- Présidence française de l'Union européenne
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Présidence française du Conseil de l'Union européenne en 2008
Présidence française du Conseil de l'Union européenne en 2008
DétailPays qui préside France Période 1er juillet au 31 décembre 2008 Responsable Bernard Kouchner Évènement(s) marquant(s) - Médiation dans le conflits russo-géorgien
- Mise en avant de l’Union pour la MéditerranéeSite internet Consulter Chronologie des présidences Présidence slovène du Conseil de l'Union européenne en 2008 Présidence tchèque du Conseil de l'Union européenne en 2009 La présidence française du Conseil de l'Union européenne de 2008 est la douzième présidence du Conseil de l'Union européenne et la présidence tournante du Conseil européen effectué au second semestre 2008 (du 1er juillet au 31 décembre) par la République française. Elle a pris le relais de la Slovénie (présidence de janvier à juin 2008), et elle fut suivi par la présidence de la République tchèque (présidence de janvier 2009 à juin 2009).
Les crispations européennes au début de la présidence française
Les oppositions de plusieurs États membres au Traité de Lisbonne
Le traité de Lisbonne, qui doit définir les caractéristiques institutionnelles de l’Union européenne et faciliter son fonctionnement à 27, a donné lieu à un référendum en Irlande en juin 2008, à quelques jours du début de la présidence française, dans lequel le « non » a été majoritaire. Ce vote a abouti à une crise européenne. Nicolas Sarkozy et la Commission Barroso poussent à la poursuite des procédures de ratification du traité, ce qu’a fait notamment le Royaume-Uni. Nicolas Sarkozy a affirmé que sans le traité de Lisbonne il n'y a pas de nouvel élargissement possible : c'est un signal envoyé à la République tchèque, dont le Président, qui tient à l'entrée de la Croatie dans l'Union, a menacé de ne pas ratifier le traité[1]. Le président polonais Lech Kaczynski a également fait pression en annonçant qu’il ne veut pas signer le traité de Lisbonne, estimant qu'il est « sans objet » après le refus des électeurs irlandais[2].
Les désaccords entre Paris et la Commission européenne
Par ailleurs, Nicolas Sarkozy a accusé le commissaire anglais Peter Mandelson, qui représente l’Union européenne dans les négociations internationales du Cycle de Doha, d'avoir une importante part de responsabilité dans le choix des Irlandais de voter non. Le président français met en cause sa politique libérale qui sacrifierait selon lui les intérêts européens : « si on veut accroître la crise irlandaise, il n’y a qu’à en remettre une couche là-dessus et continuer sur un accord complètement déséquilibré à l’OMC »[3]. Les relations de Nicolas Sarkozy avec la Commission se sont donc considérablement dégradées : après les débats sur l’Union méditerranéenne, la réaction française au non irlandais est une nouvelle pomme de discorde. Nicolas Sarkozy critique aussi très vivement la politique de hausse des taux directeurs de la Banque centrale européenne[4].
Les priorités de la France pour la Présidence
Selon Nicolas Sarkozy, « La France ne travaillera pas pour elle, elle travaillera pour l'Europe. Parce que le devoir d'une présidence européenne c'est de travailler pour l'Europe pas de travailler pour le pays qui vous permet d'exercer la présidence de l'Europe[5]. »
L'Europe de la Défense
Article connexe : Politique européenne de sécurité et de défense.La politique européenne de la France en matière de défense a toujours été de favoriser l'émergence d'une force de coopération militaire européenne indépendante des États-Unis. La politique défendue par la France a néanmoins changée avec l'arrivée de Nicolas Sarkozy la France cesse de s’opposer frontalement aux États-Unis (envoi de troupes françaises supplémentaires au sein de la Force internationale d'assistance et de sécurité en Afghanistan, retour dans les structures intégrées de l’OTAN, rapprochement politique avec l'Angleterre) pour que ceux-ci usent de leur influence en matière militaire sur les autres pays européens, traditionnellement portés à se reposer sur l'allié d'outre-atlantique.
Cette politique est critiquée par quelques opposants politiques comme étant « atlantiste » ; cette méthode se révèle néanmoins plus constructive que l'opposition frontale aux États-Unis, par exemple selon Ezra Suleiman[6].
La politique d'immigration au niveau européen
La Convention de Schengen a supprimé les contrôles sur les déplacements de personne au sein de l’Espace Schengen, rendant nécessaire une gestion globale et concertée de la politique d’immigration au niveau européen. La question de l'immigration est par ailleurs une question importante pour le président Sarkozy sur le plan de la politique intérieure. Cette question est aussi importante pour des pays comme l'Espagne, l'Italie et l'Allemagne qui connaissent une immigration clandestine importante et ont un électorat sensible sur cette question.
Une politique européenne concertée sur les flux migratoire doit prendre en compte, selon la France, les pays de la rive sud de la Méditerranée. Brice Hortefeux, ministre français en charge de l'immigration, veut discuter avec les partenaires européens d'un Pacte de l'immigration incluant le refus des régularisations massives et l'harmonisation des régimes d'asile[7]. La France propose la signature par les immigrés d'un contrat d'intégration. Ce contrat serait l'une des composantes d'une politique commune européenne, mais le gouvernement socialiste de Zapatero y est hostile[8].
La politique de l'énergie et du développement durable
Devant les difficultés des ministres européens de l'énergie à se mettre d'accord, la France doit trouver un accord sur la libéralisation du secteur de l'énergie[9] et sur les investissements dans le développement des énergies renouvelables.
L'Union pour la Méditerranée
Article détaillé : Union pour la Méditerranée.Le projet français d’Union pour la Méditerranée, lancé sans aucune concertation avec les partenaires européens non-méditerranéens de la France, a parasité la préparation de la Présidence française.
L'avenir de la politique agricole commune
Article détaillé : Politique agricole commune.La politique agricole commune (PAC) a toujours été une priorité politique française, pour des raisons de politique intérieure et d’intérêts financiers (l’agriculture française est une des plus importante de l’UE et reçoit une quantité importante de subventions européennes). Pour ses détracteurs, les justifications de la PAC sont peut-être plus politiques qu'économiques[10].
Rendre l'Europe plus visible et accessible aux citoyens
Cet objectif est déjà celui de la Commission Barroso, et a eu des succès inégaux jusqu'à aujourd'hui. La Présidence française prévoit un nombre important de colloques, de séminaires et de conférences qui vont se dérouler un peu partout en France en 2008 pour sensibiliser l'opinion aux enjeux européens.
La nomination des nouveaux dirigeants de l'UE
Si le Traité de Lisbonne est mis en place, les occupants des nouveaux postes de l’UE (à partir de juin 2009) seront nommés sous présidence française. L'actuel premier ministre du Luxembourg et président de l'Eurogroupe, Jean-Claude Juncker, reconnu pour son engagement européen, est un possible candidat pour occuper en 2009 le poste de premier président du Conseil européen[11].
Longtemps favori pour se succéder à lui-même, l'actuel président de la Commission européenne, José Manuel Durão Barroso, est critiqué pour l'échec du référendum irlandais[12].
La politique européenne de Nicolas Sarkozy depuis mai 2007
« La France est de retour en Europe »
Nicolas Sarkozy a déclaré le soir de son élection : « La France est de retour en Europe ». Le premier 14 juillet après son élection, en 2007, a mis à l'honneur les symboles, les dirigeants et les soldats européens.
Pendant la campagne présidentielle de 2007, le candidat de l'UMP impressionne l'influent journaliste Ferdinando Riccardi du Bulletin Europe, qui n'a « pas souvenir d'un programme aussi précis et détaillé sur les affaires européennes dans une campagne électorale nationale[13]. » Des gestes forts en direction de l'Europe sont faits par le tout juste élu Nicolas Sarkozy : le jour de son investiture il se rend à Berlin pour s'entretenir avec la chancelière allemande Angela Merkel et le 14 juillet 2007, aux côtés de l'émir du Qatar, c'est José Sócrates, le Premier ministre du Portugal, président du Conseil européen, et son compatriote Barroso de la Commission qui sont à l'honneur[14]. Il rompt avec les relations peu amènes qu'entretenaient Jacques Chirac et la Commission européenne. Le nouveau président français montre de réels talents de négociateur pour faire accepter son idée de traité simplifié qui devient le traité de Lisbonne pour remplacer la défunte Constitution européenne, en particulier avec la Pologne dont les dirigeants se montrent particulièrement intransigeants. La résolution de l'Affaire des infirmières bulgares grâce à l'action déterminée du Président français, après des années d'enlisement, est déjà un premier signal fort à destination d'une Europe de l'Est, qui s'est sentie humiliée par les propos de Jacques Chirac en 2003. Ce dernier avait réagi à leur promptitude à soutenir les États-Unis pour la guerre en Irak sans aucune concertation européenne, en déclarant qu'ils « avaient manqué une bonne occasion de se taire ».
Le rapprochement avec les pays d'Europe de l'Est après la brouille chiraquienne
Les origines hongroises de Nicolas Sarkozy et sa volonté de coopérer plus étroitement avec les États-Unis lui assurent une forte popularité en Europe de l'Est dès son élection. Il clame sa volonté de travailler avec tout le monde, et en réponse à la formule de Jacques Chirac déclare aux pays est-européens « que personne ne leur demande de se taire ». Il joue un rôle de médiateur lors du conflit entretenue par les nationalistes polonais contre l'Allemagne et la personne d'Angela Merkel en 2007. Il veut donner aux Ukrainiens le soutien de la France dans leur processus de rapprochement avec l'Union européenne[15].
Pour l'Espagne, il s'inscrit dans la lignée de Jacques Chirac qui avait accompagné Zapatero pour ses premiers pas sur la scène internationale, en travaillant à son tour étroitement avec ce pays longtemps tenu à l'égard du directoire franco-allemand de l'Europe : coopération dans la lutte contre ETA mais aussi dans le domaine communautaire et pour l'Union pour la Méditerranée.
Les inquiétudes des capitales européennes sur la vision européenne de Nicolas Sarkozy
Malgré toutes les priorités affichées et toutes les initiatives du nouveau président français, ses partenaires européens ne lui trouvent pas de véritable vision européenne : en effet tout d'abord l'affaire de l'Union pour la Méditerranée (UPM) a généré des crispations intenses outre-Rhin et assombrit la coopération franco-allemande. De plus malgré la présence active de Jean-Pierre Jouyet secrétaire d'État aux Affaires européennes, dans les couloirs des institutions européennes, la figure de Henri Guaino, souverainiste à l'origine du projet d'UPM a concentré toutes les critiques, en Europe et en France. On lui attribue la paternité des discours jugés démagogiques du président Sarkozy qui remettent en cause l'indépendance de la Banque centrale européenne[16].
La proximité de Nicolas Sarkozy avec Tony Blair, ancien premier ministre du Royaume-Uni est aussi vue d'un mauvais œil par plusieurs capitales européennes[17]. Tony Blair, fort d'un hypothétique soutien de Nicolas Sarkozy, a tenté de s'imposer comme candidat pour le poste de premier président du Conseil européen[18], vaine tentative, écourtée par une levée de bouclier de la part des autres capitales européennes[19].
L'influence française dans les institutions européennes
L'influence française sur les institutions européennes est bien évidemment traditionnellement très forte[20] : le fonctionnement même de l'administration européenne est calqué sur le modèle administratif français. Le couple que la France forme avec l'Allemagne a permis à l'Europe communautaire de se construire et de se stabiliser. Mais les élargissements successifs de l’Union européenne, et notamment celui de 2004, ont entrainé un effet de dilution de l'influence française en Europe[21] avec un rééquilibrage du poids des états au sein des institutions (un seul commissaire, voix au sein du Conseil européen, nombre de députés européens, nombre de fonctionnaires européens). Le récent rejet par le référendum du 29 Mai 2005 sur la Constitution européenne par les Français a également écorné l'image de la France. Les attaques répétées de Jacques Chirac contre la Commission européenne ont bien évidemment été très mal vues au sein de l'administration communautaire.
Néanmoins, comme le note le journal Le Monde[22], les eurocrates français sont présents et très influents : six directeurs généraux et le secrétaire général adjoint de la Commission, le président de la Banque centrale européenne souvent en conflit avec son pays d'origine, le président du Comité militaire de l'Union européenne, le secrétaire général adjoint du Conseil européen, le président du Comité des régions, le président de la Cour européenne des droits de l'homme et le président de l'UNICE.
Notes et références
- ↑ La situation se complique en Pologne, en République tchèque et même en Allemagne Bulletin Quotidien Europe, n°9694, 02/7/2008
- ↑ La Pologne sacrifie le traité de Lisbonne Le Soir, Bruxelles, 1/07/08
- ↑ Irlande : la Commission responsable ou coupable ?Les Coulisses de Bruxelles, 20 juin 2006
- ↑ Nicolas Sarkozy critique le niveau des taux de la Banque centrale européenneLe Monde, 5 juillet 2008
- ↑ Discours de Nicolas Sarkozy à Aix-la-Chapelle, lors de la remise du prix Charlemagne 2008 à Angela Merkel, site de la Présidence de la république française
- ↑ L'anti-atlantisme français : le point de vue d'Ezra Suleiman, Le Figaro, 30 octobre 2007
- ↑ Les priorités de la Présidence français Toute l'Europe.fr
- ↑ Faux départ pour le pacte sur l'immigration à Saragosse, Le Monde, 28/06/08
- ↑ « Ce que l'UE attend de la Présidence française », Graham Watson, Président du Groupe des eurodéputés libéraux, dans Le Figaro, 23 avril 2008
- ↑ "Les réalisations économiques et sociales : Europe libérale et Europe organisée" dans Penser et Construire l'Europe au XXème siècle GUIEU, LE DREAU
- ↑ Juncker favori pour présider le Conseil européen Le Figaro, Paris, le 5 mai 2008
- ↑ Barroso : "l'Irlande m'a tuer", Les Coulisses de Bruxelles, 17 juin 2008
- ↑ Au delà de l'information, Bulletin Quotidien Europe, 28 février 2007
- ↑ Sarkozy ose l'Europe Les Coulisses de Bruxelles, 14 juillet 2007
- ↑ "La France regarde vers l'Est et plaide pour l'Ukraine en Europe", Le Monde, Paris, 30 avril 2008
- ↑ Henri Guaino, le conseiller de l'ombre de Sarkozy qui exaspère l'Europe, Le Taurillon, 2 mars 2008
- ↑ L'arrière-garde européenne privée de poste ? Les Coulisses de Bruxelles, 9 avril 2008
- ↑ Tir de barrage français contre Tony Blair Les Coulisses de Bruxelles, 16 janvier 2008
- ↑ L'arrière-garde européenne privée de poste ? Les Coulisses de Bruxelles, 9 avril 2008
- ↑ Rapport au Parlement français sur la présence et l'influence de la France dans les institutions européennes, Délégation de l'Assemblée nationale pour l'UE, 12 mai 2004
- ↑ Rapport au Parlement français sur la présence et l'influence de la France dans les institutions européennes Délégation de l'Assemblée nationale pour l'UE, 12 mai 2004
- ↑ "Le sarkozysme a-t-il conquis Bruxelles?" Le Monde, Paris, 18 octobre 2007
Annexes
Liens internes
Liens externes
- Présidence française du Conseil de l'Union européenne (site officiel)
- Présidence slovène du conseil de l'Union européenne (site officiel)
- Vues d'Europe, le blog du Secrétaire d'état aux affaires européennes Jean-Pierre Jouyet
- L'actualité de la Présidence française de l'UE sur EurActiv.fr
- Europe de Cultures, 50 ans de création artistique et de vie culturelle des 27 pays de l’Union Européenne avec l'INA
- Objectifs et défis de la Présidence française du Conseil de l'UE, dossier d'euro|topics
Bibliographie
- « Les défis de la présidence française de l'UE » dans La Revue internationale et stratégique, n° 69, printemps 2008
- La France dans l'Union européenne, Jacques Guillaume, Belin, 2007
- « L'influence française au sein du Parlement européen à mi-mandat : quelle stratégie à l'horizon 2009 ? », Thierry Chopin, dans Horizons stratégiques, n° 4, avril 2007
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