mit en place les éléments d'un culte du cœur de la Vierge Marie, puis de celui de Jésus.
L'Église catholique se considéra confortée dans l'instauration de ce culte à la suite des apparitions que Marguerite-Marie Alacoque (plus tard proclamée sainte) a eu de Jésus dès 1673 à Paray-le-Monial. Saint Claude La Colombière a aidé sainte Marguerite-Marie Alacoque à répandre ce culte du Sacré-Cœur. L'image qu'elle propage, entouré de rayons d'or et de flammes de feu, comporte au centre le mot « charitas » c'est-à-dire charité, est l'image du Verbe fait chair , seconde personne de la Trinité, Dieu-Amour, incarné dans un coeur humain.
XVIIIe siècle
- Sœur Anne-Madeleine Rémusat (1696-1730) fut une propagatrice de la dévotion au Sacré-Cœur. Pour arrêter la peste à Marseille, Mgr Belsunce, sous l'inspiration de cette religieuse, plaça la ville de Marseille et son diocèse sous la protection du Sacré-Cœur, lors d'une messe célébrée le 1er novembre 1720.
- Marie Leszczyńska initiée à cette dévotion par la Visitation de Varsovie, obtient des Evêques de France que la Fête du Sacré-Cœur soit étendue à toute la France ainsi que l'Office et propage ce culte à la cour et dans la famille royale, obtenant qu'il y aie un autel du Sacré-Cœur dans la Chapelle du Château de Versailles, ville d'une des premières confréries du Sacré-Cœur [3]
Pape Pie IX
En 1856, le Pape Pie IX étend la Fête du Sacré-Cœur à l'Église universelle. Trois encycliques confirment l'attachement de l'Église à cette dévotion : Annum Sacrum (Léon XIII - 1899), Miserentissimus Redemptor (Pie XI - 1928) et Haurietis Aquas (Pie XII - 1956).
Ces circonstances peuvent être comparées à celles qui ont présidé à la proclamation par l'Eglise catholique de la Fête-Dieu, proposé par Sainte Julienne de Cornillon. De même, le Dimanche de la divine Miséricorde fait suite au message de Faustine Kowalska. Ces trois fêtes ont été instituées dans le calendrier liturgique suite à des faits mystiques sur lesquels l'Église catholique romaine a posé un avis favorable.
Consécrations au Sacré-Cœur
Dans sa bulle pontificale Auctorem Fidei, le pape Pie VI loua la dévotion au Sacré-Cœur. Finalement, le pape Léon XIII consacra, par son encyclique Annum Sacrum (le 25 mai 1899), chaque être humain au Sacré-Cœur. L'idée de cet acte, que Léon XIII surnomma "le grand acte" de son pontificat, lui avait été soumise par la bienheureuse Marie du Divin Cœur, comtesse Droste zu Vischering, une religieuse supérieure de la Congrégation du Bon Pasteur de Porto, en Portugal, qui prétendait l'avoir surnaturellement reçue du Christ lui-même. Depuis le milieu du XIXe siècle, des groupes, des congrégations et même des États se sont consacrés au Sacré-Cœur. En 1873, sur pétition du président Gabriel García Moreno, l'Équateur fut le premier pays du monde ainsi consacré, accomplissant enfin ce que Dieu avait demandé à Marie-Madeleine un peu moins de deux mille ans auparavant, selon la vulgate chrétienne. Les familles catholiques se sont appliquées à l'« intronisation du Sacré-Cœur » dans leurs maisons et dans leurs pays.
Sens de la spiritualité du Cœur de Jésus
Dans le Directoire sur la piété populaire et la Liturgie, publié le 9 avril 2002, la Congrégation pour le culte divin rappelle le sens du culte rendu au Cœur de Jésus : « L'expression "Cœur de Jésus", entendue dans le sens contenu dans la divine Écriture, désigne le mystère même du Christ, c'est-à-dire la totalité de son être, ou le centre intime et essentiel de sa personne: Fils de Dieu, sagesse incréée; Amour infini, principe du salut et de sanctification pour toute l'humanité. Le "Cœur du Christ" s'identifie au Christ lui-même, Verbe incarné et rédempteur (...) » [4].
Dans l'encyclique Haurietis Aquas in Gaudio, véritable référence pour la compréhension de la spiritualité du Sacré-Cœur[5], Pie XII définit le mystère du cœur de Jésus comme le mystère de l'amour miséricordieux du Christ et de la Trinité tout entière, Père, Fils et Saint Esprit, envers l'humanité[6].
Fête du Sacré-Cœur
Le mois de juin lui est consacré, mois pendant lequel a lieu la Fête du Sacré-Cœur qui est célébrée dans toute l'Église catholique romaine depuis 1856. Cette solennité est célébrée 19 jours après le dimanche de Pentecôte, soit un vendredi (le 11 juin en 2010).
Article détaillé : Fête du Sacré-Cœur.Saints et saintes liés au culte du Sacré-Cœur de Jésus
- saint Jean Eudes (1601 - 1680)
- sainte Marguerite-Marie Alacoque (1647 - 1690)
- saint Louis-Marie Grignion de Montfort (1673 - 1716)
- vénérable Anne-Madeleine Rémusat (1696 - 1730)
- sainte Madeleine-Sophie Barat (1779 - 1865)
- saint Michel Garicoïts (1797 - 1863)
- bienheureuse Sœur Marie de Jésus Crucifié (1846 - 1878)
- bienheureuse Marie du Divin Cœur (1863-1899)
- bienheureuse Alexandrina de Balasar (30 mars 1904 - 13 octobre 1955)
Autres voyantes et mystiques célèbres liés au culte du Sacré-Cœur
- Adèle Garnier (1836 - 1924)
- Edith Royer (1841 – 1924) et l'Archiconfrérie de "Prière et de Pénitence" de Montmartre
- Josefa Menéndez (1890 - 29 décembre 1923)
- Marcelle Lanchon (31 décembre 1891 - 20 octobre 1933)
- Claire Ferchaud (5 mai 1896 - 29 janvier 1972)
Congrégations dévolues au culte du Sacré-Cœur de Jésus
Au XIXe siècle, un très grand nombre de congrégations en lien avec la spiritualité du Sacré-Cœur de Jésus ont été fondées. Cette liste n'est donc pas exhaustive.
- Religieuses du Sacré-Cœur de Jésus, congrégation fondée en France en 1800 par sainte Madeleine-Sophie Barat
- Pères et religieuses des Sacrés-Cœurs de Picpus, congrégation fondée en France en 1800 par l'abbé Coudrin et la mère Henriette Aymer de la Chevalerie
- Frères du Sacré-Cœur, congrégation fondée en France en 1821 par le père André Coindre et le vénérable frère Polycarpe (Jean-Hippolyte Gondre)
- Prêtres du Sacré-Cœur de Jésus, congrégation fondée en France en 1832 par saint Michel Garicoïts et par la bienheureuse Sœur Marie de Jésus Crucifié
- Congrégation du Sacré-Cœur de Jésus, fondée en France en 1852 par le père Joseph-Marie Timon-David
- Missionnaires du Sacré-Cœur de Jésus, congrégation fondée en France en 1854 par l'Abbé Jules Chevalier
- Missionnaires comboniens du Cœur de Jésus, congrégation fondée en Intalie en 1867 par saint Daniel Comboni
- Société des Filles du Sacré Cœur, congrégation fondée en Belgique en 1873 par sainte Marie de Jésus Deluil-Martiny
- Union des Oblates du Cœur de Jésus, congrégation fondée en France en 1874 par sainte Louise-Thérèse de Montaignac de Chavance
- Servantes du Sacré-Cœur, congrégation fondée en Italie en 1874 par sainte Catherine Volpicelli
- Petites Servantes du Sacré-Cœur de Jésus pour les Malades pauvres, congrégation fondée en Italie en 1975 par sainte Anna Michelotti
- Société des prêtres du Sacré-cœur de Jésus, congrégation fondée en France en 1877 par le père Léon Dehon
- Ancelles du Sacré-Cœur, fondée en Espagne en 1877 par sainte Raphaelle Porras y Ayllon
- Sœurs missionnaires du Sacré-Cœur, congrégation fondée en Italie en 1880 par sœur Françoise-Xavière Cabrini
- Sœurs hospitalières du Sacré-Cœur de Jésus, congrégation fondée en Italie en 1881 par Benoît Menni, frère de Saint-Jean-de-Dieu
- Bénédictines du Sacré-Cœur de Montmartre, congrégation fondée en France en 1898 par Adèle Garnier
- Ursulines du cœur de Jésus agonisant (ou Ursulines grises), congrégation fondée en Pologne en 1920 par sainte Ursule Ledóchowska
- Petites Sœurs du Sacré-Cœur, congrégation fondée en France en 1933 et dont la spiritualité s'inspire de Charles de Foucauld
Représentations religieuses et populaires du Sacré-Cœur
Médailles et images religieuses
Le Sacré Cœur de Jesus apparait au revers la medaille miraculeuse au côté du Cœur Immaculé de Marie.
Culture populaire
Lieux de culte célèbres dédiés au Sacré-Cœur
- Basilique du Sacré-Cœur de Montmartre, à Paris, en France;
- Basilique du Sacré-Cœur de Marseille, en France;
- Basilique de Paray-le-Monial, en France;
- Basilique du Sacré-Cœur de Nancy, en France;
- Basilique du Sacré-Cœur de Bruxelles en Belgique;
- Basilique du Sacré-Cœur (de l'Étoile) à Lisbonne, Portugal;
- Sanctuaire du Christ Roi en Almada, Portugal;
- Basilique du Sacré-Cœur (Basilica of the Sacred Heart), sise en l'Université de Notre Dame, à South Bend, dans l'Indiana, aux États-Unis;
- Basilique-cathédrale du Sacré-Cœur (Cathedral Basilica of the Sacred Heart), à Newark (New Jersey), dans le New Jersey, aux États-Unis;
- Église du Sacré-Cœur à Munich, en Bavière;
- Eglise du Sacré-Coeur en Saint Germain du Crioult, France;
- Eglise du Sacré-Coeur en Menton, France;
- Eglise du Sacré-Coeur de Cholet, France;
- Eglise du Sacré-Coeur de Gatineau (Hull),Québec Canada;
Bibliographie
- Edouard Glotin, La Bible du Cœur de Jésus, Éd. Presses de la renaissance, 2007 (ISBN 978-2-7509-0306-0)
- Jean Ladame, Marguerite-Marie : la sainte de Paray, Ed Resiac, 1994 (ISBN 2-85268-118-8)
- Jean Ladame, Les Faits mystiques de Paray, Ed Resiac, 1991 (ISBN 2-85268-215-X)
- Anne Sauvy, Le Miroir du cœur : quatre siècles d’images savantes et populaires, Paris, Cerf, 1989 (ISBN 2-204-03008-2)
- Louis Veuillot, Le Sacré-Cœur et les hommes de France, Langres, Maitrier et Courtot, 1902
- Pie XII, Encyclique Culte et dévotion au Sacré-Cœur (Haurietis aquas in Gaudio), Ed. Pierre Téqui, 1956 (voir aussi traduction en ligne sur labibleducoeurdejesus.com)
- [lire en ligne] - Etude sur le Sacré Cœur , Letierce.
- Sur Gallica Regnabit. Revue universelle du Sacré-Cœur - 1921
Articles connexes
- Christianisme, Eglise catholique, Jésus-Christ
- Cœur Immaculé de Marie : Mariologie, Vierge Marie, Conception virginale, Virginité perpétuelle de Marie
- Apparitions mariales de Notre-Dame-de-Lourdes et de Notre-Dame de Fátima
Notes et références
- Cf décret Instantibus de la Sacrée Congrégation des Rites paru sous l'approbation de Clément XIII le 6 février, in A. Hamon, Histoire de la Dévotion au Sacré-Cœur, tome II, Paris, Beauchesne, 1925
- ISBN 2-85268-118-8 Jean Ladame, Marguerite-Marie, La sainte de Paray, Éditions Resiac, 1994
- lire en ligne] La confrérie de la Dévotion au Sacré-Cœur de Jésus de Notre-Dame de Versailles. [
- Directoire sur la piété populaire et la liturgie, 9 avril 2002, n°166
- Edouard Glottin, La Bible du Cœur de Jésus, Presses de la Renaissance, 2007, p.416
- Pie XII, Encyclique Haurietis Aquas in Gaudio, 1956
Liens externes
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