- Monastère d'Agaune
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Abbaye territoriale de Saint-Maurice d'Agaune
L’abbaye territoriale de Saint-Maurice d'Agaune est une très vieille abbaye située dans le canton du Valais en Suisse.
Elle a été fondée en 515 par le futur roi burgonde saint Sigismond à l'emplacement d'un sanctuaire plus ancien abritant les restes de Maurice d'Agaune, martyr du IIIe siècle, érigé par Théodore, premier évêque connu du Valais.
La cité d'Agaune a d'ailleurs pris son nom et s'appelle aujourd'hui Saint-Maurice ; l'abbaye a joué un rôle majeur dans l'histoire régionale et est aujourd'hui la plus ancienne abbaye d'Europe occidentale en activité à avoir été occupée en permanence. Le premier roi de Bourgogne transjurane, Rodolphe, y fut couronné.
Originellement et jusqu'au IXe siècle, c'est la laus perennis qui s'appliquait. Les moines furent alors remplacés par des chanoines qui adoptèrent la règle de saint Augustin en 1128.
Sommaire
Histoire
L'emplacement de l'abbaye fut un lieu consacré dès au moins l'époque romaine. Un autel romain dédié aux nymphes y a été retrouvé à côté de la source elle aussi consacrée aux nymphes.
Il semble que ce soit Théodore (dit aussi Théodule), premier évêque du Valais et siégeant à Martigny, qui créa le premier sanctuaire chrétien en 381 en y transférant les restes des martyrs dans une chapelle attribuée à Maurice et ses compagnons massacrés. Ce sanctuaire a été agrandi au IVe siècle.
L'abbaye proprement dite fut inaugurée le 22 septembre 515 par le futur roi burgonde Saint Sigismond. Alors que son père Gondebaud restait fidèle à l'arianisme, Sigismond avait embrassé le catholicisme et fit de l'abbaye, dès son accession au trône en 516, un lieu de pèlerinage pour son peuple qui avait dû le suivre dans sa foi. La première basilique date de cette époque, ainsi que le baptistère, permettant de procéder selon le rite de l'immersion partielle, qui peut être encore visité.
Sigismond y installa une communauté de moines et y fit bâtir une nouvelle basilique, orientée est-ouest, au pied du rocher. Les moines instaurèrent la laus perennis, ce qui veut dire "louange perpétuelle". En effet, des choeurs de moines s'y relayaient jour et nuit afin d'assurer une prière continue. Le lieu prospéra pendant deux siècles.
En 574, l'abbaye fut ravagée par les Lombards. Après leur départ, la basilique fut reconstruite.
Le nombre de moines a peu à peu diminué aux VIIe et VIIIe siècle et ceux-ci deviennent des chanoines séculiers. Suite à des éboulements, la basilique est reconstruite aux VIIIe et XIe siècle, toujours dans le sens est-ouest.
Au milieu du IXe siècle, Hucbert, beau-frère de l'empereur Lothaire II, s'empare de l'abbaye. Tué en 864 dans une bataille à Orbe, il est remplacé à la tête de l'abbaye par son vainqueur, Conrad, comte d'Auxerre. La descendance de ce dernier, soit les rois de Bourgogne, de Rodolphe Ier à Rodolphe III dirigent l'institution jusque vers l'an mil. L'abbaye retourne en mains ecclésiastiques par la suite.
Le 15 février 1018, à la demande de ses familiers, le roi de Bourgogne Rodolphe III, donne ou plutôt rend à l'abbaye de Saint-Maurice d'Agaune les fiscs de Sciez, de Lully, de Commugny, la moitié de Pully, Oron-le-Châtel, la pauté de Vuadens, Bouloz, le plaid de Vevey, Lutry, Vouvry, Ollon, Villy, Naters, quelques droits à Saint-Maurice et l'ensemble des alpages du Chablais.
En 1128, Amédée III de Savoie qui en fut l'abbé laïc (1103-1147) aida à la renaissance de l'Abbaye de Saint-Maurice en y installant des chanoines réguliers suivant la règle de Saint-Augustin.
Un important atelier d'orfèvrerie romane semble y avoir été tenu aux XIIe et XIIIe siècle.
La règle n'est plus suivie de manière stricte à Saint-Maurice dès le XIVe siècle. Elle est rétablie au XVIIe siècle et la vie commune reprend dès le 10 septembre 1642.
Suite à un nouvel éboulement, la basilique dut être reconstruite au XVIIe siècle, en suivant l'orientation nord-sud cette fois-ci. En 1693, un incendie détruit presque complètement les bâtiments abbatiaux qui seront reconstruit au début du XVIIIe siècle.
En 1942, un nouvel éboulement détruit à nouveau une partie de l'église et le clocher. Ces bâtiments furent restaurés après la guerre et l'église obtint le titre de basilique mineure en 1948.
Des fouilles archéologiques sont en cours à l'emplacement des sanctuaires primitifs. Le trésor de l'abbaye et les fouilles peuvent être visités.
Organisation
L'Abbaye ne fut jamais dépendante d'un diocèse et d'un évêque, car elle bénéficia dès sa fondation de l'immédiateté pontificale, c'est-à-dire qu'elle dépend directement du Pape et de lui seul. Après avoir été un nullius diocesis, elle devient 'abbaye territoriale'. Ce qui veut dire que l'Abbé de Saint-Maurice exerce sa propre juridiction spirituelle sur sa communauté abbatiale ainsi que sur les paroisses de son territoire.
Congrégation canoniale autonome donc, l'abbaye compte actuellement 45 religieux, dont un prélat, 2 frères et 42 chanoines prêtres. Tous ne résident pas à l'abbaye ; certains habitent à l'extérieur, dans une paroisse du territoire, dans une paroisse du diocèse de Sion ou alors à l'extérieur pour assumer d'autres charges pastorales. Les chanoines desservent en effet 14 paroisses du diocèse de Sion, prêtant main forte à ce dernier.
Les paroisses du territoire abbatial sont au nombre de cinq :
- la basilique abbatiale, érigée en paroisse, comprenant l'abbaye, la basilique, le collège, la chapelle de Vérolliez et le home St-Jacques (résidence pour personnes âgées) ;
- la paroisse de Saint-Maurice et Mex, comprenant la chapelle de Notre-Dame-du-Scex ;
- la paroisse de Vernayaz ;
- la paroisse de Salvan ;
- la paroisse de Finhaut.
Ces paroisses regroupent environ 6000 catholiques.
L'Abbaye de St-Maurice possède un collège ayant un statut d'établissement semi privé car il est propriété des chanoines mais est régi par un concordat de 1806 entre l'abbaye et l'Etat du Valais. En 1806 en effet, le Valais reconnaît le collège en tant qu'établissement d'utilité publique et participe à son financement. Aujourd'hui encore, les chanoines dirigent l'établissement et trois d'entre eux y enseignent à savoir M. Ineichen, M. Salina et M. Escher.
Le trésor
Parmi les nombreuses pièces exposées, il convient de noter quelques éléments exceptionnels :
- la châsse de l'abbé Nantelme, datant de 1225 ;
- la châsse des enfants de saint Sigismond, datant du XIIIe siècle ;
- la grande châsse de saint Maurice, datant du XIIIe siècle ;
- le reliquaire de la Sainte Épine, offert par Louis IX de France ;
- le coffret de Teudéric, mérovingien, datant du VIIe siècle ;
- le vase de sardonyx, datant d'avant l'ère chrétienne et rehaussé d'orfèvrerie carolingienne ;
- l'aiguière de Charlemagne, d'époque carolingienne, aux émaux byzantins ;
- le chef-reliquaire de saint Candide, datant des environs de 1165.
Voir aussi
Article connexe
Bibliographie
- Saint-Maurice d'Agaune (collectif), dans Les chanoines réguliers de Saint-Augustin en Valais, Bâle 1997 (Helvetia sacra, IV/1)
Liens externes
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