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Odonymie
Un odonyme, que l'on peut trouver parfois écrit hodonyme, est un nom de lieu qui se réfère à une voie de communication.
L'étude des odonymes s'inscrit dans le domaine de la toponymie qui étudie plus largement les noms de lieux en géographie.
Un odonyme peut aussi bien être le nom d'une rue, d'une route, d'une place, d'un chemin, etc. Le terme odonyme vient du grec hodos (« la route »), adossé à la racine « -nymie » que l'on retrouve par exemple dans « anthroponymie » (l'étude des noms de personnes, noms de famille et prénoms), ou domonymie, étude des noms donnés aux maisons.
Sommaire
L'odonymie véhicule des valeurs
Au même titre qu'un pays, une ville se veut le porte drapeau de certaines valeurs. Le fait est que ce sentiment se traduit dans le nom des rues et des places parce que l'attribution des noms est le privilège des municipalités. Chaque ville défend, par ses plaques, l'image qu'elle donne d'elle-même et la plupart du temps ses habitants soutiennent cette image. Une ville religieuse mettra en avant ses lieux saints et les piliers de la religion qu'elle accueille, « rue du mausolée » ou « place de la miséricorde ». Une ville qui se veut à l'avant-garde de l'urbanisme choisira ses noms parmi les grands architectes. De même, Paris est la ville où le nombre de rues portant le nom d'un soldat (surtout des officiers) est le plus important au monde (juste devant Londres) : cela illustre le passé combatif et courageux de la cité.
Selon les pays, la volonté politique exprime des images différentes. En Angleterre, l'accent est mis sur l'Empire britannique. En France, la plupart des villes arborent une rue de la République, souvent héritière d'une Rue impériale issue des percées haussmanniennes du XIXe siècle. Aux États-Unis, on met l'accent sur l'Acte d'indépendance. En Allemagne, ce sont les philosophes et les compositeurs, en Italie les artisans de l'unification.
Il est rare de trouver des odonymes qui soient légion dans tous les pays. Bien sûr, les nombreuses rues, quartiers et places « des États-Unis » montrent bien la théorie de l'image commune que veulent se donner les pays occidentaux. L'odonyme « États-Unis » était très utilisé durant les années 1960-70 pour signifier la réussite économique, les urbanistes l'ont souvent donné à des quartiers nouveaux. De la même manière, beaucoup de villes anglo-saxonnes utilisent le nom de « Paris Street » ou « France Avenue » pour indiquer la rue où se trouve le théâtre ou les galeries d'art.
Pour ce qui est de trouver des personnes qui aient donné leur nom à des voies dans plusieurs pays, la tâche est plus difficile. En effet, peu nombreuses sont les personnalités qui ont imposé leur nom au point de passer les barrières nationalistes inhérentes à toute institution étatique. Notons cependant des noms comme Mozart, Martin Luther King ou Kennedy.
Il y a parfois contradiction dans les termes : de nombreuses municipalités ont donné à des quartiers nouveaux des noms champêtres ; il y a ainsi abondance de rues "des lilas" ou "des saules" voire "des canaris" dans les quartiers urbains créés depuis les années 60, qu'il s'agisse de barres d'immeubles ou de quartiers pavillonnaires. Ces noms passe-partout ont les qualités suivantes : ils sont faciles à identifier, simples à retenir et ne portent pas de valeurs sensibles (politiques, religieuses, historiques, etc.). En contrepartie, ils n'apportent aucune information sur la ville, il s'agit de noms purement fonctionnels.
Une autre vision des noms de rues
Aux États-Unis, les grandes villes de l'est n'ont jamais utilisé les noms que pour les grandes voies et aussi pour les plus anciennes. La plupart du temps, pour un souci de repérage et de facilité, les rues ont été numérotées, ainsi en Amérique du Nord, le nom de rue le plus répandu est «Second Street», et le suivant est «Main Street».[1][2]
Toujours par facilité, les villes, et surtout celles qui se dotent ou qui refondent leurs noms de rues, adoptent des noms de fleurs ou d'arbres. Ces odonymes-là n'entrent que très rarement dans les études.
Enfin il faut noter les traditions locales. Souvent elles s'appuient sur le milieu naturel antérieur à la fondation de la ville. On trouve aussi des appellations traditionnelles à une région : la « rue de la cave » dans les régions viticoles, la « place du peuple » dans les villes de tradition marxiste, etc.
Histoire des odonymes en France
Les historiens donnent cinq époques où l'on peut observer une typologie similaire sur tout le territoire.
- Le Moyen Âge : les dénominations répondent à une logique fonctionnelle. Le nom de la voie est celui du lieu qu'elle dessert, ce lieu étant religieux ou civil :
- XVIIe et XVIIIe siècles : rupture avec le Moyen Âge et la dénomination fonctionnelle. Les voies portent alors le nom des Grands du royaume (ce procédé aurait été inspiré par Sully) :
- → « place Louis-le-Grand », « rue de Condé » ;
- Révolution française : la débaptisation est courante, les instances révolutionnaires ne changeant pas seulement les noms des rues mais aussi des villes :
- → Les « rue de l'Égalité », « place de la Nation » apparaissent dans la plupart des cités ;
- L'Empire : déjà sous le Directoire, la débaptisation s'essouffle. Sous l'Empire le phénomène s'inverse et les « rue Saint-Antoine » ou « rue de l'Église » sont réintroduites. C'est aussi l'époque de l'apparition des noms de généraux et de victoires militaires dans les villes françaises : « rue de Wagram », « rue Ney » ;
- XXe siècle : c'est l'éclectisme. Les courants principaux sont les personnages célèbres majoritairement masculins, les régions géographiques et les pays (« rue de Colmar », « avenue du Japon », « route de Laval », etc.) et enfin les références à la nature (« allée des Roses », « rue des Alouettes », etc.).
En 2009, Rue de l'Église est l'odonyme le plus fréquent. Rue Pasteur étant celui concernant une personne le plus attribué. [3]
Bibliographie
- Stéphane Gendron, La Toponymie des voies romaines et médiévales : Les mots des routes anciennes, éd. Errance, Paris, 2006. (ISBN 2-87772-332-1)
- D. Badariotti, Les noms de rues en géographie. Plaidoyer pour une recherche sur les odonymes, Les Annales de Géographie, n°625 mai-juin 2002, Éd. Armand Collin.
Notes et références
Voir aussi
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