- Pollution intérieure
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La notion de pollution intérieure désigne les formes de pollution touchant les milieux clos tels que les habitations ou les lieux de travail. De nombreuses sources de polluants plus ou moins toxiques contribuent à former un environnement dangereux pour l'homme sur le long terme. La pollution de l'air intérieur est le problème le plus étudié.
Si aujourd'hui les polluants, présents dans l'air extérieur, commencent, ainsi que leurs effets à être connus et quantifiés, il n'en est pas de même pour la pollution de l'air en milieux fermés où nous passons l'essentiel de notre temps.
Sommaire
Enjeux
Dans les pays riches, les gens passent en moyenne 80% à 90% de leur temps dans les bâtiments et des habitacles de véhicules, Chaque jour nous respirons en moyenne 15 000 litres d'air. Les personnes les plus fragiles développent souvent des maladies respiratoires (asthme, allergies, cancers) plus ou moins dues à cette pollution. Il existe un lien fort entre qualité de l'air intérieur et précarité énergétique[1].
Ceci explique l'intérêt croissant des environnementalistes, des autorités sanitaires et du monde médical pour cette pollution discrète, qui fait de plus en plus l'objet d'études sanitaires et scientifiques.Aux États-Unis cette pollution à le nom d'indoor pollution et est prise en compte par les autorités depuis plusieurs décennies.
Ce qu'on sait
Initialement, la médecine galénique s'est intéressée à la circulation de l'air à l'intérieur des espaces clos mais ensuite ce domaine a été longtemps occulté par celui de la pollution de l'air ambiant, extérieur. Au dix-neuvième siècle, Raspail avait pourtant mis l'accent sur la pureté de l'air qui était menacée par une mauvaise circulation de l'air et divers produits, notamment les peintures au plomb. Il a affirmé : "L’air pur est le pain de la respiration"[2].
Sources connues de pollution intérieure
Voici quelques sources de pollution intérieure :
- les aérosols, dont spores de moisissures
- le tabagisme
- poussière, fibres et particules (d'origines biologique ou minérales ou provenant des fumées (cuisson, tabagisme...)
- les microbes (bactéries, virus..)
- les émanations, dont de formaldéhyde et autres composés organiques volatils provenant des peintures, colles, vernis, et les pesticides qui s'évaporent du bois qui en a été imprégné, ou ceux qui ont été utilisés par les usagers (bombes insecticides ou acaricides par exemple, ou produits antiparasitaires utilisés sur les animaux domestiques)....
- la cuisson électrique et/ou au gaz des aliments (grillades, fritures, notamment les cuissons à haute température (au four, en friture) sont sources de nombreux micro-polluants [réf. nécessaire]
- selon le « Plan Particules », intégré dans le deuxième Plan National Santé Environnement (PNSE 2), le chauffage domestique au bois a également un impact négatif sur la qualité de l'air intérieur, du fait des émissions de benzène notamment[3].
- Des gaz avec comme substances prioritaires en France (suivies par l'AFSSET qui doit produire ou mettre à jour des valeurs guides de qualité d’air intérieur pour ces molécules) ; formaldéhyde, monoxyde de carbone, benzène,, trichloroéthylène, particules de diamètre inférieur à 10 µm (PM10) naphtalène, tétrachloroéthylène, phtalate de di(2-éthylhexyle), (DEHP) dioxyde d'azote, acétaldéhyde, ammoniac, radon
- les produits ménagers, désinfectants chlorés notamment libèrent des substances chimiques toxiques dégradant la qualité de l'air intérieur du logement, même s'ils contribuent par ailleurs quand ils sont bien utilisés à assainir certaines parois.
- Nanoparticules : par leur finesse et parce qu'elles se comportent comme des gaz elles pénètrent facilement les habitations à partir de l'extérieur
Actions
Il n'y a pas encore de consensus sur des indices de qualité de l'air intérieur[4]. L'OMS travaille à des valeurs guides pour l'Europe[5],[6]. Dans plusieurs pays, des agences et des conseillers et/ou des Observatoires de la qualité de l'air intérieur ont été mis en place sur le thème de l'air intérieur (on a ainsi montré qu'en France, 1/3 des logements étaient mal ou insuffisamment aérés[7].
En France, des conseils Médicaux en Environnement Intérieur (CMEI) ont été créés sous l'égide de la direction générale de la santé et intégrés dans le Plan National Santé Environnement (PNSE) pour aider et conseiller le public ou les aménageurs (65 CMEI en France mi-2006)[8]. Des programmes tels que Phyt'air cherchent à utiliser les plantes pour améliorer l'air intérieur mais les effets réels des plantes sur l'air intérieur sont négligeables[9].Dans le cadre du Grenelle de l’environnement et du PNSE 2 (second Plan National Santé Environnement), l'INERIS et le Centre scientifique et technique du bâtiment (CSTB) ont en juillet 2009 créé une cellule d'appui à la gestion des situations d’urgence concernant l’air intérieur (avec un coordonnateur et deux ingénieurs d’astreinte 24h sur 24), à l'attention des autorités nationales, territoriales et municipales gérant des établissements recevant du public et pour les cas où les premières réactions sont déterminantes[10].
Un dossier de presse du ministère de l'écologie présente une synthèse des mesures proposées par le groupe de travail Air de la deuxième version du Plan National Santé Environnement (PNSE 2); ce groupe cible particulièrement le chauffage domestique au bois comme ayant un impact sur la qualité de l'air intérieur, du fait des émissions de benzène notamment. Suit un chapitre sur la qualité de l’air intérieur, et la création d’indices de mesure[3]
Etude réalisée
En mars 2009, l’Association Santé Environnement France a lancé une étude sur la qualité de l’air dans dix crèches en France. Trois molécules ont été analysées, au rang desquelles le Benzène et le Formaldéhyde qui sont des cancérigènes avérés et les Phtalates qui engendrent des troubles de la fertilité. Toutes se retrouvent dans le mobilier ou dans les matériaux utilisés pour la construction de la crèche. Or, dans une majorité de crèches, les taux de benzène et de formaldéhyde dépassent les valeurs de référence de l’Organisation Mondiale de la Santé. Lire dans son intégralité le point de vue des médecins de l'ASEF sur l'air interieur des crèches[1]
Le cas particulier des pesticides
Pour combler une lacune de connaissance et certains besoins en toxicologie, expologie et biomonitoring humain (BMH), une étude « EXPOPE » Initiée en par l’INERIS a en France, avec une université[11] porté sur plus de 130 enfants franciliens de 6 et 7 ans vivant en pavillons ou appartements, avec ou sans jardin et animaux domestiques. Les chercheurs ont recherché 31 pesticides (insecticides, herbicides et fongicides choisis comme indicateurs pour leur utilisation, leur toxicité et/ou leur rémanence) dans l’air intérieur, les poussières, sur la peau des mains et dans l’urine des enfants. Parallèlement un questionnaire a permis d’évaluer le degré d’exposition directe des enfants.
Résultats : au moins un pesticide était présent dans 94 % des foyers (insecticide en général). L’alpha-HCH, le propoxur et le lindane (insecticide utilisé depuis 1938 pour traiter planches et charpentes, interdit en 1998 en France, mais très rémanent) étaient les plus fréquents.L’origine de ces molécules (jusqu’à plusieurs centaines de nanogrammes par m3, taux relativement faibles comparés à ceux de formaldéhyde (qui se compte plutôt en µg/m3), mais pour des produits pour lesquels il n’y avait pas encore de valeur-seuil ou de norme, et dont certains peuvent agir comme perturbateur endocrinien, c'est-à-dire à très faibles doses) a rarement pu être précisée : 87 % des familles avaient néanmoins utilisé au moins un pesticide dans l’année (insecticide le plus souvent) et plus de 25 % ont signalé l'intervention d'un professionnel de la désinsectisation dans l’immeuble ou la maison. Le lindane et l’alpha-HCH étaient plus fréquents dans l’habitat ancien . Des variations saisonnières sont observées, également liées au type d’habitat et à la présence de plantes d'intérieur. Les maisons contenaient plus de propoxur que les immeubles. Divers métabolites et produits de dégradation de pesticides ont été détectés dans les urines. On ne peut aujourd'hui faire la part des sources externes et intérieures et de certains transferts (sol (pédologie)|terre sous les chaussures, etc.).
L’étude ne visait qu’à vérifier si des pesticides étaient présents dans l’air intérieur et si les enfants y étaient exposés (on sait qu’ils sont plus sensibles à ces produits que l’adulte) et non à mesurer leur impact sur la santé.
Facteurs de risque
- Le manque d'aération ou le manque d'entretien des installations d'aérations
- une ou des source(s) extérieure (proche) de polluants
- apports réguliers ou occasionnels de polluants via les habits, chaussures ou objets contaminés
- travaux intérieurs (peinture, ponçage, décapage, désinfection...)
Voir aussi
Articles connexes
- Pollution, air, pollution de l'air
- Renouvellement de l'air intérieur
- Purificateur d'air
- Toxicologie
- Phyt'air
- ADEME, AFSSET
- ASEF
En anglais
Liens externes
- (fr) Observatoire de la qualité de l'air intérieur (France)
- (fr) « Pollution de l'air intérieur », constats et position de l'UFC-Que Choisir, 25 août 2009
- (fr) Site du RSEIN (Réseau Recherche Santé Environnement Intérieur)
- (fr) Qualité de l'air intérieur, site d'actualités et d'informations sur la pollution intérieure
Notes et références
- résumés et accès aux articles Air pur, Air intérieur et précarité énergétique,
- Article : De la pureté à la qualité de l'air (XIX-XXIe s.) (Faites vérifier la qualité de l'air... comme vous le dit F.-V. Raspail).
- Dossier de presse Air (format PDF) pp. 18 et suivantes.
- Article « Étude des enjeux liés à la mise en œuvre d'un indice de la qualité de l'air intérieur auprès d'acteurs du bâtiment »Air Pur N° 73 - Deuxième semestre 2007, pages 11 à 14
- Valeurs guides pour la qualité de l’air. Version actualisée en français, à l’échelle mondiale de 2005. Matières particulaires, ozone, dioxyde d’azote et dioxyde de soufre, OMS, 2006, ix + 484 pages, ISBN:92 890 2192 6(
- Development of WHO guidelines for indoor air quality : dampness and mould Rapport du groupe de travail de Bonn (Allemagne, 17-18 Oct 2007)
- Ademe évoquant une enquête nationale rendue publique fin 2006. Plaquette l'Ademe et vous, Juillet-Aout 2008 Dossier "Qualité de l'air intérieur, Changement d'air recommandé",
- http://www.appanpc.fr/Interview/interview_CMEI.asp Interview] de deux CMEI
- Journal de l’environnement, La plante en pot ne dépollue pas l'air intérieur.
- Communiqué de l'INERIS et CSTB du 6 juillet 2009 « Air intérieur : une expertise multidisciplinaire en appui aux situations de crise »
- Faculté des Sciences Pharmaceutiques et Biologiques de l’Université Paris V
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