Mitani

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Mitanni

Carte de la région du nord de la Syrie actuelle mettant en évidence la localisation du royaume de Mitanni.

Mitanni (ou Mittani et dans les textes assyriens Hanigalbat et Khanigalbat) était un royaume situé au nord de la Syrie actuelle, à peu près entre le XVIIe siècle av. J.-C. et le XIIIe siècle av. J.-C. Le nom fut utilisé plus tard pour désigner la région entre les rivières Khabur et Euphrate à l’époque néo-assyrienne. Mitanni était un État féodal dirigé par une noblesse d’origine guerrière. La population était composée de Hourrites (indigène) et d’Amurru (peuple parlant l'amorrite).

Le royaume de Mitanni s'étendait, à l'est, de Nuzi (aujourd’hui Kirkouk en Irak) et du Tigre, jusqu'à Alep et à la région Nuhashshe (au milieu de la Syrie) à l’ouest. Son centre était la vallée Khabur, avec deux capitales : Taidu (ou Taite) et Washshukanni, appelée Ushshukana dans les textes assyriens (Vasu-khani qui voulait dire « mine de richesse » en sanskrit, mais pourrait venir du Louvite vasu-). La région permettait l’agriculture sans irrigation artificielle, l’élevage du bétail, des moutons et des chèvres. Le climat était très similaire à celui de l’Assyrie.

Sommaire

Hurri, Mitanni/Maittani, et Hanigalbat

Mitanni semble avoir été le nom originel du royaume. Il est possible, mais contesté, que Mitanni soit la biblique Harran. La population était sans doute d’origine hourrite et l’aristocratie indo-aryenne. Le nom du royaume pourrait également lui venir d'un éventuel fondateur du nom de Maitta (en réalité ce royaume s'appelait « Maittani »).

Aucune source interne relatant l’histoire du Mitanni (c'est-à-dire Hanigalbat) n’a été trouvée jusqu’à présent. Notre connaissance du Mitanni provient principalement de textes assyriens, hittites et égyptiens, ainsi que d’inscriptions retrouvées dans les régions alentours, en Syrie. Il est souvent impossible d'établir une chronologie entre les dirigeants des différents pays et villes, encore moins d'établir de dater avec certitude les événements. La similarité entre des groupes linguistiques, ethniques et politiques constitue le facteur principal permettant de définir l'entité connue sous le nom de Mitanni.

Les annales hittites mentionnent un peuple appelé Hurri, situé au nord-est de la Syrie. Les annales du règne du roi hittite Hattushili I, qui ne nous sont malheureusement parvenues qu’à travers des copies postérieures, mentionnent un ennemi de la cité de Hurri. Il a été spéculé que ce terme pourrait avoir été à la place de KUR, « pays ». La forme initiale du nom était probablement Hurla. La version assyrienne akkadienne du texte traduit Hurri par Hanilgalbat. Les Assyriens utilisèrent le terme Mitanni, uniquement après la chute de l’entité politique.

Des sources égyptiennes utilisent le terme nhr, Naharina (du mot akkadien pour « rivière »). Le nom Mitanni ou Maittani est pour la première fois trouvé dans les chroniques de la guerre de Syrie (autour de 1480 av. J.-C.) d'Amenemhet, contemporain d’Aménophis Ier (-15251504 av. J.-C.) et peut-être de ses deux successeurs (sous la forme hiéroglyphique mtn).

Les noms de l’aristocratie de Mitanni révèlent une origine indo-aryenne. La population parlait sans doute une langue hourrite. Elle a été décryptée à partir de sources peu nombreuses. Un passage en hourrite dans les lettres d’Amarna – d’habitude écrites en akkadien, la lingua franca de l’époque – indique que la famille royale de Mitanni parlait également hourrite.

Il a été montré que des personnes portant des noms en langue hourrite étaient présentes dans de larges zones de Syrie et dans le nord du Levant qui étaient clairement hors de l'entité politique connue des assyriens sous le nom de Hanilgalbat. Il n'existe aucune indication que ces personnes se considéraient comme membres du peuple hourrite, ou devaient allégeance à l'entité politique qu'était Mitanni. Cependant, le terme Auslandshurriter (« expatriés hourrites ») a été utilisé par des auteurs allemands. Au XIVe siècle av. J.-C., il existait beaucoup de cités-états au nord de la Syrie et en Palestine qui étaient dirigées par des personnes ayant des noms en langue hourrite. Si on déduit de ce fait que la population de ces états était également hourrite, alors il est possible que ces cités aient fait partie d'une plus grande entité ayant une identité hourrite commune. Les différences entre les dialectes et les panthéons des diverses régions sembleraient indiquer l'existence de plusieurs groupes distincts parlant l'hourrite.

Histoire

La formation du royaume

Un « royaume des Hourrites » est mentionné dans les textes hittites datant de la fin de la période amorrite. Les souverains Hattushili Ier et Mursili Ier, qui mènent de nombreuses expéditions en Syrie du Nord, et même jusqu'en Babylonie entre -1620 et -1595 (date des prises d'Alep puis de Babylone par les Hittites) semblent très préoccupés par la puissance de ce royaume. Il y aurait donc dès le XVIIe siècle av. J.-C. un puissant royaume hourrite, qui est cependant inconnu par des sources directes, et reste donc inaccessible. Il serait sans doute centré sur le triangle du Khabur. Les Hourrites sont alors devenus l'ethnie dominante de la Syrie septentrionale.

On ne sait si ce royaume est déjà celui qui est mentionné pour la première fois dans une tombe égyptienne de la fin du XVIe siècle av. J.-C. comme le « royaume du Mitanni », aussi appelé couramment « royaume des Hourrites ». Il est en revanche certain que celui-ci est formé dans le courant du XVIe siècle av. J.-C.

Le souverain du Mitanni était mentionné souvent comme « roi des guerriers hourrites ». Ce royaume était centré sur la région du triangle du Khabur, où il faut chercher à situer sa capitale, Washshukanni, qui n'a pas été retrouvée. On a cherché à l'identifier au site de Tell Fakhariya, qui correspond à la ville du nom de Sikanni à l'époque médio-assyrienne. Mais malgré la proximité phonétique entre le nom des deux cités, aucun niveau hourrite d'importance n'y a été retrouvé. Les archives des souverains mitanniens nous sont donc inaccessibles. Pour reconstituer l'histoire de ce royaume, il nous faut donc nous appuyer sur les renseignements donnés par leurs vassaux, notamment Alalakh et surtout Nuzi, ainsi que par les sources des grands royaumes voisins, comme les Hittites, les Assyriens, et aussi les Égyptiens, avec l'important corpus retrouvé à El Amarna, la capitale d'Akhenaton.

Du premier roi du Mitanni dont le nom est connu, fils de Kirta, on ne connaît rien. On sait qu'il a existé par un sceau à son nom repris par un des ses successeurs, Shaushtatar, ce qui atteste de l'existence d'une lignée de roi mitanniens remontant au moins au milieu du XVIe siècle av. J.-C. Le premier roi que l'on connaît mieux est Barattarna, qui règne au début du XVe siècle av. J.-C., évoqué dans des textes comme suzerain dans les villes d'Alalakh (dans l'inscription d'Idrimi notamment) et de Nuzi. Le royaume du Mitanni est alors déjà très puissant et rassemble en une sorte de confédération de nombreux royaumes vassaux comme Alep, Alalakh, Ugarit, Karkemish, Emâr, le Nuhasse, le Kizzuwatna, Arrapha, le Hana. Le Mitanni a alors étendu sa domination des piémonts du Zagros à l'est, jusqu'à la Méditerranée à l'ouest ; du Taurus au nord, jusqu'aux alentours de Qadesh et du Hana en bordure des steppes syro-mésopotamiennes au sud.

Le fonctionnement du royaume du Mitanni est très mal connu en l’absence d’archives administratives. Il semble être une sorte de confédération dominé par le roi du Mitanni, un des « Grands Rois » (šarru rabu) du Proche-Orient de la seconde moitié du IIe millénaire av. J.-C. (au même titre que ceux d’Égypte, de Babylone, des Hittites). Les royaumes vassaux devaient disposer d’une certaine latitude dans leurs affaires internes comme paraissent le montrer les archives d’Alalakh et de Nuzi. C’est apparemment un système plus lâche que celui mis en place par la suite par les Assyriens, peut-être proche de celui que l’on connaît pour les Hittites. L’organisation du royaume du Mitanni proprement dit est impossible à appréhender, nous ne disposons que de renseignements épars, en très faible quantité.

La lutte contre l'Égypte

Le royaume du Mitanni va ensuite connaître quelques difficultés face aux Hittites menés par , et surtout face aux Égyptiens. Ces derniers, délivrés des envahisseurs Hyksos venus du Levant, désirent prendre leur revanche en allant combattre les peuples « asiatiques » sur leur propre sol. Les premiers pharaons à affirmer leurs prétentions sur ces régions sont Ahmosis (-1576 – -1526) et Amenhotep Ier (-1546-1526), qui parviennent jusqu'à l'Euphrate, mais ne remportent que des succès de prestige sans assurer de réelle domination. Après une absence pendant la régence de la reine Hatshepsout (c. -1499 – -1478), son neveu Thoutmosis III (-1504-1450) monte sur le trône, et désire rétablir la puissance égyptienne au Proche-Orient. Pendant le règne d'Hatchepsout, les Mitanniens ont rétabli leur influence dans la région. Ils fomentent une révolte contre les Égyptiens autour de la ville de Qadesh. Thoutmosis III passe alors à l'offensive : dans un premier temps, il prend Megiddo, puis remonte vers Alep. Il s'assure ensuite la domination de la région autour de cette ville, et reçoit le tribut des souverains locaux. Peu de temps après, il se porte contre la région du Djahy et Qadesh. Au cours d'une campagne suivante, Thoutmosis III prend des otages pour s'assurer le calme dans la région. Mais ce n'est pas suffisant et il doit encore mener une campagne pour prendre la ville d'Ullaza et soumettre les cités portuaires phéniciennes. Le nouveau roi mitannien Shaushtatar a organisé une résistance acharnée à l'envahisseur, mais il ne peut plus désormais éviter l'affrontement direct. Pendant que Thoutmosis III s'empare de Qatna, le Mitanni prépare la riposte. Malgré cela, le pharaon passe l'Euphrate, remonte vers Karkemish, avant de revenir vers l'Oronte. Les Hourrites sont cependant loin d'être vaincus. Thoutmosis III doit encore affronter Shaushtatar au Naharina, et le défait à Alep. Mais la région reste insoumise : les Égyptiens doivent encore revenir dans la région les années suivantes, face au Djahi, et aux cités phéniciennes, puis Qadesh. De nombreuses cités, même en Anatolie où le pharaon n'a pas pénétré, lui payent tribut. Mais les dix-sept campagnes de Thoutmosis III n'ont pas atteint le Mitanni comme le laisse paraître une telle débauche d'énergie. Dans son rôle de résistant, ce royaume a su tenir bon, et rassembler autour de lui les cités de Syrie et du Levant promptes à se lever contre l'envahisseur. Amenhotep II (-1450-1425) intervient encore dans la région. D'abord à Qadesh et dans le Naharina, puis à Niya, où les Mitanniens remportent une victoire qui leur permet de rétablir leur influence dans le Naharina.

La lutte contre les Hittites

Après cette campagne, la situation change. Les relations entre les deux puissances deviennent amicales. et Thoutmosis IV (-1425 – -1417), et Shuttarna II et Amenhotep III (-1417 – -1379) s'échangent de nombreux présents et nouent des liens familiaux. Une limite de zones d'influences est fixée : les Mitanniens en Syrie et les Égyptiens en Palestine. Ce rapprochement a deux raisons principales. D'abord l'épuisement des deux royaumes après ces années de conflits, et l'émergence d'une nouvelle puissance : les Hittites. (c. -1450-1420) a profité du conflit entre le Mitanni et l'Égypte pour empiéter sur les positions du premier, son voisin direct. Il est même parvenu à s'assurer le contrôle temporaire d'Alep. Cette menace change la politique extérieure du Mitanni, bien que dans un premier temps elle soit assez faible, et que les Hittites soient aussi engagés dans de rudes conflits en Anatolie, ce qui allège le poids qu'ils font peser sur les Hurrites. Le roi Hattushili II, qui règne peu de temps, se fait même déborder par Artatarma Ier au Kizzuwatna. Tudhaliya II réussit à rétablir son influence sur le Kizzuwatna, et signe un traité d'alliance avec son roi Shunashshura II. Son fils s'empare ensuite de ce royaume, et repousse les Hurrites. Il doit cependant abandonner des territoires plus à l'est à Shuttarna II.

Le situation se dégrade alors du fait de l'apparition de cette nouvelle puissance : le roi d'Amurru, Abdi-Ashirta, cherche l'alliance hittite pour s'affranchir de la domination égyptienne. Il rassemble une coalition autour de lui, et prend son indépendance, ce qui menace directement le Mitanni. À Washshukanni, un coup d'État se produit alors : Artashumara, le successeur de Shuttarna II est assassiné, et l'instigateur de la révolte, Tuhi, prend la régence du royaume. Mais c'est finalement Tushratta, probablement lui aussi le fils de Shuttarna II, qui rétablit la situation en prenant le pouvoir. Il marie alors sa fille Tadu-Hebat à Amenhotep III pour s'assurer son alliance. Cette situation troublée n'a pas trop desservi les Hourrites car les Hittites connaissaient parallèlement une période de recul. Le conflit reprend entre Tushratta et Tudhaliya III, chez qui s'est réfugié Artatama, un rival pour la succession sur le trône mitannien. Il dirige contre lui une coalition autour de l'Ishuwa (région autour de Milid), et réussit à le mettre en échec.

Tudhaliya III, qui doit affronter une situation catastrophique, est détrôné par son fils Suppiluliuma Ier vers -1380. Ce souverain est largement au-dessus de ses contemporains : Tushratta ne dispose pas des mêmes moyens, et n'est que faiblement soutenu par le Pharaon Amenhotep IV/Akhenaton, qui monte sur le trône vers -1380. Artatama reste présent dans l'entourage de Suppiluliuma, qui va chercher à le faire roi du Mitanni pour pouvoir ainsi s'assurer la domination de ce royaume. Après avoir consacré la première décennie de son règne à rétablir la situation à son avantage en Anatolie, il attaque les régions bordant la Méditerranée, et prend Alep, qui devient sa vassale. Tushratta ne peut réagir, et évite l'affrontement direct, préférant fomenter une révolte autour des grandes cités de la région. Mais, plutôt que d'aller attaquer les rebelles, Suppiluliuma décide de s'en prendre directement au Mitanni. Il dirige ses troupes vers l'Ishuwa, travers l'Alshe, et pénètre directement au cœur du Hanigalbat. Tushratta fuit, et laisse sa capitale Washshukanni sans défense. Suppiluliuma s'en empare et la pille. Il fond ensuite sur les cités coalisées et les soumet. Les Mitanniens sont vaincus sur tous les plans et considérablement affaiblis : seule Karkemish reste leur vassale.

Déclin et fin du Mitanni

Suppiluliuma continue sur sa lancée, vers les cités vassales de l'Égypte de Toutankhamon, qui ne réagit pas plus que son père Akhenaton. Il soumet l'Amurru où règne Aziru, le fils de Abdi-Ashirta, qui s'était constitué un royaume indépendant et agressif envers ses voisins, et la ville d'Ugarit. Puis il profite d'une attaque mitannienne contre Karkemish, qui s'était révoltée, et s'empare enfin de la ville où il établit un de ses fils comme roi. Il repousse ensuite une faible attaque égyptienne. Tushratta est assassiné peu après par un de ses fils. Mais c'est alors qu'un nouveau rebondissement se produit : le réveil de l'Assyrie. La vieille puissance, longtemps vassale des Hourrites, a profité de leur affaiblissement pour se rendre indépendante, et aussitôt devenir une menace. Son roi Assur-uballit Ier intervient au Mitanni. Artatama (II) et son fils Shuttarna achètent son soutien pour enfin monter sur le trône du Mitanni. Mais Suppiluliuma, bien qu'ancien allié d'Artatama, ne le voit pas d'un bon œil, et soutient Shattiwazza, le fils de Tushratta. Le Hittite sera cependant d'un faible soutien, car la situation dans son pays est troublée. Shattiwazza réussit cependant à prendre Harran et Washshukanni, avant qu'Assur-uballit n'intervienne et ne le repousse. Le Mitanni est alors divisé en deux : à l'ouest, Shattiwazza soutenu par les Hittites du roi Arnuwanda II et à l'est Shuttarna III soutenu par l'assyrien Assur-uballit I. Ce dernier est de fait le véritable maître de ce pays. Profitant de la faiblesse de Arnuwanda II, il prend définitivement le Mitanni occidental, et soumet totalement le royaume qui jadis dominait ses ancêtres.

Le Mitanni survécut quelque temps encore sous l'égide de l'Assyrie. La région était alors soumise aux luttes entre les Hittites de Mursili II et les Assyriens, qui reculent dans un premier temps. Mais ils réagissent avec l'avènement d'Adad-nerari Ier (-1308 – -1275), qui menace sérieusement Muwatalli II. Les Assyriens décident d'en finir définitivement avec le Mitanni, situé dans la région où se déroule le conflit. Shattuara I mis en place par Assur-uballit I, puis son fils Wasashatta s'étaient succédé sur le trône du Hanigalbat. Le dernier roi, Shattuara II se serait révolté contre le joug assyrien, ce dont profite Salmanazar Ier (-1275-1245) pour mettre définitivement fin au royaume du Mitanni, en même temps qu'il repousse les Hittites de la région.

Hanigalbat, Province assyrienne

Une partie de la population fut déportée. Des documents administratifs mentionnent de l'orge alloué à des « hommes déracinés », déportés du Mitanni. Par exemple, le gouverneur de la ville de Nahur, Meli-Sah reçu de la part de Shuduhu de l’orge destiné à être distribué aux déportés « comme graine et nourriture pour leurs bœufs et pour eux-mêmes ». Les Assyriens construisirent une série de fortifications à la frontière avec les Hittites le long du Balikh.

Le Mitanni était alors dirigée par le « grand-vizir » assyrien Ili-ippada, un membre de la famille royale, qui prit le titre de roi (šarru) du Hanigalbat. Il résidait dans le centre administratif assyrien de Tell Sabi Abyad, construit peu de temps auparavant. Les Assyriens avaient non seulement un contrôle politique et militaire, mais également une mainmise sur le commerce. En effet, aucun nom hourrite n'apparaît dans les archives privées à l'époque de Salmanazar.

Sous Tukulti-Ninurta Ier (vers 1243 av. J.-C.1207 av. J.-C.), il y eut encore de nombreuses déportations du Hanilgalbat (Mitanni) vers Assur, probablement en raison de la construction d'un nouveau palais. Les inscriptions royales mentionnent l'invasion d'Hanigalbat par un roi hittite qui pourrait correspondre à une nouvelle rébellion ou à un soutien à une invasion hittite. Il est possible que les villes assyriennes aient été saccagées à cette époque. Des niveaux détruits qui ne peuvent malheureusement pas être datés avec précision ont été retrouvés lors des fouilles. Tell Sabi Abyad, siège du gouvernement assyrien à l'époque de Salmanasar, fut abandonnée entre 1200 av. J.-C. et 1150 av. J.-C.

Sous Assur-Nerari III, les Mushku et d'autres tribus envahirent le Hanilgalbat qui ne revint plus jamais dans le giron assyrien. Les Hourrites étaient encore maître de Katmuhu et Paphu.

Culture matérielle

Sites archéologiques

Il existe peu de sites archéologiques situés dans la zone centrale du royaume du Mitanni qui présentent des niveaux archéologiques datant de cette période. Cela s'explique par le fait que peu de sites ont encore été fouillés dans la vallée du Khabur, et également parce que les Assyriens ont réaménagés la plupart des villes qu'ils ont investi après s'en être emparées. Beaucoup reste donc encore à faire.

L'étude du Mitanni souffre du fait qu'aucune des capitales de ce royaume n'ont été découvertes, ou du moins qu'aucun site connu n'a pu être identifié avec certitude comme étant l'une d'elles. Pour Washshukanni, on a un temps supposé que Tell Fakharihé portait les ruines de cette cité, mais cela s'est avéré sans fondement. Pour Taidu, on a proposé de la localiser à Tell Brak ou Tell al-Hamidiya. D'autres sites de la zone centrale du royaume du Mitanni qui présentent des niveaux archéologiques de cette période sont Tell Mohammed Diyab, Tell Mozan, Tell Barri ou encore Tell Sheikh Hamad.

Quasiment aucun de ces sites n'a livré de tablettes datant de l'époque du Mitanni. Seules deux tablettes juridiques datant des règnes de Artashumara et Tushratta témoignent de l'acctivité des scribes du Mitanni sur leur propre sol.

On connaît mieux certains sites localisés en dehors du cœur du Mitanni, qui étaient dominés par ce royaume : Ebla, Alalakh à l'ouest, Tell Rimah et surtout Nuzi et Kurruhani à l'est, qui sont situés dans le royaume d'Arrapha, habité par des Hourrites.

Architecture

Du peu de fouilles concernant le royaume de Mitanni qui ont été effectués, on peut relever quelques bâtiments notables.

Tell Brak comprend un palais datant du XVIe siècle av. J.-C. (niveau VI), qui présente une organisation unique en son genre. Il est organisé autour d'une cour centrale au sud, qui est une grande pièce de réception ; au nord se trouve une autre grande cour ; il y avait probablement un étage supérieur pour la résidence. On y a retrouvé des objets en verre, faïence, des vases en albâtre, du mobilier et deux tablettes en hourrite. Un temple jouxte cet édifice. Quelques résidences de cette époque ont également été fouillées.

Tell Mohammed Diyab présente un niveau de l'époque mitannienne, comprenant diverses habitations, ainsi qu'un petit temple. Comme à Tell Brak, cette période est marquée par deux destructions successives.

À Tell al-Hamidiya, un niveau du Bronze récent a été mis au jour, avec un complexe palatial constitué d'une grande salle, avec deux anti-chambres ; il est remanié lors de l'implantation des Assyriens.

Artisanat

La céramique caractéristique des niveaux de l'époque du Mitanni est appelée « céramique de Nuzi », du nom du premier site où elle a été identifiée. Elle est présente en Haute Mésopotamie au début de la seconde moitié du IIe millénaire av J.-C., succédant à la « céramique du Khabur » de l'époque paléo-babylonienne. C'est une céramique de qualité, à fond sombre, avec des motifs blancs peints, de forme géométrique ou animaliers. Les formes sont peu variées, et plutôt simples : jarres, cruches, assiettes, gobelets notamment.

Les autres types de céramique attestés sur les sites mitanniens sont plus basiques, répandus dans toutes les parties des sites, aussi bien chez les plus aisés que chez les plus pauvres. Ils sont généralement non peints, de styles et formes assez variés.

Quelques trouvailles, notamment à Tell Brak et Nuzi, ont fourni des objets en verre, dont les techniques de confection progressent à cette période, les artisans élaborent des objets glaçurés, en faïence.

Liens possibles avec le sanskrit et les Indo-Aryens

Certains experts ont essayé de faire correspondre les divinités vénérées par les habitants de Mitanni aux divinités védiques et de relier les noms de l'aristocratie à des racines indo-aryennes. Dans un traité entre les Hittites et le Mitanni, les dieux Mitra, Varuna, Indra et Nasatya (Ashvins) sont invoqués. Le texte de Kikkuli sur l'entraînement des chevaux contient des termes techniques tels que aika (eka, un), tera (tri, trois), panza (pancha, cinq), satta (sapta, sept), na (nava, neuf), vartana (vartana, rond). Un autre texte montre les correspondances suivantes : babru (babhru, brun), parita (palita, gris), and pinkara (pingala, rouge). Leur fête principale était la célébration du solstice (vishuva), pratique courante dans la plupart des civilisations antiques. Les guerriers de Mitanni étaient appelés marya', qui a le même sens en sanskrit.

Les interprétations des noms royaux du Mitanni à partir du sanskrit font correspondre Shuttarna à Sutarna (« bon soleil »), Baratarna à Paratarna (« grand soleil »), Parsatatar à Parashukshatra ("seigneur à la hache"), Saustatar à Saukshatra (« fils of Sukshatra, le bon seigneur »), Artatama à « le plus droit », Tushratta à Dasharatha (« ayant dix chars » ?), et, finalement, Mattivaza à Mativaja (« dont la richesse est prière »). Certains experts pensent que les rois n'étaient pas les seuls à avoir des noms Indo-Aryens. Un grand nombre d'autres noms ressemblant au sanskrit ont été découverts parmi les inscriptions et archives de cette région. Cependant, on[Qui ?] essaie souvent, à tort, d'interpréter les noms antiques là où cela n'a pas lieu d'être.

Il a été souvent suggéré que l'aristocratie originelle du Mitanni qui portait des noms Indo-Aryens, avait émigré du nord et soumis les indigènes hourrites de Syrie qui n'étaient pas Indo-Aryens, bien que les preuves historiques soient peu nombreuses. Certains ont tenté de relier le nom M(a)itanni avec Madai (Mèdes), des Indo-Iraniens qui disposaient d'un empire à l'ouest quelques siècles plus tard. Comme les noms le suggèrent, les Indo-Aryens et les Indo-Iraniens (Perses) étaient des groupes linguistiques proches. De plus, certaines sources kurdes affirment que le nom d'un de leur clan, le Mattini, vient de Mitanni. Des archéologues ont attesté d'un parallèle frappant avec la diffusion en Syrie d'un certain type de poterie associé avec la culture Kuro-Araxes, cependant l'époque qu'ils attribuent pour cet évènement est plus ancienne que celle durant laquelle les Mitanni seraient arrivés. Quant aux Aryens védiques parlant le sanskrit, il semble qu'ils commencèrent à émigrer en Inde vers la même époque (peut-être autour de 1500 av. J.-C.).

Eusèbe de Césarée, écrivant au IVe siècle et citant des fragments d'Eupolemus, un historien juif du IIe siècle av. J.-C. dont les écrits sont désormais perdus, affirme que vers l'époque d'Abraham (vers 1700 av. J.-C. ?), « les Arméniens envahirent les Syriens » - ce qui paraît plausible, et serait la seule référence historique de l'invasion possible de la classe dirigeante de Mitanni d'origine Indo-Aryenne, qui en ce temps-là pourrait ne pas avoir été les arméniens actuels per se, mais qui sont probablement originaires de la même région, connue plus tard sous le nom d'Arménie.

Souverains du Mitanni

Note : la datation est approximative, aucune certitude n’existe à son propos.

Villes

  • Amasakku, localisation inconnue
  • Eluhat
  • Harranu, forteresse
  • Hurra, peut-être près de Mardin
  • Irridu/Irrite, entre Karkemish et Harran, peut-être Ordi ou Tell Bender
  • Kahat, Tell Barri sur la Jaghjagh
  • Katmuhu
  • Nabula, Girnavaz près de Nusaybin
  • Nahur
  • Pakar(r)ip(p)a
  • Paphu
  • Nuzi/u, Yorgan Tepe près de Kirkouk
  • Shuduhu, peut-être dans la region de Khabur
  • Shuru, peut-être Savur au nord de Tur-'Abdin
  • Sudu, forteresse
  • Taidu, cité royale, location inconnue
  • Tell Brak
  • Tell Rimah
  • Tell Sabi Abyad, siège du gouverneur assyrien (nom assyrien inconnu)
  • Urkesh, Tell Mozan au nord de la Syrie, capitale hourrite à la fin du 3e millénaire
  • Washshukanni, Ushshukana, sur le cours supérieur du Khabur, peut-être Tell Fecheriye ou Tell Hamukar

Annexes

Articles connexes

Sources

  • (en) G. Wilhelm, « The Kingdom of Mitanni in Second-Millenium Upper Mesopotamia », in J. Sasson (dir.), Civilizations of the Ancient Near East, New York, 1995, p. 1243-1254
  • (en) G. Wilhelm, The Hurrians, Warminster, 1989
  • J.Freu, Histoire du Mitanni, Paris, 2003
  • (en) A. Harrak, Assyria and Hanigalbat. A historical reconstruction of the bilateral relations from the middle of the 14th to the end of the 12 centuries BC, Hildersheim, Zurich, New York, 1987
  • (de) P. Pfälzner,Mittanische und Mittelassyrische Keramik: Eine chronologische, funktionale und produktionsökonomische Analyse, BATSH 1, Berlin, 1995
  • (en) E. Gaal, « The economic role of Hanilgalbat at the beginning of the Neo-Assyrian expansion », in Hans-Jörg Nissen et Johannes Renger (éds.), Mesopotamien und seine Nachbarn. Politische und kulturelle Wechselbeziehungen im Alten Orient vom 4. bis 1. Jahrtausend v. Chr., Berlin, 1982, p. 349-354
  • (de) C. Kühne, « Politische Szenerie und internationale Beziehungen Vorderasiens um die Mitte des 2. Jahrtausends vor Chr. (zugleich ein Konzept der Kurzchronologie). Mit einer Zeittafel », in Hans-Jörg Nissen et Johannes Renger (éds.), op. cit. , p. 203-264
  • (en) R. F. S. Starr, "Nuzi", 2 t., Cambridge, 1937-1939
  • (de) Weidner, « Assyrien und Hanilgalbat », in Ugaritica 6, 1969
  • (en) Thieme, P., « The 'Aryan Gods' of the Mitanni Treaties », JAOS 80, 1960, p. 301-317

Bibliographie

  • (en) M. Novák: Mittani Empire and the Question of Absolute Chronology: Some Archaeological Considerations ; in: Manfred Bietak, Ernst Czerny (Hg.): The Synchronisation of Civilisations in the Eastern Mediterranean in the Second Millenium BC III ; Österreichische Akademie der Wissenschaften Denkschrift Band XXXVII; Wien, 2007 ; p. 389-401

Liens externes

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