- Progrès techniques
-
Progrès technique
Le progrès technique, ou progrès technologique, représente l’amélioration de la technologie, y compris organisationnelle, qui est utilisée dans un processus de fabrication, ou qui concerne les capacités militaires, la médecine, etc.
Le progrès technique peut découler de l’application du progrès scientifique, c’est-à-dire l’amélioration des connaissances scientifiques, à un domaine particulier.
Sommaire
Présentation
La fabrication d’outils utiles, opérationnels et rentables entame une définition du progrès technique. Citons quelques exemples :
- Distribution de l’électricité chez les particuliers.
- Généralisation de la Ford T (USA, 1920) à un prix modique.
- Le logiciel Deep Blue gagne le match contre le champion du monde d’échecs Garry Kasparov (1997)
- Généralisations de la téléphonie mobile, de l’Internet, des ordinateurs individuels.
Le progrès technique participe à une évolution des conditions de vie : la distribution de l’eau courante chez les particuliers résulte d’une alliance entre la Technique, la Science et l’Organisation sociale. L’usage du microscope (progrès technique) et les progrès de la méthode scientifique ont permis de prouver la prolifération des bactéries présentes dans l’eau stagnante et son impact sur la santé publique ; les notions d’hygiène se sont répandues dans la mentalité collective ; des sociétés de distribution d’eau potable ont alors été créées et elles garantissent la qualité de l’eau distribuée.
En économie
En économie, le progrès technique représente l’amélioration des connaissances scientifiques et de l’organisation de la production qui permettent une amélioration de la productivité, c’est-à-dire une augmentation de la production pour une quantité fixe de facteurs de production utilisés (le travail, mais aussi le capital, comme les machines). Il contribue pour une large part à la « productivité globale des facteurs » (PGF).
Au sens large, le progrès technique désigne l'ensemble des innovations qui peuvent améliorer :
- la productivité du travail et du capital : par exemple la mécanisation, l'organisation scientifique du travail ou encore la formation, etc.
- la productivité générale de l'économie : création de nouveaux marchés, nouveaux produits, réglementations ou déréglementations de l'État, etc.
Le progrès technique est dû à une amélioration des connaissances humaines appliquées à la production. Il a permis l'enrichissement de nos sociétés depuis les origines de l’humanité (invention de l’agriculture, de la roue,…), et, de manière plus importante, depuis le début de la révolution industrielle.
C’est le principal facteur de croissance du PIB par habitant et du niveau de vie. La croissance due au progrès technique est la croissance intensive, par opposition à la croissance extensive.
Historique des gains de productivité
Au cours des Trente Glorieuses, les gains de productivité ont été très importants en France. Ces gains s'expliquent par les efforts de reconstruction du pays après la Seconde Guerre mondiale, puis par le rattrapage technologique sur le pays leader du XXe siècle, les États-Unis. Durant les années 60, ils s'élevaient en moyenne à 5,1% par an.[1]
Les crises de 1973, puis de 1979 mettent fin à cette période. Depuis, les gains de productivité sont moindres. Durant les années 2000, la croissance des gains de productivité plafonnent à 1,1% par an.[2]. Cette faible croissance des gains de productivité contribue à l'atonie des salaires et du pouvoir d'achat des français.
Effets sociaux du progrès technique aujourd'hui
La question de la faiblesse du pouvoir d'achat des français réapparait régulièrement dans le débat public français depuis le début des années 1990. Parmi les propositions envisagées par la Commission pour la libération de la croissance française pour y remédier, on compte une réforme de la Loi Galland. Pour libéraliser les prix pratiqués par la grande distribution, la commission propose notamment de supprimer les marges arrières de celle-ci. Une telle suppression inciterait probablement les distributeurs -pour maintenir leur productivité- à accélérer l'implantation de caisses automatisées. Or, il y a aujourd'hui 150 000 caissières en France[3]. L'implantation de caisses automatisées (exemple de progrès technique) mettrait en danger leur emploi et participe à un retour des questionnements luddistes (néo-luddisme) dans le débat public français.
Effets du progrès technique
Il faut distinguer le progrès technique lui-même de l’utilisation qui en est faite.
Progrès technique et développement économique
Article connexe : Développement économique.Le progrès technique a permis tout d'abord une amélioration des conditions de vie : hausse de l'espérance de vie, passée dans les pays en développement de 30 ans en 1900 à 65 ans en 1998[4]. Grâce à la révolution verte, 75% du blé produit dans les pays en voie de développement l'est par l'utilisation de variétés de blé à haut rendement, qui ont permis une hausse de la production de céréales par habitant de 49% entre 1960 et 2000. Selon le Programme des Nations Unies pour le développement de 1997, la pauvreté a plus diminué au cours du dernier demi siècle que dans les cinq cent ans qui ont précédé[5].
Le progrès technique permet également une augmentation du niveau de vie économique et social global, une amélioration de la santé, une diminution de la pénibilité du travail, etc. Au cours de l’histoire, le progrès technique, en permettant une productivité plus élevée, a permis des salaires plus élevés en ville que dans les campagnes, et a favorisé l’exode rural.
S’il a permis le développement de techniques de déplacement polluantes (véhicules à moteur, aéropropulsion,...), le progrès technique a surtout permis une augmentation des rendements agricoles qui ont provoqué une explosion démographique. Par ailleurs, dans les grandes métropoles de pays développés, le niveau de pollution diminue régulièrement, grâce à la diminution de la pollution émise par les véhicules, dans les villes de France[6], et de l’Union européenne[7].
Effets sur les capacités militaires
Avec le développement des armes nucléaires, l’humanité a obtenu pour la première fois dans son histoire, la possibilité de destructions massives à une échelle mondiale, ce qui a provoqué des craintes (Le Mouvement Pugwash ou le fameux éditorial d'Albert Camus dans Combat au lendemain d'Hiroshima[8]). Toutefois, l'existence de ce pouvoir de destruction a probablement permis une absence de conflit direct entre les grandes puissances au cours de la guerre froide, par l'« équilibre de la terreur ». La fin de cette guerre, en rompant un contrôle strict des armes nucléaires a ravivé les craintes d'une prolifération nucléaire, plus difficilement contrôlable.
Effets sur l'emploi
Si dans certains cas, le progrès technique tend à supprimer certains emplois (automatisation,…), à long terme le progrès est généralement associé à une prospérité économique et à une augmentation de l’emploi, par le biais d’une innovation permanente[9]. Cet effet de modification d'emplois est développé par Joseph Schumpeter dans Capitalisme, socialisme et démocratie en 1942 sous le nom de « Destruction créatrice ». Alfred Sauvy a développé des thèses proches dans La Machine et le Chômage en 1980. Ainsi, le continent africain est celui qui est le moins touché par le progrès technique, et il connaît des taux de chômage officiels et officieux très élevés. Jérémy Rifkin considérait cependant en 1995 dans La fin du travail que l'automatisation et l'informatisation entraineraient la disparition du travail, thèse qui semble contredite par les évolutions du chômage depuis lors[10].
Le progrès technique peut toutefois entraîner une augmentation temporaire du chômage, avec des mobilités socialement dommageables comme l'exode rural et le déclin de certaines régions.
Effets sur l'environnement
Le progrès technique a permis le développement de techniques de déplacement polluantes (véhicules à moteur, aéropropulsion,...).
La question de la soutenabilité du développement économique est posée, dans le cadre d’un développement durable, en particulier par les mouvements écologistes, et de plus en plus par la société civile. Le progrès technique pourrait cependant être à même, s’il était correctement utilisé, de permettre une croissance propre et économe en ressources naturelles épuisables (amélioration de l’efficacité énergétique, utilisation d'énergie nucléaire sûre et non productrice de gaz à effet de serre, etc.). La possibilité pour le progrès technique de répondre lui-même aux maux qu'il engendre a été mise en question par Jacques Ellul, notamment dans Le Système technicien.
Le philosophe Hans Jonas a mis en évidence les dangers que peuvent faire courir le progrès technique[11]. L’accumulation des effets pervers notamment sur l’écologie, la disparition du but ultime transformé en « bougisme »[réf. nécessaire] qui semble un mirage, est dénoncé également par Jean Baudrillard.
Progrès technique et productivité globale des facteurs
Le progrès technique est considéré, dans le modèle de Solow, comme l'élément qui permet d'améliorer la productivité pour une même valeur des facteurs de production capital et travail (voir productivité globale des facteurs). Autrement dit, il s'agirait d'accroître la production notamment par une meilleure prise en compte des conditions environnementales. Il est à noter que la terre était la source de toute production pour les Physiocrates, un facteur de production parmi d'autres dans l'école classique, alors que l'école néoclassique, à laquelle se rattache le modèle de Solow, ne retenait plus que les facteurs de production capital et travail.
Voir aussi
Notes et références
- ↑ Alternatives économiques, n°264, décembre 2007, p. 10
- ↑ Alternatives économiques, n°264, décembre 2007, p. 10
- ↑ Chiffre cité par Philippe Moati, économiste, directeur de recherche au CREDOC dans son livre L'avenir de la grande distribution
- ↑ Chiffres du PNUD repris par Johan Norberg dans Plaidoyer pour la mondialisation capitaliste, 2003, (ISBN 2259200095), p. 22,
- ↑ Chiffres du Rapport sur le développement humain du PNUD repris par Johan Norberg dans Plaidoyer pour la mondialisation capitaliste, 2003, (ISBN 2259200095), p. 20
- ↑ « Globalement, la qualité de l’air des villes de France s’améliore. », sur 2000-2005, « Amélioration contrastée de la qualité de l'air des villes entre 2000 et 2005 », étude de l'Ifen, 2006
- ↑ « la qualité de l'air s'est améliorée dans les villes », évaluation de Dobris, rapport de l’Agence européenne pour l'environnement
- ↑ Editorial de Combat, Albert Camus, 8 août 1945
- ↑ cf. Claudia Heller, p. 70
- ↑ Chiffres du chômage américain, Les Échos
- ↑ Le Principe responsabilité, 1979
Articles connexes
- Croissance économique
- Théorie de la croissance endogène
- Connaissance technique
- Luddisme
- Paul Romer
- Joseph Schumpeter
- Alfred Sauvy
- Innovation
- Invention
- Travail (économie)
- Modèle de Solow
- Productivité globale des facteurs
Liens externes
- « Le progrès technique chez Joan Robinson : un essai de systématisation et de formalisation », Claudia Heller, Cahiers d'économie de l'innovation, n°14, 2001-02, p. 67-96
- « Les Techniques ont une histoire », Cours sur l'Histoire de la notion de Progrès, Anne-Françoise Garçon
- Portail de l’économie
- Portail des technologies
Catégorie : Techniques et sciences appliquées
Wikimedia Foundation. 2010.