- Indra
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Indra Monture Airâvata Conjoint l'éclair,
l'arc-en-cielmodifier Indra (devanagari: इन्द्र) est le roi des dieux et Seigneur du Ciel dans la mythologie védique de l'inde ancienne. Il est originellement issu du dieu indo-européen de la guerre et de l'orage.
Indra apparaît comme l'une des principales divinités dans le Rig-veda. Il est en particulier célébré comme le meurtrier de Vṛtra et tient une place centrale dans le sacrifice de Soma. On le qualifie de nombreux épithètes, notamment vṛṣan le taureau, et Vṛtrahan, meurtrier de Vrtra, le rétenteur des eaux célestes. Dans la religion zoroastrienne de l'Iran ancien, Indra est présenté comme faisant partie des "archidémons".
Au sein du védisme ancien, en tant que dieu guerrier, sa puissance se manifeste dans la fonction guerrière des kshatriyas. Son pouvoir illimité de vainqueur invaincu lui permet d'être un des Ādityas. Un compagnonnage guerrier, les Maruts, comparable à celui qui entoure le dieu nordique Odin, l'accompagne. Divinité guerrière et seigneur de ses hommes, sa puissance est celle d'un général d'armée, d'un taureau géniteur, d'un ami généreux.
L'avènement de l'hindouisme transforme ce dieu tutélaire des Aryas en roi des devas, puis en roitelet supplanté par Vishnou et Shiva. L'iconographie le réduit à un personnage anthropomorphe qui chevauche l'éléphant Airâvata.
Sommaire
Étymologie et origine: un dieu de la guerre et de l'orage
Le nom « Indra » n'a pas d'étymologie certaine. Parmi les étymologies discutées, les linguistes ont avancé la base indo-européenne *H2ner « homme noble », mais aussi des dérivés de *√H3eid- « enfler »[1].
Indra a été rapproché par Georges Dumézil et d'autres spécialistes de l'histoire des religions d'autres dieux indo-européenns de la guerre et de l'orage, tels que le dieu nordique Thor, le dieu lituanien Perkunas ou encore le dieu slave Perun, dont il partage les caractéristiques essentielles. Son rôle de « frappeur » est un autre héritage de sa fonction orageuse. Pour Xavier Delamarre, les compagnons d'Indra, les Maruts, sont également des divinités orageuses. Leur nom serait à rapprocher du dieu latin de la fonction guerrière Mars.
En accord avec ses homologues indo-européens, Indra est avant tout honoré en tant que tueur du serpent Vṛtra qui retient les eaux célestes et les biens de la saison claire.
Védisme
इन्द्र Indra évoque la puissance physique et mentale manifestée par les combattants vainqueurs (kshatriyas) dans l'antique société védique. Il est le deva le plus souvent mentionné dans le Rig-véda (250 sûkta environ se réfèrent à lui)[2].
Pour signaler sa puissance, le Veda utilise plus de traits anthropomorphiques que pour les autres devas. Il possède la force impavide et diligente de l'homme d'action, et celle d'un guerrier aux caractères physiques puissants. Il manifeste une soif inextinguible d'élixir vital, le Soma. Il brille aussi d'une sagesse faite d'intelligence, de prudence, et de jugement sûr. Faconde et despotisme illustrent son caractère, mais il est magnanime. Ce taureau belliqueux à la force héroïque est aussi très fécond[2]. Vatsa fils de Canwa chante : « ô Indra, ta puissance éclate, et alors tu domines sur les nations, grand, fort, infini »[3].
Une paire de chevaux azurés tire son char doré. Sa droite manie le vajra, son foudre de guerre forgé par Tvastar. Ce sauveur est un grand combattant, vainqueur invaincu, qui soumet les dasya ténébreux et leur ravit de riches butins qu'il distribue ensuite aux siens avec générosité[4]. Visvamitra chante : « Noble héros, pousse dans les airs tes rapides chevaux, et de ton char laisse tomber sur nous l'abondance »[5].
Hindouisme
L'importance de इन्द्र Indra décroit dans l'hindouisme tardif, comparée à celles de Vishnou et de Shiva. Pour l'hindouisme (et le jaïnisme), Indra réside désormais, comme tous les dieux majeurs, sur l'axe du monde, le mont Meru[6].
Cette puissance agissante, ce numen impressionnant du védisme antique se réduit désormais à une représentation, à un symbole du pouvoir royal, que l'hindouisme n'hésite pas à travestir par l'iconographie, ce qui était impensable pour la culture védique des anciens.
L'arme d'Indra, celle qu'il utilise pour abattre Vṛtrá[7], (personnification de la sécheresse, mais aussi de la résistance, de l'inertie), est l'éclair Vajra, mais il utilise aussi son arc magique, Shakradhanus, l'arc-en-ciel. Son vâhana ou véhicule est Airâvata, l'éléphant blanc aux quatre défenses qui se tient à l'entrée de Svarga, le domaine du dieu dont la capitale est Amarâvatî. C'est là où résident les héros après leur mort sur le champ de bataille et où ils profitent du spectacle des apsaras et des gandharvas.
Indra est également un des dikpala, le gardien de l'est. C'était probablement à l'origine une divinité solaire, conduisant un chariot doré dans le ciel. Apportant l'eau sur la terre, il est parfois vénéré comme un dieu de la fertilité, la force présente dans la substance séminale des êtres vivants, pouvant ramener à la vie les soldats morts sur le champ de bataille.
Son épouse est Indrânî, dont il a tué le père, Puloman. Il a pour descendance Jayanta, Midhusa, Nilambara, Ribhus, Rsabha, Sitragupta et Arjuna dont la mère est Kuntî.
Meghanâda, le fils du démon Râvana, le fait un jour prisonnier à Lankâ, mais les dieux paient sa rançon et le libèrent.
Dans la mythologie tardive, Indra est représenté comme un jeune homme musclé à la peau rouge, possédant parfois quatre bras très longs.
Bouddhisme
Il est connu dans le bouddhisme sous le nom de Shakra (Shaka en pâli) ou assimilé au bodhisattva Vajrapani. Il est l'un des personnages majeurs des Jâtaka.
Indra s'appelle In ou Phra In en thaï, Phya In en laotien, En ou Phra En en khmer, Dvango, Lha-i Rgyal-po ou Bdo-sogs en tibétain, Qormusta ou Tengri en mongol, Yintuo-luo en chinois, Indara en japonais et Inda en pâli.
Voir aussi
Liens internes
Liens externes
Bibliographie
- Gerhard J. Bellinger, Knaurs Grosser Religions Führer, 1986, traduction française préfacée par Pierre Chaunu sous le titre Encyclopédie des religions, 804 pages, Librairie Générale Française, Paris 2000, Le Livre de Poche, ISBN 2-253-13111-3
- Kreith Crim, General Editor, The Perennial Dictionary of World Religions, originally published as Abingdon Dictionary of Living Religions, 830 pages, Harpers and Row, Publishers, San Francisco, 1981, ISBN 978-0-06-061613-7
- Jan Gonda, Die Religionen Indiens, Band 1: Veda und älterer Hinduismus, 1960, traduction italienne de Carlo Danna sous le titre Le religioni dell'India : Veda e antico induismo, 514 pages, Jaca Book, Milano, 1980 ISBN
- Jan Gonda, Védisme et hindouisme ancien. Traduit de l'allemand par L. Jospin, 432 pages, Payot, Paris 1962, ISBN
- Alexandre Langlois, Rig-Véda ou Livre des hymnes, 646 pages, Maisonneuve et Cie, 1872, réédité par la Librairie d'Amérique et d'Orient Jean Maisonneuve, Paris 1984, ISBN 2-7200-1029-4
- Alain Daniélou, Mythes et dieux de l'Inde, 643 pages, Flammarion Champs essais, 1994, ISBN 978-2-0808-1309-1
Notes et références
- http://www.iranica.com/articles/indra
- Jan Gonda, Veda e antico induismo, page 93.
- Alexandre Langlois, Rig-Véda ou Livre des hymnes, page 402, hymne II, verset 26.
- Jan Gonda, Veda e antico induismo, page 94.
- Alexandre Langlois, Rig-Véda ou Livre des hymnes, page 208, hymne I, verset 11.
- ISBN 3-8228-1337-0. Richard Waterstone, L'Inde éternelle, page 137, éditions Taschen, Köln 2001
- Exploit qui lui vaut le nom de Vṛtráhan
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