Minoenne

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Civilisation minoenne

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 1946 Guerre civile
 1967 Dictature des colonels
 1974 République hellénique

La civilisation minoenne se développe en Crète de 2700 à 1200 av. J.-C. Tirant sa dénomination du nom du roi légendaire Minos, elle a été révélée par l'archéologue anglais Arthur John Evans au début du XXe siècle.

Sommaire

Une thalassocratie déchue ?

Insularité

Les principaux sites minoens de Crète

La Crète est une île montagneuse (le mont Ida culmine à 2500 m) qui se trouve au sud de la mer Égée. Située en zone sismique, elle est naturellement menacée par des tremblements de terre.

Selon Homère, la Crète comptait 90 villes, dont Cnossos était la plus importante. Cette civilisation palatiale était divisée, pense-t-on, en trois à dix principales unités politiques, avec au nord Cnossos (alias Knossos), au centre Galatas, au sud, Phaistos (alias Phaestos), au centre-est, Malia (alias Mallia) et à l'est, Petras (près Sitia), Zakros ou Palaikastro. L'organisation des territoires palatiaux a pu évoluer au cours du temps : le palais de La Canée (Khania), à l'ouest, a pu émerger au cours d'une phase plus récente. Des palais de moindre importance, plus petits (Nirou Khani, Arkhanès), et des « villas » (Haghia Triada) ont été également découverts dans d'autres régions. Aucune des villes minoennes ne disposait d'enceintes, sauf peut-être Petras près de Sitia à une époque reculée, et éventuellement Galatas dans le centre de l'île, et à peine trouve-t-on des armes. La célèbre « hache à double tranchant » n'avait sans doute qu'une fonction rituelle. Elle fut un symbole religieux.

Une civilisation tournée vers le commerce maritime ?

Les Minoens ne semblent pas avoir constitué une civilisation guerrière, ce qui n'exclut pas comme l'écrit Hérodote qu'ils aient utilisé pour leur marine des mercenaires notamment originaires des Cyclades ou du sud-ouest de l'Asie Mineure (Lélèges, Cariens). On les a souvent décrits comme un peuple commerçant engagé dans le commerce d'outre-mer. Beaucoup d'historiens et d'archéologues croient que les Minoens étaient très impliqués dans le commerce de l'étain qui était très important lors de l'âge de bronze (l'étain étant utilisé pour la production de bronze). Les récentes trouvailles de l'École anglaise d'Athènes à Mochlos tendent à accréditer cette spécialisation minoenne (voir les travaux du colloque international sur la métallurgie égéenne à l'Université de Crète en 2004).

Théories de l'échec

Saut acrobatique sur un taureau, figurine en ivoire du palais de Cnossos

La civilisation minoenne est une civilisation de l'âge du bronze. Son déclin semble correspondre, selon certains, à l'apparition des outils en fer. En réalité, il semble désormais prouvé que le tsunami issu de l'éruption volcanique de Santorin (Théra) a gravement endommagé les cités portuaires de la côte septentrionale de la Crète et la flotte crétoise (voir à ce sujet le film documentaire sous l'égide de Joseph Alexander Macgillivray de l'Ecole anglaise d'Athènes). La Crète aurait éprouvé des difficultés énormes à se redresser économiquement sans une aide extérieure que les Mycéniens lui auraient fourni. Les progrès en vue du déchiffrement de l'écriture minoenne, le linéaire A, pourraient élargir considérablement les connaissances que nous avons de cette brillante civilisation.

Il est possible que les réseaux de commerce se soient effondrés, et que les villes minoennes aient péri par la famine. Selon cette théorie, les Minoens auraient reçu leur blé des fermes sur le littoral de la mer Noire ou plus vraisemblablement de la Thessalie hellénique, grenier à blé le plus proche.

Maints historiens croient que les anciens empires commerciaux risquaient constamment d'être détruits par la traite « non-économique », c'est-à-dire que la nourriture aurait été sous-évaluée vis-à-vis du luxe, parce que la comptabilité n'était pas encore développée. Le résultat pourrait avoir été la famine et la diminution de la population.

Une autre théorie de l'effondrement minoen est que, quand on commença à utiliser des outils de fer, les Minoens, qui vendaient de l'étain pour produire du bronze, s'appauvrirent progressivement. Lorsque leurs réseaux de commerce disparurent, des famines régionales se développèrent et il leur fut impossible de les combattre. Cette théorie semble à écarter dans la mesure où la fin de la période minoenne et l'avènement des Mycéniens en Crète sont largement antérieurs à la fin de l'Âge du Bronze (de plusieurs siècles).

La plus grande partie des archéologues, comme on l'a vu, estiment que les capacités navales des Minoens et leurs cités (à l'exception de Cnossos dans les terres) furent endommagées fortement par l'explosion de l'île de Théra et du tsunami (trois vagues d'une vingtaine de mètres de hauteur) qui s'en suivit. Cette catastrophe, qui eut lieu entre 1650 et 1600 avant J.-C., fut suivie quelque cinquante ans plus tard par une invasion mycénienne de la Crète. Ces deux événements furent probablement responsables du déclin rapide de la civilisation minoenne.

On dit d'ailleurs que cette éruption aurait inspiré la légende de l'Atlantide.

Une civilisation originale

Les écritures minoennes

Les Crétois ont d'abord utilisé un système d'écriture reposant sur des idéogrammes ou selon Evans des pictogrammes. L'écriture hiéroglyphique crétoise ainsi apparue dès le Minoen Moyen sur des sceaux serait devenue une écriture mais toujours cantonnée à des inscriptions très brèves. Au sein de cet ensemble, Louis Godart isole les signes d'Arkhanès, en qui il voit les prototypes à la fois du hiéroglyphique ultérieur et du linéaire A. Puis, apparaît, au début du IIe millénaire av. J.-C. ou peut-être un peu avant si l'on se fie aux "marques de maçons" ainsi qu'à différents indices, un second système d'écriture syllabique dit « linéaire A ». Ces deux systèmes d'écritures nous sont restés jusqu'ici très mystérieux et seul, à Cnossos, un troisième système d'écriture dénommé « linéaire B » recouvre le grec. Le second système, le linéaire A, a fait l'objet nombreux de travaux, sans qu'un consensus ait pu s'imposer.

Une civilisation palatiale

La civilisation minoenne se caractérise, d'abord par ses palais à l'image de ceux de Cnossos, Phaistos, Malia ou encore de Zakros. Aussi, de 2000 à 1700 av. J.-C., une première période dite "protopalatiale" voit, au final, ses palais être détruits et, de 1700 à 1550 av. J.-C., durant une seconde période dite "néopalatiale", sont édifiés de nouveaux palais, plus riches.

La religion minoenne

Article détaillé : Religion minoenne.
Déesse aux serpents

La religion de la Crète minoenne se distingue des religions contemporaines continentales sur plusieurs points. Aucune fresque ne figure les dieux, bien qu'on sache que les divinités ont été nombreuses ; pas plus que n'y apparaissent des représentations du pouvoir politique, administratif ou juridique. Aucun vestige de temple dédié à une divinité n'a été retrouvé. On sait que des manifestations cultuelles et rituelles avaient lieu en plein air ou dans des grottes.

Les cérémonies religieuses semblent avoir accordé une grande importance à l'apparition momentanée d'une divinité, en réponse à une invocation, sur le sacrifice fait à la divinité et surtout sur les danses rituelles et l'extase des adeptes qui s'ensuit plus qu'à la divinité elle-même, dont on ne sait rien, tandis que le côté humain de ces cérémonies est mis en évidence sur les objets qui en témoignent : sarcophages, anneaux, céramiques.

La double hache et les cornes étaient des objets cultuels possédant une valeur symbolique ; un éventuel symbolisme astral n'est pas établi.

Les offrandes faites aux divinités étaient constituées de toute une variété de statuettes de petite dimension, le plus souvent aux connotations féminines. Les fameuses statuettes des « déesses aux serpents » sont en réalité une apparition assez tardive et très probablement d'origine orientale.

Dans les grottes, les cendres des victimes sacrificielles ont été retrouvées ; il s'agissait de cendres animales : ovins, bovins, porcins et chiens.

Population et activités à l'intérieur des terres

Des centres urbains organisés

À l'image de Gournia ou Malia, des villes ont pu être mises au jour. Place, rues dallées, et habitations modestes d'une à deux pièces ont ainsi pu être mises en évidence. Elles semblent prouver un souci urbanistique. Des petits centres d'artisanat et des villas telles celles de Cortyne, Tylissos ou Vathypetro ont encore été mis en évidence dans la campagne méridionale.

Une agriculture diversifiée

Malgré une population fortement urbaine, les villages (komai) sont nombreux. Les paysans utilisaient des araires en bois pour travailler le sol, offrant des productions agricoles très variées (blé, olives, vesces, figues, etc). Les animaux domestiques (bovins, ovins) fournissaient la viande et le lait.

Un artisanat développé

Des vases faits au tour sont produits et servent d'amphores de réserve ou encore de récipients de transport. Des vases en pierre sont eux marqués par l'aspect décoratif et le soin qui leur est porté. Les minoens brillent dans les travaux minutieux particulièrement dans la glyptique et l'orfèvrerie. Les sculptures se limitent, par contre, à des petites statuettes en ivoire, bronze ou argile.

La vision d'Arthur Evans

Au premier plan, les cornes du Minotaure selon Evans. Au second plan, une partie de la reconstitution du palais toujours selon l'archéologue.

La civilisation minoenne doit beaucoup à l'archéologue Arthur John Evans, qui se pencha sur cette civilisation méconnue dans les années 1900. À l'époque des découvertes « extraordinaires », il faut entendre par là, la découverte de Troie (1869) et de Mycènes par Heinrich Schliemann, Arthur Evans se vit en nouveau découvreur des temps anciens grecs. Lui aussi prétendit avoir trouvé « sa » civilisation. Sa marque la plus forte a été laissée à Cnossos. Ainsi, la plupart des vestiges de l'ancien palais sont aujourd'hui, pour la plupart, des reconstitutions faites d'après le peu de peintures laissées là par les Minoens. Evans fit alors une vaste anastylose sur le lieu même de Cnossos. Par exemple, les doubles cornes de calcaire, près de l'Entrée Sud du domaine, sont le fait d'Arthur Evans. La plupart des fresques, comme celle dite du « Prince aux fleurs de lys », sont des reconstitutions faites au hasard de la part d'Evans. Aujourd'hui, nous savons que ce prince est en fait composé d'au moins trois personnages : une princesse, un prêtre et d'un homme non identifié. C. Iliakis, illustrateur et archéologue grec, est lui-même influencé par les reconstitutions entreprises par Evans. Se fondant sur quelques fresques, Evans s'affaira à remonter des bâtiments, comme le Puits de Soleil, ou la Salle du trône. Les piliers, si représentatifs de la civilisation minoenne, ont été, pour la plupart, reconstitués à de mauvais endroits.

Evans a largement changé, voire forgé, notre vision de la civilisation minoenne. De nos jours, les récentes découvertes archéologiques, notamment celle en cours, font que nous en savons un peu plus sur les palais comme Cnossos. Pourtant, certaines choses, comme les piliers cités précédemment, sont bien représentés par les fresques minoennes. Evans avait donc une vision assez proche de la réalité historique.

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

  • Moses Finley, Les Premiers Temps de la Grèce, Maspéro, Paris, 1973.
  • R. Hägg, N. Marinatos (éd.) :
    • (en) The Minoan Thalassocracy. Myth and Reality, Paul Åström, Stockholm, 1984,
    • (en) The Function of Minoan Palaces. Proceedings of the Fourth International Symposium at the Swedish Institute in Athens, 10–16 June, 1984, Paul Åström, Stockholm, 1987.
  • Michel Mastorakis et Micheline van Effenterre, Les Minoens, l'âge d'or de la Crète, Paris, Éditions Errance, 1991, 211 p.
  • Reynold Higgins, L'Art de la Crète et de Mycènes, Thames & Hudson, Londres, 1995 (1re édition 1967, revue en 1981 et 1995) (ISBN 2-8711-097-8).
  • (en) O. Krzyszkowska et L. Nixon (dir.), Minoan Society, Bristol Classical Press, 1998 (2e édition) (ISBN 0862920191).
  • E. Lévy (éd.), Le Système palatial en Orient, en Grèce et à Rome, Brill, Leyde, 1987.
  • Jean-Claude Poursat, La Grèce préclassique, des origines à la fin du VIe siècle, Seuil, coll. « Points Histoire / Nouvelle histoire de l’Antiquité », Paris, 1995 (ISBN 2-02-013127-7) .
  • Costis Davaras, Cnossos et le musée d'Héracleion, Editions Hannibal, Athènes, 1957.

Liens externes

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  • Le peuple de Minos par Paul Faure, Professeur émérite de langues et civilisations helléniques à l'université Blaise Pascal de Clermont Ferrand.

Notes



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