- Nation huronne
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Hurons-Wendat
Hurons-Wendat Populations significatives par régions Canada États-Unis Population totale 8 000 (2001) Langue(s) Anglais, français, wendat Religion(s) Les Hurons-Wendat en langue wendate (appelés aussi aux États-Unis les Wyandots) sont une Première Nation de langue iroquoienne, originaire du sud de l’Ontario, au Canada.
Le nom « Huron » leur a été donné par les premiers arrivants français à cause de la coiffure des hommes, semblable à celle des Mohawks, qui rappelait la hure du sanglier.
Lors du premier contact franco-wendat au XVIIe siècle, les Wendat étaient, d'après les premiers Européens entrant en contact avec eux, organisés en une confédération de cinq tribus ou peuplades distinctes : les Attignawantan, les Attignaenongnehac, les Arendaronon, les Tahontaenrat et les Ataronchronons.
Les Wendat se battaient contre les Iroquois avant même l’arrivée des Français dans la région. L’alliance franco-wendat et les alliances formées par les Iroquois avec les Hollandais, puis avec les Anglais, relient cette guerre à celle des puissances colonisatrices. Les fusils et les couteaux en acier augmentent l’intensité destructrice de la guerre et, dès 1649, les Iroquois dévastent les Wendats. Les Iroquois ont pris un grand nombre de captifs : après une année, suivant les coutumes iroquoiennes, les uns sont adoptés par mariage avec un membre de la tribu et les autres torturés puis tués.
Un groupe d'environ 300 Wendat catholiques s’est réfugié près de la ville de Québec suivant la dispersion de leur peuple par les Iroquois. Leurs descendants y vivent dans la réserve indienne de Wendake, aussi appelé le « Village Huron », situé à Loretteville. Un autre groupe, les actuels Wyandots, s’enfuit vers l’ouest, où ils trouvèrent refuge dans les États actuels de l’Ohio et du Michigan.
Vers la fin du XVIIIe siècle, les Wendat de l’Ouest obtiennent une position d’importance symbolique en tant qu'« oncles » de la Confédération du Wabache qui combat aux États-Unis dans les années 1790. Les descendants des Wendat de l'ouest sont divisés aujourd’hui en trois groupes : un certain nombre qui est resté dans le Michigan et l’Ontario (la Nation Wyandot d'Anderdon), un autre groupe conduit au Kansas et un troisième, le plus grand, dans l’Oklahoma.
Les 3 000 Hurons-Wendat vivant au Québec sont pour la plupart catholiques et francophones, bien qu’il y ait actuellement un mouvement en faveur de l’étude et de l’utilisation de la langue wendate.
Les Huron-Wendat de Loretteville sont connus depuis longtemps pour leur production d'artisanat et d'objets traditionnels, entre autres les mocassins et les raquettes de babiche.
Localisation
Avant 1649, les Wendats disposaient d’un territoire au Canada et aux États-Unis. Ce territoire de 880 km² était délimité par la rivière Niagara à l’est, la rivière Sainte-Claire à l’ouest, le lac Érié au sud.
Après leur défaite face aux Iroquois en 1649, un groupe d'environ 300 Hurons catholiques s'installe près de Québec, à Wendake.
L'ancienne seigneurie de Sillery est revendiquée par ces gens de Wendake comme territoire huron, de même qu'une grande partie du comté de Roquemont et le territoire des « Quarante Arpents ».
Après 1649, une autre partie des Hurons fuit vers l'Ouest et s'installe dans le Michigan et l'Ohio puis, après le XVIIIe siècle, ils sont divisés en trois groupes : un dans le Michigan et l'Ontario (la Nation Wyandot d'Anderdon), l'autre au Kansas et le troisième dans l'Oklahoma, dans l'actuelle réserve huronne de Wyandot.
Histoire
Origine du nom
Le nom indien de la nation est Wendat, ce qui signifie « insulaire » en rapport avec leur lieu d'habitation sur la presqu'île de la baie Georgienne.
Le nom « Huron » leur a été donné par les premiers arrivants français à cause de la coiffure des hommes, semblable à celle des Mohawks et Ojibwés, qui rappelait la hure du sanglier.
Avant l'arrivée des Européens (avant le XVIIe siècle)
Les Hurons formaient une confédération de cinq tribus distinctes, d'après les premiers Européens entrant en contact avec eux : les Attignawantan peuplade de l'ours, les Attignaenongnehac peuplade de la corde, les Arendaronon peuplade du rocher, les Tahontaenrat peuplade du Daim et les Ataronchronons peuplade des Marais.
Ils commercent et ont de bonnes relations avec les Pétuns et les Neutres, ainsi qu'avec certaines tribus de la Confédération des Cinq-Nations iroquoises et avec les Algonquiens de la vallée de l'Outaouais : les Outaouais, les Nipissings et les Algonquins.
Avant l'arrivée des Français, ils sont en guerre avec les Iroquois, mais cette guerre régularise le poids démographique de chaque peuple, et les captifs sont souvent adoptés.
Le contact avec les Français
Le premier contact avec les Français remonte à 1609, lorsqu'ils décidèrent de former une alliance militaire et commerciale avec Samuel de Champlain. Celle-ci fut effective en 1616. Les Français sont libres de circuler en territoire huron, et se doivent d'intervenir en cas de conflit. Cela entraîne d'ailleurs les Français dans une guerre avec les Iroquois.
En 1615, des missionnaires récollets sont envoyés chez les Hurons, suivis par les Jésuites en 1625. En 1633, dans le renouvellement de l'alliance, les Français ajoutent une clause : les Hurons sont tenus d'héberger des missionnaires chrétiens. Un nombre important de missionnaires jésuites se sont installés dans les années 1640 parmi les Wendats dont ils ont appris la langue et l’organisation sociale. Cependant, certains Hurons ont un ressentiment pour les jésuites, allant jusqu’à les considérer comme des sorciers, qui baptisent les gens à l'article de la mort et qui ne sont pas eux-mêmes touchés par les épidémies.
Les premières conversions datent de cette époque : en effet, le Huron chrétien a des avantages, car il peut acquérir des marchandises à prix bas, et surtout il peut posséder une arme à feu. Cependant, il se désolidarise du reste du village car il refuse d'aller au combat et de participer à des rituels non chrétiens.
La guerre contre les Iroquois
Les Hurons sont en guerre contre les Iroquois avant même l'arrivée des Français. Les Attignawantan et les Attignaenongnehac se livrent à des combats contre les cinq tribus iroquoises de New York, et sont bientôt rejoints par les trois autres peuplades huronnes qui quittent la rive sud et la rive est de l'Ontario pour se joindre à eux.
L'origine de cette guerre est peu connue, cependant une tradition orale huronne raconte qu'à un endroit, sur la rive nord-est du lac Ontario, une cérémonie hivernale réunissait les Hurons et les Mohawks, une des principales tribus iroquoises. Un Indien Mohawk voulut faire interpréter un de ses rêves par un chaman huron, comme c'était la coutume chez eux. C'était un rêve très violent, dans lequel il était tué. Demandant au chaman huron d'interpréter son rêve, l'Iroquois fut tué par le chaman, qui prenait ce rêve pour la réalité (les Hurons pensant que les rêves sont des messages destinés à se réaliser dans la vie réelle). Le Mohawk tué étant un personnage important, les Mohawks repartent et déclarent la guerre aux Hurons. Au XVIIe siècle cependant, les réalités géographiques, économiques et démographiques permettent une interprétation moins allusive du conflit. En effet, il peut s'avérer que le simple apport du métal puisse être à l'origine de la nouvelle situation.
Les Amérindiens, par le commerce avec les Européens, découvrent l'apport technologique considérable que constituent les lames métalliques. La demande amérindienne est donc importante et croissante (jusqu'à devenir une dépendance). La contrepartie européenne, quant à elle, est simple : la fourrure, car en Europe, la mode est au feutre et le besoin en cuir est constant. Dès lors, l'accès aux marchandises européennes devient le moteur d'une chasse effrénée à la pelleterie. Mais, à ce titre, tous les Amérindiens ne sont pas égaux. En effet, l'axe de pénétration française du Saint-Laurent ainsi que l'alliance franco-huronne ont tôt fait d'imposer une division nord/sud de la région. Ainsi, par leur situation géographique (autour du lac Simcoe), les Hurons en tant que résidents sur les grandes voies de pénétration nord et ouest, sont rapidement incontournables dans la région (le nord et l'ouest des grands lacs s'avérant bien plus riche en peaux que le sud). De plus, les Iroquois, déjà bloqués dans leurs propre pays par leurs (autres) nombreux ennemis (Mohicans à l'est, Nation du feu au sud et à l'ouest), ne peuvent accéder à des zones de chasse plus étendues.
Le facteur démographique est également à prendre en compte. L'impact des guerres et des épidémies sur la population iroquoise est énorme. La pratique iroquoise veut que l'on pallie les variations de populations en adoptant des membres d'autres tribus. Ainsi, les raids et l'assimilation de larges pans de la société huronne se feront de façon de plus en plus systématique.
En 1647, une tentative de paix échoue, refusée des Mohawks et des Sénécas, et les conflits reprennent en 1648.
En raison de leur infériorité numérique (liée aussi aux maladies apportées par les missionnaires) et de l'alliance des Iroquois avec les Hollandais puis avec les Britanniques et d'autres nations indiennes, les Hurons perdent peu à peu la guerre, qui devient de plus en plus destructrice avec l'utilisation d'armes européennes (fusils, couteaux).
Les Hurons n'étaient, bien entendu, pas démunis de ces armes, mais il existe à ce titre une différence notable entre Hurons et Iroquois. Ainsi, en Nouvelle-France, le commerce d'armes à feu était soumis à la règlementation du gouverneur, et sous contrôle des Jésuites. Ces armes n'étaient donc distribuées qu'avec beaucoup de parcimonie, aux seuls convertis amérindiens (et encore).
Les Iroquois prennent le principal village des Teanaostanaies, représentant 10% de la population huronne, ce qui suscite la peur à l'intérieur du pays, les femmes refusant d'aller cultiver les champs, ce qui provoque une famine. Puis, les Iroquois lancent des assauts sur les principaux villages hurons, faisant de nombreux morts et blessés, notamment à Saint-Louis, mais ils sont repoussés à Sainte-Marie par les Hurons, qui tirent avantage des fortifications françaises. Se voyant tout de même vaincus, les Hurons vident leurs villages et décident de se disperser. Les Iroquois ont pris durant la guerre un grand nombre de captifs ; les uns sont adoptés, les autres tués. Les Hurons étaient affaiblis par les maladies européennes, telle la petite vérole. Ce fut la grande cause de décès chez les Hurons.
Après la défaite : la dispersion (1649-1651)
Après 1649, certains Hurons fuient vers l'est et ils trouvent un sanctuaire dans les États actuels de l’Ohio et du Michigan : c’est ce peuple-ci qui a reçu l’appellation de « wyandot(te) » par les Anglo-Américains (notamment dans le roman de James Fenimore Cooper, Wyandotte, publié en 1843). Aujourd'hui dans l'actuel Oklahoma se trouve la réserve Wyandot.
Le groupe le plus important fuit les Iroquois jusqu’à la baie Georgienne, les Wendats hivernent à l’île Chrétienne, où une grande partie de leur population meurt de faim, à cause du manque de nourriture et de places. Les Jésuites, qui avaient temporairement déménagé leur mission à cet endroit, sont tués en même temps et seront connus sous le nom de martyrs canadiens. Au printemps 1650, les principaux Wendats se réunissent et décident d'aller s'établir à Québec. Peu après, les Wendats sont dispersés : une petite partie s'installe chez les Tionontattes mais ils sont la cible d'attaques iroquoises, puis ils iront se réfugier dans le Michigan.
De toutes les tribus huronnes, seuls les Tahontaenrat demeurent unis et vont s'installer dans le pays des Neutres puis, en 1650-1651, ils vont s'établir dans le pays Sénéca et sont naturalisés Iroquois.
Un petit groupe de Wendats catholiques s’est réfugié près de la ville de Québec ; leurs descendants y subsistent dans une réserve appelée Wendake ou Village-des-Hurons.
L’installation à Québec (1650-1700)
Environ 300 Hurons décidèrent donc de s'installer dans la région de Québec. Mais les Iroquois continuent à venir les harceler. Assez rapidement, ils établissent leur village près de Québec mais le déplacent souvent, afin de trouver un terrain approprié : ils habitent successivement l'île d'Orléans, Québec, Sillery, Beauport, Notre-Dame de Foye et L'Ancienne-Lorette, avant de se fixer à la Nouvelle-Lorette, où ils habitent encore aujourd'hui.
Lorsque les Français signent une paix exclusive avec les Iroquois, en 1653, les Hurons doivent se défendre seuls. En 1697, les Hurons s'installent définitivement à la Jeune-Lorette.
Le XVIIIe et le XIXe siècle
Aux États-Unis
Vers la fin du XVIIIe siècle, les Wendats de l’Ouest obtiennent une position d’importance symbolique, comme « oncles » de la Confédération du Wabache, qui combat aux États-Unis dans les années 1790. Les descendants des Wendats de l’Ouest sont divisés aujourd’hui en trois groupes : un certain nombre qui est resté dans le Michigan et l’Ontario (la Nation Wyandot d'Anderdon), un autre groupe conduit au Kansas par le gouvernement des États-Unis en 1842 et un troisième (le plus grand) dans l’Oklahoma. Le gouvernement américain, considérant les Hurons comme assez civilisés, les émancipera en 1855. Ceux qui refuseront la citoyenneté américaine seront transférés dans la réserve de Wyandot en Oklahoma.
Au Québec
La communauté huronne du Québec ne compte au début du XVIIIe siècle que quelques centaines d'habitants. Elle établit aux "Quarante Arpents", territoire cédé par les Jésuites au Hurons, une communauté satellite en 1742.
Société Huronne traditionnelle (Avant 1649)
Organisation sociale
Les Hurons-Wendats avaient adopté la filiation matrilinéaire : l'enfant fait partie du clan de sa mère et non de son père. L'oncle maternel instruit l'enfant. [1] Il existait une grande liberté sexuelle : en effet, les femmes pouvaient, dit-on, changer de compagnon ou de mari comme elles le voulaient. [2] Chaque Huron appartient à l'un des huit clans matrilinéaires, les membres d'un même clan ne pouvant se marier entre eux.
Démographie
En 1535, la population huronne comptait de 30 000 à 40 000 individus. Au début du XVIIe siècle, il y avait au Canada entre 20 000 et 30 000 Hurons. En 1634, la population s'élève à 18 000 individus. De 1634 à 1640, leur population est réduite à 9 000 par une série d'épidémies, notamment la variole en 1639, la petite vérole, l'influenza ou la rougeole, maladies contre lesquelles les Hurons n'étaient pas immunisés. [3].
Urbanisation
Au XVIIe siècle, les Hurons-Wendats vivaient dans 18 à 25 villages, dont certains comptaient jusqu’à 3 500 habitants, ce qui représente près de 10% de la population à l'époque. De 1615 à 1649, ils occupent un territoire de quelque 880 km², avec une densité moyenne de peuplement de 23 habitants par km². Les villages sont situés près d'une rivière et de terres cultivables, nécessaires à l'agriculture huronne. Les villages changent d'emplacements tous les 10 à 15 ans (12 ans en moyenne), en fonction de l'état des sols et du bois de chauffage disponible proche du village; la population huronne est donc semi-sédentaire. Leurs villages, généralement surélevés, sont le plus souvent fortifiés avec des palissades permettant une défense efficace. Ils occupent généralement une surface de 2 à 3 hectares, les plus grands pouvant aller jusqu’à 8 hectares.
Ces villages se composent le plus souvent de maisons Longues (qui abritent chacune une seule famille ou clan), d'une largeur d'environ 7 mètres et dont la taille varie selon la taille de la famille, la plupart mesurant entre 45 et 55 mètres de longueur, certaines pouvant atteindre 90 mètres de longueur. La plus longue jamais découverte mesure 125 mètres de longueur — c'était dans l'actuel État de New York. Les plus grands villages pouvaient avoir une quarantaine de maisons longues. Ces maisons longues étaient faites de rondins arqués ensuite recouverts d'écorce de cèdre, d'orme et de frêne. Dans le long du corridor central se trouvaient des feux, et sur le côté étaient situées des plateformes surélevées afin de pouvoir dormir.
Politique
Les Hurons-Wendats formaient une confédération de cinq tribus. D’autres peuples iroquoiens de l’époque s’organisaient en confédérations. La plus célèbre est la Ligue des Cinq-Nations des Iroquois ; mais les peuples des Pétuns et des Neutres se composaient eux aussi de plusieurs tribus. Les conseils réunissent tous les clans (c'est-à-dire familles), comme le clan du Chevreuil, de l'Ours, du Porc Epic, du Serpent, du Loup, de la Tortue, du Faucon…
Deux conseils gèrent la vie du village, et tous les hommes de plus de 30 ans en sont membres. Le premier conseil s'occupe des affaires civiles et le deuxième des affaires militaires. Théoriquement, les décisions se prennent par consensus, mais en pratique les hommes âgés et les chefs de familles dirigent réellement le conseil, en raison des qualités d'orateur de leurs membres ainsi que de leur statut. Le gouvernement doit convaincre et unir à la manière d'une démocratie, et l'insubordination mène bien souvent à l'exclusion sociale. Les chefs sont nommés par les mères de clans.
La société huronne au Québec (après 1649)
Statut de la communauté
La Couronne de France aurait octroyé aux Hurons chrétiens la seigneurie de Sillery. Parce que les Hurons n'avaient aucune connaissance du système français de propriété terrienne, leur territoire était géré par les Jésuites, et ceux-ci auraient pris une bonne partie du territoire au détriment des Hurons. À partir de 1791, les Hurons réclament la possession de la terre, puis en 1825 le chef de la communauté huronne se rend en Angleterre pour aller plaider sa cause devant le roi George IV. En 1853, le Canada leur octroie des terres dans le canton de Roquemont.
Démographie
Au départ, la communauté ne compte que quelques centaines de Hurons, surtout des Attignaenongnehac. On ne compte que de 400 à 1 000 membres en 1740 , puis pas plus de 179 en 1829. Aujourd'hui, il y a 3 000 Hurons-Wendats au Québec.
Urbanisation
Si au départ les Hurons construisent des maisons longues traditionnelles, celles-ci sont rapidement abandonnées et remplacées par des maisons à l'européenne.
Cependant, la structure du village est influencée par la culture wendate : il n'existe pas de cour intérieure, la porte principale d'une maison étant orientée vers l'arrière d'une autre. Cela vient du fait que dans la culture huronne, il n'y a pas une délimitation aussi marquée entre la sphère privée et la sphère publique. Toutes les maisons sont proches les unes des autres.
Politique
Les Hurons forment un réseau d'alliance avec de nombreuses communautés chrétiennes de la région, créant la Fédération des Sept Feux.
Il existe quatre clans hurons dans la région : le clan du Chevreuil, celui de l'Ours, celui de la Tortue et celui du Loup. Chaque clan élit un chef civil, qui s'occupe des affaires de son clan et qui ne peut être destitué que par celui-ci. Les chefs civils élisent, à vie, un Grand chef qui représentera l'ensemble de la communauté. Il est possible de nommer des chefs de guerre, ceux-ci étant élus grâce à leur courage ou à leurs actes de bravoure.
L'importance de la religion chrétienne
La majorité des Hurons installés à la Jeune-Lorette sont des catholiques convertis par les Jésuites. Ils apprennent le français et les mariages mixtes sont nombreux. Les crucifix remplacent alors les anciennes amulettes. En 1700, la première chapelle est créée dans la ville, où ils conservent de nombreux objets liturgiques. Cette chapelle est remplacée en 1730 par une chapelle en pierre. Elle est restaurée en 1835 et agrandie en 1904. L'église abrite des biens de grande valeur culturelle ou artistique.
Économie
Agriculture
Au départ, les Hurons cultivent le maïs, les haricots, la courge (appelées les « Trois Sœurs », l'agriculture étant souvent pratiquée par les femmes) et même, dans une moindre mesure, du tabac, de moins bonne qualité que celui cultivé par les Pétuns et les Neutres, ainsi que du tournesol, utile pour son huile ainsi que pour la fabrication de peintures de guerre. Ils extrayaient la sève d'érable et la faisaient bouillir pour concentrer les sucres afin d'obtenir du sirop d'érable. La pêche est une activité principale, avec notamment la construction de barrages pour pouvoir capturer plus facilement des poissons, la chasse étant de moindre importance à cause du manque de gibier.
Le maïs est la base de l'alimentation, et toutes les activités quotidiennes étaient rythmées par le maïs, gage d'abondance de nourriture. Deux espèces étaient privilégiés : le Zea Mays Amylacea et l'indurata, l'un pour le pain et l'autre pour la sagamité (voir Cuisine). Grâce au maïs, les famines étaient rares. La saison de végétation durait 195 jours et celle du gel 140 jours.
Les arbres étaient d'abord coupés. On brûlait les branches et la partie externe de l'arbre, en s'assurant grâce à de la boue que le feu ne se propage pas, et on extrayait la souche pourrie. À noter que certains bois servaient de bois de chauffage ou de construction. Au mois de mai, après le défrichage, les femmes nettoyaient la terre et plantaient les meilleurs grains de la récolte précédente, une dizaine de grains par monticule donnaient une récolte de 100 à 650 grains.
Du tronc du plant de maïs on suçait la sève, et les feuilles servaient à emballer les aliments servis en bouillie, ou elles étaient tressées pour faire une couche (un lit). Avec les feuilles et la tige durcie, on pouvait aussi confectionner des poupées pour enfant.
Après 1649 et leur installation près de Québec, les Hurons adoptent les cultures occidentales, comme le blé ou le seigle.
Les Hurons pratiquent aussi la cueillette, notamment de baies, de plantes médicinales.
Commerce
Les Hurons-Wendats sont des commerçants qui commercent avec de nombreuses tribus : les Pétuns, les Neutres, les Outaouais, les Nipissings et les Algonquins de la vallée de l'Outaouais. Ils commercent notamment le maïs, qu'ils possèdent en abondance, en échange de fourrure ou de viande. Leur système de commerce étant le plus développé, les Hurons refusaient d'apprendre une autre langue que la leur : aussi les commerçants des autres tribus devaient apprendre la langue huronne.
Puis ils commercent avec les Français, en leur vendant notamment des fourrures, dont ils deviennent les principaux fournisseurs, et ils n'hésitent pas à se procurer des fourrures en capturant le bétail iroquois lors de la guerre. En échange, les Français leur offrent des produits en métal, tels des chaudrons, des haches ou des mirroirs.
Chasse
Au départ, les Hurons-Wendats ne faisaient pas de la chasse une activité principale, chassant alors avec des flèches, des lances et des arcs. Avec l'arrivée des Français, la chasse s'intensifie, pour le commerce de la fourrure, mais reste une activité de moindre importance : ils privilégiaient le piégeage des animaux.
Après leur installation au Québec, les Hurons ne donnent plus la priorité à la culture du maïs, mais à la chasse. Les territoires de chasse des Hurons se trouvent au nord du Saint-Laurent, entre le Saguenay et le Saint-Maurice.
Pour la chasse au gros gibier, tel l'orignal et au caribou, les familles doivent souvent se déplacer en hiver.
La viande était conservée par séchage, de même que le poisson ou la courge. La peau était boucanée et utilisée pour créer des vêtements.
Artisanat
Après 1850, les Hurons doivent abandonner la chasse pour diverses raisons : ouverture de nouvelles régions à la colonisation, formation de nombreux clubs privés de chasse, création du Parc des Laurentides. Les Hurons se spécialisent alors dans l'artisanat et sa vente : raquettes, paniers, canots, mocassins. Aujourd'hui, Wendake est une des communautés amérindiennes les plus prospères du Québec.
Culture traditionnelle huronne
Langue
La langue wendate est une langue iroquoienne. Les Hurons étant dominants dans la région du sud de l'Ontario jusqu'en 1649, et étant les principaux commerçants, le huron était devenu la langue du commerce et de la diplomatie.
Au Québec, les mariages mixtes ont fait tomber en désuétude la langue huronne. À Wendake, communauté amérindienne Huron-Wendat située à proximité de la ville de Québec[4], les panneaux de signalisation routière bilingue sont affichés en français et en langue wendat, incluant le panneau STOP, qui indique ARRÊT/SETEN.
Religion traditionnelle
Les Hurons étaient animistes : ils croyaient que tous les objets inanimés ainsi que les animaux et les personnes possédaient un « esprit » (une âme), et qu’il fallait absolument respecter les « esprits ».
Le Huron honore aussi le Créateur.
Le rêve est important dans la société huronne : le rêve contient un message que l'on doit prendre au sérieux. Tout le monde est tenu de raconter ses rêves et d'obéir aux messages qu'ils contiennent.
De plus, le maïs, par sa place prépondérante, influence fortement les croyances huronnes. Le temps étant vital pour la culture du maïs, la pluie est fortement attendue. En cas de sécheresse, les Hurons font appel à un chaman, harmonisateur de l'univers. Il sauvegarde le cycle perpétuel, il s'adresse à l'ancêtre Louskeha, qui veille aux forces cosmiques, rendant la vie cosmique.
Il existe, outre les festins nécessaires à la vie huronne, une fête importante : la fête des morts. Lors du déplacement du village, les ossements de tous les morts étaient déterrés et transportés dans un cimetière central commun à plusieurs villages. On enterrait alors les ossements dans un tumulus. Avant de mettre les os dans l'ossuaire, on enlevait les derniers morceaux de chair et de vêtements au squelette, et l'on jetait ensuite tous les os que l'on mélangeait et que l'on enterrait. Cette fête permettait la cohésion entre les différents villages et était un moment privilégié où l'on se racontait des histoires, où l'on faisait la fête toute la nuit.
Le contact avec les missionnaires chrétiens amena certains Hurons à considérer ces missionnaires comme des chamans, car ils ne comprenaient que peu leurs enseignements religieux. Ceux-ci sont alors considérés comme des sorciers : en effet, ils baptisent les Hurons peu avant leur mort et ils ne sont pas touchés par les épidémies. Cependant, plusieurs Hurons se convertissent au christianisme.
Cuisine
Parmi les ustensiles de cuisine issus de l'artisanat huron, on peut retenir les pots qui servaient à cuisiner, à emmagasiner de la nourriture ou à transporter de l'eau. Ils sont munis d'un bec verseur en V et leur taille varie, pouvant atteindre un mètre de diamètre. Les ustensiles utilisés étaient les couteaux, les cuillères et les écuelles, creusés dans les nœuds d'arbres avec des dents de castor. Lors des repas hurons, il était commun d'apporter ses propres ustensiles pour un repas ainsi que de ramener les restes de nourriture chez soi.
Le repas de base est constitué de pain amérindien ainsi que d'une soupe épaisse appelée sagamité, composée de maïs, de pois, de fèves ou de riz sauvage avec de la graisse de cerf, de la viande ou du poisson.
Le maïs constitue l'ingrédient de base de la cuisine huronne, et il existe aussi énormément de façons de le préparer, notamment : le faire bouillir, le cuire sous les cendres, le faire fermenter plusieurs mois dans de l'eau… On séparait alors la farine de l'enveloppe du grain, la farine servant à créer du pain ou de la pâte, alors que l'enveloppe était utilisée pour la soupe au poisson.
Les repas à base de viande étaient constitués de dindon sauvage, de cerf, de loup, de chien, de chat sauvage (raton laveur), de petit gibier ou de poisson.
La tradition huronne des festins est très importante. Il fallait rendre grâce au Créateur et le remercier, et organiser des fêtes au cours desquelles celui qui invitait ne pouvait manger. C'est chaque fois une fête obligatoire qui pouvait durer jusqu’à vingt-quatre heures. Ces repas sont décrits par les Jésuites. Il existe plusieurs types de repas : ceux où l'on ne fait que fumer la pipe, le festin où l'on mange et où l'on danse, le festin de grâce, le festin pour la guérison d'une maladie ou le festin pour une personne à l'article de la mort.
Les Hurons aujourd'hui
Les 3000 Hurons-Wendats de Loretteville, au Québec sont surtout catholiques et francophones, bien qu’il y ait actuellement un mouvement en faveur de l’étude et de l’utilisation de la langue wendate. Ils sont connus depuis longtemps pour leur production d'artisanat et d'objets traditionnels, entre autres les mocassins et les raquettes de babiche (peau de cerf).
En 1999, les représentants des groupes wendats au Québec, dans le Kansas, dans l’Oklahoma et dans le Michigan se rejoignent, à leur ancienne patrie à Midland, en Ontario, afin de rétablir formellement la Confédération Wendate.
Références (littérature, cinéma, jeux vidéos)
Dans ses "Dialogues curieux entre l'auteur et un sauvage de bon sens qui a voyagé", le baron de La Hontan met en scène un Huron qui critique la société sur le thème du bon sauvage. Dans un roman de Voltaire, L'Ingénu, le héros est un jeune Huron qui arrive en France. Le regard étranger du Huron permet à Voltaire de s'interroger sur certaines des coutumes françaises qui peuvent paraître bizarres à un étranger, et lui permettent de critiquer notamment les Jésuites et les Jansénistes. C'est de ce roman que vient l'expression un Huron pour désigner une personne aux mœurs sauvages.
Le Dernier des Mohicans met en scène la guerre entre les Hurons alliés des Français et les Iroquois alliés des Anglais.
Le jeu vidéo American Conquest permet de diriger la nation huronne. L'architecture de la civilisation est semblable à la réalité : maisons longues…Communautés wendates
- Nation Huronne-Wendate de Wendake, enclavée dans la Ville de Québec : 2 999 membres dont 1 307 résidants et 1 692 non-résidants. [5]
- Nation Wyandot d'Anderdon dans l’Ontario du sud et le Michigan, QG à Trenton, Michigan : 800 membres environ.
- Nation Wyandot du Kansas, QG à Kansas City, Kansas : quelque 400 membres.
- Nation Wyandotte de l'Oklahoma à Wyandotte, Oklahoma : entre 3 000 et 4 000 membres.
Notes et références
- ↑ Havard Gilles, Vidal Cécile, Histoire de l'Amérique française, Flammarion, 2003, page 260.
- ↑ Ibidem, page 373
- ↑ Ibidem, page 197.
- ↑ Site officiel de la Nation huronne-wendat
- ↑ Affaires indiennes et du Nord Canada (région du Québec) http://www.ainc-inac.gc.ca/qc/aqc/pop_f.html
Bibliographie
- BARBEAU, Marius, Mythologie Huronne et Wyandotte
- BLOUIN, Anne Marie, Histoire et iconographie des Hurons de Lorette du XVIIe au XIXe siècle
- BOITEAU, Georges, Les chasseurs hurons de Lorette
- HEIDENREICH, Conrad, Huronnia, a History and Geography of the Huron Indians 1600-1650 et The Huron: A brief ethnography
- JETTEN, Marc, Enclaves amérindiennes : les réductions du Canada 1637-1701
- SAGARD, Gabriel, Le Grand voyage du pays des Hurons, 1632, Montréal, Bibliothèque québécoise, 2007
- SIOUI, Georges, Pour une histoire amérindienne et Wendats, une civilisation méconnue, Québec, Presses de l'Université Laval, 1994
- TOOKER, Elisabeth, Ethnographie des Hurons 1615-1649
- TRIGGER, Bruce G., Les enfants d'Aataentsic: l'histoire du peuple huron, Montréal, Libre Expression, 1991
- VAUGEOIS, Denis, Les Hurons de Lorette
- Handbook of North American Indians, vol. 15 : Northeast (1978)
- The Huron : Farmers of the North (1990)
Voir aussi
Liens internes
Liens externes
- Histoire des Hurons dans l'Encyclopédie canadienne
- Site de la nation Huronne-Wendat
- Site de l'Association Agondachia
- Site civilisation.ca
- (en) Wendat Dialects and the Development of the Huron Alliance
- Portail de l’archéologie
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