- Pierre Berès
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Pierre Berès est un libraire et éditeur français, né le 18 juin 1913 à Stockholm (Suède) et décédé le 28 juillet 2008 à Saint-Tropez, il est inhumé au cimetière de Passy, à Paris (France).
Sommaire
Biographie
Son état civil porte le nom de Pierre Berestov. Il est en 1926 élève au lycée Louis-le-Grand, se lance en 1929 dans le commerce des livres, collecte des autographes des membres de l'Académie française (dont Clemenceau) et dirige en 1930 sa première vente comme expert. André Gide, dont il est le voisin rue Vaneau, à Paris, lui confie trois manuscrits à vendre, dont celui de Si le grain ne meurt.
À sa majorité, Pierre Berès ouvre sa première librairie parisienne, Incidences, au 24 rue Laffitte. Selon la légende qui entoure très tôt son activité, remarquant que l'un de ses proches confrères possède des livres rares, il en publie le catalogue et, quand un client se montre intéressé par l'un d'entre eux, assure qu'il va le chercher dans son dépôt, court chez son concurrent acheter l'ouvrage et le revend non sans profit.
En 1936, Pierre Berès rachète la moitié du manuscrit des Illuminations de Rimbaud à Gustave Kahn qui les avait publiées. Il retrouve des épreuves de La Chartreuse de Parme de Stendhal qui, selon « l'avis de M. de Balzac », supprime les cinquante premières pages. Au milieu des années 1930, Pierre Berès s'intéresse aux bibliothèques dont, à la suite de la crise de 1929, des milliardaires américains se défont et participe aux ventes Mortimer Schiff et Cortland F. Bishop de 1938, faisant l'acquisition d'éditions originales de Cervantès et de chefs-d'œuvre de la Renaissance ayant appartenu à François Ier.
Pierre Berès (familièrement nommé PiBi en anglais, Pébé en français) ouvre en 1939 une librairie avenue de Friedland, que fréquente une clientèle particulièrement aisée, roi de l'étain ou magnat du pétrole. Les fiches qu'il constitue lui permettent de suivre des milliers de volumes précieux sur plusieurs générations[1]. Il se lie avec Picasso en 1942, avec Éluard, Raymond Queneau, Brassaï. En 1947, Matisse choisit sa librairie pour l'exposition de son livre Jazz.
En mars 1951 Pierre Berès est expert lors de la vente, à New York, de la collection Lucius Wilmdering. Mandaté par Jacques Chaban-Delmas il acquiert pour la ville de Bordeaux Le Livre de raison de Montaigne, annoté de la main de l'écrivain.
Inlassable séducteur, Pierre Berès se marie trois fois, a huit enfants dont sept survivent (Pervenche, Anémone, Angélique, Platane, Achille et Anne-Isabelle Montanari). Richissime collectionneur de manuscrits, livres et œuvres d'art, « charismatique » ou « magnétique » selon ses collaborateurs, Pierre Berès, tout en continuant de diriger sa librairie, et après avoir fondé vers 1950 avec Maurice Goudeket les éditions La Palme (1 rue Beaujon), rachète en 1956 les Éditions Hermann où il inaugure par la suite de nombreuses collections qui reflètent son double intérêt pour les sciences et les arts. En 1960, il crée avec André Chastel la célèbre publication Art de France qui connaît quatre volumineux numéros jusqu'en 1964, comportant des lithographies originales (ou estampille pour Hajdu) de peintres de l'École de Paris, Max Ernst, Estève, André Masson, Soulages, Ubac, Jacques Villon).
Avec André Chastel et Françoise Cachin, Pierre Berès crée également la collection Miroirs de l'art, rassemblant des textes de réflexion sur la peinture et l'architecture de toute époque (notamment de Guillaume Apollinaire, Aragon, Baudelaire, Abraham Bosse, Boullée, Cocteau, Maurice Denis, Diderot, Louis Dimier, Durer, Fénéon, Edmond et Jules de Goncourt, Hegel, Kandinsky, Lessing, André Lhote, Matisse, Nicolas Poussin, Signac, Stendhal, Taine, Vasari, Carel van Mander, Léonard de Vinci, Viollet-le-Duc, Vitruve).
Parmi les titres publiés dans la collection L'esprit et la main, Ubac illustre Épicure, Vieira da Silva Platon, Bazaine Pierre Lecomte du Noüy, Mathieu Raymond Queneau, Max Ernst Lewis Caroll, Geneviève Asse Jean-Paul Sartre. En 1970, il confie à Michel Foucault la collection Savoir (art, lettres, sciences, culture).
En marge de ses activités de libraire et d'éditeur, Pierre Berès continue d'être expert auprès des commissaires-priseurs, surtout dans les années 1960. Avec l'étude Rheims et Laurin il présente en mars 1961, aux côtés de Fernand de Nobele, la bibliothèque de Maurice Goudeket, mari de Colette. Sa dernière vente en tant qu'expert, consacrée à Restif de la Bretonne a lieu à l'Hôtel Dassault en 2004.
En 2000, la Bibliothèque nationale lance une souscription pour acquérir l'une des trouvailles de Pierre Berès, le manuscrit complet en neuf tomes des Mémoires d'outre-tombe de Chateaubriand. En mai 2001, il propose à la vente (12 184 000 F) les 876 feuillets du manuscrit du Voyage au bout de la nuit de Céline, qui semblait perdu depuis 1943 - qui se trouve préempté par la Bibliothèque nationale.
En 2005, à 92 ans, Pierre Berès, selon les formules « gentilhomme marchand », « prince des libraires », « libraire des libraires », « plus grand libraire du monde » ou « dernier grand personnage de la librairie parisienne », prend sa retraite et vend 12 000 volumes aux enchères en une suite de six ventes historiques qui s'échelonnent jusqu'en 2007, pour un montant total de 35,3 millions d'euros[2]. Il offre alors à l'État l'édition annotée par l'écrivain de La Chartreuse de Parme de Stendhal, qui devait être inclus dans la vente et risquait de partir à l’étranger.
Quelques publications de Pierre Berès
- René Char, L'Inclémence lointaine, avec vingt-cinq burins de Maria Elena Vieira da Silva, 1961.
Notes et références
- « Toujours méthodique, Berès a classé (des) milliers de catalogues, livres spécialisés ou brochures par pays, par période, par auteur et par matière», écrit Anne Foster, Berès ou l'amour du livre pour fil de vie, dans « La gazette de l'Hôtel Drouout », 12 septembre 2008, p.190
- La Gazette de l'Hôtel Drouot, 2 janvier 2008, p. 28-31
Bibliographie
: source utilisée pour la rédaction de cet article
- Jérôme Dupuis, Cet homme est le plus grand libraire du monde..., dans Lire, juillet-août 2005.
- Mathieu Lindon, Épilogue pour le bibliophile Pierre Berès, dans « Libération », 1er août 2008.
- Anne Foster, Berès ou l'amour du livre pour fil de vie, dans « La gazette de l'Hôtel Drouout », 12 septembre 2008.
- Christian Galantaris, Quelques souvenirs sur Pierre Berès, dans « La gazette de l'Hôtel Drouout », 12 septembre 2008.
- (en) William Grimes, Pierre Berès, Tenacious Book Collector, Dies at 95, dans « The New York Times », 3 août 2008
Voir aussi
Liens externes
- lire.fr Portrait de Pierre Berès par Jérôme Dupuis, dans Lire, juillet-août 2005.
- [1] Thierry Savatier, Pierre Berès, libraire de légende, 5 août 2008
- (en) William Grimes, Pierre Berès, Tenacious Book Collector, Dies at 95, dans « The New York Times », 3 août 2008
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