Mlle George

Mlle George

Mademoiselle George

 Mademoiselle George

Marguerite-Joséphine Wiemer, dite Mademoiselle George, née à Bayeux le 24 février 1787 et morte à Passy le 12 janvier 1867 est une actrice française, peut-être, si on en croit Victor Hugo, Théophile Gautier, Alexandre Dumas père, Eugène de Mirecourt et plusieurs autres autorités de l’époque, la tragédienne qui a jeté le plus vif éclat sur la scène française.

Sommaire

Les débuts

Marguerite-Joséphine Wiemer prit comme nom de théâtre le prénom de son père. Sa mère, Marie Verteuil, était la tante de Jules Verteuil, le secrétaire de la Comédie-Française, était elle-même actrice et jouait les soubrettes avec talent. Ayant suivi son père à Amiens dont il fut plus tard le directeur du théâtre, elle débuta dans cette ville dans le drame et l’opéra-comique, sous la direction de celui-ci.

Dès l’âge de cinq ans, elle joua les rôles d’enfants dans Les Deux Chasseurs et la Laitière, Paul et Virginie, Les Deux Petits Savoyards, Le Jugement de Pâris. La célèbre cantatrice Madame Dugazon, en tournée à Amiens, lui apprit le rôle d’« Adolphe » dans Camille ou le Souterrain. S’émerveillant de la gentillesse et de la précocité de la petite actrice, elle s’éprit de l’enfant et demanda à son père de la lui confier. « Je me charge de sa fortune », ajouta-t-elle. Mais Georges Wiemer, qui adorait sa fille, ne voulut pas s’en séparer.

Quelques années plus tard, en 1801, la célèbre Mademoiselle Raucourt, chargée de recruter, pour la Comédie-Française, une élève, à laquelle le gouvernement allouait 1 200 francs de pension, si elle était jugée digne des leçons de la tragédienne, se trouva de passage à Amiens, où Mademoiselle George, alors âgée de quatorze ans et en paraissant dix-huit, lui donna la réplique dans Didon et dans Phèdre. George s’acquitta si bien des rôles d’« Élise » et d’« Aride », que Mademoiselle Raucourt, enthousiasmée, ayant fait connaître aux Wiemer les conditions du ministre, obtint d’emmener à Paris celle dont la célébrité devait un jour surpasser la sienne.

Accompagnée par sa mère pour obvier à la réputation dont jouissait la Raucourt, Mademoiselle George monta à Paris où elle suivit, toujours étroitement chaperonnée par sa mère, les leçons de la Raucourt dans l’ancienne petite chaumière de Thérésa Tallien. Raucourt était, à cette époque, la reine tragique sans rivale au Théâtre-Français, où elle se faisait remarquer par la noblesse de son jeu et la pureté de sa diction, mais elle manquait de sentiment et de tendresse. D’une exquise sensibilité, douée d’une admirable voix chaude et bien timbrée, étendue et sonore, flexible et puissante, sa jeune élève tira de son propre fond ce qui manquait à son professeur et sut allier à ses hautes qualités celles d’un jeu naturel et passionné. Elle fit ses débuts le 29 novembre 1802, avec Clytemnestre.

Son entrée en scène fut le début d’un triomphe général acclamant tant sa beauté que sa voix, souple et riche, à la diction pure et élégante. Elle joua trois fois le rôle de Clytemnestre qui fut un grand succès, puis elle passa à celui d’Aménaïde et le succès alla croissant. Enfin elle aborda le rôle d’Idamé, de l’Orphelin de la Chine.

La protection de Bonaparte

C’est vers cette époque qu’elle devient la maîtresse du Premier Consul (qui lui donne le petit nom de Georgina), après avoir été celle de son frère Lucien Bonaparte, ce qui poussa sa rivale Mademoiselle Duchesnois à monter une cabale qui divisa les amateurs de théâtre en deux camps. Ses partisans déclarèrent qu’on avait surpris leur admiration et la bataille commença. Il y eut deux partis dramatiques, et presque politiques, au Théâtre Français : les Georgiens et les Circassiens. Les Georgiens, faisant allusion à la maigreur de Duchesnois, appelaient ses partisans Carcassiens. Les jours où les deux actrices jouaient dans la même pièce, les banquettes du parterre volaient dans la salle. Les Georgiens ayant persuadé leur idole, comme riposte aux criailleries des Carcassiens, de jouer Phèdre, le triomphe de la Duchesnois, la victoire resta à George, qui fut admirable de passion dans le chef-d’œuvre de Racine, et elle put aborder tous les rôles : Athalie, Mérope, Agrippine, Cléopâtre, Médée. Elle fut proclamée la première dans les Reines. Les Carcassiens les plus endurcis déclarèrent eux-mêmes « qu’inimitable dans Sémiramis, elle se surpassa dans Mérope. »

En 1802, George, protégée par Bonaparte, et Duchesnois par Joséphine, étaient engagées au Théâtre-Français à quatre mille francs d’appointements. En 1804, le ministre Chaptal fit recevoir les deux rivales, sociétaires à demi-part, avec des attributions nettement définies. C’était le comble de la faveur et il ne fallait pas moins que l’influence de Bonaparte, d’un côté, et celle de Joséphine, de l’autre, pour arriver à ce double résultat.

«— Comment Napoléon vous a-t-il quittée ? » demanda un jour Alexandre Dumas père à Mademoiselle George. — Il m’a quittée pour se faire empereur ! répondit-elle.

En 1806, Mademoiselle George créa le rôle de la Reine, dans Les Templiers, de Raynouard, qui eurent un prodigieux succès. Elle créa ensuite le rôle de « Mandane » dans la tragédie d’Artaxerxès de Delrieu, le 30 avril 1808.

La protection du tsar Alexandre Ier

Au jour de la cinquième d'Artaxerxès, le 11 mai, elle disparut, sur ordre de Talleyrand dont elle était devenue l'agent, avec pour mission, notamment, de séduire le tsar Alexandre Ier. Elle arrive à Saint-Pétersbourg, en passant par Vienne, où elle est reçue par la princesse Bagration et s’arrête à Vilna où elle se fait applaudir par les princesses polonaises. En Russie, sa vie entra dans une nouvelle phase d’honneurs, de gloire et de richesse.

Elle débuta au milieu d’un enthousiasme prodigieux, à Peterhof, accompagnée de Vedel et de Mainvielle : le régisseur Fleuriot avait fait venir spécialement de Paris Vedel pour jouer les premiers rôles. Après huit représentations données à la Cour, devant l’empereur Alexandre, ses frères Constantin et Michel, l’impératrice-mère et l’impératrice régnante, Mademoiselle George débuta au Grand Théâtre, avec un immense succès. Toute la salle applaudissait comme un seul homme et les princesses elles-mêmes criaient : « George ! George ! » Il pleuvait des couronnes et des fleurs. La tragédienne, idole des Russes, royalement rémunérée et comblée de présents, menait un train princier, se promenait souvent dans une magnifique calèche attelée de quatre alezans de l’Ukraine. Ses diamants ont été légendaires. Quand l’empereur Alexandre l’apercevait, il descendait de sa voiture pour la saluer.


Le 28 septembre 1808, elle représenta Cinna à Erfurt devant l’Empereur, le Tsar et le roi de Saxe. Le 29, elle joua Britannicus, devant la même assemblée augmentée du prince Guillaume de Prusse, du duc Guillaume de Bavière et du prince Léopold de Saxe-Cobourg. Le 3 octobre, ce fut Philoctète, le 4, ce fut le tour d’Iphigénie en Aulide, le 6, la Mort de César, devant un auditoire couronné au grand complet : deux empereurs, trois rois, une reine, vingt princes et six grands-ducs.

Quelque temps avant l’entrée de Napoléon en Russie, Mademoiselle George avait sollicité la permission de quitter Saint-Pétersbourg au tsar qui lui avait répondu :

— Madame, je soutiendrai la guerre contre Napoléon pour vous garder.
— Mais, Sire, ma place n’est plus ici ; elle est en France.
— Laissez prendre les devants à mon armée et je vous y conduirai
— En ce cas, j’aime mieux attendre que les Français soient à Moscou, j’attendrai moins longtemps

Comme elle refusait avec énergie d’obtempérer aux ordres de la police russe lui enjoignant d’illuminer les fenêtres de son domicile - elle demeurait au N°15 de la perspective Nevsky dans l'hôtel particulier des Kosikovsky - à chaque nouvelle victoire russe, le tsar finit par lui donner l’autorisation de partir. Elle fut admirablement reçue par Bernadotte à Stockholm où elle resta trois mois, fêtée et choyée par la Cour et la ville. Au mois de juin 1813, elle partit pour la Westphalie où elle fut reçue par le roi Jérôme Bonaparte. À Dresde, elle donna cinquante représentations du 22 juin jusqu’au 10 août.

Retour en France

Réintégrée, grâce à Napoléon Ier, à la Comédie-Française avec part entière, et le temps de son absence compté comme présence, Mademoiselle George reparut dans Clytemnestre avec le plus grand succès. Elle hérita de la succession de Mademoiselle Raucourt qui, retirée à la campagne, ne jouait plus qu’à son corps défendant. Ce fut à cette époque que Napoléon tomba et fut exilé. Sa chute fut un poignant chagrin pour Mademoiselle George. Aussi, lors du retour de l’île d'Elbe, Mademoiselle Mars et Mademoiselle George, voulant assister à la rentrée de l’Empereur, prirent une fenêtre à Frascati. Elles portaient des chapeaux de paille de riz blancs, ornés d’énormes bouquets de violettes. On les savait persécutées depuis un an à la Comédie-Française, à cause de leur attachement à l’Empereur : elles furent remarquées, les violettes étaient un emblème du mois de mars, le mois de la naissance du roi de Rome et du retour de Napoléon. A partir de ce jour, les violettes devinrent un symbole. Quelques-uns portèrent même, comme un ordre de chevalerie, une violette d’or à la boutonnière. Quand Talma, George et Mars parurent le soir sur les planches, ils furent criblés d’applaudissements. Après Waterloo, Mademoiselle George sollicita la faveur d’accompagner l’Empereur déchu à Sainte-Hélène. Elle avait disparu en province lorsque un ordre du 8 mai l’expulsant de la Comédie-Française vint l’y trouver.

Mademoiselle George continua alors pendant cinq ans, de 1816 à 1821, la série triomphale de ses représentations sur les scènes de toutes les grandes villes françaises. Au commencement de l’année 1810, Mademoiselle George, de passage à Caen, voulut revoir sa ville natale, dont elle se trouvait si rapprochée. Elle arriva le 4 janvier dans la ville de Bayeux où l’annonce de sa venue avait causé une vive émotion. Très chaleureusement accueillie, elle se montra très sensible à ces marques de sympathie, disant à qui voulait l’entendre qu’elle venait « jouer en famille » et qu’elle ferait tous ses efforts pour mériter les suffrages de ses compatriotes. Le succès qu’elle obtint dans Mérope fut colossal, l’enthousiasme des Bayeusains tenait du délire.

Louis XVIII, voulant lui prouver le cas qu’il faisait de son talent, lui accorda un bénéfice à l’Opéra, dans Britannicus, avec le concours de toute la Comédie-Française. De mémoire d’homme, on ne vit pareille affluence. Réconciliée avec le public parisien, George reprit, à l’Odéon, où elle entra en 1821, tous ses grands rôles : Sémiramis, Mérope, Idamé, Clytemnestre.

Mademoiselle George tenait une salle tout entière suspendue à son geste et à son regard et le silence chez elle était aussi émouvant que la parole. Couvrant les situations difficiles de la majesté de sa nature, avec cette audace puissante du génie, elle passait par de brusques et sublimes transitions des larmes au rire et du rire à la terreur. Soumet, dans sa pièce de Saül (1822), confia le rôle de la Pythonisse à Mademoiselle George et composa tout exprès pour elle Cléopâtre et Jeanne d’Arc. Cette dernière eut un prodigieux succès. De même que la Jane Shore de Lemercier avait été faite en vue de Talma, la Jane Shore de Liadières fut composée pour Mademoiselle George. Ce fut son premier essai dans le drame shakespearien ; elle préludait à Christine et à Lucrèce Borgia, Elle créa ensuite la Salomé des Macchabées, où elle se fit applaudir avec enthousiasme.

En 1823, elle paraissait dans le comte Julien, dont le principal mérite était d’être joué par l’actrice en vogue. En 1827, une fugue improvisée la conduisit à Londres où elle obtint la représentation publique et à bureau ouvert, d’un ouvrage français. Le 28 juin 1827, elle donna Sémiramis et, quelques jours après, elle joua Mérope avec le même succès. En 1828, elle forma avec son compatriote Harel une troupe volante et fit une nouvelle tournée en province. Elle vint, au cours de cette tournée, donner quelques représentations à Bayeux pour la deuxième fois. Arrivée en décembre avec Harel, elle joua Sémiramis, Jeanne d’Arc, Cléopâtre, Rodogune et Phèdre. En 1829, elle poussa jusqu’à Amsterdam où elle donna plusieurs représentations. Cette même année 1829 la vit rentrer à l’Odéon dont Harel venait de prendre la direction à l’heure où l’aurore du romantisme pointait à l’horizon et la nouvelle formule de l’art dramatique trouvait en lui un appui ferme et dévoué.

Sans abandonner les chefs-d’œuvre classiques, Mademoiselle George se livra, corps et âme, à l’interprétation des drames romantiques et devint le porte-bannière de la nouvelle école, créant les principaux rôles dans une Fête de Néron, Norma de Soumet, la Maréchale d’Ancre, d’Alfred de Vigny, Jeanne la folle, de Fontan. Cependant, l’Odéon était un cadre un peu bien classique et démodé pour les pièces de l’école nouvelle que Harel affectionnait de plus en plus, artistiquement et pécuniairement parlant. Le 3 décembre 1831, accompagné d’une troupe superbe, il passe à la direction du théâtre de la Porte Saint-Martin suivi de Mademoiselle George. Après une reprise de Christine, elle crée successivement les principaux rôles dans la Tour de Nesle, Périnet Leclerc, Lucrèce Borgia, la Chambre ardente, Marie Tudor, la Famille Moronval, les Malcontents, le Manoir de Montlouvier, la Guerre des servantes, Jeanne de Naples, Isabeau de Bavière, la Marquise de Brinvilliers, les Sept Enfants de Lara, la Vénitienne, l’Impératrice et la juive, la Nonne sanglante.

A la première de Lucrèce Borgia, Mademoiselle George obtint un tel succès d’applaudissements, au premier acte, que l’émotion faillit l’empêcher de jouer les autres : « Ah ! Mon ami ! dit-elle à Victor Hugo, je n’aurai jamais la force de continuer ». Le poète dut la réconforter pour qu’elle puisse achever son rôle avec le même succès qu’au début. Jamais aucune actrice ne l’a égalée dans cette scène, Le lendemain, il écrivait : « Mademoiselle Georges passe, comme elle veut, et sans effort, du pathétique tendre au pathétique terrible. Elle fait applaudir et elle fait pleurer. Elle est sublime comme Hécube et touchante comme Desdémona. »

À propos de la création du rôle de Marie Tudor, le poète écrivait : « Depuis le sourire charmant, par lequel elle ouvre le second acte, jusqu’au cri déchirant, par lequel elle clôt la pièce, il n’y a pas une des nuances de son talent qu’elle ne mette admirablement en lumière. Elle crée, dans la création même du poète, quelque chose qui étonne et qui ravit l’auteur lui-même ; elle caresse, elle effraye, elle attendrit, et c’est un miracle de son talent que la même femme, qui vient de vous faire tant frémir, vous fasse tant pleurer. » Rachel, ayant toujours refusé avec obstination de prendre les conseils de Mademoiselle George, pour jouer Marie Tudor, se vit refuser constamment le rôle par l’auteur. « Ni Lucrèce Borgia, ni Marie Tudor ne trouveront de longtemps une interprète de cette force », écrivait Théophile Gautier en 1845. Le souvenir de Mademoiselle Georges se mêlera toujours à ces deux formidables rôles où elle a vraiment collaboré avec le poète, et ceux qui n’auront pas vu les deux pièces jouées par la grande actrice, n’en comprendront pas aussi bien l’effet irrésistible, immense ».

L’un des grands succès de George fut la Tour de Nesle. Le rôle de Marguerite de Bourgogne avait été fait pour elle et c’est avec quelque injustice qu’elle reprochait à l’auteur de l’avoir sacrifiée à Bocage qui jouait Buridan. Cependant, les émeutes qui marquèrent les débuts du règne de Louis-Philippe avaient porté les coups les plus funestes aux succès de la direction Harel. Les interdictions du Pacte de famine et de Vautrin achevèrent la ruine de l’infortuné directeur (26 mars 1840) qui dut reprendre alors ses fonctions d’impresario errant avec Mademoiselle George qu’il conduisit d’abord en province, puis en Italie, en Autriche et jusqu’en Crimée. Elle retourna même à Saint-Pétersbourg où elle fut aussi applaudie que lors de son premier voyage. En mars 1840, elle revint dans sa ville natale pour la troisième et dernière fois, y jouant Marie Tudor et Marguerite de Bourgogne, de la Tour de Nesle.

Ayant pris sa retraite en mai 1849, elle vécut dans la gêne et obtint la place d’Inspectrice du Conservatoire auparavant dévolue à Mademoiselle Mars. Elle reparut encore sur la scène de la Comédie-Française pour une représentation dans Rodogune qui laissa les spectateurs stupéfaits de lui voir encore tant de puissance. Son dernier effort fut, sans aucun doute, une représentation à l’Odéon le 3 juillet 1855. Lors de sa mort, la presse fut excellente. On alla en foule à son inhumation et l’Église, avare de ses pompes pour Molière, en fut prodigue pour la créatrice inspirée du rôle de Salomé dans les Macchabées. Elle fut enterrée au Père-Lachaise.

Les proches

  • La tragédienne avait une sœur, qui parut, sous le nom de « George Cadette », dans plusieurs théâtres où elle tint d’abord les rôles d’ingénue avec grâce et décence. Plus tard, elle passa à l’emploi des confidentes et s’acquitta avec un réel talent de divers rôles. Georges Cadette se fit remarquer surtout sur la scène de la Porte-Saint-Martin et au Théâtre-Historique. Elle a créé les rôles de « Mlle de Vaudrey » dans Vautrin (1840), de la « Nourrice » de Kennedy dans Catherine Howard (1843), de la « Veuve Plumeau » dans le Chevalier de Maison-Rouge (1847).
  • Mademoiselle George, stérile, n'aura pas d'enfant.

Citations

  • Elle a les abattis canaille (pour dire qu'elle a de grands pieds)
Napoléon Bonaparte
  • C'est la plus belle femme d'Europe
Napoléon Bonaparte
  • L'Empereur a tué mon Premier Consul.
Mademoiselle George (1804)
  • Mademoiselle George ressemble, à s’y méprendre, à une médaille de Syracuse, ou à une Isis des bas-reliefs éginétiques, L’arc de ses sourcils, tracé avec une pureté et une finesse incomparables, s’étend sur deux yeux noirs pleins de flammes et d’éclairs tragiques. Le nez, mince et droit, coupé d’une narine oblique et passionnellement dilatée, s’unit avec le front par une ligne d’une simplicité magnifique. La bouche est puissante, aiguë à ses coins, superbement dédaigneuse, comme celle de Némésis vengeresse, qui attend l’heure de démuseler son lion aux ongles d’airain ; cette bouche a pourtant de charmants sourires épanouis avec une grâce tout impériale, et l’on ne dirait pas, quand elle veut exprimer les passions tendres, qu’elle vient de lancer l’imprécation antique ou l’anathème moderne, Le menton, plein de force et de résolution, se dessine fermement, et relève, par un contour majestueux, ce profil qui est plutôt d’une déesse que d’une mortelle. Comme toutes les belles femmes du cycle païen, Mademoiselle Georges a le front large, plein, renflé aux tempes, mais peu élevé, assez semblable à celui de la Vénus de Milo, un front volontaire, voluptueux et puissant. Une singularité remarquable du cou de Mademoiselle Georges, c’est qu’au lieu de s’arrondir intérieurement du côté de la nuque, il forme un contour renflé et soutenu qui lie les épaules à la base de la tête sans aucune sinuosité. L’attache des bras a quelque chose de formidable par la vigueur des muscles et la violence du contour ; un des bracelets d’épaule ferait la ceinture pour une femme de taille moyenne ; mais ils sont très blancs, très purs, terminés par un poignet d’une délicatesse enfantine, et des mains mignonnes, frappées de fossettes, de vraies mains royales faites pour porter le sceptre et pétrir le manche du poignard d’Eschyle et d’Euripide.
Théophile Gautier (1835)

Sources

  • Mémoires de la Société des sciences, arts et Belles-Lettres de Bayeux, 6e v., Bayeux, Duvant, 1901, p. 1-40
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