- Raymond Klibansky
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Raymond Klibansky (15 octobre 1905 à Paris, France - 5 août 2005 à Montréal, Québec) était un philosophe et un historien de la culture qui s'est établi au Québec après la Seconde Guerre mondiale. Son œuvre la plus connue est Saturne ou la mélancolie, un livre rédigé à trois sur le complexe sujet du « bonheur d'être triste ».
Sommaire
Biographie
Lorsque la Première Guerre mondiale éclate en 1914, sa famille, dont le père est allemand, est obligée d'abandonner son affaire d'import-export et s'établit à Francfort.
Après quelques années au Goethe-Gymnasium, une école sévère, il parvient à convaincre ses parents de l'inscrire à la Odenwaldschule, une école mixte et progressiste, sans surveillant et sans note. Ce sont les élèves et les professeurs qui décident ensemble des règles de conduite communes.
En 1923, l'Université d'Heidelberg l'accepte, alors qu'il a 17 ans. Il fréquente les neveux du sociologue Max Weber. Lorsque Weber décède en 1920, il laisse en plan les épreuves de Économie et société, la somme théorique de son travail. Klibansky décide de consacrer ses soirées à aider la veuve Weber à mettre en page le document.
Il suit 35 heures de cours par semaine, tentant de comprendre l'homme par le biais de l'histoire: Grèce antique, poésie, art, etc. Il termine son doctorat à 23 ans et devient Privatdozent en 1931, deux ans avant la prise de pouvoir par les Nazis.
Lorsque les professeurs de l'université refusent de s'élever contre le régime nazi, il perd ses illusions, car ceux-là avaient affirmé clairement qu'il fallait agir courageusement et combattre pour la liberté. Certains exploitent cyniquement la situation à leur avantage, le cas le plus célèbre étant Martin Heidegger.
Klibansky apprécie, par contre, les opinions de Karl Jaspers, qui le propose pour un stage à Kiel auprès de Ferdinand Tönnies, auteur de Communauté et société. Il passe ensuite à Hambourg et travaille à la bibliothèque de l'Institut Warburg. À ce poste, il se permet de critiquer un ouvrage, paru en 1923, d'Erwin Panofsky et Franz Saxl sur la gravure Mélancolie d'Albrecht Dürer. Les deux savants lui offrent de se joindre à eux pour une nouvelle édition. Le travail sur Saturne et la mélancolie est interrompu par les activités nazies (il paraîtra en version définitive 60 ans plus tard).
Étant Juif, il s'exile à Londres avec les Warburg et leur précieuse bibliothèque. Il ne comprend pas l'anglais, mais corrige la « lacune » en quelques mois à l'Université d'Oxford. Quant aux Warburg, ils s'établiront avec leur bibliothèque à Londres, laquelle s'y trouve encore. ~ Pour combattre les Nazis pendant la Seconde Guerre mondiale, il s'engage dans l'armée britannique et, suite à ses connaissances académiques, est promu colonel pour conseiller les services secrets. Par exemple, en consultant les écrits de Virgile, il est capable de répondre à une question sur le temps que durent les récoltes en Toscane. Par contre, il est amer en constatant que les généraux américains n'ont pas tiré de leçons de l'histoire en ce qui concerne la conquête de l'Italie. Selon lui, l'attaque par le nord ou le milieu est la voie la moins coûteuse en hommes, mais l'attaque passe par la Sicile malgré ses conseils, ce qui coûtera trop de vies à chaque fois qu'un fleuve est franchi.
En 1946, il s'établit à Montréal et travaille à l'Université McGill, et partage son temps entre celle-ci et l'Université d'Oxford. À Montréal, il forme plusieurs philosophes qui feront leurs marques, tel Oduber Quiros, engagé dans un coup d'État en 1949 au Costa Rica.
Il a pris différentes initiatives pour la paix, la liberté et la tolérance. Par exemple, il a publié la fameuse Lettre de Locke sur la tolérance, parue en plus de 20 langues. Il croyait que tout effort, même minime, pouvait changer la société. Bourreau de travail, il a co-dirigé à 90 ans un collectif sur les recherches philosophiques au Canada français.
Honneurs
Il était professeur émérite de l'Université d'Oxford, de l'Université de Heidelberg et de l'Université McGill. Les prix de la Fédération canadienne des études humaines portent d'ailleurs son nom.
- Membre de la Société royale du Canada.
- 1975 - Bourse Killam
- 1999 - Grand Officier de l'Ordre national du Québec
- 2000 - Compagnon de l'Ordre du Canada
Essai
Cette volonté de suivre des notions et des concepts sur des milliers d'années et dans plusieurs domaines culturels, l'occupera toute sa vie. Il participe au renouvellement de la compréhension des rapports de la culture de l'Occident aux sources grecques, filtrées par les penseurs juifs, arabes et chrétiens du Moyen Âge et de la Renaissance.
Il produira un immense et disparate lot d'œuvres, lesquelles occupent plusieurs rayonnages. Par exemple, il a fait une étude critique d'un dialogue de Platon accompagné du Commentaire de Proclus, ouvrage qu'il a découvert dans la bibliothèque d'un cardinal. De 1941 à 1968, il publie six volumes de la série (en) Medieval and Renaissance Studies. Il a aussi publié Saturne ou la Mélancolie, un livre légendaire sur le sublime, et complexe, sujet du « bonheur d'être triste ».
Quelques-unes de ses œuvres
- Saturne ou la Mélancolie (disponible en version anglaise)
- (en) Medieval and Renaissance Studies (en six volumes)
- The continuity of the Platonic tradition during the Middle Ages (London : Warburg Institute, 1939).
Voir aussi
Article connexe
Lien externe
- Mort d'un géant, article du Devoir
Bibliographie
- Raymond Klibansky. De la philosophie à la vie (2002, réalisé par Anne-Marie Tougas)
Catégories :- Philosophe québécois
- Philosophe français du XXe siècle
- Philosophe juif
- Historien de la philosophie
- Historien de l'art
- Historien français du XXe siècle
- Historien québécois
- Membre de l'Ordre national du Québec
- Étudiant de l'université de Heidelberg
- Enseignant à l'université de Heidelberg
- Naissance en 1905
- Membre de la Société royale du Canada
- Décès en 2005
- Iconographie
- Naissance à Paris
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