- Armand Frappier
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Armand Frappier (26 novembre 1904 à Salaberry-de-Valleyfield dans la province de Québec au Canada - 17 décembre 1991 à Montréal) était un médecin, microbiologiste, professeur et chercheur québécois.
Il a été le directeur fondateur de ce qui se nommait de 1938 à 1974) l'Institut de microbiologie et d'hygiène de Montréal (IMHM), un organisme à but non lucratif, mais profitable, suivant le modèle de l'Institut Pasteur. Cet institut a été autonome jusqu'à son intégration à une université[1] en 1972.
Sommaire
Sa vocation, sa formation
Désirant, plus que tout, contrer la tuberculose qui lui avait enlevé sa mère (en mai 1923 et âgée de seulement 40 ans) et d'autres parents, Armand Frappier devient médecin en 1930. Il obtient une maîtrise en sciences en 1931, défrayant lui-même ses études en jouant du violon à temps partiel.
Ensuite, il se perfectionne en immunologie et prophylaxie, vaccination, aux États-Unis et à l'Institut Pasteur à Paris. À l'Institut Pasteur, il étudie le premier et tout nouveau vaccin anti-tuberculose auprès d'Albert Calmette et Camille Guérin, ceux-là mêmes qui venaient de le concevoir. Le Dr Armand Frappier sera l'un des premiers Nord-américains à confirmer la sécurité et l'efficacité de ce BCG (de la souche originale) et à le produire, distribuer et faire administrer systématiquement au Québec. Il reviendra en stage à l'Institut Pasteur en 1937, notamment pour parfaire ses connaissances sur les anatoxines.
Ses premières fondations, ses fidélités à l'enseignement universitaire
En 1927 déjà, Armand Frappier avait mis sur pied le laboratoire de diagnostic de l’Hôpital Saint-Luc à Montréal, dont il assurera la direction jusqu’en 1943.
De 1933 à 1963, il réorganise le département de bactériologie de la faculté de médecine de l’Université de Montréal et y introduit l’enseignement des 2e et 3e cycles. Dès 1933, le Dr Frappier y enseigne la microbiologie et la médecine préventive. Il poursuivra cette fonction de professeur pendant plus de 35 ans. Il est aussi le fondateur en 1945 et le doyen durant 20 ans de l'école d’hygiène de cette université.
Son Institut de microbiologie et d'hygiène
Sous sa gouverne (1938-1974)
En 1938, il fonde l'Institut de microbiologie et d'hygiène de l'Université de Montréal, qui logera d'abord dans des locaux de l'Université de Montréal (à titre de locataire, sans jamais être dépendant de cette université, même si lui et ses collègues y sont aussi professeurs). Il s'y entoure de jeunes collègues, s'occupe de leur formation et devient ainsi qu'eux une référence mondiale.
L'institut est actif en recherche, développement, enseignement, publications scientifiques et expertises dans tous les domaines des sciences biomédicales : immunologie, bactériologie, épidémiologie, médecine préventive et virologie.
L'institut s'occupe aussi de production et d'administration de vaccins :
- anti-tuberculose (BCG) ;
- anti-poliomyélite (Salk, puis Sabin) ;
- anti-diphtérie-coqueluche-tétanos (DCT) ;
- anti-influenza ;
- et bien d'autres.
L'institut produit également des milieux de culture (géloses et autres produits diagnostiques) ainsi que des services diagnostiques de pointe à l'intention des médecins, des vétérinaires et des laboratoires publics ou privés, ainsi que des sociétés (du domaine alimentaire entre autres).
Tout cela, en bons pastoriens, pour la santé tant des humains que des autres êtres (animaux, plantes, levures) utiles à la biodiversité, à la survie et au bonheur.
Sous le Dr Armand Frappier, les profits (raisonnables) qui résultent de la vente des produits et services de l'institut sont réinvestis en recherche comme à l'Institut Pasteur. Les chercheurs y perdent donc moins de temps que dans nos universités à rédiger des plans de recherche cajoleurs, avec demandes de fonds qui seront pour la plupart rejetés ou réduits à cause de l'insuffisance des budgets que nos gouvernements attribuent à la recherche scientifique. Trop raisonnables, ces profits ne permettront pourtant de couvrir que 50 % des budgets de recherche. L'autre 50 % devra être reçu de subventions gouvernementales auxquelles s'ajoutent parfois quelques commandites ou contrats de recherche avec des sociétés.
Durant sa « retraite » (1975-1991)
Le Dr Frappier, désirant assurer le maintien intégral de l'institut comme organisme à but non lucratif, mais profitable à la recherche, a demandé des garanties écrites dans l'entente d'annexion de l'institut à une université1 en 1972, des garanties qui au final, en moins de 30 ans, furent sciemment oubliées.
C'est que, dans la nouvelle vague de libéralisme économique, le gouvernement est tenté de tout privatiser, de tout donner à l'entreprise privée, et d'interdire aux organismes qu'il subventionne tant soit peu pour la recherche (dont nos universités) toute production potentiellement lucrative, que le secteur privé pourrait réclamer. L'idée même de profits (même allant à la recherche) reste donc tabou dans nos universités. Les chercheurs de nos universités deviennent ainsi très dépendants des trop rares subventions pour leurs recherches, et y sont donc à la merci des rouages de jeux politiques !
Par suite de cette annexion de l'IMHM à une université en 1972, le Dr Armand Frappier vivra donc, durant ses 17 années de retraite (de décembre 1974 à décembre 1991), la douleur de voir son institut perdre tout revenu commercial (à être pourtant affecté à la recherche), le ministre de l'Éducation ayant décidé de donner à des entreprises privées les unités de production de vaccins et de produits diagnostiques[2]... De plus, le Dr Armand Frappier verra les terrains de l'Institut être cédés à plus de 50 %, et sans trop de compensation[3] - encore par décision gouvernementale - à des entreprises commerciales, qui les dénatureront plus que requis. Le Dr Armand Frappier le déplorait, dans l'intimité, en disant notamment : « Tout un chacun trouve toujours une raison pour couper tout arbre ! ».
Décédé en 1991, le Dr Armand Frappier n'aura pas vu son institut subir une rétrogradation érosive en étant fusionné, en 1999, à une autre entité de l'université, contrairement à ce qui était écrit dans l'entente d'annexion de 1972. Mais, enfin... « L'avenir n'est plus ce qu'il était ! » [4]
Le sujet de cette page nous impose d'ignorer ici la suite des évènements ne concernant plus l'institut dans sa forme initiale, telle que déterminée par le Dr Armand Frappier qui, avec ses collègues et correspondants, a contribué longtemps à protéger ou prolonger bien des vies et à favoriser le maintien et le développement de l'enseignement et de la recherche en sciences biomédicales au Québec.
Une personnalité attachante
Malgré tout, plus le temps passait, plus le Dr Armand Frappier pratiquait l’aequanimitas, une attitude qui consiste à contrôler ses émotions, à ne pas trop s'emporter, ni dans le malheur, ni dans le bonheur, à se maintenir d'humeur égale et de bonne humeur autant que possible. Écoutez la voix du Dr Armand Frappier, très détendu, à 67 ans, le 6 octobre 1972.[5]
Principaux honneurs décernés au Dr Armand Frappier
- 194? - Médaille de la Croix-Rouge canadienne décernée au Dr Armand Frappier et à son équipe pour leurs efforts de guerre
- 194? - Membre honoraire de la Croix-Rouge canadienne
- 1946 - OBE : Officier de l'Ordre de l'Empire britannique, honneur que lui a décerné le roi George VI, père d'Élisabeth II
- 1948 - Médaille de l'Institut Pasteur
- 1950 - Membre correspondant de la Société médicale des hôpitaux de Paris
- 1952 - Membre correspondant de l'Instituto Brasiliero Para Investigaçao de Tuberculose (du Brésil)
- 1953 - Membre correspondant étranger de l'Académie nationale de médecine de France
- 1953 - Membre du Comité d'honneur du VIIe Congrès international de microbiologie, tenu à Stockholm
- 1954 - Prix Urgel-Archambault (décerné par l'Association francophone pour le savoir)
- 1957 - Officier de l'Académie nationale de médecine de France, avec palmes
- 1959 - Fellow de la Royal Society of Medicine de Londres et de l’American Public Health Association
- 1963 - Médaille de Notre-Dame de Paris, à l'occasion du VIIIe Centenaire de Paris (1163-1963)
- 1964 - Doctorat honorifique de l'Université de Paris
- 1969 - Médaille commémorative du 50e anniversaire de l'Institut national d'hygiène de Varsovie
- 1969 - Compagnon de l'Ordre du Canada
- 1970 - Membre honoraire de la Société médicale de la Pologne
- 1970 - Prix de l'œuvre scientifique de l'Association des médecins de langue française du Canada, honneur attribué à un médecin canadien et francophone pour l'ensemble de son œuvre scientifique, avec une bourse de 5 000 $
- 1970 - Médaille de l'Académie nationale de médecine de France, à l'occasion du cinquantenaire de l'organisme (1920-1970)
- 1971 - Prix John Toy, l'un des sept grands prix de l'Académie des sciences de l'Institut de France
- 1971 - Doctorat honorifique de l'Université Laval (de Québec)
- 1972 - Prix de la SCM/Roche Diagnostics, pour contribution exceptionnelle à la microbiologie
- 1973 - Prix au mérite, de la Fondation Jean-Louis Lévesque au Dr Armand Frappier, bientôt « retraité » : 100,000 $ canadiens, que le Dr Armand Frappier donne aussitôt à la Fondation Armand-Frappier, qu'il crée alors, pour favoriser encore davantage, chaque année, la recherche et les études à l'institut (bourses pour stages postdoctoraux ou pour études supérieures à l'institut, acquisition d'appareils de pointe, etc.)
À compter de décembre 1974, le Dr Armand Frappier, devenu septuagénaire, n'est plus un employé régulier ni le directeur de son institut (les règlements de l'université imposaient alors à quiconque la retraite avant l'âge de 70 ans et un jour). Cependant, il y tient un bureau, où tous les jours encore il est actif, studieux, utile, de bon conseil et jovial, à jamais délesté des responsabilités administratives, désormais plus détendu ... durant 17 ans, jusqu'en décembre 1991, où il livre à l'éditeur la version définitive de son manuscrit autobiographique ... ce fut le dernier geste de son dernier projet, à 87 ans !
- 1975 - L'institut (IMHM) prend dorénavant le nom de Institut Armand-Frappier (IAF), tel que prévu dans l'entente d'annexion à une université en 1972
- 1976 - Doctorat honorifique de l'Université de Montréal
- 1977 - Membre correspondant étranger de l'Académie nationale de médecine de Paris
- 1977 - Médaille du 25e anniversaire de règne de la reine Élisabeth II du Royaume-Uni (1952-1977)
- 1977 - Médaille du 60e anniversaire de la Faculté de médecine de Cracovie (Pologne) (1917-1977)
- 1977 - Doctorat honorifique de l'Académie de médecine Nicolas Copernic de Cracovie (Pologne), présenté en séance solennelle au Consulat de Pologne à Montréal
- 1977 - Médaille du 50e anniversaire de la Société polonaise des microbiologistes (1927-1977)
- 1978 - Nommé Grand Montréalais
- 1978 - Doctorat honorifique de l'Université du Québec
- 1979 - Prix Marie-Victorin, le prix scientifique le plus prestigieux du gouvernement du Québec]
- 1979 - Médaille Thomas W. Eadie, de la Société royale du Canada
- 1985 - Nommé grand officier de l'Ordre national du Québec
- 1988 - Prix de 10 000 $ en reconnaissance des services qu’il a rendus au progrès de la santé publique, par le gouvernement du Québec, à l’occasion du 50e anniversaire de fondation de l’Institut (1938-1988)
- 1989 - Doctorat honorifique de l'Université McGill (de Montréal)
- 1991 - Honoré par l’Institut canadien de science et technologies alimentaires (ICSTA)
- 1991 - Trophée Méritas de la Chambre de commerce de Laval (en la Ville de Laval où est situé l'Institut)
- 1991 - Lauréat de l’Académie des grands Montérégiens et bourse de 1 500 $
- 19?? - Citoyen honoraire de Salaberry-de-Valleyfield
- 19?? - Membre de la Société royale du Canada
- 19?? - Membre d’honneur de la Société française de microbiologie
- 19?? - Médaille Frédéric Newton Gisborne Starr de l’Association médicale canadienne, la plus haute distinction que l'association décerne à l'un de ses membres
Honneurs posthumes :
- 1992 - Création du Musée Armand-Frappier, un centre d’interprétation des biosciences ouvert au public, sur les terrains de l'institut par Lise Frappier-Davignon (1930-1999), médecin épidémiologiste, retraitée de l'Institut et fille aînée du Dr Armand Frappier
- 1994 - Création d'un Prix du Québec à son nom, par le gouvernement du Québec
- Plusieurs villes et organismes publics du Québec ont donné son nom à des voies de communication, des écoles, des Bibliothèques et d'autres lieux.
- 2000 - Un timbre est émis par la Société canadienne des Postes, inspiré d'une photo du Dr Armand Frappier vers 1940, front plissé, yeux perçants, en veston bleu foncé, portant au cou un beau nœud papillon bleu, en vue plongeante, de biais, en plan américain, côté droit invisible, tenant un flacon de BCG au premier plan dans la main gauche, avec un microscope optique au troisième plan et vis-à-vis et, derrière le tout, ses premiers collègues chercheurs, estompés, l'observant avec intérêt, l'écoutant ; inscription au-dessus du microscope (verticale, à droite, en latin) : vox non echo (l'inscription signifierait être une voix (parlante, compétente, écoutée), non un écho (impersonnel, distordu, insignifiant, ...)) ; titre au catalogue : « Armand Frappier et la recherche médicale » ; concepteurs : Louise Delisle, Jean-Claude Guénette ; valeur nominale : 46 ¢ ; tirage : un million d'exemplaires ; date d'émission : le 17 janvier 2000
Citations
- « La volonté de prévenir la maladie n'a pas pour seul objet l'individu et son milieu immédiat. La santé n'a pas de frontière nationale. » — Dr Armand Frappier [6]
- « Armand Frappier est une grande figure à la fois du Canada et de la microbiologie mondiale, ayant mené cette science vers les sommets les plus élevés. » — Dr [Gaston] Cordier, doyen, Faculté de médecine de Paris, 1964 [7]
Sources
- Dr Armand Frappier, Un rêve, une lutte : autobiographie, Presses de l'Université du Québec, 1992, 342 pages, GA703 (ISBN 2-7605-0703-3)
- Biographie succincte du Dr Armand Frappier (fichier pdf, 10 pages avec plusieurs photos), émise par le Musée Armand-Frappier- ces photos et autres informations familiales furent fournies par 2 filles du Dr Armand Frappier, dont Lise Davignon (1930-1999), médecin épidémiologiste
- La fiche du Dr Frappier dans l'Encyclopédie canadienne
Notes et références
- Il n'est pas opportun de nommer ici cette université. Toutes les universités, au Québec, sont dépendantes du gouvernement du Québec et chacune aurait agi de la même façon, en ce qui concerne ses engagements à l'égard de l'IMHM, car ce gouvernement les en aurait contraintes au même non-respect.
- sur le site des débats à l'Assemblée nationale du Québec, le jeudi 7 décembre 1989 (Vol. 31 - No 7) On peut retrouver ailleurs Internet, les décisions gouvernementales et paragouvernementales concernant l'institut Armand-Frappier depuis 1975 (ou l'IMHM, auparavant), notamment
- Laval). Cession des terrains de l'Institut à plus de 50 % : toute la partie au nord du boulevard Cartier jusqu'au boulevard du Souvenir (à l'ouest de l'Autoroute des Laurentides, quartier Rivière-des-Prairies, à
- « L'avenir n'est plus ce qu'il était ! » : un mot de Paul Valéry.
- Lise Payette et Jacques Fauteux. Fichier sonore tiré des Archives de Radio-Canada. Animateurs-interviewers :
- Armand Frappier, Prix Marie-Victorin 1979 In
- Ibid.
Catégories :- Naissance en 1904
- Naissance au Québec
- Décès en 1991
- Médecin du XXe siècle
- Médecin québécois
- Professeur québécois
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- Membre de l'ordre du Canada
- Membre de l'Ordre national du Québec
- Membre de la Société royale du Canada
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