Archeopterix

Archeopterix

Archaeopteryx

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Archéoptéryx
 Archaeopteryx
Archaeopteryx
Classification classique
Règne Animalia
Embranchement Chordata
Classe Aves
Ordre Archaeopterygiformes
Famille
Archaeopterygidae
Huxley, 1871
Genre
Archaeopteryx
von Meyer, 1861
Espèces de rang inférieur
  • Archaeopteryx lithographica [1]
  • Archaeopteryx bavarica
  • Archaeopteryx siemensi
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Les archæoptéryx ou archéoptéryx (Archaeopteryx) forment un genre d'animaux disparus, considérés comme les oiseaux les plus anciens connus. Ces animaux tropicaux, d’une longueur inférieure à 60 cm, ont vécu à la fin du Jurassique, il y a 156 à 150 Ma[2] dans un environnement alors insulaire, qui se situe actuellement en Allemagne.

Les découvertes d'archéoptéryx ont largement contribué à l'affirmation de la théorie la plus courante de l'histoire évolutive des oiseaux à savoir que les oiseaux descendent des dinosaures de l’ordre des théropodes.

Sommaire

Description

Tailles comparées des spécimens d’archéoptéryx.

Morphologie

Archaeopteryx schema small.gif Hormis les proportions des ailes très similaires à celles des oiseaux modernes, les squelettes d’archéoptéryx ressemblent de façon étonnante à ceux d'un petit dinosaure bipède comme le cœlurosaure Compsognathus, et la plupart des paléontologues pensent ainsi qu'ils dériveraient de ce type de dinosaure théropode, comme les Dromaeosauridae, les célèbres dinosaures à griffes. La ressemblance de leur squelette est telle que le « premier » spécimen d’Archaeopteryx découvert en Allemagne, en 1861, fut confondu avec celui de Compsognathus, jusqu'à ce que l'on remarque ultérieurement l'empreinte des plumes. Les archéoptéryx possèdent à la fois des caractéristiques de dinosauriens archaïques et d'oiseaux actuels.

Ses caractères d'oiseau volant

Squelette complet, reconstitution
  • Ses ailes remarquablement développées, similaires à celles des oiseaux volants modernes [A].
  • Son plumage : des rémiges asymétriques avec des plumules à la base. Leur forme suggère que l'animal était homéotherme.[réf. nécessaire]
  • Le découpage asymétrique typique des plumes démontre la spécialisation et l'aptitude des archéoptéryx pour le vol alors que celles retrouvées chez les dinosaures à plumes sont symétriques (et donc probablement impropres au vol).
  • La position basse de son orteil retourné [B].
  • Bassin dont l'ischion et le pubis sont orientés vers l'arrière. Au cours de l'évolution des ancêtres des archéoptéryx, des vertèbres s'ajoutent à la ceinture pelvienne, et l'orientation du pubis change, le pubis pointe vers l'avant et vers le bas ; puis il recule et, chez les oiseaux, il devient parallèle à l'ischion, conférant aux archéoptéryx un caractère aviaire. Le partage de ces caractéristiques par les oiseaux et par d'autres maniraptoriens témoigne de leur origine commune [C].
  • Une fourchette ou furcula robuste, en forme de boomerang, formée par la jonction des 2 clavicules sur laquelle venaient s'insérer les muscles de vol [D].
De gauche à droite, les bassins de :
-Coelophysis ---Allosaurus ---Velociraptor ---Archaeopteryx ---Columba
Pattes avant de Maniraptorien typique, un Deinonychus (à gauche) et un Archaeopteryx (à droite). [F]

Ses caractères d'intermédiaire structural

Plumes rectrices fixées sur les vertèbres de la queue.
  • Absence de bréchet véritable, mais peut-être en « ébauche », avec un simple sternum.
  • L'alignement des rectrices à raison d'une paire par vertèbre (et non pas en éventail comme chez les oiseaux actuels).

Ses caractères « archaïques » de dinosaurien théropode

  • Les pattes à 3 doigts opposés à l'orteil retourné (dirigé vers l'arrière) [B]. Il n'y a pas de tarsométatarsien complexe, mais les trois métatarsiens centraux sont libres les uns par rapport aux autres sur presque toute leur longueur, n'étant probablement soudés qu'à leur extrémité proximale. La fusion avec les éléments du tarse était aussi imparfaite.
  • Les ailes pourvues de 3 doigts griffus, chacun bien séparé des autres [F] (contrairement aux oiseaux actuels chez qui ils sont partiellement soudés).
  • Les mâchoires aux petites dents pointues placées dans des alvéoles (remplacées chez les oiseaux par un bec corné et édenté)[2].
Détail de la queue [E]
  • Une longue queue osseuse : 25 vertèbres présacrées libres, 6 vertèbres dans la région du sacrum et une vingtaine non soudées dans la queue (la queue des oiseaux modernes est réduite à un « moignon », le pygostyle) [G]. La queue ne peut pratiquement qu'avoir des mouvements à sa base de bas en haut du fait de la morphologie des ligaments et des tendons qui la fixent[3]. Il n'y a aucune preuve d'un contrôle musculaire significatif des rectrices de l'animal[3].
  • Museau, comparable à ceux d'Ornithomimidae comme le Gallimimus, comportant des narines moins allongées, et placées plus en avant que chez l'oiseau.
  • Fosse préorbitaire du crâne plus grande et présence d'un postorbitaire et d'un postfrontal.
  • Mandibule placée assez haut en arrière.
  • On pense que les archéoptéryx possédaient de petits muscles de vol[3]. Ces muscles, s'ils sont comparables à ceux des reptiles, sont alors puissants mais sûrement moins endurants que ceux des oiseaux.
  • Présence de gastralia, des plaques osseuses dermiques ventrales.

Les fossiles trouvés ont la taille d'un pigeon.

Article connexe : squelette (oiseau).

Les plumes

Article détaillé : plume.
Réplique du spécimen de Berlin

Les plumes des archéoptéryx ont été très étudiées, notamment grâce au spécimen bien conservé de Berlin. Cependant, comme nous ne savons pas formellement si tous les fossiles trouvés sont de la même espèce, il importe que chaque étude précise sur quel spécimen elle porte. Les plumes du corps du spécimen de Berlin sont moins bien conservées que les plumes des ailes. L'archeopteryx de Berlin possède de longues plumes qui recouvrent ses pattes comme un pantalon. Certaines de ses plumes semblent avoir une structure habituelle, mais sont en partie décomposées (i.e. en barbicelles comme les ratites[4]), le restant étant ferme et donc permettant le vol[5].

Le vol

Article détaillé : Vol (animal).

Comme il manque à l'archéoptéryx une articulation spéciale dans les ailes, qui aurait permis une rotation humérale nécessaire au mouvement ascendant, on sait qu'il ne pouvait pas décoller comme les oiseaux modernes. De plus, les chercheurs ont remarqué l'absence de système d'emboitement pour exécuter un battement d'aile rapide durant l'atterrissage. La surface alaire est aussi controversée[6],[7]. Cependant, s'il ne pouvait pas mettre en œuvre l'effet de sol des oiseaux, cela n'implique pas nécessairement qu'il ne puisse décoller[8] à la manière des albatros.

Cette question fait toujours débat, certains scientifiques pensant que l'archéoptéryx pouvait voler, d'autres qu'il pouvait planer. Aussi s'il pouvait voler et qu'il était poïkilotherme, il devait être capable de voler vigoureusement, mais probablement sur une distance courte, on estime alors son endurance de vol à légèrement plus de 1 km. S’il était homéotherme, il devait manquer de puissance musculaire et avoir besoin de décoller depuis un promontoire.
La présence de doigts griffus chez ces "dinosaures à plumes" ne plaide pas en faveur de leur découverte du vol. Ces doigts manifestement utiles ne pouvaient régresser car la sélection naturelle conserve et développe ce qui est utile. Pour devenir oiseau, il a fallu d'abord que ces doigts griffus disparaissent. Cela ne peut être envisagé que si des plumes sont venues recouvrir les griffes.
Néanmoins, le vol et sa sélection sont tout de même possibles même si les doigts griffus des ailes avaient une utilité résiduelle (monter aux arbres ? S'accrocher aux branches . . .) Il faut comprendre l'effet "intégré" de la sélection (et d'une contre-sélection) sur un organe (ici l'aile) à usages multiples.

Chorologie

Éthologie

On ne connaît pas bien le mode de vie de l'archéoptéryx. Sa puissance musculaire était nettement plus faible que celle des oiseaux actuels. Il vivait probablement dans les arbres, se nourrissant des insectes qu'il y trouvait, se déplaçant d'arbre en arbre à la fois en battant des ailes et en planant. Les paléontologues sont divisés sur la question de son envol : était-il capable de s’envoler à partir du sol en courant ou devait-il au préalable grimper sur un arbre ? On pencherait actuellement plutôt vers la deuxième solution, car ses muscles thoraciques étaient insuffisamment développés (faute d'un bréchet développé), et ses griffes ressortant des ailes devaient l’aider à s’agripper lors de son escalade. En 2004, on a en revanche établi que son cerveau était plus volumineux que celui de la plupart des dinosaures ; ceci est considéré par de nombreux scientifiques comme nécessaire pour voler correctement[9] bien que cette nécessité ait été remise en question[10]. On suppose donc qu’il se nourrissait d’insectes, de carcasses de poissons ou de vers. Il devait être capable de saisir ses plus grosses proies avec ses pattes. L'environnement indique qu'il devait être semi-arboricole, se déplaçant à la fois sur terre et dans les arbres. Sa taille suggère qu'il aurait pu être la proie des prédateurs efficaces que sont les ptérosaures, selon certains auteurs ; cela peut expliquer pourquoi il ne volait pas haut. En effet, il serait devenu une proie facile pour les ptérosaures[3].

Répartition

L'archéoptéryx vivait dans un archipel d'îles des mers tropicales, proches de l'équateur. Ces îles se tiennent sur la partie de croûte terrestre qui allait donner naissance au continent européen actuel, suite aux phénomènes tectoniques. Les spécimens complets ont été découverts dans le sud de l'Allemagne[2].

Fouille du site de Solnhofen

Les calcaires riches et diversifiés de Solnhofen, dans lesquels tous les spécimens d’archéoptéryx ont été trouvés, datent du Jurassique. Le climat semble avoir été plus ou moins aride car les plantes trouvées présentent des adaptations à ce genre de milieu, notamment beaucoup d'arbustes d'une taille inférieure à trois mètres (contrairement à l'imagerie populaire[11]). Il n'a pas non plus été trouvé d'animaux dulçaquicoles. On suppose également que la saison sèche devait être longue[12]. On y trouve des Cycadophytes et des conifères avec un grand nombre d'insectes, de petits lézards, des Ptérosaures tels que Rhamphorhynchus et des Compsognathus[13]. Les fossiles de Rhamphorhynchus sont suffisamment nombreux pour considérer que ces animaux vivaient sur ce site et n'étaient pas simplement de passage[11] et que cette zone était assez proche de la mer et relativement plate. La fréquence des fossiles d’Archaeopteryx indique que ceux-ci étaient beaucoup moins nombreux que les Rhamphorhynchus. La conservation excellente des fossiles d'archéoptéryx et de ceux d'autres espèces semble indiquer que ces animaux sont morts pratiquement à l'endroit même ou ils ont été enfouis et fossilisés.

Systématique

Spécimens

Les dix fossiles et la plume fossile trouvés sont considérés comme appartenant à une même espèce par certains auteurs ; ce fait est discuté par d'autres.

Spécimen de Londres
Spécimen de Thermopolis
Fossile d’Archaeopteryx bavarica
  1. La plume a été découverte en 1860, puis décrite l'année suivante par Hermann von Meyer. Elle est actuellement exposée au Museum für Naturkunde der Humboldt-Universität zu Berlin. Certains éléments laissent penser que cette plume n'est pas issue de la même espèce que les autres fossiles[14].
  2. Peu de temps plus tard, le premier squelette, connu comme le spécimen de Londres (BMNH 37001) a été découvert en 1861 près de Langenaltheim en Allemagne. Il a été offert à Karl Häberlein, un médecin local, en échange de services médicaux. Celui-ci l'a vendu au Muséum d'histoire naturelle de Londres[13]. Le fossile n'est pas complet, il manque une partie de la tête. Richard Owen le décrit en 1863 et rapproche la plume de l'animal. Dans une édition de L'Origine des espèces (type. 10, pp.335.336), Charles Darwin, à la vue du travail d'Owen, déclare que l'espèce est une forme transitoire entre les reptiles des oiseaux.
  3. Le spécimen de Berlin (HMN 1880) a été découvert en 1876 ou 1877 sur le site de Blumenberg près de Eichstätt en Allemagne par Jakob Niemeyer, qui l'échange à Johann Dörr contre une vache. En 1881, celui-ci met en concurrence le Museum für Naturkunde der Humboldt-Universität et le Muséum d'histoire naturelle Peabody de Othniel Charles Marsh. Le musée de Berlin fait l'acquisition grâce à Werner von Siemens[15]. Décrit en 1884 par Wilhelm Dames, c'est le spécimen le plus complet. Il le classe dans une nouvelle espèce, Archaeopteryx asiemensii.
  4. Composé d'un torse, sans queue ni tête, le spécimen de Maxberg (S5) a été découvert entre 1956 et 1958 vers Langenaltheim et a été décrit en 1959 par F. von Heller. Il appartenait à Eduard Opitsch qui l'avait prêté au Musée de Maxberg à Solnhofen. On s'est aperçu de sa disparition lorsque le musée a dû rendre le spécimen à la mort de son propriétaire en 1991. Ce spécimen a pu être volé.
  5. Le spécimen de Haarlem ou spécimen de Teyler (TM 6428) a été découvert en 1855 aux alentours de Riedenburg en Allemagne et a été décrit comme un Pterodactylus crassipes en 1875 par von Meyer. Il a été reclassé en 1970 par John Ostrom et est actuellement localisé au Teylers Museum à Haarlem. C'était le plus ancien spécimen, en dépit d'erreur de classification. C'est aussi un des spécimens les moins complets, il ne comporte que des os des membres, des vertèbres cervicales isolées et des côtes.
  6. Le spécimen de Eichstätt (JM 2257) a été découvert en 1951 ou 1955 sur le site de Workerszell près de Eichstätt et a été décrit par Peter Wellnhofer en 1974. Il est actuellement localisé au Jura Museum de Eichstätt. C'est le plus petit spécimen mais c'est celui qui a la tête la mieux conservée. Sa morphologie suggère que c'est peut-être une espèce d'un autre genre, aussi le nom de Jurapteryx recurva a été proposé. Mais en l'absence de certitude, les écarts constatés reflétant peut-être une certaine variabilité de l'espèce, certains auteurs le nomment Archaeopteryx recurva.
  7. Le spécimen de Solnhofen (BSP 1999) a été découvert dans les années 1960 à Eichstätt en Allemagne et a été décrit en 1988 par Peter Wellnhofer. Actuellement localisé au Bürgermeister-Müller-Museum de Solnhofen, il a été classé originairement comme Compsognathus par un collectionneur amateur. C'est le plus grand spécimen connu et peut appartenir à un autre genre ; son nom serait alors Wellnhoferia grandis. Il manque seulement une portion du cou, de la queue, de la colonne vertébrale et de la tête.
  8. Le spécimen de Munich autrefois connu sous le nom de spécimen de Solnhofen-Aktien-Verein (S6), a été découvert dans les environs de Langenaltheim et a été décrit en 1993 par Peter Wellnhofer. Il est localisé actuellement au Paläontologisches Museum München. Ce qu'on avait pris initialement pour un sternum osseux s'avère être une partie du coracoïde[16] mais un sternum cartilagineux a pu être présent. Seulement l'avant de sa face manque. On a suggéré comme nom Archaeopteryx bavarica.
  9. Un huitième spécimen fragmentaire, le spécimen de Bürgermeister-Müller a été découvert en 1997 et il est conservé actuellement au Musée Bürgermeister-Müller. Outre les restes découverts, un fossile fragmentaire supplémentaire a été trouvé en 2004.
  10. Détenu dans une collection privée, le spécimen de Thermopolis (WDC CSG 100) a été découvert en Allemagne et a été décrit en 2005 par Gerald Mayr et Burkhard Pohl. Donné au Wyoming Dinosaur Center à Thermopolis dans le Wyoming, il a la tête et les pattes bien préservées. La majeure partie du cou et la mâchoire inférieure n'ont pas été conservées. Le spécimen "Thermopolis" a été dépeint dans le numéro du 2 décembre 2005 de Science comme « un spécimen d'archéoptéryx bien conservé pour ses traits de théropodes ». Cet archéoptéryx dispose d'un doigt de patte renversé, caractère qui chez les oiseaux est une limitation pour se percher et implique une vie terrestre. Cela a été interprété comme la preuve d'une ascendance tétrapode. Le second orteil hyper-extensible de ce spécimen rappelle également les Deinonychosauria[17]. Ce dixième spécimen, le plus récent, a été nommé Archaeopteryx siemensii en 2007[18]. Le spécimen, actuellement au Muséum Senckenberg de Francfort, est considéré comme le plus complet et le mieux conservé des archéoptéryx[18].

Phylogénie et origine

Archaeopteryx pourrait former une branche des théropodes voisine de celle des oiseaux contemporains. Le cladogramme suivant suit la proposition de Norell et al. 2006, les noms des clades reprenant les propositions de Sereno, 2005[19],[20].

└─o Paraves
  ├─o Deinonychosauria †
  │ ├─o Troodontidae †
  │ └─o Dromaeosauridae †
  └─o Avialae
    ├─o Archaeopterygidae
    │ ├─? Archaeopteryx
    │ ├─? Jurapteryx †
    │ ├─? Proornis †
    │ ├─? Protarchaeopteryx †
    │ └─? Wellnhoferia †
    └─o Ornithothoraces
      ├─o Enantiornithomorpha †
      └─o Ornithuromorpha
        └─o Neornithes
          ├─o Paleognathae (autruche, emeu...)
          └─oNeognathae les autres oiseaux

légende :éteint

L'histoire de l'apparition des oiseaux n'est pas complètement établie. Cependant, il faut préciser que les Archaeopterygidea sont (actuellement) considérés comme les "premiers" oiseaux. On ne peut affirmer que ces quelques spécimens de cette (ou ces) espèce(s), très localisée(s), soient les ancêtres directs des oiseaux. Ils sont plutôt un reste de l'évolution de lignées de théropodes à plumes vers ce qui a conduit aux oiseaux modernes.

Taxonomie

Archaeopteryx dérive du grec ancien ἀρχαῖος [archaios], « vieux »; πτερυξ [pteryx], « plume » ou « aile ». Plusieurs douzaines de noms ont été publiées pour les spécimens évoqués ci-dessus. En principe le type nommé Archaeopteryx lithographica est décrit par von Meyer à partir de la plume isolée. En 1960, W. E. Swinton a proposé que le nom de A. lithographica soit transféré officiellement de la plume au spécimen de Londres[21]. L'ICZN a supprimé la pléthore de noms alternatifs proposés initialement pour les premiers spécimens réduits[22] qui avait résulté de la controverse et des railleries de Johann Andreas Wagner qui nommait le fossile Griphosaurus problematicus c'est-à-dire la « Charade-lézard problématique »[23]. De plus, les noms de fossiles donnés lorsqu'on pensait que ces fossiles étaient ceux de ptérosaures ont été aussi supprimés.

Comme l'appartenance ou non à la même espèce n'est pas très claire[24], plusieurs noms sont conservés. C'est le cas pour les spécimens de Thermopolis, Munich, Eichstätt et Solnhofen qui diffèrent de ceux de Berlin, Londres, Haarlem. Les spécimens n'ont pas la même taille et diffèrent par les proportions des doigts ainsi que par la finesse de la tête, la présence d'un sternum et la denture. Cependant ces différences pourraient s'expliquer par une simple différence d'âge au moment de la mort.

Enfin, la plume isolée est le spécimen le plus discordant. Sa proportion et sa forme laissent penser qu'elle appartenait à un théropode garni de plumes non encore découvert. Comme cette plume a servi à décrire le genre, cela explique en partie la confusion nomenclaturale.

L'archéoptéryx et la Science

Rôle dans l'histoire de l'ornithologie

Le premier fossile découvert en 1855 n'a pas été identifié comme un oiseau par von Meyer mais comme un ptérosaure. En 1860 est découverte la plume fossilisée confirmant que des oiseaux devaient vivre au Crétacé. Mais ce n'est qu'en 1861, avec la découverte du spécimen de Londres que naît la controverse sur l'histoire évolutive de oiseaux. Charles Darwin qui avait publié deux ans plus tôt L'Origine des espèces, déclare que le fossile doit être une forme transitoire. Johann Andreas Wagner, un opposant à la théorie de Darwin, directeur du Musée de Paléontologie de Munich, identifie en 1862 le fossile comme étant celui d'un reptile, le Griphosaurus et ironise sur les théories évolutionnistes. En 1863, Richard Owen, spécialiste des dinosaures du British Museum y voit un oiseau tandis que le naturaliste britannique Thomas Huxley est le premier à affirmer que c'est bien une forme transitoire. Il se demande également si les dinosaures n'auraient pas été des animaux à sang chaud (comme les oiseaux) plutôt qu'à sang froid (comme les reptiles) dans son ouvrage On the Animals which are Most Nearly Intermediate between Birds and Reptiles (littéralement : Sur les animaux qui sont les plus proches intermédiaires entre les oiseaux et les reptiles) publié auprès de la Société géologique de Londres. En comparant l'anatomie de l'archéoptéryx et celle d'un autre fossile bavarois, le petit Compsognathus, il recense quatorze caractéristiques communes et voit entre eux un lien de parenté. Son hypothèse tomba dans l'oubli, la théorie de Owen étant dominante.

En 1876, le spécimen de Berlin est découvert, puis sept autres fossiles au cours du XXe siècle. Le spécimen de Haarlem n'est identifié comme étant un archéoptéryx qu'en 1970. À la fin des années 1960, un siècle après la communication controversée de Huxley, John Ostrom, de l'Université Yale, décrit le squelette du théropode du groupe des maniraptoriens Deinonychus, prédateur aux griffes en faucille et grand comme un adolescent humain, qui rôdait dans le Montana il y a 115 Ma. Ostrom identifie un ensemble de caractères communs aux oiseaux, dont Archaeopteryx, et à d'autres théropodes, comme Oviraptor ou Deinonychus, mais que ne possèdent pas les autres Sauropsida. Il en déduit que les oiseaux descendent directement des théropodes. Max Fürbringer forme une sous-classe à part (Saururae) pour l'Archaeopteryx.

Tous les fossiles d’archéoptéryx proviennent du sud de l'Allemagne, en Bavière, et se sont conservés dans le calcaire de Solnhofen. L'archéoptéryx est, dès lors, une des espèces fossiles les plus célèbres de par sa position de « chaînon manquant » entre les reptiles et les oiseaux. Il a été très souvent utilisé comme un argument probant en faveur de l'évolution des espèces si bien que par ses caractères intermédiaires évidents, l’archéoptéryx a été une cible privilégiée pour les détracteurs de la théorie de l'évolution. Cependant, archéoptéryx n'est peut-être pas un ancêtre direct des oiseaux modernes (cf. ci-dessus).

Des propositions controversées

En 1985, les astronomes britanniques Fred Hoyle et N. C. Wickramasinghe ont suggéré que l'évolution des oiseaux et des mammifères, ainsi que la disparition des dinosaures, étaient dues à une pluie virale venant de l'espace à la fin du Crétacé. L'archéoptéryx, datant de plus de 80 millions d'années avant le Crétacé supérieur, permet d'écarter cette théorie. Hoyle et Wickramasinghe ont alors prétendu que les spécimens d’archéoptéryx étaient des faux. On a toutefois facilement prouvé qu'ils étaient bien authentiques. La revue Science a réagi vivement à l'époque par un article démontrant l'authenticité d’Archaeopteryx.

En 1991, Sankar Chatterjee annonce qu'il a identifié un fossile d'oiseau plus ancien qu'Archaeopteryx. Cet animal nommé Protoavis et trouvé en 1984, vivait entre 210 et 235 Ma. Mais le fossile est trop mal conservé pour que l'on puisse évaluer sa capacité à voler. Il n'est pas reconnu par tous comme étant un oiseau, l'archéoptéryx reste le plus ancien des oiseaux.

Archéoptéryx dans la culture

L'archéoptéryx, comme premier des oiseaux et chaînon manquant est bien connu du public. Un astéroïde important de la Ceinture principale, découvert en 1991, a été nommé (9860) Archaeopteryx en l'honneur du genre[25],[26].

La pièce d'Alfred Jarry de 1897, « Ubu cocu » est également nommée l'« Archéoptéryx »[27]. Dans un style précurseur du surréalisme, l'âme du père Ubu se constate cocu, père d'un vampire-archéoptéryx…

Dans son recueil de nouvelles, Le Temps Zéro, Italo Calvino a écrit une nouvelle centrée sur l'apparition de l'archéoptéryx, intitulée De l'origine des oiseaux. Dans ce recueil, comme dans Cosmicomics, Calvino part toujours d'un fait scientifiquement avéré et brode de façon créative sur celui-ci.

Voir aussi

Articles connexes

Sources

  • (fr) Archaeopteryx, volatile controversé, Association FABULA
  • (en) Per Christensen, Niels Bonde, « Body plumage in Archaeopteryx: a review, and new evidence from the Berlin specimen », dans Comptes Rendus Palevol, vol. 3, 2004, p. 99–118 [texte intégral] 
  • (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu d’une traduction de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Archaeopteryx ».

Références taxonomiques

Liens externes

Notes

  1. Von Meyer, 1861
  2. a , b  et c David Lambert, The Ultimate Dinosaur Book, Dorling Kindersley, 38–81 p. (ISBN 156458304X) 
  3. a , b , c  et d L'Archéoptéryx sur Futura-science
  4. Per Christensen, Niels Bonde (2004), op .cit.
  5. (en) Longrich N, « Structure and function of hindlimb feathers in Archaeopteryx lithographica », dans Paleobiology, vol. 32, no 3, 2006, p. 417–431 [résumé] 
  6. Yalden, D. W. 1985. Forelimb function in Archaeopteryx. In: Hecht et al. (eds.), The Beginnings of Birds, Proceedings of the International Archaeopteryx Conference Eichstatt 1984, 91-97.
  7. Your Rietschel, S. 1985. Feathers and wings of Archaeopteryx and the question of her flight ability. In: Hecht, M. K., Ostrom, J. H., Viohl, G. & Wellnhofer, P. (eds.), The Beginnings of Birds: Proceedings of the International Archaeopteryx Conference Eichstatt 1984, 251-260.
  8. (en) Burgers et Chiappe, « The fly of Archaeopteryx », dans Naturwissenschaften, vol. 90, no 1, 1999, p. 27-32 [résumé] 
  9. (en) Alonso, P. D., A. C. Milner, R. A. Ketcham, M. J. Cookson & T. B. Rowe., « The avian nature of the brain and inner ear of Archaeopteryx », dans Nature, vol. 430, 2004, p. 666 - 669 [texte intégral] 
  10. (en) Fahad Sultan, « Why some bird brains are larger than others », dans Current Biology, vol. 15, 2005, p. R649-R650 
  11. a  et b (en)Gregory S. Paul, Dinosaurs of the Air: The Evolution and Loss of Flight in Dinosaurs and Birds, Johns Hopkins University Press (ISBN 0801867630) 
  12. P.H. de Buisonje ; Hecht, M.K.; Ostrom, J.H.; Viohl, G.; and Wellnhofer, P. (eds.), The beginnings of Birds: Proceedings of the International Archaeopteryx Conference, Eichstatt, 1984, Freunde des Jura-Museums Eichstätt, 45–65 p. (ISBN 9783980117807) 
  13. a  et b Luis M. Chiappe, Glorified Dinosaurs, UNSW Press, 118–146 p. (ISBN 0471247235) 
  14. (en) Griffiths, P. J., « The Isolated Archaeopteryx Feather. », dans Archaeopteryx, vol. 14, 1996, p. 1–26 
  15. Elżanowski A. (2002): Archaeopterygidae (Upper Jurassic of Germany). In: Chiappe, L. M. & Witmer, L. M (eds.), Mesozoic Birds: Above the Heads of Dinosaurs: 129–159. University of California Press, Berkeley.
  16. (de) Wellnhofer, P. & Tischlinger, H., « Das "Brustbein" von Archaeopteryx bavarica Wellnhofer 1993 - eine Revision », dans Archaeopteryx, vol. 22, 2004, p. 3–15 .
  17. Nicholas Bakalar, « Earliest Bird Had Feet Like Dinosaur, Fossil Shows », National Geographic News. Mis en ligne le 1 décember
  18. a , b  et c (en) Mayr, G., Phol, B., Hartman, S. & Peters, D.S., « The tenth skeletal specimen of Archaeopteryx », dans Zoological Journal of the Linnean Society, vol. 149, 2007, p. 97–116 .
  19. (en) Norell, M.A., Clark, J.M., Turner, A.H., Makovicky, P.J., Barsbold, R., et Rowe, T., « A new dromaeosaurid theropod from Ukhaa Tolgod (Omnogov, Mongolia). », dans American Museum Novitates, vol. 3545, 2006, p. 1-51. 
  20. Sereno, P. C., McAllister, S., and Brusatte, S. L., « TaxonSearch: a relational database for suprageneric taxa and phylogenetic definitions. », PhyloInformatics
  21. (en) W. E. Swinton, « Opinion 1084, Proposed addition of the generic name Archaeopteryx VON MEYER, 1861 and the specific name Lithographica, VON MEYER, 1861, as published in the binomen Archaeopteryx Lithographica to the official lists (Class Aves) », dans Bulletin of Zoological Nomenclature, vol. 17, no 6–8, 1960, p. 224–226 .
  22. (en) « Opinion 607, Archaeopteryx VON MEYER, 1861 (Aves); Addition to the Official list », dans Bulletin of Zoological Nomenclature, ICZN, vol. 18, no 4, 1961, p. 260–261 .
  23. (de) Johann Andreas Wagner, « Über ein neues, angeblich mit Vogelfedern versehenes Reptil aus dem Solnhofener lithographischen Schiefer », dans Sitzungberichte der Bayerischen Akademie der Wissenschaften, mathematisch-physikalisch Classe, 1861, p. 146–154 
  24. (en) « Archaeopteryx turns out to be singular bird of a feather », dans New Scientist, vol. 2443, no 17, 17 avril 2004 [résumé] 
  25. JPL Small-Body Database Browser: 9860 Archaeopteryx (1991 PW9), NASA
  26. Williams, Gareth, « Minor Planet Names: Alphabetical List », Smithsonian Astrophysical Observatory
  27. Éléments biographiques sur Alfred Jarry (1873-1907)
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