Marbres d'Elgin

Marbres d'Elgin

51° 31′ 09″ N 0° 07′ 40″ W / 51.519038, -0.127898

La frise du Parthénon, au British Museum.

Les marbres du Parthénon (en grec : Γλυπτά του Παρθενώνα), connus sous le nom de marbres d’Elgin (Ελγίνεια Μάρμαρα), sont les sculptures de marbre du Parthénon que Lord Elgin, ambassadeur britannique à Constantinople, fit envoyer à Londres en 1801-1802.

Cet ensemble de sculptures, comprenant l'essentiel de la frise du Parthénon et de ses frontons et métopes, constitue l'une des pièces maîtresses du British Museum.

La Grèce en réclame depuis longtemps le rapatriement, sans succès[1].

Sommaire

Historique

Depuis le XVIIe siècle, les Européens visitent Athènes. Les ruines du Parthénon sont alors abondamment dessinées et peintes. La sympathie pour la cause de l'indépendance grecque gagne toute l'Europe, qui s'inquiète de la conservation des monuments anciens.

En 1801, Lord Elgin, l'ambassadeur britannique à Constantinople, avait donné comme objectif à son équipe de mesurer, mouler et dessiner les antiquités athéniennes, et plus particulièrement celles sur l'Acropole. Un firman, acte de la Chancellerie du Grand Vizir, était nécessaire. En juillet 1801, les troupes britannico-turques reprirent Le Caire aux Français : la Porte ne pouvait plus rien refuser à l'ambassadeur britannique. Le texte du firman fut suggéré par le Chapelain de Lord Elgin, le révérend Hunt. Celui-ci réclamait le droit d'entrer dans la citadelle et de dessiner et mouler les temples ; le droit d'ériger des échafaudages et de creuser partout où ils souhaiteraient découvrir les anciennes fondations ; le droit d'emmener toute sculpture ou inscription qui ne soit pas comprise dans les fortifications de la citadelle[2]. Seule comptait l'interprétation de ce texte officiel long et ambigu dont la seule trace est un document traduit en italien. Hunt sut imposer sa version au Disdar, gouverneur d'Athènes[3].

L.S. Fauvel, représentant de la France, était le seul à pouvoir s'opposer aux Britanniques, par la grande influence qu'il exerçait à Athènes, dans la petite guerre diplomatique et archéologique qui opposait Français et Britanniques dans cette ville. Or, il se trouvait en prison, arrêté, comme tous les Français résidant dans l'Empire Ottoman, dès le début de la campagne d'Égypte.

Hunt avait obtenu le droit pour tous les Britanniques d'entrer sur l'Acropole. Le Disdar l’autorisa aussi à utiliser le matériel (chariot et échafaudages) de Fauvel. Le plus important fut l’interprétation du firman que Hunt réussit à imposer. En effet, la différence entre « creuser et emmener » ou « emmener et creuser » semblait minime. Le Disdar fit aussi une erreur. Il offrit à Elgin deux métopes, en récompense de la victoire du Caire. Ce fut la brèche par laquelle Hunt et Lusieri s'engouffrèrent.

Visite au British Museum : marbres du fronton est.

En dix mois, la moitié des sculptures furent enlevées, ainsi que sept métopes et vingt dalles de la frise, que l'on sciait en deux et dont on abandonnait le dos pour les alléger et les rendre plus transportables. Durant l'été et l'automne 1802, deux autres métopes et six dalles de la frise furent descendues de l'Acropole. En septembre 1802, Lusieri écrivit à Elgin : « J'ai le plaisir, My Lord, de vous annoncer que nous possédons maintenant la huitième métope, celle avec le Centaure portant la femme. Elle nous a causé beaucoup de problèmes et j'ai été obligé d'être un peu barbare. »

Tout ce travail se fit grâce au firman et aussi grâce à un envoi continu de cadeaux divers à l'administration turque, afin de conserver sa bienveillance. Mais, en 1803, le nouvel ambassadeur à Constantinople, remplaçant Elgin, refusa de demander le renouvellement du firman, et il écrivit au consul britannique à Athènes, Logotheti, que l'on ne devait plus prendre aucune statue ou colonne sur les monuments. En 1805, le Voïvode d'Athènes interdit toute fouille en Attique. Mais le mal était fait. Trois ans après le départ d'Elgin et le voyage de nombreux bateaux, il restait encore 40 caisses de marbres au Pirée.

Depuis 1816, ces pièces se trouvent au British Museum qui, après une enquête du Parlement, les avait achetées à Lord Elgin[4]. La Grèce en réclame la restitution, considérant que la traduction italienne du firman n'est pas fiable[5], mais le Royaume-Uni ne veut pas en entendre parler[6]. Le musée du Louvre possède aussi trois fragments[7], la plupart des restes étant conservés au musée de l'Acropole, à Athènes.

Notes et références

  1. (en) Personnel de rédaction, « Snatched from northern climes », dans The Economist, 25 juin 2009 [texte intégral (page consultée le 26 juin 2009)] 
  2. François Queyrel 2008, p. 170-174
  3. François Queyrel 2008, p. 174-176
  4. François Queyrel 2008, p. 180
  5. Corinne Herskovitch, Didier Rykner, La restitution des oeuvres d'art : solutions et impasses, éd. Hazan, 2011
  6. François Queyrel 2008, p. 187
  7. Le Louvre possède la plaque dite « des Ergastines » (Ma 738), issue de la frise Est, le bloc X de la métope Sud (Ma 736), représentant un Centaure enlevant une femme lapithe et la tête dite « Weber-Laborde » (Ma 740), généralement considérée comme la tête d'Iris, figure N du fronton Est.

Voir aussi

Bibliographie

  • (en) Brian F. Cook, The Elgin Marbles, The British Museum Press, 1997
  • (fr) François Queyrel, Le Parthénon, Un monument dans l'Histoire, Paris, Bartillat, 2008 (ISBN 978284100-435-5) 
  • (fr) William St. Clair, Lord Elgin, l'homme qui s'empara des marbres du Parthénon, Macula, 1988

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