Numérotation des voies

Numérotation des voies
Exemple de numérotation d'une maison en Allemagne : ici, le bâtiment porte le numéro 5.

La numérotation des voies est un système permettant d'assigner un nombre unique à chaque bâtiment d'une voie urbaine (rue, avenue, etc.) ou d'un quartier, afin de faciliter sa localisation.

Les systèmes utilisés diffèrent suivant les endroits, parfois à l'intérieur d'un même pays voire d'une même ville. Dans des régions peu peuplées, il peut arriver qu'il n'existe aucune numérotation.

Sommaire

Principes généraux

Numérotation séquentielle

Schéma d'une numérotation séquentielle standard, avec les numéros pairs d'un côté et les numéros impairs de l'autre.

Dans la numérotation séquentielle, les immeubles sont numérotés de 2 en 2, depuis le début de la voie. Les numéros pairs (2, 4, 6, etc) sont regroupés d'un côté de la voie et les numéros impairs de l'autre. La position à gauche ou à droite des numéros pairs ou impairs varie selon les pays, et même les villes. Cette numérotation convient aux zones déjà urbanisées, ou quand les distances entre immeubles sont insuffisantes pour que d'autres constructions s'y insèrent. Elle est courante en Europe.

Lorsqu'une parcelle est découpée en plusieurs bâtiments, ceux-ci peuvent garder l'ancien numéro auquel on adjoint une lettre (« a », « b », « c », etc.) ou d'autres mentions (« bis », « ter », etc.) afin d'être différenciés. A contrario, si des parcelles sont fusionnées, le bâtiment résultant peut se voir attribuer l'ensemble des numéros préexistants (par exemple, si trois parcelles « 81 », « 83 » et « 85 » sont regroupées, elles peuvent devenir le numéro « 81-85 »).

Numérotation métrique

Dans la numérotation métrique, les numéros des immeubles représentant la distance, généralement en mètres, les séparant du début de la voie. Ce système convient mieux aux zones peu construites ou en cours d'urbanisation, car chaque nouvel immeuble bâti entre deux immeubles existants ne nécessite pas de re-numéroter les suivants, ni d'ajouter un bis, ter, quater, etc. au numéro précédent.

Numérotation par bloc

La numérotation peut être regroupée par pâtés de maisons, par blocs ou par quartiers. Elle peut adopter plusieurs formes :

  • Par blocs réguliers : particulièrement fréquente dans les villes organisées selon un plan en damier, cette numérotation est une variante de la numérotation séquentielle qui consiste à sauter à la dizaine ou la centaine suivante quand on passe au pâté de maison suivant. Par exemple, de 0 à 100 pour le premier bloc, puis de 100 à 200 pour le second bloc, etc. Un bloc est déterminé par une voie transversale.
  • Par ordre de construction dans un bloc, comme par exemple à Tokyo.

Point de départ

L'ordre dans lequel les immeubles sont numérotés nécessite de déterminer un point d'origine. Il peut s'agir d'un point (centre-ville, place, etc) ou d'un axe (celui d'un fleuve, par exemple). Pour les places et les impasses, il peut arriver que les numéros se suivent dans le sens des aiguilles d'une montre.

Exemples

Amérique

Généralités

Dans la plupart des pays d'Amérique, la numérotation par la distance est la plus fréquente. En conséquence, des nombres à 4 ou 5 chiffres sont chose courante.

Dans les villes où les rues forment une grille, la numérotation est séquentielle par bloc : les adresses sont incrémentées de 100 à chaque jonction, afin de les lier au numéro de voies. Par exemple, à Cleveland dans l'Ohio, un bâtiment situé 900 Euclid Avenue sera situé à la jonction entre Euclid Avenue et 9th Street.

Canada et États-Unis

  • À San Francisco, les immeubles sont numérotés à partir de l'endroit où les rues commencent. Par conséquent, des rues parallèles peuvent être numérotées dans des directions opposées.

Asie

Japon

  • À Tōkyō, la ville est divisée en petites sections possédant chacune son propre code numérique. Les bâtiments de chaque section sont à leur tour numérotés dans l'ordre où ils furent construits, ce qui donne une suite de nombre totalement erratique. Tokyo est de ce fait l'une des villes du monde développé où il est le plus difficile de trouver une adresse précise, les tokyoïtes eux-mêmes étant souvent incapables de renseigner les étrangers. Heureusement, des plans muraux sont souvent présents au coin des rues.

Europe

Généralités

En Europe, le système le plus couramment employé est la numérotations séquentielle, les nombres impairs d'un côté (généralement à gauche en regardant dans la direction des nombres croissants), pairs de l'autre. Il existe cependant de nombreuses exceptions locales.

Allemagne

La numérotation des voies suit généralement le modèle napoléonien.

Un système particulier dit Hufeisennummerierung (numérotation en fer à cheval) était utilisé dans l'ancienne Prusse et qui subsiste partiellement aujourd'hui. La numérotation commence à la première maison du côté droit de la voie et continue séquentiellement de un en un jusqu'à la dernière maison du même côté. La numéro suivant est attribué au dernier bâtiment du côté gauche de la voie, puis augmente séquentiellement de un en un du côté gauche en revenant vers le début de la voie.

Ce système a été en usage à Berlin jusqu'en 1929, les voies étant numérotées dans le quartier du centre (Stadtmitte) à partir du palais. Depuis l'entrée en vigueur des Principes de numérotation des terrains du 15 janvier 1929 („Grundsätze für die Nummerierung der Grundstücke vom 15. Januar 1929“), toutes les rues nouvellement numérotées le sont selon le système de numérotation alternée. Les voies plus anciennes n'ont pas été renumérotées et suivent toujours le système en fer à cheval.

Ce système de numérotation se trouve également dans le centre de Brunswick (Basse-Saxe), dans certains quartiers de Hambourg et en Saxe-Anhalt et Mecklembourg-Poméranie occidentale.

Lorsque se produisent des modifications des parcelles ou du bâti et qu'il ne reste pas de numéro libre, un complément devient nécessaire. La plupart du temps, ce complément est une lettre (7a), parfois aussi un chiffre (8/1). Autrefois on utilisait une fraction (3 1/2). Aujourd'hui encore les villes de Bad Tölz, la commune de Kirchanschöring, ou des quartiers de Jachenau ont des numérotations à fraction : fractions et lettres peuvent être combinées.

Pour les bâtiments de grande taille, d'autres compléments peuvent être ajoutés comme le numéro de la cage d'escalier ou le numéro d'appartement, qui sont précédés par une barre oblique.

France

Numérotation du 2 rue Garancière à Paris ; l'ancien numéro 1096 est encore visible sur la gauche.

En France, la numérotation des bâtiments est laissée à l'initiative du maire d'une commune dès lors que cette mesure est nécessaire. Il n'existe aucun système imposé, certaines communes peu peuplées comportant d'ailleurs des rues où aucun numéro n'est établi, mais le système le plus courant est le système européen décrit ci-dessus.

Pour les quais ou les anciens quais (par exemple dans le cas de voies d'eau remblayées, comme l'Allée de l'Ile Gloriette, à Nantes), la numérotation ne se faisant que d'un côté, elle peut être séquentielle de 1 en 1.

À Paris, une première tentative de numérotation voit le jour sous Louis XVI. Sous la Révolution, la numérotation est faite par district, si bien que l'on arrive à des numéros très élevés (le 2 rue Garancière, dans le 6e arrondissement, conserve encore la trace du no 1096).

Le système actuel a été établi sous Napoléon Ier, le 4 février 1805 : la numérotation commence au bout de la rue le plus proche de la Seine (ou dans le sens du courant pour les rues parallèles à la Seine), avec les numéros impairs à gauche et les numéros pairs à droite dans le sens des numéros croissants. L'affichage de ces numéros (position, graphisme, etc.) est soumis à une réglementation stricte. Quelques rues font exception à cette règle, comme la rue de Charenton, la rue de Reuilly et la rue de Picpus.

À Bordeaux, les nombres impairs sont au contraire situés sur le côté droit de la voie et les nombres pairs sur le côté gauche.

Dans les zones extra-urbaines, une numérotation métrique est le plus souvent utilisée.

Italie

Plaque indiquant le numéro de la Fondaco dei Tedeschi à Venise. Le numéro 5562 y est décrit comme le plus élevé du sestiere de San Marco.

À Florence et à Gênes, deux systèmes de numérotations coexistent : les bâtiments d'habitation sont indiqués en caractères noirs, tandis que les bâtiments professionnels le sont en caractères rouges. Pour une même rue, deux suites de chiffres sont donc utilisées.

À Venise, les bâtiments sont numérotés depuis le 1er juillet 1841 par quartiers et non par voie, suivant un parcours en spirale. Comme il existe six quartiers, Venise possède donc en tout six séries de nombres.

République tchèque et Slovaquie

Plaques de numérotation d'une habitation située à Hlubočepy, à Prague. Elle porte le numéro cadastral 66 en rouge et le numéro de rue 45 en bleu.

En République tchèque et en Slovaquie, deux systèmes sont utilisés. Chaque bâtiment possède un číslo popisné (numéro descriptif en tchèque) ou číslo súpisné (en slovaque) en rouge, et un číslo orientační (numéro d'orientation en tchèque) ou číslo orientačné (en slovaque) en bleu ou noir. Le numéro rouge qui correspond à un parcellaire du cadastre, est unique pour chaque bâtiment d'un quartier et peut ne pas suivre les numéros des bâtiments proches. Le numéro bleu est un simple numéro séquentiel, similaire à ceux utilisés dans d'autres villes européennes. Chaque numéro peut être utilisé seul dans une adresse, mais il est possible d'indiquer les deux à la fois pour éviter toute méprise, en commençant par le numéro rouge : « Hlavní 20 / 7 ».

Cette redondance s'explique par le caractère non-systématique du nom des rues : dans les villages, elles ne sont généralement pas nommées et le numéro cadastral ou descriptif est alors indispensable au facteur ou visiteur. Dans les villes, au contraire, il est de peu d'utilité mais reste néanmoins obligatoire.

Royaume-Uni

Schéma d'une numérotation séquentielle dans le sens des aiguilles d'une montre, utilisée dans certains endroits au Royaume-Uni.

Le début de la numérotation des bâtiments britanniques date du Postage Act de 1765[1].

Les nombres impairs sont généralement — mais pas toujours — sur le côté gauche de la voie lorsqu'on s'éloigne du centre de la ville ou du village. Les maisons qui entourent des places sont souvent numérotées dans le sens des aiguilles d'une montre. Les propriétés construites par la suite sont généralement suffixées par A, B, C, etc., mais des demi-numéros ont été attribués, comme par exemple dans le cas de l'ancien poste de police situé au 20½ Camberwell Church Street, à Londres.

Moins couramment, dans le cas d'impasses, de rues où seul un côté est construit ou dans certains villages gallois, les bâtiments d'un côté de la rue sont tous numérotés à la suite jusqu'à la fin, puis les numéros remontent l'autre côté de la voie jusqu'à son début. À Londres par exemple, le 10 Downing Street, résidence officielle du Premier ministre, est situé juste à côté du 11 Downing Street, résidence du Chancelier de l'Échiquier.

Océanie

Australie

En Australie, dans les zones urbaines, la plupart des adresses suivent le système européen (les nombres pairs d'un côté, les nombres impairs de l'autre). Sur les très longues routes urbaines (comme par exemple Parramatta Road à Sydney), la numérotation suit ce schéma mais redébute à 1 ou 2 lorsqu'elle passe une limite administrative.

Dans les zones rurales ou semi-rurales, un système basé sur les dixièmes ou les centièmes de kilomètres (voire les mètres) a été établi : ainsi, une habitation située à 2,3 km du début de la route peut être numérotée « 23 » ou « 230 » [2].

Russie et ex-URSS

En Russie et certains autres pays de l'ancienne URSS, la numérotation européenne est généralement employées, les numéros débutant du côté de la rue le proche du centre de la ville. Les bâtiments situés aux intersections peuvent se voir attribuer un numéro composite : le numéro le long de la voie qui coupe la rue principale est également mentionné, séparé par une barre oblique ; « Нахимова, 14/41 » désigne par exemple que le bâtiment est situé au numéro 14 de la rue Nakhimova et au 41 de la rue qui la coupe.

Les numéros impairs sont généralement situés sur le côté gauche de la voie lorsqu'on regarde dans la direction où la numérotation augmente. Dans certaines villes (comme Saint-Pétersbourg), les numéros impairs sont sur le côté droit.

Certaines villes, particulièrement celles qui hébergaient des grands centres de recherche scientifiques ou militaires du temps de l'URSS, emploient un système différent : la numérotation fait référence au bloc plutôt qu'à la rue. Dans cette approche, « 12-й квартал, дом 3 » indique le 3e bâtiment (дом, maison) du 12e bloc (квартал, quartier). Quand un lieu numéroté contient plusieurs bâtiments, ils se voient assigner un complément d'adresse intitulé « корпус » (bâtiment) ; celui-ci est généralement un nombre unique à l'intérieur du lieu, incrémenté séquentiellement, mais peut parfois contenir des lettres comme 15а, 15б, 15в, etc. Une adresse russe peut donc ressembler à « Московское шоссе, дом 23, корпус 2 » (rue de Moscou, habitation 23, bâtiment 2) ou « Льва Толстого, дом 14б » (rue Léon-Tolstoï, habitation 14, bâtiment b).

Sur les rues suburbaines très longues, une numérotation kilométrique peut être utilisée. Par exemple, « 9-й км Воткинского шоссе » (9e kilomètre sur l'autoroute Votkinsk) ou « Шабердинский тракт, 7-й км » (7e kilomètre sur la route Chaberdy).

Voir aussi

Liens internes

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Références

  1. (en) The History of House Names, The Traditional Sign Maker. Consulté le 11/09/2009
  2. (en) Street Addressing Working Group, Intergovernmental Committee on Surveying and Mapping. Consulté le 11/09/2009

Wikimedia Foundation. 2010.

Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Numérotation des voies de Wikipédia en français (auteurs)

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