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Regalia
Les regalia sont un ensemble d'objets symboliques de royauté. Chaque monarchie a ses propres regalia qui ont une histoire souvent légendaire. Elles sont conservées précieusement comme des trésors et se constituent par ajouts successifs. On peut les classer en trois catégories :
- Des instruments liturgiques
- Des vêtements royaux
- Les instruments du sacre
Sommaire
Les regalia dans le royaume de France
Histoire
Les origines des regalia
- La fleur de lys semble utilisée pour la première fois sous Louis VII (XIIe siècle). Ce roi l’avait adoptée sur les conseils de Bernard de Clairvaux.
- La main de justice apparaît déjà sous Hugues Capet.
- Les regalia étaient confiées à l’abbaye de Saint-Denis, qui était également la nécropole des rois de France. Aujourd’hui, la plupart des regalia médiévales a disparu : la sainte Ampoule a été brisée pendant la Révolution française : la convention nationale en a décidé la destruction par le décret du 16 septembre 1793. Il s’agissait alors de détruire un objet qui incarnait la théorie du droit divin.
Description
Sources
Les documents médiévaux peuvent nous aider à reconstituer les regalia :
- Les textes qui évoquent les regalia sont bien connus des médiévistes : la description du sacre de Louis VI, raconté par l’abbé Suger ; les ordo d’Hincmar de Reims (IXe siècle), de Fulrad (Xe siècle), de Saint Louis (XIIIe siècle)
- Les documents iconographiques sont divers : les sceaux, les miniatures des Grandes Chroniques de France constituent une base intéressante pour la description des regalia. Certains objets du sacre sont conservés au musée du Louvre, soit dans le département des objets médiévaux, soit dans la galerie d'Apollon. Le sceptre de Charles V fabriqué au XIVe siècle se trouve au musée du Louvre.
Des instruments liturgiques
En France, parmi les regalia peuvent être qualifiés d'instruments liturgiques :
- le Calice de saint Rémi ou Calice du Sacre
- la coupe des Ptolémées
- la patène du sacre
- les livres du sacre : Évangiles, ordo
- la sainte Ampoule
Des vêtements royaux et les objets du sacre
vêtements royaux
- les éperons du sacre
- Joyeuse, l'épée du sacre : elle est un attribut guerrier mais aussi protecteur. Le roi doit protéger l’Église, au besoin par les armes. Le roi doit également veiller au respect de la justice.
- Au Moyen Âge, la couronne des rois de France était ouverte, pour la distinguer de la couronne de l’empereur, complètement fermée et parfaitement circulaire : elle symbolise son pouvoir universel . La couronne de Louis IX possédait une épine de la couronne de Jésus. La couronne du sacre remonterait à Charlemagne.
- les gants du sacre
Instruments du sacre
- la Main de justice, dite de Licorne
- le Sceptre de Dagobert
- le Sceptre de Charles V ou Sceptre de Charlemagne
- l’anneau qui incarne l'union du roi et de son peuple
- la fleur de lys est davantage un symbole qu’un objet. On la trouve sur les armoiries du roi de France, sur le manteau du sacre. Elle est aussi la fleur de la Vierge Marie. Ses trois pétales renvoient à la Sainte Trinité.
Les regalia dans le reste de l’Europe
Hongrie
La couronne des rois de Hongrie était utilisée depuis le XIIIe siècle. Chaque couronnement fait référence à celui d’Étienne Ier, couronné roi de Hongrie le 25 décembre 1000 avec une couronne envoyée par le pape Sylvestre II. La couronne avait été apportée par le légat Aserik, ou Anastase, futur archevêque d’Esztergom. La couronne que l’on peut voir aujourd’hui est différente de l’original. Étienne Ier perdit son fils unique et renvoya avant de mourir sa couronne au Vatican, en signe de soumission. Depuis, elle a été volé et on perd sa trace au XVIe siècle.
Les spécialistes considèrent que la couronne actuelle se compose d’une partie byzantine (corona graeca), datant des années 1070. Cette dernière a été offert par le basileus Michel VII à la princesse Synadene, qui était l’épouse du roi Géza I de Hongrie (1074-75). L’autre partie est plus récente, et a sans doute été ajoutée au XIIIe siècle, sous le règne de Béla III.
Cas unique en Europe, les regalia médiévales de Hongrie sont toutes parvenues jusqu’à nous, mises à part les chausses qui ont brûlé pendant la Seconde Guerre mondiale. Depuis le 1er janvier 2000, elles sont conservées au Parlement, sauf le manteau du couronnement, qui demeure au musée national de Hongrie. Le sceptre du Xe siècle est surmonté d’une boule de cristal gravée de lions. L’épée est une production italienne du XIVe siècle. L’épée du couronnement d’Étienne Ier est gardée dans la cathédrale Saint-Vitus depuis 1368.
Angleterre
- Il existe plusieurs couronnes :
- Couronne de saint Edouard : utilisée uniquement au cours du couronnement des rois britanniques, elle a été réalisée en 1661 pour le couronnement de Charles II d’Angleterre
- Couronne de Georges Ier : fabriquée pour le roi George Ier de Grande-Bretagne, pour remplacer la précédente. Elle fut agrémentée de diamants en 1727. En 1838 la reine Victoria la fit remplacer par la couronne impériale.
- Couronne de la Reine Elizabeth : en platine, elle a été portée par Elizabeth Bowes-Lyon lors de son couronnement en 1937. Elle a été réalisée par Garrards & Company à Londres. Elle est décorée de pierres précieuses, et notamment par le diament Koh-i-Noor. Elle est conservée à la Tour de Londres.
Écosse
Les regalia de l’Écosse (Honours of Scotland) remontent aux XVe et XVIe siècles et demeurent les plus anciens bijoux de la couronne dans les îles britanniques. Leur dernière utilisation remonte au couronnement de Charles II, au XVIIe siècle. Elles se composent de trois objets : la couronne, le sceptre et l’épée. Elles sont conservées au château d'Édimbourg.
- La couronne actuelle date de 1540 : à cette date, Jacques V avait confié le remodelage de la couronne à l’orfèvre. La base est en or et incrustée de pierres précieuses et semi-précieuses. Elle pèse 1,6 Kg.
Empire germanique
- voir aussi couronnement impérial
Le premier inventaire connu des regalia impériales remonte au XIIIe siècle Les regalia impériales étaient conservées à partir du XVe siècle à Nuremberg en Bavière. Elles ont été transférées à Vienne (Autriche) en 1806 et Hitler les fit revenir à Nuremberg pendant sa dictature.
- La couronne impériale conservée aujourd’hui à Vienne a peut-être été portée par Otton Ier (Xe siècle)
- La sainte lance : le roi Henri Ier de Saxe l’a obtenue au Xe siècle
- La croix comporte des clous utilisés au cours de la crucifixion
- Le globe impérial, dont la première référence date du XIIe siècle
- Le glaive
La Sainte lance
La couronne des rois d'Italie
La sainte croix
L'orbe impériale
Les gants
La bourse de saint Étienne
- Les chausses et les gants ont été ajoutés au XIIIe siècle
Japon
Les Trois Trésors Sacrés du Japon (三種の神器, Sanshu no Jingi?), appelés aussi Insignes impériaux, sont trois objets légendaires :
- L'épée, Kusanagi (草薙剣), conservée au temple Atsuta (熱田神宮, Atsuta Jingû) à Nagoya, représente la valeur.
- Le miroir, Yata no kagami (八咫鏡), conservé au grand temple d'Ise (伊勢神宮, Ise jingû) dans la préfecture de Mie, symbolise la sagesse.
- Le magatama (曲玉), Yasakani no magatama (八尺瓊曲玉), situé au palais impérial de Kōkyo (皇居) à Tôkyô, illustre la bienveillance.
Ces objets constituent la représentation symbolique du caractère sacré de la fonction impériale et le fondement du Koshitsu Shinto. Ils furent au coeur de la propagande liée à l'expansionnisme du Japon Shōwa.
Bibliographie
- Claude GAUVARD, Alain de LIBERA, Michel ZINK, Dictionnaire du Moyen Âge, article « Regalia », page 1189 ; article « insignes impériaux », page 719.
- D. GABORIT CHOPIN, Les Instruments de sacre des rois de France, Paris, 1987.
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