Maladie de Besnier-Boeck-Schaumann

Maladie de Besnier-Boeck-Schaumann

Sarcoïdose

La sarcoïdose ou maladie de Besnier-Boeck-Schaumann (communément dénommée BBS) ou lymphogranulomatose bénigne est une maladie inflammatoire systémique de cause inconnue, qui atteint préférentiellement les poumons, mais peut atteindre n'importe quels autres organes. Généralement sans gravité, elle guérit spontanément dans la grande majorité des cas. Cependant, chez 20 % des malades, elle provoque des complications respiratoires menaçantes ce qui justifie un diagnostic précoce et un suivi régulier. Il n'existe pas à ce jour de traitement spécifique et les indications pour débuter un traitement sont rares.

Sommaire

Épidémiologie

La sarcoïdose peut toucher les hommes ou les femmes de tout âge et de toute origine ethnique. La plupart des personnes sont atteintes par la maladie entre 20 à 40 ans. Chez les caucasiens, on note une égale fréquence de survenue chez les hommes et chez les femmes. La population noire (Africains et Antillais) est moins souvent touchée avec une prédominance féminine. Les formes de sarcoïdose dans ces populations sont en outre plus graves[1].

Son incidence varie de par le monde, avec, par exemple, pour l'Europe, un gradient nord-sud (64 pour 10 000 habitants en Suède contre 0,4 pour 100 000 habitants en Espagne), un gradient sud-nord aux USA (proportion de noirs-américains plus importante au sud). En France, la prévalence est de 10 pour 100 000 habitants.

Dans la plupart des cas, la sarcoïdose affecte les poumons et les ganglions.

Physiopathologie

Bien que sa cause soit inconnue, les mécanismes immunologiques responsables de la sarcoïdose sont bien connus. La chronologie de l’inflammation sarcoïdosique a été particulièrement bien étudiée au niveau du poumon. Elle se caractérise par des désordres immunologiques, qui expliquent ses répercussions sur l’organisme. On distingue trois phases différentes qui se succèdent : l’alvéolite lymphocytaire et macrophagique, la phase granulomateuse, et finalement la fibrose (facultative).

  • l’alvéolite lymphocytaire et macrophagique : Le système immunitaire produit une réponse très forte à un antigène inconnu, ce qui entraîne :
    • une accumulation de lymphocytes CD4 activés qui se concentrent dans les alvéoles du poumon (provoquant une alvéolite) Ces lymphocytes sécrètent des molécules pro-inflammatoires (l’interleukine 2 et un facteur chimiotactique des monocytes MCP-1. ce sont des médiateurs de l'inflammation : Il-2 par exemple) ;
    • ils entraînent aussi une activation des lymphocytes B, qui sécrètent en réponse des anticorps ( les gammaglobulines ) ;
    • des macrophages activés sont attirés par l'activation des lymphocytes CD4.
  • la phase granulomateuse :
    • les macrophages activés s'accumulent aussi dans le poumon. Ils secrètent notamment l'enzyme de conversion et forment des granulomes tuberculoïdes ;
    • une anergie tuberculinique est fréquente (absence de réaction du corps au test de la tuberculose malgré une vaccination par le BCG), liée à une lymphopénie (baisse du nombre de lymphocytes « normaux », mais il n'y a pas d'immunodépression).
  • la fibrose :
    • à terme, les granulomes entraînent une fibrose pulmonaire, principale complication pulmonaire de la sarcoïdose.

Il existe probablement un facteur génétique comme peut l'attester les formes familiales[2] et les études chez les jumeaux[3].

Signes cliniques

Dans la majorité des cas, il n'y a aucun symptôme, la maladie étant découverte par hasard (souvent lors d'une radiographie des poumons à la médecine du travail)[4].

On retrouve, plus ou moins associés d'un malade à l'autre, différents signes qui peuvent faire suspecter une sarcoïdose :

Les signes généraux comportent fièvre, fatigue, perte de poids, adénopathies (augmentation du volume des ganglions situés autour des bronches et de la trachée artère).

Les signes respiratoires comprennent une toux sèche durable, dyspnée (difficultés respiratoires)

Il existe des signes extra-respiratoires : uvéite, syndrome sec, troubles de la conduction cardiaque, méningite lymphocytaire, érythème noueux, sarcoïdes cutanés (granulomes cutanés), néphropathie, hépatomégalie, splénomégalie.

Les signes observés, entre autres, dans la cas d'une Neuro sarcoïdose (atteinte cérébrale / systeme nerveux), peuvent être des vertiges rotatoires, perte d'équilibre, ceci est une forme des plus complexe et grave de la sarcoïdose.

Il existe une forme particulière de la sarcoïdose assez fréquente, bien connue sous le nom de syndrome de Löfgren qui associe fièvre, douleurs articulaires, érythème noueux, adénopathies médiastinales à la radiographie, et anergie tuberculinique.

Diagnostic

L'établissement du diagnostic nécessite le recueil d'éléments de plusieurs ordres :

  • cliniques : signes présentés par le patient (souvent aucun) ;
  • radiologiques, avec sur la radiographie thoracique des anomalies à type d'adénopathies médiastinales (adénopathies au niveau du médiastin), un infiltrat interstitiel, une fibrose pulmonaire ;
  • biologiques : absence de syndrome inflammatoire (sauf cas du syndrome de Löfgren), lymphopénie (diminution du nombre des lymphocytes), hypercalcémie (élévation du taux de calcium dans le sang), élévation du taux sanguin d'enzyme de conversion ;
  • histologiques : la biopsie d'un granulome est capitale pour affirmer le diagnostic. On cherche un granulome accessible (bronche, glande salivaire, adénopathie, sarcoïde cutané) dont l’étude microscopique objective un granulome sans nécrose caséeuse ;
  • le lavage broncho-alvéolaire se caractérise par une hyperlymphocytose à lymphocytes CD4 dans les alvéoles pulmonaires (accumulation des lymphocytes dans les poumons.)

Examens complémentaires

Les épreuves fonctionnelles respiratoires (EFR) permettent d’apprécier la sévérité et l’étendue de l’atteinte pulmonaire. Elles sont compléter par une fibroscopie bronchique (avec lavage alvéolaire et biopsies bronchiques), avec éventuellement un scanner thoracique.

On recherche une atteinte extra pulmonaire de la maladie. Ces atteintes imposent un traitement urgent et efficace. Afin de les diagnostiquer, on réalise les examens suivants :

  • un examen ophtalmologique ;
  • des examens cardiaques, notamment la scintigraphie au Thallium, l’IRM et l’électrocardiogramme ;
  • des explorations neurologiques : dans ces cas, l'apport du scanner et de la l'IRM sont primordiaux. ;
  • un bilan rénal.

Diagnostic différentiel

le diagnostic différentiel repose sur trois modalités : la présentation radioclinique, la présence de lésions granulomateuses, la présence de béryllium dans l'organisme ou une réponse immunitaire à ce métal indiquant qu'il y a eu sensibilisation du patient.


  • autres causes d'atteinte médiastinales et pulmonaires :
    • en cas d'adénopathies médiastinales , il s'agit soit de lymphomes (hodgkinien et non hodgkinien) ou bien d’une primo-infection tuberculeuse s’il y a présence de granulomes. Sinon il s’agit d’un cancer du poumon.
  • *en cas d'atteinte interstitielle diffuse, il s’agit soit d’une pneumopathie d'hypersensibilité, médicamenteuse, ou interstitielle idiopathique (UIP, NSIP, AIP, BOOP, DIP, LIP) s’il y a présence de granulomes. Sinon il s’agit d’une lymphangite carcinomateuse ou d’une miliaire tuberculeuse.
  • autres causes d'atteinte organique extra-pulmonaire : dans ce cas là, il s’agit généralement de Lèpre ou de syphilis.

la Sarcoïdose peut aussi être facilement confondue avec la bérylliose (intoxication par le béryllium ; tableau n° 33 des maladies professionnelles), d'autant que la plupart des patients victimes de cette dernière ne savent pas qu'ils ont été en contact avec du béryllium [5]. Un test et des analyses et l'interrogation du patient sur un possible contact avec du béryllium peuvent orienter le diagnostic.

Évolutions

80 % des sarcoïdoses guérissent spontanément et sans séquelles en moins de 2 ans[6],[7]. Le syndrome de Löfgren en particulier, guérit seul dans 90 % des cas.

Des complications sont possibles, mais très rares : atteinte cardiaque, méningite, fibrose respiratoire, insuffisance respiratoire chronique. En dehors des cas sévères, aucun traitement n'est nécessaire (sinon, on propose une corticothérapie)

Traitement

La sarcoïdose peut guérir spontanément dans la majorité des cas. Pour cela, il faut distinguer entre les deux formes de la maladies : asymptomatique et symptomatique. Dans le premier cas, il n’est pas nécessaire de suivre un traitement quelconque. Un suivi clinique et biologique pendant une durée de six mois serait largement suffisant.

Les formes symptomatiques nécessitent un traitement médicamenteux notamment dans les formes de plus mauvais pronostic.

La prise en charge de la sarcoïdose a fait l'objet de plusieurs recommandation publiées par des sociétés savantes nationales ou internationales, dont celles de l' American Thoracic Society, datant de 1999[8], et celles, datant de 2008 de la British Thoracic Society[9].

Corticothérapie

Le traitement le plus utilisé est la corticothérapie (traitement par corticoïdes), que ce soit localement (corticoïde sous forme inhalée, locale pour les uvéites antérieures ou injectable pour les uvéites postérieures) ou par voie générale.

Les indications formelles à la corticothérapie orale sont les localisations entrainant un risque vital ou fonctionnel majeur (cœur, système nerveux central, œil, muscle, hypercalcémie persistante) ou les localisations cutanées importantes (préjudice esthétique). Dans les formes seulement pulmonaires, seuls les patients symptomatiques présentant des anomalies radiologiques et fonctionnelles significatives doivent être traités d'emblée.

Le traitement corticoïde est prolongé, d'au moins 2 ans, à la dose initiale de 0.5 mg/kg/jour de prednisolone (parfois jusqu'à 1 mg/kg/jour ). Les doses seront ensuite très lentement dégressives, avec de possibles rechutes lorsque les doses deviennent inférieures à 0.15 mg par jour et à l'arrêt du traitement. Dans certains traitement, la corticothérapie peut être instaurée avec en même temps le methotrexate en injection sous cutanée hebdomadaire ou sous forme de comprimés.

L'efficacité de la corticothérapie est meilleure si le traitement est instauré avant l'apparition de lésions irréversibles.

Alternatives à la corticothérapie

Les antioxydants n'ont aucun intérêt démontré dans la prise en charge de la sarcoïdose.

Historique

Jonathan Hutchinson (1828-1913) est le premier à avoir décrit la sarcoïdoseen 1877[11].

Le dermatologue français Ernest Henri Besnier (1831-1909) décrivit en 1889 une lésion de la peau symétrique des extrémités.

Le dermatologue suédois Cæsar Peter Møller Boeck (1845-1917) mentionna en 1899 dans une dissertation Multiple Benign Sarcoid of the Skin les lésions histologiques de la peau et posa déjà alors le soupçon d’une maladie systémique. C’est pourquoi ces lésions sont appelés depuis lors comme étant la sarcoïdose de Boeck.

L’ophtalmologue danois Christian Frederick Heerfordt (1871-1953) décrit une infection fiévreuse de la conjonctive et à cause des analyses du laboratoire la classe comme étant due aux oreillons.

En 1924, le dermatologue suédois Jörgen Nilsen Schaumann (1879-1953) confirme la découverte de Boeck et qu’il s’agit d’une maladie systémique de plusieurs organes et dénomma la sarcoïdose « lymphogranulomatosis benigna », pour la distinguer du lymphome de Hodgkin.

Le Suédois Sven Halvar Löfgren (19101978) décrit en 1953 la forme aigüe, les « Trias », avec érythème noueux, arthrite et adénopathie ganglionnaire bi-hilaire

Associations d'entraide

La sarcoïdose étant déjà connue depuis plus de cent ans et concernant une partie non négligeable de la population d’âge moyen, des organisations internationales se sont constituées comme pour d’autres maladies, ainsi les personnes concernées ont pu s’organiser et créer des cercles d’entraide. Ceux-ci travaillent souvent ensemble et se sont donnés pratiquement les mêmes buts.

Un des buts principaux est l’information sur la sarcoïdose des personnes atteintes et de leur entourage. Il leur est le plus souvent très difficile de trouver des informations destinées au grand public. Vu les symptômes très variés et la nécessité de diagnostics différentiels et des connaissances relativement infimes de beaucoup de médecins en ce qui concerne cette maladie, ils doivent en être informés également d’une façon plus vaste. Un autre but est la sensibilisation du grand public pour les problèmes des malades, qui à cause de leurs symptômes diffus, sont placés dans la catégorie des « simulant ».

Aussi une meilleure qualité des soins et la prise en charge des patients atteints de sarcoïdose sont un des buts principaux des organisations. Souvent sont de même demandés une meilleure structure pour les soins et des services ambulatoires spécialisés, ainsi qu’une recherche accrue des causes et des moyens thérapeutiques et de soulagement. La sensibilisation de la sphère politique, ainsi que des responsables de la santé et du social, joue aussi un rôle primordial. Beaucoup d’organisations d’entraide pour la sarcoïdose sont actives pour promouvoir la recherche concernant cette pathologie.

Références

  1. La sarcoïdose par le professeur B. Wallaert, université de Lille. Présentation du Dr I. Ghozlani.
  2. Rybicki BA, Iannuzzi MC, Frederick MM, Thompson BW, Rossman MD, Bresnitz EA et als. Familial aggregation of sarcoidosis. A case-control etiologic study of sarcoidosis, Am J Respir Crit Care Med, 2001;164:2085-91
  3. Sverrild A, Backer V, Kyvik KO, Kaprio J, Milman N, Svendsen CB et als. Heredity in sarcoidosis: a registry-based twin study, Thorax, 2008;63:894-6
  4. Dempsey OJ, Paterson EW, Kerr KM, Denison AR, Sarcoidosis, BMJ, 2009;2009;339:b3206
  5. Dossier INRS : Le béryllium, métal discret mais dangereux (mis en ligne Avril 2009)
  6. Sarcoïdose sur Orphanet
  7. Sarcoïdose, Histoire naturelle - Facteurs pronostiques – Evolution sous traitement, Professeur C. Massot - Juillet 2002 (Mise à jour juin 2005). En ligne sur http://www-sante.ujf-grenoble.fr
  8. American Thoracic Society, Statement on sarcoidosis, Am J Resp Crit Care Med, 1999;160:736-55
  9. Bradley B, Branley HM, Egan JJ, Greaves MS, Hansell DM, Harrison NK et als. Interstitial lung disease guideline: the British Thoracic Society in collaboration with the Thoracic Society of Australia and New Zealand and the Irish Thoracic Society, Thorax, 2008;63(suppl 5):v1-58
  10. Baughman RP, Lower EE, Drent M, Inhibitors of tumor necrosis factor (TNF) in sarcoidosis: who, what, and how to use them, Sarcoidosis Vasc Diffuse Lung Dis, 2008;25:76-89
  11. Hutchinson J, Anomalous diseases of skin and fingers: case of livid papillary psoriasis? In: Illustrations of clinical surgery. London: J and A Churchill, 1877:42-3

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