- Maladie de Kawasaki
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Maladie de Kawasaki
Classification et ressources externesAspect caractéristique de la langue dans la maladie de Kawasaki. CIM-10 M30.3 CIM-9 446.1 OMIM 611775 DiseasesDB 7121 MedlinePlus 000989 eMedicine ped/1236 MeSH D009080 La maladie de Kawasaki, ou syndrome lympho-cutanéo-muqueux est une vascularite fébrile infantile touchant les artères de moyen et petit calibre d'origine immunologique.
L'hypothèse dominante est qu'il s'agit d'une maladie infectieuse ou para-infectieuse (se traduisant par une inflammation des artères). Des travaux récents laissent penser à une co-infection par plusieurs microbes[1].
C'est une maladie émergente en Europe.Sommaire
Synonymes
- Syndrome adéno-cutanéo-muqueux
- Syndrome lympho-cutanéo-muqueux
Histoire épidémiologique
Ce syndrome a été décrit en 1967 au Japon[2] où la maladie est fréquente.
Symptômes et clinique
- forte fièvre (supérieure à 38,5°C), de plus de cinq jours et ne cédant pas aux médicaments antipyrétiques ou aux antibiotiques. Elle peut être accompagnée d'une altération de l'état général, de maux de tête.
- conjonctivite bilatérale bulbaire, dite non-exsudative,
- inflammation de la muqueuse buccale (énanthème se caractérise par une langue framboisée, avec chéilite douloureuse (lèvres rouges et fissurées).
- inflammation de l'épiderme ; L'exanthème (ou éruption cutanée) peut être de type scarlatiniforme, à type de grandes plaques confluentes, ou de type morbilliforme, par petites plaques, pouvant aussi ressembler à un syndrome de Stevens-Johnson. Elle s'accompagne d'une atteinte palmo-plantaire (érythème desquamatif pathognomonique, c'est-à-dire, signant la maladie) au 4e jour, avec œdème de la face dorsale des mains et des pieds. La desquamation apparaît vers la 2e ou 3e semaine d'évolution, au niveau de la jonction entre l'ongle et la pulpe des doigts et des orteils. L'éruption est particulièrement importante sur le site d'une précédente vaccination par le BCG, ce qui est très caractéristique de la maladie[4].
- œdèmes (parfois) au niveau des mains et des pieds
- ganglions gonflés au niveau du cou (adénopathies cervicales), souvent unilatéralement.
Biologie
Il existe ;
- un syndrome inflammatoire non spécifique avec hyperleucocytose,
- une VS augmentée,
- CRP augmentée,
- Parfois anémie, thrombocytose et augmentation des IgE.
Diagnostic
Il repose essentiellement
- sur les arguments cliniques (âge, tableau clinique et évolution),
- sur le syndrome inflammatoire biologique
- sur la mise en évidence d'éventuels anévrismes coronariens à l'échographie ou à la coronarographie.
Prévalence
Elle touche les jeunes enfants (80 % des patients ont moins de cinq ans). Les pays asiatiques sont les plus touchés et particulièrement le Japon (avec +/- 175 cas pour 100 000 enfants de moins de 5 ans chaque année).
Épidémiologie
La maladie atteint, dans plus des trois quarts des cas, l'enfant entre 6 mois et 5 ans[4]. Elle est beaucoup plus fréquente au Japon où son incidence est un peu moins de 200 cas pour 100 000 enfants de moins de 5 ans[5]. Cette incidence est inférieure à 5 pour 100 000 enfants en Europe[6].
Cause
Ses causes sont restées totalement inconnues jusque dans les années 1990. L'hypothèse infectieuse a été évoquée devant une prédominance hivernale[4] et la géographie groupée des cas.
Les derniers travaux de l'université Juntendo de Tokyo[1] laissent penser qu'une infection multi-bactérienne pourrait expliquer ce syndrome[7]. Les micro-organismes échantillonnés dans l'intestin de 19 patients ont été comparés à ceux de 15 enfants en bonne santé. La flore intestinale des malades contenait de 10 à 100 fois plus de deux bactéries pathogènes- des staphylocoques ; ils produisent des superantigènes auxquels le système immunitaire des malades répond par de la fièvre et d'éventuels oedèmes[1];
- des bactéries caractérisées par une protéine dite HSP 60, qui stimulent également la production de cette protéine par les parois des vaisseaux sanguins qui sont alors attaqués par le système immunitaire du patient[1].
Pronostic
La maladie évolue le plus souvent favorablement en 2 à 3 semaines (seuls 0,5 % à 2,8 % des malades en meurent), mais certains patients développent des complications cardiaques (anévrismes coronariens).
Complications
Le risque est cardiaque avec myocardite, péricardite et atteintes des artères coronaires pouvant entraîner un infarctus, une insuffisance cardiaque aiguë et des troubles du rythme.
Une dilatation des artères coronaires peut être objectivée dans un peu moins de la moitié des cas dès la seconde semaine de la maladie[4]. Dans les quatre cinquièmes des cas, cette dilatation régresse mais des anévrismes peuvent apparaître dans le dernier cinquième. Dans ces cas, La cicatrisation se fait vers la constitution d'une fibrose de l'artère avec constitution de rétrécissements de cette dernière (sténose) se manifestant par un défaut d'apport d'oxygène au muscle cardiaque (ischémie), pouvant se compliquer d'angine de poitrine ou d'infarctus du myocarde. Ces complications surviennent, le plus souvent, moins d'un an après le début de la maladie[8].
D'autres artères peuvent avoir la même évolution de manière plus rare[4].
À long terme, le risque d'infarctus du myocarde persiste, même s'il est moindre[9].
Diagnostic différentiel
- Leptospirose ictéro-hémorragique ;
- Éruption allergique ;
- Maladie de Still (polyarthrite chronique juvénile) ;
- Érythème polymorphe mais absence de lésions muqueuses ;
- Scarlatine ;
- Rougeole ;
- Mononucléose infectieuse ;
- Collagénose.
Traitement
- L'aspirine est utilisé comme antiagrégant plaquettaire et comme anti-inflammatoire même si l'effet réel sur la maladie n'est pas formellement démontré[10].
- Une cure unique d' immunoglobulines en intraveineuse à forte dose (2 g/kg en 2 jours) permet d'améliorer substantiellement l'état de l'enfant et réduit le risque de complications cardiaques[11].
Contrôles
- Faire une échographie du cœur, pour mesurer la dilatation des artères gauche et droite.
- pour les enfants dont la maladie est survenue avant l'âge de cinq ans, faire un test d'effort à 6 ans.
Divers
Il existe des recommandations publiées par l'American Heart Association en 2004, portant sur le diagnostic, la prise en charge et le traitement de la maladie de Kawasaki[12].
Prospective
S'il est confirmé que ces bactéries sont bien responsables de la maladie (et non des hôtes opportunistes qui en profiteraient), il devrait être bientôt possible :
- d'améliorer le diagnostic (sur simple échantillon sanguin),
- d'améliorer le traitement.
Notes et références
- NAGATA Satoru et al. ; Heat shock proteins and superantigenic properties of bacteria from the gastrointestinal tract of patients with Kawasaki disease ; Immunology 128 (4) - 12/2009
- Kawasaki T, Acute febrile mucocutaneous syndrome with lymphoid involvement with specific desquamation of the fingers and toes in children, Jpn J Allergy (Arerugi)' 1967;16:178-222
- Kim DS, « Kawasaki disease », dans Yonsei Medical Journal, vol. 47, no 6, décembre 2006, p. 759–72 [texte intégral, lien PMID, lien DOI]
- Kawasaki disease, BMJ, 2009;338:b1514 Harnden A, Takahashi M, Burgner D,
- Epidemiologic features of Kawasaki disease in Japan: results from the nationwide survey in 2005-2006, J Epidemiol, 2008;18:167-72 Nakamura Y, Yashiro M, Uehara R, Oki I, Watanabe M, Yanagawa H,
- Rising incidence of Kawasaki disease in England: analysis of hospital admission data, BMJ, 2002;324:1424-5 Harnden A, Alves B, Sheikh A,
- [1]
- Myocardial infarction in Kawasaki disease: clinical analyses in 195 cases, J Pediatr, 1986;108:923-7 Kato H, Ichinose E, Kawasaki T,
- Long-term consequences of Kawasaki disease. A 10- to 21-year follow-up study of 594 patients, Circulation, 1996;94:1379-85 Kato H, Sugimura T, Akagi T, Sato N, Hashino K, Maeno Y et als.
- Salicylate for the treatment of Kawasaki disease in children, Cochrane Database Syst Rev, 2006;(4):CD004175 Baumer JH, Love SJ, Gupta A, Haines LC, Maconochie I, Dua JS,
- Intravenous immunoglobulin for the treatment of Kawasaki disease in children, Cochrane Database Syst Rev 2003;(4):CD004000 Oates-Whitehead RM, Baumer JH, Haines L, Love S, Maconochie IK, Gupta A et als.
- Diagnosis, treatment, and long-term management of Kawasaki disease: a statement for health professionals from the committee on rheumatic fever, endocarditis, and Kawasaki disease, council on cardiovascular disease in the young, American Heart Association, Pediatrics, 2004;114:1708-33 Newburger JW, Takahashi M, Gerber MA, Gewitz MH, Tani LY, Burns JC et als.
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