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Préhistoire
La Préhistoire est généralement définie comme la période comprise entre l’apparition de l’Humanité et l’apparition des premiers documents écrits, même si cette définition n’est pas sans poser des problèmes.
La préhistoire est aussi la discipline scientifique qui étudie cette période (voir préhistoire)[1].
Sommaire
Problèmes liés à la définition de la Préhistoire
La définition classique de la Préhistoire pose un certain nombre de problèmes, notamment en ce qui concerne les critères retenus pour son début et sa fin, mais aussi pour la datation de ses limites.
Début de la Préhistoire
La Préhistoire commence avec l'apparition de l’Homme, or celle-ci est le fruit d’une lente évolution sur plusieurs centaines de milliers d’années, depuis un Hominidé indéterminé. Ce début varie selon les chercheurs en fonction des critères utilisés pour définir l’Homme, qui peuvent être anthropologiques, culturels voire philosophiques…
Le genre Homo apparaît avec Homo rudolfensis (-2,9 Ma[2]) puis Homo habilis (-2,4 Ma), deux espèces qui ont coexisté en Afrique de l’Est. Ces deux espèces avaient adopté une locomotion bipède et produisaient probablement des outils, deux traits qui ont longtemps été considérés comme propres au genre humain. Des découvertes plus récentes ont montré que les Australopithèques qui ont précédé avaient eux aussi adopté une locomotion partiellement bipède. D’autre part, les plus anciennes industries lithiques sont contemporaines de représentants du genre Homo mais aussi de Paranthropes, formes robustes d’Australopithèques, et il est impossible de déterminer quel est l’auteur de ces industries.
Selon que l’on considère que l’Homme est représenté par le seul genre Homo ou également par le genre Australopithecus, la Préhistoire débute donc respectivement il y a environ entre 3 et 5 Ma.
Fin de la Préhistoire
L’utilisation de l’apparition de l’écriture, vers 3000 avant notre ère, comme critère marquant la fin de la Préhistoire est problématique à plus d’un titre :
- celle-ci n’apparaît pas à la même date dans toutes les zones géographiques ;
- il existe des sociétés n’ayant pas adopté l’écriture, dont la tradition orale est très forte, comme certaines civilisations d’Amérique précolombienne ou d’Afrique subsaharienne, qui ont peu de choses en commun avec les sociétés préhistoriques.
La notion de Protohistoire a été introduite pour les populations ne possédant pas elles-mêmes l’écriture, mais qui sont mentionnées par des textes émanant d’autres peuples contemporains[3]. Cette notion n’est pas entièrement satisfaisante.
Vers une définition économique et sociale
La tendance actuelle est de se baser sur des critères non plus chronologiques (trop fluctuants) mais économiques et sociaux :
- la Préhistoire concernerait les populations dont la subsistance est assurée par la prédation. Ces groupes de chasseurs-cueilleurs, pêcheurs, collecteurs exploitent des ressources naturelles disponibles sans les maîtriser. La Préhistoire stricto sensu comprendrait donc le Paléolithique, l’Épipaléolithique et le Mésolithique.
- la Protohistoire concernerait les populations dont la subsistance est assurée par la production[4]. Ces groupes d’éleveurs et d’agriculteurs, souvent sédentaires, exploitent des ressources qu’ils maîtrisent et qu’ils gèrent en partie. La Protohistoire comprendrait alors le Néolithique, le Chalcolithique, l'Âge du bronze et l’Âge du fer. Elle est caractérisée par une structuration croissante de la société (modification de l’habitat, agglomération, socialisation avancée, hiérarchisation, pouvoir administratif, économie avancée, monnaie, échanges commerciaux, etc.).
Les grandes divisions de la Préhistoire
Aspects historiques
La chronologie de la Préhistoire a commencé à être établie au XIXe siècle, à la suite des travaux des grands systématiciens du siècle précédent, Carl von Linné, Buffon, qui avaient largement fait reculer la date de l’origine de la vie sur Terre.
En 1820, Christian Jürgensen Thomsen ordonne les collections de son musée en fonction des principaux matériaux utilisés et crée une classification dite des « trois âges » :
Si les deux derniers sont encore couramment employés, le premier est désormais tombé en désuétude. On lui préfère selon les cas les termes Paléolithique et Néolithique, introduits par John Lubbock en 1865.
- Le Paléolithique, étymologiquement « âge de la pierre ancienne », est la période la plus ancienne, durant laquelle la pierre est seulement taillée (d'où aussi l'ancienne appellation d'« âge de la pierre taillée »).
- Le Néolithique, étymologiquement « âge nouveau de la pierre », est la période plus récente, durant laquelle la pierre est taillée mais aussi travaillée par polissage (d'où aussi l'ancienne appellation d'« âge de la pierre polie »).
Les découvertes et les écrits de pionniers tels que Paul Tournal (1821), Jean-Baptiste Noulet (1851) et surtout Jacques Boucher de Perthes (1846 à 1864) contribuent à faire accepter l’idée de la très haute antiquité de l’Homme.
S’inspirant de la chronologie utilisée en Géologie, Édouard Lartet propose en 1861 une chronologie fondée sur les espèces successives de grands mammifères dominants. Seul l’Âge du Renne est encore parfois utilisé pour désigner le Magdalénien.
En 1869, Gabriel de Mortillet propose une nouvelle chronologie de la Préhistoire, en 14 époques successives nommées d’après les sites où elles ont été décrites et où elles sont bien représentées ; si certaines ont été abandonnées, la plupart de ces époques sont encore utilisées aujourd’hui comme l’Acheuléen, le Moustérien, le Solutréen ou le Magdalénien.
La chronologie a également été précisée par Henri Breuil, notamment en ce qui concerne la position stratigraphique de l’Aurignacien.
Classification actuelle de la Préhistoire européenne
Pour les autres régions, voir le Tableau synoptique des principales cultures préhistoriques du Vieux Monde
La classification actuelle fait toujours référence à un certain nombre de périodes, de durées très inégales, fondées sur les particularités de leurs cultures matérielles. Ces catégories basées sur l’étude des vestiges durables (industrie lithique essentiellement, mais aussi industrie osseuse, puis céramique et métallurgie) se sont beaucoup affinées avec les outils de recherche modernes.
Ces périodes ont avant tout une signification chronologique, rarement une signification culturelle. Pour les périodes anciennes du Paléolithique, les différences culturelles entre les industries sont difficiles à mettre en évidence et les variations peuvent aussi être liées à la fonction des sites ainsi qu’aux types de matériaux utilisés.
Le Paléolithique est un terme à connotation chronologique, créé par John Lubbock en 1865 ; il désigne l’époque de la Préhistoire durant laquelle l’Homme était encore partout un chasseur-cueilleur.
Le Paléolithique est subdivisé en trois ou quatre grandes périodes selon les auteurs :
- Paléolithique archaïque (ou Très Ancien Paléolithique), entre 7 millions d’années et 1,7 million d’années environ :
- apparition d'Hominidés disparus comme Toumaï, Orrorin ou les Australopithèques, parmi lesquels se trouvent les ancêtres de la lignée humaine ;
- apparition des premiers outils, qui sont d'abord des galets aménagés, autrefois nommés choppers ou chopping-tools, souvent considérés comme des nucléus aujourd'hui ;
- développement de l'Oldowayen ainsi qu'une industrie à éclats récemment découverte sur le site de Lokalelei, au Kenya.
- Paléolithique inférieur, entre 1,7 million d’années et 500 000 ans environ :
- apparition du biface.
- Paléolithique moyen, entre 500 000 et 40 000 ans environ :
- développement de la méthode de débitage Levallois ;
- apparition de l'Homme de Néandertal ainsi que de l'Homme moderne ;
- Paléolithique supérieur, entre 40 000 et 9 000 ans environ :
- développement du débitage laminaire ;
- arrivée de l’Homme moderne en Europe ;
- disparition de l'Homme de Néandertal.
Chronologie pour l'Europe
- Paléolithique
- Paléolithique archaïque (ou Très Ancien Paléolithique)
- identifié à Dmanisi, en Géorgie, vers 1,8 million d'années, à Orce, sur les sites de Fuente Nueva 3 et Barranco León, en Espagne, vers 1,4-1,2 million d'années, dans la grotte du Vallonnet, en France, et à Monte Poggiolo, en Italie, vers 1 million d'années.
- Artisans : Homo georgicus, à Dmanissi, et peut-être Homo cepranensis en Italie et Homo antecessor en Espagne.
- Paléolithique archaïque (ou Très Ancien Paléolithique)
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- Paléolithique inférieur
- Acheuléen (industries à bifaces). Les termes d'Abbevillien et de Chelléen, qui désignaient une sorte d'Acheuléen primitif, sont aujourd'hui en voie d'abandon.
- Artisan : Homo heidelbergensis (Atapuerca en Espagne, Mauer en Allemagne, Caune de l'Arago à Tautavel en France).
- Paléolithique inférieur
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- Paléolithique moyen
- Moustérien, avec différents faciès caractérisés par l'utilisation plus ou moins systématique du débitage Levallois.
- Artisan : Homme de Néandertal en Europe et Homme anatomiquement moderne, Homo sapiens, au Proche-Orient.
- Paléolithique moyen
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- Paléolithique supérieur (arrivée de Homo sapiens en Europe)
- Industries dites de transition (40 000 - 30 000 ans environ), au sein desquelles le débitage laminaire se généralise, comme le Châtelperronien, en France et en Espagne, et l'Uluzzien en Italie. Artisans : probablement Homme de Néandertal pour le Châtelperronien, inconnu pour les autres industries de transition.
- Aurignacien (40 000 – 29 000 ans) : première culture de l’Homme moderne en Europe. L’Aurignacien se caractérise par un débitage laminaire, ainsi que des outils caractéristiques, comme les grattoirs sur lame d’une forme étranglée ainsi que des pointes de sagaies à base fendue pour faciliter leur emmanchement. L'art mobilier et pariétal fait son apparition, avec de nombreuses statuettes et des figurations pariétales en grottes, notamment dans la grotte Chauvet.
- Gravettien (29 000 – 21 000 ans) : il se caractérise par l’apparition d’une retouche abrupte particulière, permettant de créer un dos sur les lames, une surface plane plus facile à encoller sur une sagaie avec de la glu ou du mastic, et à fixer à l’aide d’une corde ou de taffetas. Les grottes sont toujours ornées (grotte Cosquer, Gargas, Mayenne-Sciences), avec en particulier des mains négatives et des ponctuations. Dans toute l’Europe, apparaissent des statuettes féminines aux fesses rebondies, surnommées Vénus, aux hanches généreuses et à la poitrine énorme et tombante, comme la Vénus de Willendorf. Il pourrait s’agir de symboles de fécondité.
- Solutréen (21 000 – 18 000 ans), seulement identifié à l'ouest du Rhône, en France, en Espagne et au Portugal. Les tailleurs solutréens façonnaient des outils extrêmement fins, retouchés sur les deux faces, au tranchant fin et effilé. Le plus célèbre est l'outil surnommé « feuille de laurier », en raison de sa finesse. C’est également au Solutréen qu’apparaissent deux outils majeurs : l’aiguille à chas, qui permet de coudre les vêtements, et le propulseur, qui permet de démultiplier la puissance et la distance de jet des sagaies.
- Épigravettien, présent à l'Est du Rhône, en France et en Italie.
- Badegoulien (19 000 - 17 000) : connu seulement en France et en Suisse, il correspond à l'ancienne dénomination « Magdalénien ancien ». Il se différencie nettement du Magadalénien stricto sensu du point de vue technique (débitage d'éclats) et typologique (abondance des grattoirs et des outils archaïques, rareté des burins et des lamelles à dos).
- Magdalénien (17 000 – 9 000 ans) : le Magdalénien est le dernier complexe du Paléolithique supérieur, qui voit la fin de la dernière glaciation et l’apparition progressive des conditions climatiques actuelles. Le grand développement du travail de l’os et du bois de cervidé culmine avec l’invention du harpon. Les magdaléniens pratiquent une chasse souvent considérée comme spécialisée, car certains sites ne livrent les restes que d'une seule espèce, comme le cheval ou le renne [5]. Sur certains sites, seul le saumon est pêché. L’exploitation des territoires acquiert une plus grande extension : il arrive que des matières premières ou des coquillages soient retrouvés à des centaines de kilomètres de leur lieu d'origine, mais il est alors difficile de savoir s'il s'agit d'acquisitions directes ou par échange. L'art pariétal est particulièrement riche et diversifié (Rouffignac, Niaux, Roc-aux-Sorciers, Altamira, etc.). Le Magdalénien est présent en Europe occidentale (Péninsule ibérique, France, Suisse, Allemagne et Pologne [6]).
- Paléolithique supérieur (arrivée de Homo sapiens en Europe)
Période durant laquelle l’Homme, encore chasseur-cueilleur, est confronté à la fin de l’époque glaciaire et à la modification de l’environnement, avec en particulier le développement des forêts.
- Néolithique
- Cardial (courant de néolithisation Méditerranéen)
- Danubien (courant de néolithisation centre Européen)
- Chasséen (sud de la France)
La plupart de ces termes ont une valeur limitée géographiquement et souvent, plus la période est récente, plus la zone géographique concernée est restreinte. Pour d'autres régions du globe, d'autres cultures se sont développées comme le Paléoindien et le Formatif pour l’Amérique du Nord, ou le Jomon pour le Japon.
Il existe d’autres catégories, de moindre durée, qui ne sont pas reconnues dans toutes les régions du globe ou par l’ensemble de la communauté scientifique. C’est le cas, par exemple, de l’Âge du cuivre ou du Chalcolithique.
Quelques dates importantes
- Paléolithique
- Il y a 5 Ma[2] : apparition des Australopithèques
- Il y a 3 Ma : apparition d’Homo rudolfensis souvent considéré comme le premier représentant du genre humain [7]
- Il y a 400 000 ans : domestication du feu à Menez-Dregan et Vértesszőlős
- Il y a 100 000 ans : premières sépultures au Proche-Orient
- Il y a 30 000 ans : en Europe, Homo sapiens est la seule espèce humaine restante après la disparition de l’Homme de Néandertal
- Il y a 20 000 ans : peintures de Lascaux.
- Néolithique
- Vers -10 000 : premiers villages (Çatal Hüyük en Turquie)
- Vers -4 500 / -2 000 : mégalithisme (dolmens et menhirs)
- Vers 3 300 av. J.-C. : invention de l’écriture en Égypte et Mésopotamie, fin de la Préhistoire.
Notes et références de l'article
- ↑ Leclerc, J. et Tarrête, J. (1988), « Préhistoire », in Dictionnaire de la Préhistoire, Leroi-Gourhan, A., (Éd.), PUF, pp. 899-900.
- ↑ a et b Ma = Million d'années
- ↑ Leclerc, J. et Tarrête, J. (1988), « Protohistoire », in: Dictionnaire de la Préhistoire, Leroi-Gourhan, A., (Éd.), PUF, p. 905.
- ↑ Cf. notamment Otte, M. (2001), La Protohistoire, De Boeck - Wesmael, 396 p.
- ↑ Des sites spécialisés dans l'abattage d'une seule espèce sont toutefois connus dès le Paléolithique moyen (cf. Coudoulous, La Borde) ; les sites spécialisés n'impliquent pas pour autant que les groupes ne consommaient qu'une seule espèce tout au long de l'année et donc qu'ils pratiquaient une chasse spécialisée.
- ↑ F. Djindjian, J. Koslowski, M. Otte : Le Paléolithique supérieur en Europe, A. Colin (1999), pp. 257-287.
- ↑ Sandrine Prat, « Homo rudolfensis et Homo habilis, De la difficulté de définir Homo habilis »
Voir aussi
Articles connexes
Classement encyclopédique
Autres
- Lexique de l'archéologie
- Paléoanthropologie
- Évolution de l’Homme
- Toumaï, ancêtre commun à l’Homme et au Singe ?
- Lucy (paléoanthropologie)
- Migration humaine
- Institut de paléontologie humaine
Liens et documents externes
- La Préhistoire sur le web, liste de sites très complète
- La Préhistoire, la chronologie et les hominidés
- Grands sites archéologiques, site du Ministère de la culture français
- musées
Bibliographie
- Dictionnaire de la Préhistoire, sous la direction d'A. Leroi-Gourhan, PUF, Paris, 1988 (rééd. 1994).
- La Préhistoire dans le monde, sous la direction de J. Garanger, PUF, Paris, 1992.
- L'invention de la Préhistoire, une anthologie, Presses Pocket, 1992.
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