- 1921 (Chronologie de Dada et du surréalisme)
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Sommaire
Éphémérides
Janvier
- 12 janvier
André Breton, Dada soulève tout, tract[1].
- 14 janvier
Breton et Tristan Tzara perturbent une conférence sur le tactilisme donnée à Paris par Filippo Tommaso Marinetti, fondateur du futurisme. Dans une lettre à Jacques Doucet, Breton juge la théorie très rudimentaire et reproche à Marinnetti de « se satisfaire de l'hyperbole la plus vulgaire[1]. »
Février
- 15 février
Paul Éluard, Les Nécessités de la vie et les conséquences des rêves[2].
- 15 février
Clément Pansaers, Bar Nicanor, avec un portrait de Crotte de Bique et de Couillandouille par eux-mêmes, aux éditions Alde, à Bruxelles : une cinquantaine de pages manuscrites imprimées en caractères sépia sur papier orange.
- 17 février
Louis Aragon, Anicet ou le panorama, roman[3]
Mars
- La revue Littérature publie sous le titre de Liquidation un tableau où sont notées de - 25 à + 25 une cinquantaine de personnalités comme :
Charles Baudelaire (Aragon : 17, Breton : 18, Éluard : 12, Tzara : - 25),
Lénine (A. : 13, B. : 12, É. : - 25, T. : - 2),
Picasso (A. : 19, B. : 15, É. : - 2, T. : - 3)
Rimbaud (A., B. et É. : 18, T. : - 1)[4].
Avril
- 4 avril
Jean-Joseph Crotti et Suzanne Duchamp exposent une série d'œuvres sous le titre Tabu Dada[5].
- 14 avril
À l'initiative d'André Breton, visite de l'église St-Julien-le-Pauvre dans le cadre d'une série d'excursions et visites à travers Paris de lieux volontairement dérisoires auxquelles est convié le public[6] : « Les dadaïstes de passage à Paris voulant remédier à l'incompétence de guides et de cicerones suspects, ont décidé d'entreprendre une série de visites à des endroits choisis, en particulier à ceux qui ont vraiment pas de raison d'exister, - C'est à tort qu'on insiste sur le pittoresque (Lycée Janson de Sailly), l'intérêt historique (Mont Blanc) et la valeur sentimentale (La Morgue). - La partie n'est pas perdue mais il faut agir vite. - Prendre part à cette première visite c'est se rendre compte du progrès humain, des destructions possibles et de la nécessité de poursuivre notre action que vous tiendrez à encourager par tous les moyens[7]. » À cette occasion, Théodore Fraenkel réalise un dessin dans lequel il représente Breton en pape[8]. Roger Vitrac et Jacques Baron y rencontrent Aragon[9].
Mai
- 2 mai
Vernissage de l'exposition Max Ernst à la librairie "Au Sans Pareil"[10]. Y sont exposés : 42 peintopeintures dont Dada Degas[11], 8 dessins, 4 fatagaga dont trois créés en commun avec Jean Arp et un avec Johannes Theodor Baargeld et une sculpture. Le catalogue de six pages reproduit le dessin intitulé Relief tricoté. La préface est de Breton : « Parce que, résolu à en finir avec un mysticisme-escroquerie à la nature morte, [Max Ernst] projette sous nos yeux le film le plus captivant du monde et qu'il ne perd pas la grâce de sourire tout en éclairant au plus profond, d'un jour sans égal, notre vie intérieure, nous n'hésitons pas à voir en [lui] l'homme de ces possibilités infinies. »[12] Ernst ne peut assister au vernissage : de nationalité allemande, son visa d'entrée en France lui est refusé.
- 11 mai
Réagissant aux préparatifs du procès Barrès, initié par Aragon et Breton, Francis Picabia annonce sa rupture dans un article publié dans "Comœdia" : « Maintenant Dada a un tribunal, des avocats, bientôt probablement des gendarmes et un préposé à la guillotine ! »[13]
- 13 mai
Breton préside le procès Barrès : « Mise en accusation et jugement de Maurice Barrès pour crime contre la sûreté de l'esprit »[14], organisé contre l'avis de Tzara[15]. L'acte d'accusation proclame « qu'il est temps [pour Dada] de mettre au service de son esprit négateur un pouvoir exécutif et décidé avant tout à l'exercer contre ceux qui risquent d'empêcher sa dictature, prend dès aujourd'hui des mesures pour abattre leur résistance[16]. » Benjamin Péret y incarne le Soldat inconnu revêtu d'un uniforme allemand, marchant au pas de l'oie, le visage dissimulé par un masque à gaz.
- 24 mai
Erik Satie Le Piège de la méduse, première représentation, au théâtre Michel, de cette comédie lyrique composée en 1913[17].
Juin
- 5 juin
Dans une lettre adressée à Jacques Doucet, depuis Lorient, Breton évoque le projet d'écrire un article d'adieux à Dada[18].
- 6 juin
Tzara organise un salon Dada dans le hall du Studio des Champs-Élysées : des cravates suspendues à une ficelle, des pipes, un violoncelle ceint d'une écharpe blanche, des tableaux peints par des poètes et des poèmes écrits par des peintres. Invité à exposer, Marcel Duchamp télégraphie, de New York, à Jean-Joseph Crotti : « Pode balle ».
Théodore Fraenkel, Procédé à fil, sculpture composée d'une pelote de ficelle surmontée d'une éponge[19].
- 10 juin
Tristan Tzara, Le Cœur à gaz, première représentation.
Juillet
- 10 juillet
Parution de Pilhaou-Thibaou, supplément de la revue 391, intégralement écrit par Francis Picabia, sous le pseudonyme de Funny Guy. Très critique envers les « jeunes dadaïstes qui ont trahi l'esprit Dada lors du Procès Barrès en s'instituant juges, Picabia annonce, en fait, sa rupture avec Dada[20].
- 14 juillet
Man Ray débarque au Havre (Seine-Maritime). Il est accueilli à Paris par Marcel Duchamp qui le présente aux surréalistes[21].
Août
- Parution du numéro 20 de Littérature consacré au Procès Barrès. Breton en conflit avec Soupault lui laisse, seul, la direction de la revue[22].
Septembre
- 20 septembre
À l'invitation de Tzara, Breton est à Imst dans le Tyrol où il rencontre Max Ernst.
Tzara, Ernst et Jean Arp écrivent Dada au grand air[23].
Octobre
- 10 octobre
Breton rend visite à Sigmund Freud à Vienne[24].
- Paul Éluard et Gala rendent visitent à Ernst à Cologne. Début d'un ménage à trois affiché.
- Antonin Artaud rencontre Max Jacob qui lui suggère d'aller voir Charles Dullin, directeur du Théâtre de l'Atelier. Peu après il écrit à Max Jacob : « On a l'impression en écoutant l'enseignement de Dullin qu'on retrouve de vieux secrets et toute une mystique oubliée de la mise en scène ».
- Parution du premier numéro de la revue Aventure créée par Marcel Arland, René Crevel, Georges Limbour, Max Morise et Roger Vitrac[25].
Décembre
- 3 décembre
Dans une lettre à Jacques Doucet, Breton lui déconseille l'achat d'un « petit » tableau de Picasso : « Vous savez que je déplore légèrement […] que vous n'ayiez pas fait l'acquisition d'une des œuvres maîtresses de Picasso (je veux dire d'une chose dont l'importance historique soit absolument indéniable), comme par exemple ces Demoiselles d'Avignon qui marquent l'origine du cubisme et qu'il serait si fâcheux de voir partir à l'étranger[26]. »
- Première exposition parisienne de Man Ray à la librairie Six achetée par Soupault. Présentation des objets impossibles créés à New York[27].
Cette année-là
- Raoul Hausmann, Hannah Höch et Kurt Schwitters organisent des soirées Merz et anti-Dada à Prague[28].
Œuvres
- Louis Aragon
- Anicet ou le panorama, roman : « Une fois qu'on apercevait en lui un autre homme que ce passant incolore, on était pendant un certain temps arrêté par sa mimique : une moue, le clignement prolongé des paupières ; dans l'attention, le rapprochement des poings serrés ; un certain sourire errant dans lequel les dents inférieures mordaient les autres ; un rire assez convulsif bien plus aigu que sa voix, d'ordinaire grave avec de brusques cassures ; une intonation pour le mot crétin, une autre pour l'expression cher ami ; une façon de se frotter les mains, et diverses emphases imprévues. On pouvait encore commettre l'erreur de prendre Baptiste pour le héros amoureux d'une grande dame que Ponson du Terrail appelle immanquablement Raoul. Pour peu que l'on vécût avec lui, cette illusion tombait de soi-même quand on savait le respect dans lequel il tenait l'amour et la place que cette passion occupait dans sa vie. »[29].
- Jean Arp
- Johannes Baader
- Erwin Blumenfeld
- Bloomfield, President-Dada-Chaplinist, photo-collage[33]
- Serge Charchoune
- Foule immobile, poème avec douze dessins de l'auteur
- Jean-Joseph Crotti
- Mystère acatène, huile sur toile[5]
- Jean-Joseph Crotti et Suzanne Duchamp
- Tabu Dada
- Marcel Duchamp
- Why not sneeze Rrose Selavy ?, boîte surréaliste : morceaux de marbre blanc taillés comme des cubes de sucre contenus dans une cage à oiseaux d'où sortent un os de seiche et un thermomètre[34]
- Paul Éluard
- Les Nécessités de la vie et les conséquences des rêves
- Max Ernst
- Dada Degas, collage[11]
- Die Anatomie als Braut, collage
- Éléphant Célèbes, huile sur toile[35]
- Œdipus Rex, huile sur toile[36]
- La Parole ou Femme-oiseau, collage et gouache[37]
- Portrait d'Éluard, collage réhaussé d'aquarelle sur papier blanc[38]
- La Puberté proche... (les pléiades), collage et gouache sur papier[39]
- Relief tricoté, dessin[40]
- Santa conversazione[41]
- Théodore Fraenkel
- Procédé à fil, sculpture composée d'une pelote de ficelle surmontée d'une éponge
- George Grosz
- Débauche, night club à Berlin, aquarelle, plume et encre de Chine[42]
- Raoul Hausmann
- Hourra ! Hourra ! Hourra ! : « Contradiction remarquable, les Allemands sont ignobles par idéalisme ! Dans cette mesure, ils ont encore un immense avenir. »
- Richard Huelsenbeck
- La Fin du Dr. Billig, roman[43]
- Joan Miró
- Homme et femme, objet[44]
- Clément Pansaers
- L'Apologie de la paresse : « O ! le luxe imprévu de la fainéantise ! La grève générale sur une grève ensoleillée ! »
- Bar Nicanor, avec un portrait de Crotte de Bique et de Couillandouille par eux-mêmes
- Benjamin Péret
- Francis Picabia
- L'Œil cacodylate, huile, photographie et collage sur toile : tableau recouvert de graffiti et de signature d'artistes Dadas et surréalistes[46]
- Man Ray
- Erik Satie
- Le Piège de la méduse, comédie lyrique[49].
- Georg Scholz
- Von kommenden Dingen, huile sur toile[50]
- Kurt Schwitters
- Philippe Soupault
- L'Invitation au suicide
- Sophie Taeuber
- Composition en taches quadrangulaires polychromes denses, huile sur toile[53]
- Tristan Tzara, Max Ernst et Jean Arp
- Dada au grand air
- Theo van Doesburg
- Portrait d'I. K. Bonset, huile sur toile[54]
Notes et références
- Pour les références bibliographiques complètes, voir Chronologie de Dada et du surréalisme
- Bonnet, A. Breton, œuvres complètes, tome 1 : chronologie, p. LXII.
- Scheler, P. Éluard, œuvres complètes : chronologie, p. LXII.
- Daix, op. cité, p. 131 & Le Bon, op. cité, p. 84.
- Daix, op. cité, p. 113.
- Le Bon, op. cité, p. 921.
- Bonnet, A. Breton, œuvres complètes, tome 1 : chronologie, p. XLII.
- Le Bon, op. cité, p. 857.
- Le Bon, op. cité, p. 436.
- Notre-Dame-de-Paris, composé de Jean-Joseph Crotti, d'Esparliès, Breton, Rigaud, Éluard, Ribemont-Dessaignes, Péret, Fraenkel, Aragon, Tzara et Soupault. Aucune mention de l'auteur du cliché. Cette photographie appartient à la bibliothèque Jacques Doucet. Elle est datée de 1920 (sic!). Daix, op. cité, p. 150. Une photographie reproduite dans Surréalisme de René Passeron (éd. Terrail, 2005, page 32) montre le groupe, devant
- Sise au 37 avenue Kléber, Paris 16e. Bonnet, A. Breton, œuvres complètes, tome 1 : chronologie, op. cité, p. XLII.
- Reproduction dans Lemoine, op. cité, p. 66.
- sdrc.lib.uiowa.edu Catalogue consultable sur le site de l’International Dada Archive
- Daix, op. cité, p. 126.
- Daix, op. cité, p. 126. Quatre mois plus tôt, dans Liquidation, les notes données à Barrès était : Aragon + 14, Breton + 13, Éluard - 1, Soupault + 12, Tzara (qui ne l'avait jamais lu) - 25. Daix, op. cité, p. 123.
- Dans une salle des "Sociétés savantes", rue Danton, Paris 6e. Bonnet, A. Breton, œuvres complètes, tome 1 : chronologie, op. cité, p. XLIII.
- Daix, op. cité, p. 125.
- Le Bon, op. cité, p. 860.
- Bonnet, A. Breton, œuvres complètes, tome 1 : chronologie, op. cité, p. XLIII.
- Le Bon, op. cité, p. 436
- Le Bon, op. cité, p. 73 et 916 & Scheler, P. Éluard, œuvres complètes : chronologie, op. cité, p. LXII.
- Daix, op. cité, p. 131.
- Bonnet, A. Breton, œuvres complètes, tome 1 : chronologie, op. cité, p. LXIII.
- Bonnet, A. Breton, œuvres complètes, tome 1 : chronologie, op. cité, p. LXIII.
- Bonnet, A. Breton, œuvres complètes, tome 1 : chronologie, op. cité, p. LXIII.
- Biro, op. cité, p. 44.
- Bonnet, A. Breton, œuvres complètes, tome 1 : chronologie, op. cité, p. LXIII & Daix, op. cité p. 137.
- Daix, op. cité, p. 133.
- Lemoine, op. cité, p. 91.
- Gallimard, Folio, 1972, p. 133.
- Également intitulé « Trousse des naufragés », Clébert, op. cité, p. 59.
- Le Bon, op. cité, p. 108.
- Le Bon, op. cité, p. 4.
- Le Bon, op. cité, p. 78.
- Breton, LSELP, op. cité, p. 57.
- Spies, op. cité, p. 118.
- Breton, LSELP, op. cité, p. 31.
- Reproduction dans L'œil n° 613, mai 2009, p. 56.
- 19,3 x 11,5. Musée de Vézelay. Reproduction dans Beaux Arts Magazine n° 82, septembre 1990, p. 59.
- Reproduction dans L'œil n° 613, mai 2009, p. 99.
- sdrc.lib.uiowa.edu Reproduction consultable sur le site de l’International Dada Archive
- Angliviel, op. cité, p. 189.
- Collection particulière. Reproduction dans Beaux Arts Magazine n° 132, mars 1996, p. 68.
- Le Bon, op. cité, p. 266.
- 17 x 21 cm, collection particulière. Reproduction dans Beaux Arts Magazine n° 90, mai 1991, p. 65.
- Le Bon, op. cité, p. 271.
- Lemoine, op. cité, p. 69.
- Lemoine, op. cité, p. 70.
- Breton, LSELP, op. cité, p. 32.
- Dada et surréaliste. Le Bon, op. cité, p. 860. Composée en 1913, cette œuvre est considérée comme l'une des pièces les plus représentatives du théâtre
- Le Bon, op. cité, p. 875.
- Le Bon, op. cité, p. 117.
- Sprengel Museum, Hanovre. Citation et Reproduction dans Federico Poletti, L'Art au XXe siècle. I. Les Avant-gardes, Hazan, Paris, 2006, p. 63.
- Le Bon, op. cité, p. 929.
- Le Bon, op. cité, p. 970.
- 12 janvier
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