Deuxieme choc petrolier

Deuxieme choc petrolier

Deuxième choc pétrolier

Le deuxième choc pétrolier s'est produit en 1979. Sous les effets conjugués de la révolution iranienne et de la guerre Iran-Irak, le prix du pétrole est multiplié par 2,7 entre la mi-1978 et 1981.

Chronologie, déroulement et conséquences

Le 8 septembre 1978 ont lieu à Téhéran des émeutes très violemment réprimées, qui sont connues sous le nom de Vendredi noir. C’est le début de la période active de la révolution iranienne, qui s’achèvera par la fuite du Shah le 16 janvier 1979, et c’est donc aussi le début du deuxième choc pétrolier.

Le 22 septembre 1980 commence la guerre Iran-Irak. Le prix du baril de pétrole atteint 39 dollars soit, en tenant compte de l’inflation, l’équivalent de 92,50 dollars de septembre 2005.

À cette époque, l’arrêt des exportations iraniennes provoque presque instantanément l’annonce de nouvelles hausses de prix officiels, tout d’abord modérées. Avec tous ces bouleversements, les circuits de commercialisation du pétrole sont complètement désorganisés à l’échelle mondiale.

Dans ce nouveau contexte :

  • les Japonais sont privés d’une part appréciable de leurs sources d’approvisionnement traditionnelles ;
  • après deux années de relative abondance et de quasi stabilité de prix, le niveau des stocks est tombé partout très bas (donc y compris les stocks de réserve : voir plus haut « Commerce du pétrole et des produits pétroliers »),

Une psychose s’empare des pays consommateurs du monde entier et chacun tente à « tout prix » de reconstituer ses stocks. Certains gouvernements contingentent les consommations et d’autres, comme les États-Unis, allouent des subventions aux importations tandis que les « traders » profitent de la situation pour jouer la hausse sur les marchés « spot », ceci malgré l’augmentation de la production saoudienne et la reprise partielle des exportations de bruts iraniens.

À Rotterdam, les prix des produits finis flambent, passant entre fin octobre 1978 et fin juin 1979 de :

  • 200 à 400 $/tm pour le supercarburant ;
  • 130 à 380 $/tm pour le gazole ;
  • 70 à 140 $/tm pour le fuel ordinaire.

Le prix « spot » des bruts suit une ascension encore plus erratique et désordonnée. En effet le prix de l’Arabe Léger qui est de moins de 13 $/bbl (bbl = baril en abrégé) en septembre 1978 atteint 35 $/bbl en mai 1979 et culminera à plus de 40 $/bbl à l’automne de la même année.

Devant cet affolement des prix « spot » sur tous les marchés du monde entier, les prix « officiels » s’emballent à leur tour. C’est devenu une « spirale ascendante » de hausses de prix sans fin. Les hausses des « prix spot » qui, en principe sont « réversibles » entraînent des hausses qui sont « irréversibles » celles-là, des « prix officiels », à partir desquels se développent de nouvelles hausses de « prix spot » et ainsi de suite.

C’est ainsi que le « prix officiel » de l’Arabe Léger se retrouvera, après toutes ces péripéties, à 26 $/bbl au début de l’année 1980 et à 32 $/bbl après l’ouverture des hostilités entre l’Iran et l’Irak le 1er novembre de la même année.

La tension du marché et le bouleversement des habitudes ne se traduisent pas seulement par une hausse considérable du prix des bruts, mais détruisent aussi la « hiérarchie normale » dans l’échelle de prix basée sur la qualité intrinsèque de chacun des bruts.

Sous la pression des pays producteurs les plus intransigeants, il y a eu un étirement anormal dans l’échelle de prix des bruts, non plus selon leurs qualités mais selon leurs origines. Après la réunion de l’OPEP à Bali en décembre 1980, l’écart entre le prix officiel de l’Arabe Léger (brut de référence, en anglais on dit marker crude) et celui du « Mélange Saharien » passe à 8 $/bbl soit 5 à 6 fois son niveau de Décembre 1978 (1,40 $/bbl).

Avec les pays producteurs les plus gourmands, il faut ajouter aussi que ceux-ci exigent, de plus, un certain nombre de « primes » diverses qui peuvent représenter jusqu’à 3 $/bbl à additionner au prix officiel.

Dans ce contexte, l’échelle de prix n’a plus aucun sens économique et n’a donc aucun rapport avec celle des valorisations véritables basée sur la qualité. Il en résulte que les résultats des sociétés de raffinage dépendent largement de leurs sources d’approvisionnement.

Devant cette cherté, les pays consommateurs cherchent tout d’abord des économies d’énergie et ensuite d’autres sources d’énergie, ce qui entraîne un ralentissement très marqué de la consommation de l’or noir. Ce ralentissement de la consommation de la part des pays industrialisés à partir de 1980 devait fatalement entraîner un retournement de la conjoncture pétrolière, qui est devenue très nette à partir du printemps 1981.

Ce retournement met en lumière le caractère anormal de la « nouvelle échelle de prix » établie après la conférence de l’OPEP à Bali. Le déclin de la consommation mondiale affectait prioritairement les bruts les plus chers, c’est-à-dire les bruts venant des pays producteurs les plus intransigeants et les plus gourmands. C’est ainsi que les « primes diverses » instituées par ces pays commencent à disparaître.

En juin 1981, les producteurs de la mer du Nord abaissaient leurs prix de 3 $/bbl. Puis l’échec successif de deux conférences tenues à Genève, par les pays de l’OPEP, en mai puis en août 1981, pour tenter de revenir à une « échelle réunifiée » de prix n’empêchait pas certains pays comme le Mexique et le Nigeria, de procéder à leur tour, à des baisses de prix significatives afin de réaligner leurs prix sur le brut de référence qu’est l’Arabe Léger.

Finalement, à la suite de deux nouvelles réunions, l’une à Genève fin octobre 1981, et l’autre début décembre de la même année à Abu Dhabi, les pays de l’OPEP, procédaient, malgré la réticence de certains, à la remise en ordre attendue, de l’échelle de prix normale. Centrée sur le nouveau prix de référence de 34 $/bbl de l’Arabe Léger, la nouvelle grille de différentiels de prix entre ce brut et des autres bruts se resserrent et se contractent de manière très sensible.

C’est ainsi qu’au 1er Janvier 1982, l’écart de prix entre l’Arabe Léger et le « Mélange Saharien » (du Hassi Messaoud + condensat d’Hassi R’Mel) est descendu de 8 à 3 $/bbl. L’écart entre les bruts BTS de type libyen ou saharien et les bruts HTS de type Safaniya passait de 9 à 6 $/bbl.

Ces nouveaux différentiels de prix mettaient définitivement un terme à la distorsion considérable et erratique imposée par les pays intransigeants et gourmands. C’est ainsi que se terminent les avantages de certaines sources d’approvisionnements aux détriments d’autres sources.

Aujourd’hui, avec du recul, on voit que cette crise pétrolière a des conséquences considérables, non seulement pour les pays industrialisés, mais aussi pour les pays en voie de développement qui n’ont pas de ressources énergétiques propres. On constate en effet que :

  • pour les pays industrialisés :
    • un renchérissement du coût de l’énergie qui les oblige à investir prématurément dans certaines énergies de substitution ;
    • une mise en veilleuse des investissements hautement rentables dans d’autres branches de l’industrie ;
    • une politique plus ou moins déflationniste et protectionniste, chacun pour son compte, afin de limiter et contrebalancer le déséquilibre de leurs balances de paiements ;
  • pour les pays en voie de développement :
    • aux handicaps naturels qui sont déjà très difficiles à franchir, s’ajoute l’absence de ressource énergétique bon marché.

Tous ces faits entraînent une « désoptimisation globale » de l’économie au niveau mondial pour de longues années et la freinent bien au-delà de ce qu’aurait, en toute hypothèse, exigé une gestion prévoyante des ressources énergétiques de la planète.

On observe également un autre phénomène dû à la nouvelle répartition des revenus entre les pays producteurs et les pays consommateurs. Avec cette nouvelle répartition, les pays producteurs bénéficient d’une rente de situation, où leurs exportations génèrent des recettes considérables. Cette manne financière est en partie injectée dans leur économie locale sous forme d’investissements ou redistribuées plus ou moins à leurs ressortissants. Mais une grande part de ces capitaux nouvellement acquis est mal utilisée. Pour un pays comme l’Arabie saoudite par exemple, les recettes sont telles que les responsables « haut placés » peuvent investir et acheter en Occident des pans entiers de l’industrie du tourisme, de la finance et l’industrie lourde.

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