- République Socialiste Soviétique d'Ukraine
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République socialiste soviétique d'Ukraine
République socialiste soviétique
membre de l'Union soviétiqueУкраїнська Радянська Соціалістична Республіка
République socialiste soviétique d’Ukraine←
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←1922 — 1991 → Drapeau de la RSSU Sceau de l'état Devise (Ukrainien) : Пролетарі всіх країн, єднайтеся!
(Traduction : "Prolétaires de tous les pays, unissez-vous !")Capitale De 1918 à 1934 : Kharkov, à partir de 1934 Kiev Langue officielle Aucune, Russe et Ukrainien de facto, suivant les régions Gouvernement Conseil des Ministres de la RSS d'Ukraine Régime de l'état République socialiste soviétique fédérée Dernier Président du Soviet Suprême Leonid Kravtchouk Superficie
- Totale
- % eau3e dans l'Union soviétique
603 700 km²
- %Population
- Totale
- Densité2e dans l'Union soviétique
51 706 746 habitants
85,6 hab/km²Création 30 Décembre 1922 Indépendance 24 Août 1991 Monnaie Rouble soviétique ou карбованець, "karbovanets" en ukrainien Zone horaire UTC +3 Hymne national Hymne de la République socialiste soviétique d'Ukraine La République socialiste soviétique d'Ukraine était l'une des 15 Républiques membres de l'Union soviétique avant la chute de cette dernière en 1991. Par sa population, l'Ukraine était la deuxième république fédérée de l'URSS, et par sa superficie elle était la troisième (3% de sa superficie et 18% de sa population). Elle était membre de l'Organisation des nations unies.
Sommaire
La genèse (1917-1922)
Dans la foulée de la Révolution de Février 1917, se constitue le 15 mars 1917 une Rada (un conseil) autonome, présidée par l'historien Mykhaïlo Hrouchevsky. La Rada centrale manifeste son opposition à la Révolution d'Octobre en proclamant le 19 novembre la République populaire ukrainienne, non séparée de la République russe. Les bolcheviks refusent de reconnaître la Rada centrale et fondent une série de républiques : la République populaire ukrainienne des soviets (dans l’est), la République soviétique de Donetsk-Krivoï-Rog, la République soviétique d’Odessa, la république socialiste soviétique de Tauride, devenue ensuite la république socialiste soviétique de Crimée. Néanmoins en 1917, le parti bolchevik reste assez peu implanté en Ukraine, exception faite dans les régions industrielles de l'Est et du Sud.
En réaction la Rada proclame l'indépendance de l'Ukraine le 22 janvier 1918. Dès le mois de février, les troupes bolcheviques contrôlent les principales villes du pays, dont Kiev. La Rada se réfugie alors à Jytomyr. Les états bolcheviks d'Ukraine s’unifièrent les 17-19 mars 1918 pour former la République soviétique ukrainienne avec Kharkov pour capitale.
La république populaire d'Ukraine signe un traité séparé avec les Allemands à Brest-Litovsk le 9 février 1918. Les Allemands jouent la carte du séparatisme ukrainien pour mettre la main sur les richesses du pays alors essentielles pour leur victoire. Ils envahissent le pays et la République soviétique d'Ukraine est balayée en avril 1918.
Les Allemands contribuent à l'instauration de l'hetmanat, en la personne de Paul Skoropadski. Ce dernier mène une politique réactionnaire. Il est contraint de se réfugier en Allemagne en décembre 1918. Après cet évènement, un Directoire, présidé par Simon Petlioura, restaure la République populaire ukrainienne et combat l'Armée rouge. À partir de ce moment, plusieurs camps se disputent le contrôle du territoire ukrainien: les troupes de Simon Petlioura, les armées blanches (Denikine) épaulées par les Français qui occupent Odessa jusqu'en avril 1919, les anarchistes de Makhno et enfin, les soviétiques.
Le pouvoir soviétique reprend définitivement pied en Ukraine au printemps 1919. Le 10 mars 1919, la République socialiste soviétique d’Ukraine est proclamée comme gouvernement autonome. Ceci est le résultat du 3e congrès des soviets d’Ukraine réuni du 6 au 10 mars à Kharkov. En 1920-1921, les bolcheviks éliminent alors leurs opposants et mènent la répression. À la faveur de la progression de l'Armée rouge, ils constituent au sein de la république soviétique d'Ukraine des territoires autonomes : la république socialiste soviétique de Bessarabie (de mai à septembre 1919) et la république socialiste soviétique de Galicie (de juillet à septembre 1920). Cependant, le traité de Riga (1921) les rattachent respectivement à la Roumanie et à la Pologne.
C'est en effet par le traité de Riga que la Pologne reconnaît la République socialiste soviétique d'Ukraine et que les frontières occidentales de cet État sont fixées. Un mouvement armé et encouragé par les États occidentaux subsistera néanmoins un temps sur la rive droite du Dniepr.
L'accroissement territorial
La République soviétique d'Ukraine acquiert plusieurs territoires entre 1940 et 1954.
- La Galicie orientale, intégrée à la Pologne par le traité de Riga de 1921, est annexée à l'Ukraine à la faveur du pacte germano-soviétique de 1939. Les troupes soviétiques s'en emparent en septembre 1939. Le Soviet Suprême de l'URSS vote son incorporation à la l'Ukraine le 1er novembre 1939. Ce rattachement est entériné par les accords de Yalta et la conférence de Potsdam (1945). Il s'agit des régions de Lvov (aujoud'hui Lviv l'ancienne Lemberg), de Tarnopol (aujourd'hui Ternopil) et de Stanislav (aujourd'hui Ivano-Frankivsk). Les Polonais de ces régions furent déportés en Pologne, comme même ceux de Lvov, ville majoritairement polonaise.
- La Bucovine du Nord (région de Czernowitz, aujourd'hui Tchernivci, est occupée par l'Armée rouge en juin 1940 et annexée à l'URSS. Elle appartenait depuis 1920 à la Roumanie. Ce rattachement est à nouveau une conséquence du pacte germano-soviétique.
- La Transcarpathie (région d'Užhorod) est cédée par la Tchécoslovaquie à l'URSS le 29 juin 1945. Elle reçoit le nom de Zakarpatska oblast,c'est-à-dire oblast transcarpathique.
- La Crimée, qui appartenait à la République socialiste fédérative soviétique de Russie, est offerte à l'Ukraine par Khrouchtchev en 1954 pour fêter le tricentenaire de la réunification entre la Russie et l'Ukraine (plus exactement, la partie de l'Ukraine qui s'étend sur la rive gauche du Dniepr). Elle devient une république autonome au sein de la RSS d'Ukraine.
Ainsi, selon l'article 18 de la constitution de 1959 de la RSS d'Ukraine, « La République socialiste soviétique d'Ukraine est composée des régions de : Vinnitsa, Volhynie, Dniepropetrovsk, Drogobytch, Jitomir, Ruthénie subcarpathique, Zaporojié, Kiev, Kirovograd, Crimée, Lougan, Lvov, Nikolaiev, Odessa, Poltava, Rovno, Stalino, Ivano-Frankovsk, Soumy, Tarnopol, Kharkov, Kherson, Khmelnisky, Tcherkassy, Tchernivtsi, Tchernigov ».
Le rôle de la RSS d'Ukraine dans l'Union soviétique
Population et démographie
La RSS d'Ukraine comptait environ pour 18% de la population totale de l'URSS, ce qui en faisait la république la plus peuplée après la Russie. L'Ukraine possédait une population trois fois inférieure à celle de la Russie, mais pour un territoire 28 fois plus petit. Il est notable de constater qu'entre 1945 et 1991, la population française et ukrainienne étaient semblablement identiques, ce qui montre que l'Ukraine était un pays relativement peuplé, et qui a aussi profité du baby-boom de l'après-guerre. La démographie ukrainienne est cependant restée faible par rapport aux autres Républiques socialistes (notamment à celles de l'Asie centrale), avec un accroissement annuel moyen de 0,8%. La RSS d'Ukraine avait un solde migratoire positif, car la république possédait une industrie très puissante qui attirait nombre d'ouvriers venus des républiques pauvres d'URSS (Caucase, Asie centrale, et régions moins développées de Russie). Entre autres, des millions de Russes se sont installés dans le Donbass, afin de travailler dans les mines de charbon, de bauxite, et dans le secteur sidérurgique.
Économie
Agriculture
Les débuts de l'agriculture intensive en RSS d'Ukraine ont commencé sous Staline à l'époque de la collectivisation forcée des terres de toute l' URSS et de la répression des Koulaks (dékoulakisation). Bien que cette collectivisation forcée ait apporté des moyens modernes dans toute l'URSS et en Ukraine (achat de tracteurs européens, construction de silos à grains en masse), elle a eu aussi un impact catastrophique sur la production agricole de toute l'URSS et en particulier en Ukraine, principale terre à blé. Entre les années 1932 et 1933, une grande famine artificielle a sévi dans le pays, selon le schèma malheureusement fréquent des collectivisations communistes (cf par exemple l'Ethiopie) ainsi que cela se produisit dans d'autres régions de Russie et d'Asie centrale. En Ukraine, elle aurait fait entre 4 et 7 millions de morts ukrainiens (cette famine est appelée Holodomor). Après la Seconde Guerre Mondiale et la reconstruction, l'Ukraine redevient le grenier à blé de l'URSS, notamment grâce à ses Terres Noires, et produisant 30% du blé soviétique, 40% de la betterave (notamment sucrière), et 40% de la pomme de terre. En 1991, la RSS d'Ukraine produisait 35% de la production agricole soviétique, pour une superficie totale de 3% (grand indice de production à échelle nationale).
Industrie
En plus de posséder une agriculture forte, la RSS d'Ukraine hébergeait un complexe industriel puissant. En outre, avant la guerre, 72,4% de l'acier, et 68,6% du charbon de l'URSS étaient produits en Ukraine (surtout dans le Donbass). Ce n'est qu'après la Seconde Guerre mondiale, et après l'évacuation de l'industrie durant l'avancée allemande, que d'autres régions soviétiques devinrent de grandes zones industrielles. En effet, Staline pensait que centraliser toute la production industrielle de l'URSS en Ukraine était une erreur, puisque en cas d'attaque de l'Ouest, l'Ukraine aurait été touchée la première, privant l'URSS de son industrie. En 1991, la RSS d'Ukraine produisait 41,7% de l'acier, et 31,3% du charbon. Malgré tout, la RSS d'Ukraine est restée la clef de voûte de l'industrie soviétique, grâce à notamment à des entreprises comme Antonov. En 1991, la RSS d'Ukraine produisait 32% de la production industrielle soviétique, pour un territoire de 3% (grand indice de production à échelle nationale).
Culture
Malgré les apparences, l'URSS était composé de 15 pays différents qui possédaient chacun une constitution propre, un drapeau, une hymne, et des dirigeants locaux. La RSS d'Ukraine ne dérogeait pas à la règle. La république possédait ses propres institutions, et ses propres universités indépendants de Moscou. A l'époque soviétique, il était très prestigieux de faire ses études en Ukraine, surtout à Kiev (Université d'État Tarass-Chevtchenko, Université Polytechnique de Kiev, Faculté de Médecine de Kiev), mais aussi à Lvov (aujourd'hui Lviv) (Université nationale polytechnique de L'viv, Université Ivan Franko), et à Kharkov (Université nationale de Kharkiv, Université nationale d'économie). De ce fait, beaucoup de dirigeants soviétiques étaient originaires d'Ukraine ou y avaient passé leur jeunesse, comme Nikita Khrouchtchev ou Léonid Brejnev (Ukrainien). Cependant, la politique de russification du régime a poussé la population et le système éducatif à utiliser plutôt le russe que l'ukrainien (par-exemple, le régime ne finançait presque pas les écoles ukrainiennes par rapport aux écoles russes). Cela a eu un impact considérable sur les Ukrainiens de la partie anciennement austro-hongroise (Galicie orientale) qui voyaient dans cette politique un « génocide culturel » (cf ONU dans l'Ouest de l'Ukraine), tandis que la majorité des autres Ukrainiens parlait volontiers le russe à 90%, synonyme depuis trois siècles de tremplin social. La RSS d'Ukraine sera un des membres fondateurs de l'ONU, et aura un siège permanent (l'URSS aura donc trois siège à l'ONU, et non un seul : un pour la RSFS de Russie, un pour la RSS de Biélorussie, et un dernier pour la RSS d'Ukraine).
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