- Maurice Chappaz
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Maurice Chappaz, né à Lausanne le 21 décembre 1916 et mort à Martigny le 15 janvier 2009[1], est un écrivain et poète suisse.
Sommaire
Biographie
Né en 1916, Maurice Chappaz passe son enfance entre Martigny et l'abbaye du Châble, dans le canton suisse du Valais. Issu d'une famille d'avocats et de notaires, neveu du conseiller d'Etat valaisan Maurice Troillet, il fait ses études au collège de l'abbaye de Saint-Maurice, puis il s'inscrit à la faculté de droit de l'université de Lausanne, mais la quitte bientôt pour s'inscrire à la faculté des lettres de l'université de Genève, qu'il quitte également au bout de quelques mois.
Convaincu que seule la création peut lui enseigner la littérature, Maurice Chappaz publie, sous le pseudonyme de Pierre, son premier texte : Un homme qui vivait couché sur un banc, en décembre 1939, à l'occasion d'un concours organisé par la revue Suisse Romande. Il reçoit les encouragements de Charles-Ferdinand Ramuz et de Gustave Roud. Une importante amitié doublée d'une correspondance commence ainsi entre ce dernier et Chappaz, qui ne s'arrêtera qu'avec la mort de Roud[2].
Mais dès l'été 1940, la guerre interrompt sa disponibilité[3]. Il est alors amené à parcourir les frontières suisses et publie dans la revue Lettres Lettres plusieurs textes qui formeront en 1944 Les Grandes Journées de Printemps, saluées par Paul Éluard. En 1942, il rencontre S. Corinna Bille, qu'il épousera en 1947 et avec qui il aura trois enfants, Blaise, Achille et Marie-Noëlle. Après le décès de Corinna en 1979, il se remariera, en 1992, avec Michène Caussignac, veuve de l'écrivain Lorenzo Pestelli[4].
Après la guerre, Maurice Chappaz voyage en Europe. Sans profession régulière et désirant consacrer son temps à l'écriture, Chappaz est correspondant occasionnel pour la presse (collaboration régulière à la revue Treize Etoiles entre 1960 et 1980) et parallèlement gère le domaine viticole de son oncle en Valais. Traversant une grave crise personnelle, il multiplie les errances et les questions, et s'essaye à plusieurs métiers, travaillant notamment comme ouvrier sur le chantier de la Grande Dixence, expérience dont il tirera un livre.
En 1953, la publication du Testament du Haut-Rhône couronne une quête poétique d’une dizaine d’années. L’œuvre, remarquée par Charles-Albert Cingria[5], est un succès (son auteur se voit décerner le Prix Rambert), cependant, sa réalisation et sa réussite même remettent à nouveau le poète en question et le plongent dans un désespoir profond[6]. Pour aborder le monde sous un nouvel angle, il décide de s’engager sur le chantier du barrage de la Grande Dixence où il jouera le rôle d’aide-géomètre. Cette expérience le réconcilie avec la poésie[7] et se traduit par l’écriture du Chant de la Grande-Dixence (écrit dès 1959, mais publié en 1965). Suivront Le Valais au Gosier de Grive (1960), le Portrait des Valaisans en Légende et en Vérité (1965), Office des Morts (écrit en 1963, et publié en 1966) ou encore Tendres Campagnes (écrit en 1962, et publié en 1966).
Maurice Chappaz accomplit encore de nombreux périples autour du globe : Laponie (1968), Paris (1968), Népal et Tibet (1970), Mont Athos (1972), Russie (1974 et 1979), Chine (1981), Liban (1974), Québec et New York (1990).
Très engagé dans la protection de l'environnement, il se mobilisera à plusieurs reprises contre l'envahissement de sites naturels (notamment la forêt de Finges) par l'armée ou l'industrie immobilière. Dans les années 70, la publication de son ouvrage les Maquereaux des Cimes Blanches (1976, réédité et augmenté en 1984), qui est un pamphlet contre l'industrie du tourisme qui saccage le Valais authentique, divisera la presse et la population valaisannes. C'est à cette occasion que des étudiants de Saint-Maurice inscriront en gigantesques capitales blanches Vive Chappaz sur la falaise qui domine l'abbaye[8].
Dès la mort de Corinna Bille, en 1979, il quitte Veyras, où ils avaient emménagé en 1957, et il s'établit dans l'abbaye maternelle du Châble, dans la vallée de Bagnes. Il publie alors des poèmes balancés entre le burlesque et le ton funèbre (A rire et à mourir, 1983), commence un Journal de 6000 pages, tenu sans interruption de 1981 à 1987, et rédige un récit et des proses poétiques sur le thème du deuil (Octobre 79 et Le Livre de C., 1986).
Préoccupé d'éditer les inédits laissés par Corinna Bille à sa mort, reprenant la traduction de Virgile pour les éditions Gallimard (1987) et Les Idylles de Théocrite (1992), il ébauche une évocation de l’antique civilisation alpine, Valais-Tibet (2000).
En 1997, Maurice Chappaz obtient le plus prestigieux des prix helvétiques, Le Grand Prix Schiller, et il se voit attribuer cette même année, en France, la Bourse Goncourt de la poésie pour l'ensemble de son œuvre. À l’automne 2001, l'Évangile selon Judas, récit de théologie-fiction, paraît chez Gallimard.
En 2002, il écrit un texte intitulé Lettre d'une forêt à l'autre qui paraît dans la revue d'art Trou (n° 12); l'édition de tête (100 exemplaires numérotés et signés) contient le fac-similé du manuscrit de son discours de remerciements pour son titre de Commandeur des Arts et des Lettres, prononcé à Martigny à l'automne 2001 à l'intention de l'Ambassadeur de France.
Maurice Chappaz est mort le 15 janvier 2009 à l'hôpital de Martigny.
Prix et distinctions
- Grand Prix Académie Rhodanienne, 1948
- Prix Eugène Rambert, 1953
- Prix de la Ville de Martigny, 1966
- Membre d'honneur de la Ligue suisse pour la protection de la Nature, 1966
- Prix de la Fondation du Jubilé de l'UBS, 1969
- Prix des Rencontres poétiques internationales d'Yverdon, 1984
- Prix de l'État du Valais, 1985
- Grand Prix Schiller, 1997
- Bourse Goncourt de la poésie, 1997
- Grand Prix du Salon du livre de Montagne, Passy (France), 2000
- Commandeur de l'Ordre des Arts et Lettres, 2001
Œuvres
- Les Grandes Journées de printemps, Porrentruy, Aux portes de France, 1944, 56 p.; rééd. Lausanne, Cahiers de la Renaissance vaudoise, 1966, 71 p.
- Grand Saint-Bernard, 80 photographies d'Oscar Darbellay, Lausanne, J. Marguerat, 1953, 23 p. et 80 pl.
- Testament du Haut-Rhône, Lausanne, Rencontre, 1953, 99 p.; rééd. Lausanne, Cahiers de la Renaissance vaudoise, 1966, 100 p.; rééd. ill. par Gérard de Palézieux, Saint-Clément-de-Rivière, Fata Morgana, 2003, rééd par les Éditions Plaisir de Lire.
- Le Valais au gosier de grive, Lausanne, Payot, 1960, 77 p.
- Les Géorgiques, Lausanne, Éditions Plaisir de Lire.
- Chant de la Grande Dixence, Lausanne, Payot, 1965, 60 p.
- Un homme qui vivait couché sur un banc, Lausanne, Cahiers de la Renaissance vaudoise, 1966 et Éditions Plaisir de Lire, 110 p.
- Office des morts, Lausanne, Cahiers de la Renaissance vaudoise, 1966, 79 p.
- Tendres Campagnes, Lausanne, Cahiers de la Renaissance vaudoise, 1966, 66 p.
- Verdures de la nuit, Lausanne, Cahiers de la Renaissance vaudoise, 1966, 53 p.
- Le Match Valais-Judée, [2e éd.], dessins d'Étienne Delessert, Lausanne, Cahiers de la Renaissance vaudoise, 1969, 207 p, rééd par les Éditions Plaisir de Lire avec préface de Jacques Chessex.
- La Tentation de l'Orient : lettres autour du monde, Lausanne, Cahiers de la Renaissance vaudoise, 1970, 150 p.
- La Haute route, suivi du Journal des 4 000, Ed Galland, 1974; réédition Ed Hoëbeke 1995; 2007; 2011.
- Lötschental secret : les photographies historiques d'Albert Nyfeler, ill. d'A. Nyfeler, Lausanne, Éd. 24 heures, 1975, 155 p.
- Les Maquereaux des cimes blanches, Vevey, B. Galland, 1976, 68 p.
- Portrait des Valaisans : en légende et en vérité, [5e éd.], Vevey, B. Galland, 1976, 187 p.
- Adieu à Gustave Roud, avec Philippe Jaccottet et Jacques Chessex, Vevey, B. Galland, 1977, 85 p.
- Pages choisies : avec un inédit, préface d'Étiemble, Lausanne-Paris, A. Eibel-Ophrys, 1977, 282 p.
- Poésie, préface de Marcel Raymond, Vevey-Paris, B. Galland-Payot, 1980
- À rire et à mourir : récits, paraboles et chansons du lointain pays, Vevey, B. Galland, 1983, 241 p.
- Les Maquereaux des cimes blanches, précédé de La Haine du passé, Genève, Éd. Zoé, 1984, 99 p.
- Journal des 4000, ill. de Claire Colmet Daâge, Briançon, Passage, 1985, 89 p.
- Le Livre de C, [nouv. éd. revue], Lausanne, Éditions Empreintes, 1987, 151 p.
- Le Garçon qui croyait au paradis, récit, Lausanne, Éd. 24 heures, 1989, 100 p.
- La Veillée des Vikings, récits, Lausanne, Éd. 24 heures, 1990, 134 p.
- Le Gagne-pain du songe : correspondance 1928-1961, M. Chappaz et Maurice Troillet, Lausanne, Éd. Empreintes, 1991, 283 p.
- Les Idylles, Lausanne, Éditions Plaisir de Lire.
- Journal de l'année 1984 : écriture et errance, postfaces de Marius Michaud et de Stéphanie Cudré-Mauroux, Lausanne, Éd. Empreintes, 1996, 240 p.
- La Tentation de l'Orient : lettres autour du monde, M. Chappaz et Jean-Marc Lovay, préf. de Nicolas Bouvier, post. de Jérôme Meizoz, Genève, Éd. Zoé, 1997, X-141 p.
- Bienheureux les lacs, ill. de Gérard Palézieux, Genève, Slatkine, 1998, 108 p.
- Partir à vingt ans, préf. de Jean Starobinski, Genève, La Joie de lire, 1999, 216 p.
- Évangile selon Judas, récit, Paris, Gallimard, 2001, 167 p.
- Le Voyage en Savoie : du renard à l'eubage, photos et réal. graphique Matthieu Gétaz, Genève, La Joie de lire, 2001, 94 p.
- À-Dieu-vat !, entretiens avec Jérôme Meizoz, Sierre, Monographic, 2003, 221 p.
- Se reconnaître poète ? : correspondance 1935-1953, M. Chappaz et Gilbert Rossa, éd. par Françoise Fornerod, Genève, Slatkine, 2007, 397 p.
- La Pipe qui prie et fume, avec 26 reprod. de monotypes de Pierre-Yves Gabioud, Éd. Conférence, 2008, 200 p.
- Autour de liberté à l'aube. Correspondance 1967-1972, Alexandre Voisard et Maurice Chappaz, Fontenais, Ed. des Malvoisins, 2010
- Journal Intime d'un Pays, Maurice Chappaz, Éd. Conférence, 2011, 1232 p.
Bibliographie
- Christophe Carraud, Maurice Chappaz, suivi d'une Anthologie des grands textes en prose et en vers de Maurice Chappaz, Seghers, coll. « Poètes d'aujourd'hui », 2005, 334 p. (ISBN 2-232-12252-2)
Notes et références
- Article dans Le Matin, 15 janvier 2009
- Gustave Roud - Maurice Chappaz, Correspondance 1939-1976, Zoé, 1998 (ISBN 9782881821813)
- Maurice Chappaz, Partir à vingt ans, Gerstenberg - La Joie de Lire, coll. « QUI SUIS JE ? », 1999, 222 p. (ISBN 9782882581549)
- Maurice Chappaz » dans le Dictionnaire historique de la Suisse en ligne «
- Poésie de Maurice Chappaz par Jean-Louis Kuffer
- Maurice Chappaz, Le Garcon qui Croyait au Paradis, Aire, 1996, 145 p. (ISBN 9782881083310)
- Maurice Chappaz, un film de Jean-Noël Cristiani,2001,52'
- Maurice Chappaz, Les Maquereaux des Cimes Blanches, Zoé, 1994, 110 p. (ISBN 9782881822049)
Liens externes
- Vidéos de Maurice Chappaz, un dossier du service des archives de la Télévision suisse romande
- Carnets de JLK — Maurice Chappaz, plusieurs articles de Jean-Louis Kuffer sur Maurice Chappaz
- Entretien avec Jérôme Meizoz sur culturactif
- La première annonce de la mort de Maurice Chappaz
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