P.T. Anderson

P.T. Anderson

Paul Thomas Anderson

Paul Thomas Anderson
Décembre 2007
Décembre 2007

Nom de naissance Paul Thomas Anderson
Surnom PTA
Naissance 26 juin 1970 (39 ans)
Drapeau des États-Unis Studio City Californie (États-Unis)
Nationalité(s) Drapeau des États-Unis Américaine
Profession(s) Réalisateur
Scénariste
Producteur
Film(s) notable(s) Boogie Nights
Magnolia
There Will Be Blood
Conjoint(e) Maya Rudolph
Site officiel http://www.cigarettesandredvines.com/
Distinction(s) Ours d'or au Festival de Berlin
Prix de la mise en scène au Festival de Cannes

Paul Thomas Anderson, né le 26 juin 1970[1] à Studio City en Californie (États-Unis)[2], est un scénariste, réalisateur et producteur américain.

Sommaire

Biographie

Son enfance

Fils d'un doubleur travaillant à Hollywood, Paul Thomas Anderson est un enfant turbulent d'une fratrie de sept : trois sœurs ainsi que cinq demi-frères et sœurs. Il est le seul d'entre eux à avoir poursuivi dans le show-business.

Il fréquente la Buckley school (dont il sera exclu pour s'être bagarré et ses mauvaises notes), la Campbell Hall (école épiscopale) dans la San Fernando Valley, la Cardinal Cushing à Boston (où il redouble sa seconde), le Montclair Clollege à Reseda (fin du secondaire) et l’Emerson University (pour 2 semestres à étudier l'anglais).

Il reçoit de son père sa première caméra à 12 ans. Il décide très tôt de devenir cinéaste et réalise de nombreux petits films amateurs. Parmi eux, à 18 ans, il réalise The Dirk Diggler story dont il reprendra l'histoire dans une partie d'un de ses films : Boogie Nights (1997). Pour autant, il refuse le chemin prévu dans une école de cinéma (la pourtant reconnue New York University School) pour préférer apprendre directement sur le terrain : il quitte l'école de cinéma après deux jours et investit les fonds des cours pour aller à Los Angeles.

Ses débuts au cinéma

Il commence à la télévision comme assistant de production sur des téléfilms et des jeux télévisés (expérience qu'il utilisera pour Magnolia). C'est à cette époque qu'il tourne Cigarettes & Coffee, court-métrage avec Philip Baker Hall qui sera remarqué dans des festivals et en particulier à celui de Sundance 1993. Cette histoire de personnages qui se croisent dans un café préfigure le thème de la rencontre et le style choral qu'il affectionnera par la suite. Cigarettes & Coffee va lui permettre d'obtenir le financement pour mettre en route son premier vrai film Sydney. Ce premier film est présenté au festival de Cannes 1996.

La reconnaissance

Fort de ce succès et avec des moyens plus importants — un budget de 15 millions de dollars — il reprend le script de son premier court-métrage, Boogie Nights. On commence alors à comparer son cinéma à celui de Martin Scorcese et Robert Altman. Si les critiques sont parfois sévères (on évoque la prétention et le plagiat), d'autres au contraire relèvent la naissance d'un futur grand cinéaste (Newsweek, New York Times ou Los Angeles Times).

Ce succès lui permet d'enchainer rapidement avec un film sur lequel il a un grand contrôle tant pour le casting, la durée du film que le montage. Un peu plus de deux ans après Boogie Nights, sort Magnolia en décembre 1999 pour concourir aux Oscars avec la confiance de son distributeur. Le film n'est pas retenu dans les favoris, mais glane trois nominations (scénario, second rôle pour Tom Cruise et musique) non converties, mais aussi l'Ours d'Or au festival de Berlin 2000 et surtout la reconnaissance d'une partie de la profession et des critiques.

Afin de garder le meilleur contrôle possible de ses films, il crée rapidement sa maison de production qu'il nomme « Ghoulardi » en hommage au personnage de série B d'horreur que son père avait créé pour un feuilleton de la télévision de Cleveland.

Un auteur

P.T. Anderson à Cannes en 2003.

En 2002, il change de registre une nouvelle fois, abandonnant le ton amer et le film chorale pour la comédie romantique déjantée Punch-drunk love, avec Adam Sandler et Emily Watson. La critique en général salue l'originalité de son ton et les surprises de sa mise en scène qui sont couronnées par le prix de la mise en scène au festival de Cannes 2002. Mais le public ne suit pas totalement (24 millions € de recettes dont 17 millions € aux USA pour un budget de 25 millions €[3]).

Il accroit son image d'éclectisme en décidant de se tourner, avec There Will Be Blood, vers un western moderne sur le pétrole. Il y consacre cinq ans de sa vie, dont notamment deux furent nécessaires au financement car les studios doutaient du potentiel du film[4]. Il fait également un grand travail de recherche sur le milieu du pétrole au début du siècle pour préparer le scénario et le tournage[5]. Il obtient en définitive un vrai succès public, des critiques excellentes[6] et convergentes[7] ainsi que la reconnaissance de ses pairs (huit nominations aux Oscars - pour un Oscar du meilleur acteur - et une nomination par la Director Guild of America). Avec ce film, il obtient le statut d'auteur référent aux yeux des critiques. A titre d'illustration, James Christopher, critique cinéma en chef au Times, classe le film en deuxième position de sa liste des cent meilleurs films du monde (derrière Casablanca de Michael Curtiz).


Sa vie privée

Paul Thomas Anderson et la chanteuse Fiona Apple ont eu une relation pendant plusieurs années ; elle apparait à ce titre dans le making-of du DVD de Magnolia et signe la musique (générique de fin) de Sydney et plusieurs titres de Magnolia.

Depuis, il vit à Los Angeles avec l'une des membres de l'équipe du Saturday Night Live Show, Maya Rudolph avec qui il a une fille (née le 15 octobre 2005) ; un deuxième enfant est attendu en 2009[10]. Il a co-écrit et mis en scène un spectacle comique joué par Maya Rudolph (en duo avec Fred Armisen) qui s'est joué les 5 et 6 août 2008 au Largo Theater de Los Angeles.

Caractère

Paul Thomas Anderson fait preuve très tôt d'un caractère fort pour marquer son territoire. Ce trait de caractère de son enfance se retrouve dans son intransigeance à prendre en compte les demandes des studios pour revoir le montage de ses deux premiers films. Il a la réputation d'être impétueux et égocentrique.

Il est le plus jeune des six cinéastes phares repris dans l'ouvrage Les Six Samouraïs : Hollywood somnolait, ils l’ont réveillé ! de Sharon Waxman. Les autres réalisateurs cités, apparus dans les années 1990, sont Steven Soderbergh, Quentin Tarantino, Spike Jonze, David O. Russell et David Fincher. Tous ces auteurs ne se sont pas formés dans des écoles de cinéma, mais en faisant des films . « En transgressant toutes les règles, ces réalisateurs ont ouvert la voie à un style de montage en phase avec la nouvelle génération nourrie aux jeux vidéo » indique Sharon Waxman dans son livre.[11]. John Lyons, ancien directeur de casting devenu son producteur, y évoque que « les gens ne supportaient pas son manque d'humilité[11]. »

Il démontre également une grande confiance en lui. Cette confiance en lui est antérieure à son premier film. John Lyons dit de lui à propos de sa première rencontre lors de sa rencontre au Sundance festival en 1993 : « J'ai été très surpris de découvrir autant d'assurance chez un garçon de son âge, même pour un réalisateur. Il possédait un savoir-faire et une assurance à toute épreuve. » Michel Satter, directrice de la programmation du Sundance festival indique qu’« il est rare de rencontrer quelqu'un qui vous tape littéralement dans l'œil, qui a cette petite étincelle, cette imagination débordante, une originalité folle et une assurance incroyable...[11] »

Il a la réputation d'être perfectionniste pour la préparation et le tournage de ses films pour lesquels il fait des recherches minutieuses. Mais il n'hésite pas à se mettre en colère sur les tournages et peut prendre une attitude détestable lorsqu'il se concentre sur son travail de réalisation. Une collaboratrice sur le tournage de Boogie Nights précise qu’« il pouvait être très en colère, abusif, insultant copieusement tout le monde"[11]. »

Les films

Hard Eight

Article détaillé : Sydney (film).

Il s'agit d'une adaptation du court-métrage Cigarettes & Coffee qu'il réalisa en 1993, également connue sous le nom de Sidney et de Double mise (pour l'exploitation télé en France). C'est au festival de Sundance qu'il rencontre Robert Jones, un producteur anglais qui réunit les 3 millions € nécessaires au tournage. Le film met 2 ans à se monter, Paul Thomas Anderson refuse de changer le casting qu'il a prévu pour des acteurs plus connus etdoit s'adapter à l'emploi du temps de Gwyneth Paltrow occupée sur le tournage de Seven (de David Fincher). Un conflit important nait entre Paul Thomas Anderson qui insiste pour faire de son film une méditation sur l'échec et ses producteurs qui souhaitent mettre l'accent sur le côté « film noir »[12]. Le film est rebaptisé Hard Eight sans l'accord du réalisateur. C'est sous ce titre mais dans la version du réalisateur que le film est présenté et rencontre un succès d'estime au festival de Cannes (section « parallèle »). Les producteurs décident alors de garder la version de Paul Thomas Anderson. Mais, finalement, la version exploitée en salle sera raccourcie et le héros, Sydney, n'y meurt plus.

À 18 ans, Anderson avait été marqué par le personnage joué par Philip Baker Hall dans Midnight Run de Martin Brest (1988). Il y jouait le conseiller d'un Parrain de Las Vegas nommé Sidney. Il le rencontra sur un tournage pour la télévision auquel il participait[13].

Boogie nights

Article détaillé : Boogie Nights.

Boogie nights fait écho à un court-métrage que Paul Thomas Anderson réalise à 17 ans, The Dirk Diggler Story, un documentaire fiction sur un acteur fictif de film X. Filmé en vidéo, ce court-métrage est constitué de fausses interviews de personnages évoquant l'acteur. Le personnage de Dirk Diggler est directement inspiré de l'acteur John Holmes et permet à son auteur de dresser le panorama d'une industrie qui l'a longtemps fasciné pendant son adolescence[14]

Dirk Diggler est le pseudo que prend également le héros de Boogie Nights. Il ne s'agit plus ici d'avoir le regard de plusieurs personnages pour avoir une idée kaléidoscopiques d'un seul, mais de présenter plusieurs personnages pour donner une vision globale d'une communauté. Au-delà du monde qui y est présenté, c'est un film ambitieux dans le sens où il raconte à la fois une époque (1977-1984), un business et des destinées personnelles.

Le film sort dans une version raccourcie de quelques 40 secondes pour obtenir un restricted. Les producteurs souhaitaient une diminution plus nette de la durée de 2h36 qu'ils jugeaient pénalisante pour son exploitation. Cela ne gêne finalement pas son accueil par le public et la critique qui aiment le film : il reçoit quelques récompenses de premier plan (trois nominations aux Oscars et un prix du nouveau réalisateur par la Boston Society of Film Critics).

Magnolia

Article détaillé : Magnolia (film).

L'impact de Boogie Nights est tel que les producteurs de la New Line achètent une option sur le nouveau script de Paul Thomas Anderson sans l'avoir lu. Pourtant le script de Boogie Nights les avait effrayé par sa longueur ; celui de Magnolia est encore plus long (190 pages). Malgré les pressions, il refuse de couper ; « Le script fait 190 pages. le film dure 3 heures. Et c'est le film que je veux faire » dira-t-il à son producteur[15].

Le feu vert pour le film est donné sous réserve que Tom Cruise, pour qui un rôle fut spécialement écrit à sa demande, fasse partie du casting et que le film dure moins de trois heures. La première condition permet au film d'être monté facilement ; la deuxième condition n'est pas respectée. Paul Thomas Anderson use de son final cut pour encore une fois résister aux pressions. Il accepte finalement de réduire la durée à sa propre initiative après une présentation à un premier public (il n'y eut ni questionnaire, ni interview à l'issue de la projection conformément à ce que prévoyait le contrat du réalisateur). Ce n'est qu'en 2004 qu'il reconnait qu'il le trouvait trop long de 10 minutes[16].

Le titre évoque à la fois les pétales de la fleur qui renvoie à l'enchevêtrement d'histoires et de personnages pour former un tout et le nom de la rue principale de San Fernando Valley, dans la banlieue de Los Angeles, lieu du film et là où habitait alors le réalisateur.

Le film fait écho à sa propre vie : son père mourut d'un cancer l'année précédent le tournage comme le personnage de Franck Mackey joué par Jason Robards.

La sortie est planifiée en toute fin d'année dans une combinaison qui a été progressivement élargie afin de se positionner pour les nominations aux Oscars. Si le film est très bien accueilli par les critiques (et au festival de Berlin où il gagna l'Ours d'or), il est néanmoins un échec en salle avec 22 millions $ de recettes aux États-Unis. La promotion ne bénéficie pas à plein de la présence de Tom Cruise qui était protégé de la pression qui faisait suite à sa séparation d'avec Nicole Kidman.

Punch-drunk love

Article détaillé : Punch-drunk love.
L'équipe du film à Cannes.

Punch-drunk love est le quatrième film d'Anderson. Il écrit le film en pensant dès le début à Adam Sandler pour le jouer [17]. L'action se passe dans la vallée de San Francisco. Sa durée (97 minutes) est nettement plus courte que le reste de sa filmographie. Il s'agit d'une comédie sentimentale narrant la rencontre d'un petit entrepreneur célibataire, timide et complexé avec une jeune femme mystérieuse.

Pour une comédie sentimentale, Paul Thomas Anderson utilise un ton innovant quelque peu onirique tant dans le forme que le fond de certaines scènes. La musique de Jon Brion est en accord avec les images pour créer un patchwork d'image qui retranscrivent plus la vision subjective du héros que les images réalistes des films précédents du réalisateur. À titre d'illustration, la scène du baiser dont est tirée l'affiche du film avec ses figurants en ombres chinoises ou les interludes de couleurs ou encore l'apparition inexpliquée d'un harmonium. De même, le réalisateur a recours au CinemaScope (format 2,35:1) pour donner plus d'ampleur à la démesure de l'amour-fou qui envahit le héros.

À l'inverse, la manie du personnage à collectionner les bons de réduction s'inspire d'un fait réel relaté par le Time magazine en 2000 (un ingénieur civil de Californie a acheté 12 150 produits pour une valeur totale de 3 000 $ lui permettant d'acquérir ainsi 1 250 000 miles sur une compagnie aérienne). De même, les sept sœurs du héros sont inspirées de sa propre famille : il a 4 sœurs.

À la sortie, les critiques ont rapproché le côté lunaire et décalé du héros au personnage de M. Hulot de Jacques Tati. Cela peut étonner dans une filmographie au contraire constituée de personnages réalistes et noirs. Dans ce film, on retrouve ce type de personnage pourtant dans celui interprété par Philip Seymour Hoffman. Autre lien avec un film précédent du réalisateur, la chambre d'hôtel à Hawaï est la même que celle citée par le patron de Buck dans Boogie Nights.

La critique a été globalement favorable, notamment sur la mise en scène et le ton novateur pour ce type de film. Si la majorité a totalement adhéré (L'Express, Le point, Le figaro, Le monde ...), certains ont trouvé que le film avait du mal à maintenir l'intérêt sur la durée (Télérama, Libération, L'humanité) ou qu'il n'allait pas assez loin dans la folie (Les Inrockuptibles, Les cahiers du cinéma)[18].

There will be blood

Article détaillé : There will be blood.
PTA et Daniel Day-Lewis.

Pour la première fois, Paul Thomas Anderson s'inspire ouvertement d'un livre (le début du roman Oil de Upton Sinclair paru en 1927[19]). On retrouve néanmoins deux éléments propres au réalisateur : la réussite d'un caractère fort et intransigeant (comme lui) et la relation difficile d'un père et d'un fils.

On constate un parti-pris de mise en scène particulier avec une approche semi-documentaire et une absence totale de dialogue pendant le premier quart d'heure et une bande-son peu conventionnelle. Le choix d'un héros misanthrope et peu avenant est également une audace par rapport au cinéma commercial traditionnel.

Le film reçoit un accueil très positif, de nombreux critiques n'hésitant pas à le qualifier de classique dès sa sortie (Le Monde, Première, Positif, Libération, L'Humanité). Les remarques sur une mise en scène tapageuse, parfois citées pour ses précédents films, ont disparu. Il est l'un des favoris des Oscars, mais est finalement devancé par No Country for Old Men des Frères Coen, qui, coïncidence, fut tourné au même moment dans la même région du Texas. Daniel Day-Lewis est récompensé par un Oscar et un Bafta du meilleur acteur, marquant les qualités de Paul Thomas Anderson pour la direction d'acteur après les performances déjà remarquées de Mark Wahlberg (Boogie Nights), Tom Cruise (Magnolia) et Adam Sandler (Punch Drunk Love).

Style et thèmes

Genre

Ses films "chorale" à multiples personnages et multiples intrigues (Boogie Nights et Magnolia) sont emblématiques du style qui l'a rendu célèbre. Son cinéma se caractérise pourtant par son approche de genre varié et de films qui se détachent nettement de cette image (There Will Be Blood, Sydney / Hard Eight).

Style

Il démontre à partir de son deuxième film une capacité à offrir un ton innovant et une mise en scène inventive dont Punch-drunk love est une bonne illustration dans le genre pourtant codé du film romantique. Il aime notamment les plan-séquences (les trois premières minutes de Boogie Nights par exemple). Sa façon de filmer est caractéristique d'un style personnel : travellings filmés très bas, zooms lents, symbiose image et musique.

Attaché au caractère cinématographique de l'image, il s'attache à filmer au format 2,35:1 en 35 mm depuis son premier film, Sydney / Hard Eight.

Il aime également à jouer avec les sons et la musique. Il est attentif à ce que la bande-son vienne enrichir l'image et évite la redondance :

  • la bande-son 70 et 80 de Boogie Nights marque certes l'époque qu'elle définit, mais elle apporte le regard décalé de ses protagonistes à la fois « ringards » et dans l'air.
  • La musique de Aimee Mann inspira l'écriture de Magnolia (elle est l'auteur de neuf chansons de la bande originale). Certains dialogues sont tirés de ses chansons (« À présent que nous nous sommes rencontrés, est-ce que ça t'embêterait qu'on ne se revoie plus jamais ? » est sur la chanson Deathly). Le refrain de la chanson Wise up est chantée à l'écran par les personnages dans le film.
  • Dans Punch-drunk love, la musique est une mélodie, bien éloignée des bande-sons accompagnant habituellement les comédies romantiques ; elle relève dans ce film souvent d'avantage de l'ambiance sonore que de la musique de film. Cette bande-son omniprésente fait écho à l'esprit bouillonnant du héros.
  • C'est également une ambiance sonore que représente la bande-son lancinante de There will be blood. Elle souligne l'aridité de l'environnement et du héros.

Thèmes

Le thème de la relation familiale dans une famille (Magnolia, Punch-drunk love et There Will Be Blood) ou une communauté - qui représente une famille reconstituée - (Boogie Nights et Sydney / Hard Eight) est au centre de ses thématiques. Ainsi on retrouve dans ses films les difficultés de communication qu'il a eu avec son père (Magnolia') et surtout sa mère (Boogie Nights). Il creuse également le thème de la famille de substitution.

Attaché à cette valeur de la communauté, il aime tourner avec les mêmes comédiens. Les acteurs récurrents de sa filmographie sont :

There Will Be Blood se caractérise par l'absence de tous ces acteurs à son casting. Le film évoque justement le destin d'un homme seul. Mais, le titre reprend un thème récurrent des films de PTA : la colère refoulée qui doit s'exprimer. Elle est annoncée dès le titre de There Will Be Blood et s'affiche dans la dernière scène du film. Elle fait écho à celle du personnage joué par Tom Cruise dans Magnolia et des héros timides de Punch-drunk love et Boogie Nights.

Il a également une attirance pour la description de la fatalité (à l'image du titre prophétique de There Will Be Blood) qui peut prendre une forme divine (par exemple les grenouilles à la fin de Magnolia qui font référence à l'exode [8:2]). Des événements extraordinaires volontairement inexpliqués et des héros désorientés dans un monde cruel sont également récurrents (PTA commente assez peu lui-même le sens de ses films : « Oh, how I hate it, when directors are supposed to explain their films[20]). » Le prologue de Magnolia insiste sur l'existence de coïncidences étonnantes et réelles (inspiré d'un livre de Charles Fort, Fortean times).

Les influences

L'influence de Jonathan Demme

Quand on demande à Paul Thomas Anderson sa plus grande influence, il répond Jonathan Demme[21]. Il n'hésite pas non plus à le citer comme son réalisateur préféré[22].

Parmi les films qui ont inspiré Boogie Nights, il cite Melvin and Howard de Jonathan Demme. Il considère également que c'est notamment en voyant Le Silence des agneaux qu'il a saisi le type de gros plan qu'il affectionne depuis[23]. Il a par ailleurs sollicité des acteurs comme Robert Ridgely et Jason Robards, habitués des castings de Jonathan Demme.

Jonathan Demme n'hésite pas à dire à l'inverse que Boogie Nights l'a influencé et reconnait que PTA est intervenu dans l'élaboration de son film Rachel se marie[24].

L'influence de Robert Altman

P.T. Anderson et Robert Altman ont un univers commun et une sensibilité qu’eux-mêmes reconnaissent proches. Mais leur propos connaissent des différences profondes.

Anderson était, après seulement quatre films, déjà considéré comme l’un des plus talentueux réalisateurs américains, dépassant le stade des talents prometteurs. Le prix de la mise en scène gagné avec Punch-Drunk Love à Cannes en 2002, deux ans après un Ours d’or à Berlin pour Magnolia, confirmait ce nouveau statut. Le cinéma de P.T. Anderson a lui-même déjà influencé bon nombre de jeunes cinéastes doués (à commencer par Richard Kelly et son Donnie Darko). Il a aussi beaucoup impressionné Robert Altman qu'il a bien connu de 1998 à 2006.

Le respect entre les deux hommes est réel. Anderson, malgré un fort ego, revendique sa filiation avec Robert Altman (« Il n'y a pas moyen d'échapper à son influence. Il est l'une des meilleures choses qui soient arrivées au cinéma[25] » ; "A ce jour, je ne pense pas avoir encore digéré tout ce qu'il m'a appris"[26]). D’ailleurs, Hard Eight est un film sur un duo de joueurs comme Les flambeurs (Cafifornia split - 1974). Magnolia est assurément un hommage à ses films polyphoniques : Nashville (1975), Un mariage (1978), The player (1992), Short cuts (1993) et Prêt-à-porter (1994). Boogie nights (1997) s’avère le M.A.S.H (1969) de P.T. Anderson, c’est-à-dire un regard ironique et cruel, 20 ans après, sur la nature humaine dans un environnement hostile (le ghetto du X des années 70 succédant à la guerre d’Indochine). Et Punch-Drunk Love reprend volontairement une chanson He needs me interprétée par Shelley Duvall dans Popeye (1980) de Robert Altman et n'est pas sans rappeler Un couple parfait (1979). Comme Robert Altman (Buffalo Bill et les indiens - 1976), il a fait son western distancié avec There will be blood.

De son côté, Robert Altman affirmait en avril 2002 que les deux cinéastes américains qui lui semblaient les plus intéressants étaient Wes Anderson (La Famille Tenenbaum) et Paul Thomas Anderson. La présence d’acteurs communs aux génériques de leurs films accentue la perception d’un univers très proche entre les deux auteurs :

  • Julianne Moore appartient à leurs deux univers (Cookies fortune et Short cuts pour l’un, Boogie nights et Magnolia pour l’autre) ;
  • Emily Watson a tourné Gosford Park pendant le tournage de Punch-drunk love ;
  • Michael Murphy affiche dans sa filmographie Kansas city et Magnolia.
  • Philip Baker Hall fut un Nixon grotesque et pathétique dans Secret Honor(1984) et le présentateur vedette d'une émission de télévision dans Magnolia (1999).

En outre, si les deux hommes sont de deux générations très distinctes (Altman est né en 1925 dans le Missouri alors qu’Anderson est né à Los Angeles en 1970), ils partagent un goût commun pour un cinéma qui a quelque chose à dire sur le comportement humain. Chez eux, les héros n’ont pas grand chose d’héroïque (voir ce que deviennent les icônes : Buffalo Bill chez Altman et Tom Cruise chez PTA). Mais le propos diffère significativement. Ainsi, autant Altman revendique haut et fort son regard féroce sur l’American way of life, autant PT Anderson est moins sévère (« Je suis sans doute stupide, mais je n’y ai jamais pensé consciemment... Au fond, cela reflète l'idée qu'il est difficile de vivre en Amérique si l'on a des opinions différentes. On peut s'y sentir très seul. Mais cela me plaît bien. »). En effet, si l’auteur de M.A.S.H. s’intéresse aux mœurs de communautés pour les dénoncer, le réalisateur de Magnolia s’attarde sur les réactions individuelles, en particulier face à la solitude. Car bien qu'intégrés dans une communauté (la pègre dans Hard Eight, le milieu du cinéma pornographique dans Boogie nights, Los Angeles dans Magnolia et une famille nombreuse dans Punch-Drunk Love), les personnages de P.T. Anderson s’y sentent particulièrement seuls. Pour y remédier, P.T. Anderson propose des solutions, les meilleures (l’amour, la musique) comme les pires (le sexe, l’argent).

Contrairement au cinéma hollywoodien traditionnel, la famille n’est pas exposée comme une solution satisfaisante : la famille accroît encore davantage le sentiment de solitude. Face à ses sept sœurs et à leur mariage réussi, Barry Egan, le héros de Punch-drunk love, se sent isolé. De même, Magnolia est construit sur la difficulté de se construire seul par rapport à l’image du Père. Et déjà Hard Eight évoquait une relation paternelle sans avenir, qui se construisait entre le héros et un vieil escroc. Ironie, le troisième film de Wes Anderson, la famille Tennenbaum, est centré également autour d’une famille qui ne cesse d’imploser en réaction à l’attitude du père. Cette sensibilité différente est particulièrement perceptible dans une scène commune aux deux auteurs. Dans Short cuts et Punch-drunk love, une américaine occupée à des taches quotidiennes répond, à titre professionnel, à des hommes qui la sollicitent pour une communication de téléphone rose. Si la scène est franchement comique chez Altman (alors que le film est dramatique), les hommes qui appellent ne sont pas montrés et apparaissent comme des pervers. Au contraire, chez Anderson, bien qu’il s’agisse d’une comédie, on a une certaine compassion pour le héros qui appelle. Dans Docteur T et les femmes (2000), c’est au tour de Robert Altman de reprendre une idée de son jeune confrère. Le film s’achève par une pluie torrentielle qui tombe sur la Nouvelle Orléans, directement inspirée de la pluie de crapauds qui s'abattait sur Los Angeles à la fin de Magnolia, qui elle même était inspirée du tremblement de terre final de Short Cuts.

Ce rapprochement s'est concrétisé sur le dernier film de Robert Altman, The Last Show (2006), sur lequel Paul Thomas Anderson l'a secondé à la réalisation (en tant que stand-by director, une obligation des assurances pour couvrir le film alors que Robert Altman était déjà malade)[27]. Un an après, sortit There Will Be Blood que Paul Thomas Anderson dédia à Robert Altman.

Les autres influences

PTA a une grande admiration pour Stanley Kubrick[28]. Son cinéma se caractérise non seulement par une grande maîtrise de la mise en scène, mais aussi par la diversité des genres abordés puisque, comme un Kubrick, il aime à changer d'univers et de genre pour y apporter une vision originale et personnelle. C'est ce qu'il fait notamment dans son approche de la comédie romantique dans Punch-Drunk Love ou pour le western dans There Will Be Blood entre autres. Il reconnait que Stanley Kubrick a contribué à son intérêt pour l'utilisation de la musique au cinéma (« Chantons sous la pluie dans Orange mécanique, c'est la première fois que je fut si attentif à la musique dans les films »[29]).

Outre l'influence de Robert Altman et de Jonathan Demme, ses films sont influencés par la mise en scène de divers auteurs : Martin Scorsese dans Boogie Nights (la scène finale fait référence à la scène finale de Raging Bull), Jacques Tati et Fred Astaire dans Punch-Drunk Love. Il cite lui-même François Truffaut (pour l'aspect biographique et son amour des acteurs) et Max Ophuls (pour les mouvements de caméra[23] ; il marquera cette référence en réalisant l'introduction de l'édition Criterion du DVD de Madame de...).

Il peut chercher aussi son inspiration hors du cinéma : les couleur et les cadres de Punch-Drunk Love ont fait penser aux tableaux de René Magritte[30].

Pour There Will Be Blood, Paul Thomas Anderson cite lui-même Le Trésor de la Sierra Madre (1948) de John Huston qu'il a regardé de nombreuses fois avant de tourner[31]. Daniel Day-Lewis, son acteur principal, évoque l'inspiration de la tonalité de la voix de John Huston dans Chinatown[32].

Network de Sydney Lumet est l'un de ses films préférés[33].

Filmographie

Court métrages

Longs métrages

Clips

  • Try pour Michael Penn (1997)
  • Across the Universe pour Fiona Apple (1998)
  • Fast as You Can pour Fiona Apple (1999)
  • Save Me pour Aimee Mann (1999)
  • Limp pour Fiona Apple (2000)
  • Paper Bag pour Fiona Apple (2000)
  • Here We Go pour Jon Brion (2002)

Succès au box-office

Paul Thomas Anderson n'a pas connu d'énormes succès commerciaux, même si Boogie Nights et There Will Be Blood sont d'indéniables succès. C'est aux Etats-unis et en France qu'il rencontre le plus régulièrement son public. À l'inverse, les résultats restent mitigés en Allemagne, en Italie ou en Espagne. Au Royaume-Uni, la sitution est plus contrastée, [There Will Be Blood ayant connu un large succès (9,2 millions $, soit près du double du score en France alors que les autres opus de sa carrière sont généralement en retrait du box-office français).

En France

Titre Date de sortie France Nb. entrées
Boogie Nights, 18 mars 1998 161 124
Magnolia, 1er mars 2000 333 292
Punch-Drunk Love. 22 janvier 2003 326 742
There Will Be Blood 27 février 2008 610 699

Aux Etats-Unis

Titre Date de sortie US Recettes au BO US
Sydney / Hard Eight 28 février 1997 222 559 $
Boogie Nights 10 octobre 1998 26 400 640 $
Magnolia 17 décembre 1999 22 455 976 $
Punch-Drunk Love 11 octobre 2002 17 844 216 $
There Will Be Blood 26 décembre 2007 40 222 514 $

Récompenses

Oscars
  • 1997: Nomination Meilleur scénario original (Boogie Nights)
  • 1999: Nomination Meilleur scénario original (Magnolia)
  • 2007: Nomination Meilleur film (There Will Be Blood)
  • 2007: Nomination Meilleur réalisateur (There Will Be Blood)
  • 2007: Nomination Meilleur scénario adapté (There Will Be Blood)
Bafta
  • 1997: Nomination Meilleur scénario original (Boogie Nights)
  • 2007: Nomination Meilleur film (There Will Be Blood)
  • 2007: Nomination Meilleur réalisateur (There Will Be Blood)
  • 2007: Nomination Meilleur scénario adapté (There Will Be Blood)
Berlinale
  • 2000: Ours d'or (Magnolia)
  • 2008: Ours d'argent du Meilleur réalisateur (There Will Be Blood)
Festival de Cannes
  • 2002: Prix de la mise en scène (Punch-Drunk Love)
Directors Guild of America
  • 2007: Nomination Meilleur réalisateur (There Will Be Blood)
Writers Guild of America
  • 1997: Nomination Meilleur scénario original (Boogie Nights)
  • 1999: Nomination Meilleur scénario original (Magnolia)
  • 2007: Nomination Meilleur scénario original (There Will Be Blood)

Références

  1. Une autre date (1er janvier 1970) circule parfois, mais elle est erronée. Sa biographie est disponible à l'adresse suivante : [1]
  2. Paul Thomas Anderson, IMDb. Consulté le 8 avril 2009.
  3. IMDb Pro [2].[réf. incomplète]
  4. Christopher Goodwin (25 novembre 2007), « Daniel Day-Lewis Gives Blood, Sweat and Tears », The Sunday Times, 21 décembre 2007.
  5. Le DVD rend hommage à ce travail à travers un supplément mettant en parallèle les images du film et d'époque.
  6. Meilleur film de l'année par la rédaction du magazine Première, 2ème par Studio Magazine
  7. There Will Be Blood : Critiques Presse
  8. Cité sur la jaquette du DVD zone 1.
  9. Dvdrama [3]
  10. [4]
  11. a , b , c  et d Sharon Waxman, Les six samouraïs : Hollywood somnolait, ils l’ont réveillé !, Calmann-Levy, 2007.
  12. Commentaire audio du DVD (zone 1).
  13. John H. Richarson, Esquire, juillet 2008[réf. incomplète]
  14. Sharon Waxman, op. cit., p. 144.
  15. Sharon Wawman, op. cit., p. 223.
  16. Sharon Wawman, op. cit., p. 320.
  17. Interview pour la BBC [5].
  18. Extraits des critiques du films sur Allociné.
  19. PTA changea le titre car son film ne couvre qu'une partie du livre
  20. Citation [6]
  21. Storefront Demme - PAUL THOMAS ANDERSON
  22. Commentaire audio du DVD de Sydney / Hard Eight).
  23. a  et b Commentaire audio du DVD de Boogie Nights
  24. The Eraser Remixes now out on CD, Cigarettes and red vines. Consulté le 8 avril 2009.
  25. studio n°185
  26. Ciné Live, no 121, mars 2008.[réf. incomplète]
  27. Le rôle de réalisateur de secours sur The Last Show de Robert Altman n'est pas crédité au générique, mais est symbolisé par un Special thanks to... dans le générique de fin.
  28. « We're all children of Kubrick, aren't we? Is there anything you can do that he hasn't done? » [7].
  29. Interview pour Entertainment weekly [8].
  30. Analyse par Dvdama : inspiration de R. Magritte [9].
  31. Cigarettes and red vines « PTA recommends »
  32. Studio n°243.[réf. incomplète]
  33. As Little as Possible: Dear Paul Thomas Anderson:

Liens externes

(fr+en) Paul Thomas Anderson sur l’Internet Movie Database.



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