- Biopsie
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Une biopsie correspond au prélèvement d'un échantillon de tissus de l'organisme dans le but de réaliser un examen microscopique en règle générale. Cependant ce dernier peut être parfois biochimique, immunologique, génétique ou bien bactériologique.
Sommaire
Description
Une biopsie décrit la procédure qui est utilisée pour obtenir un très petit morceau de tissu cible. Le prélèvement peut être soit de l'ensemble de la région ciblée soit d’une petite partie. Ce dernier peut se faire de trois façons différentes, suivant l'échantillon :
- un prélèvement surfacique du tissu ;
- un prélèvement à l’aide d’une aiguille ;
- un prélèvement par aspiration avec une seringue-aiguille.
Pour certains tissus, comme la muqueuse buccale, le clinicien peut être amené à réaliser plusieurs types de prélèvements au niveau de la muqueuse buccale[1]:
- Biopsie par incision,
- Biopsie par excision,
- Biopsie extemporanée,
- Frottis,
- Ponction-biopsie à l'aiguille.
D'autres échantillons sont recueillis à l'aide de forceps qui sont placées à la fin d'un dispositif optique appelé endoscope. Le médecin peut visualiser la surface des tissus (comme la paroi du gros intestin) grâce à cet instrument et utiliser une pince pour prélever les tissus de la région désirée[2].
Dans d'autres cas, l'échantillon de tissu peut être collecté avec une grande aiguille hypodermique (exemples : échantillons de foie ou des reins). Des échantillons de muscles et de nerfs peuvent également être obtenus par prélèvement d'une fraction de la cible après incision au bistouri pour parvenir à cette dernière.
Lorsqu’une biopsie est obtenue à l’aide d’une aiguille, l’échantillonnage dépend de la conception de l'aiguille et de l'énergie de son insertion dans le tissu. L'aiguille utilisée est un tube avec une pointe capable de perforer les tissus. Comme l'aiguille s’enfonce dans le tissu, ce dernier va s’accumuler dans le tube. Lorsque l'aiguille est retirée du tissu, l’échantillon reste dans le tube et l'aiguille peut être récupérée pour l’analyse[3].
Intérêt diagnostique
Différents examens fournissent des informations vitales à la pose de diagnostic par le médecin. Dans les maladies comme le cancer, la connaissance du type de ce dernier est essentielle pour ce diagnostic et la mise en place d’un traitement.
La biopsie musculaire est le seul examen permettant de diagnostiquer de façon certaine la myofasciite à macrophages, consécutive à l'injection d'un vaccin comportant de l'hydroxyde d'aluminium, à condition toutefois que l'injection ne soit pas trop ancienne et d'en connaître l'endroit précis.
Dans d'autres cas, on peut être intéressé par le calcul de l'activité d'enzymes au sein d'un tissu, utilisées comme marqueur d'une maladie. Pour de telles démarches, un échantillon de tissu analysable en laboratoire est nécessaire.
De même, pour certaines maladies qui entrainent des anomalies des nerfs, la capacité d'examiner directement ces derniers peut-être avantageux dans le diagnostic et le traitement. Par exemple, l'examen microscopique d'un échantillon de nerf peut révéler si la gaine de myéline protectrice qui entoure le nerf, est intacte ou en voie de dégradation. Les biopsies musculaires peuvent avoir le même objectif, puisque les maladies qui affectent la structure et/ou le fonctionnement des nerfs, affectent les muscles dans lesquels passe le nerf. La perte de la fonction musculaire peut être la conséquence directe de dommages au système nerveux.
De nombreux échantillons de biopsie sont examinés au moyen d'un microscope pour rechercher des anomalies dans les tissus des cellules. Cet examen peut se combiner d’une coloration de l'échantillon, en particulier pour détecter des molécules cibles. En outre, des échantillons peuvent être utilisés pour divers tests biochimiques, notamment pour tester la présence et l'activité de certains gènes[4].
Exemples d'applications
Biopsie cérébrale
Une biopsie cérébrale est effectuée après l’ouverture circulaire de la boîte crânienne, par laquelle l’aiguille est introduite. Une IRM ou un scanner est réalisée avant la procédure afin d'identifier la zone où la biopsie sera réalisée. Au milieu des années 1990, la tête du patient n’est plus immobilisée au cours de la procédure par une armature extérieure. En revanche, la localisation précise donnée par un système informatique, évite des dommages à d'autres régions du cerveau. Contrairement à une biopsie cutanée, où affecter quelques nerfs est le seul risque, une biopsie du cerveau est une procédure délicate pouvant comporter des risques sérieux.
Pour la réalisation de biopsies stéréotaxiques le chirurgien peut être assisté par un dispositif robotisé d’assistance à la neurochirurgie tel que ROSA [5]. L’utilisation de ce système lui permet de sécuriser et fiabiliser l’acte chirurgical.
Biopsie musculaire
Une biopsie musculaire peut être un morceau de tissu obtenu à l’aide d’une aiguille ou bien encore après une incision. Cette biopsie est réalisée pour différentes raisons : faire la distinction entre les troubles de nerfs et de muscles, identifier des troubles musculaires comme la dystrophie musculaire, diagnostiquer la myofasciite à macrophages, sonder l’activité métabolique du muscle, ou bien encore détecter les infections telles que la trichinose et la toxoplasmose. La biopsie d'un muscle implique nécessairement le prélèvement de nerf, car l'échantillon est très innervé. Ceci est sans conséquence pratique du fait de la petite quantité de muscle qui est extraite.
Biopsie de nerf
Une biopsie de nerf est effectuée pour rechercher la cause d'une neuropathie sévère ou invalidante pour laquelle les autres explorations (electromyogramme en particulier) n'auraient pas apporté le diagnostic. Elle peut réveler une lèpre, une vascularite nécrosante, une inflammation du nerf, ou bien encore les dommages ou la perte de la gaine de myéline. Le nerf sural au niveau de la cheville et le nerf radial superficiel du poignet sont le plus souvent les lieux de biopsie.
Lors de cette biopsie, une anesthésie locale est utilisée. Ensuite, une petite incision est effectuée et un petit morceau du nerf est prélevé. Habituellement, une biopsie du muscle adjacent se fait en même temps. La procédure comporte un minimum de risques, notamment des réactions allergiques à l'anesthésie, infection, engourdissement… Toutefois une persistance de l'engourdissement est possible du fait qu'une partie de nerf a été enlevé.
Biopsie des glandes salivaires[6]
La biopsie des glandes salivaires accessoires est devenue un examen systématique dans la recherche de l'étiologie d'un syndrome sec ou dans le bilan diagnostique d'une sarcoïdose ou d'une autre maladie auto-immune. Il s'agit d'un geste simple qui consiste en une incision de quelques millimètres de la lèvre inférieure. Avant l'examen, la bouche doit être propre. Le patient est couché sur le dos, la tête légèrement surélevée. Une anesthésie est pratiquée par une injection locale à l'aide d'une aiguille sous cutanée très fine. A l'aide d'une incision de 1,5 à 2 cm de longueur de la muqueuse labiale inférieure. On isole et on prélève au minimum 5 à 6 glandes salivaires accessoires. La plaie est ensuite suturée. Après l'examen, pour éviter l'accrochage des aliments sur un fil de suture, il faut rincer la bouche après chaque repas. Les plats épicés ou acides sont à éviter pendant quelques jours. Cet examen est souvent utilisé en pratique courante en raison de son innocuité ( peu douloureux, peu d' incidents secondaires) et de l'accessibilité des glandes. Certains ont prôné l'étude des glandes salivaires palatines ou celle de la glande sublinguale, ce qui permet l'obtention d'une plus grande quantité de parenchyme salivaire. La biopsie de ces glandes salivaires principales est fortement déconseillée, en raison des risques neurologiques (atteinte du nerf facial dans la parotide).
Balance bénéfice/risque
La biopsie des glandes salivaires secondaires est une pratique courante lors du diagnostic de l'amylose. En effet cette biopsie est peu douloureuse, les glandes salivaires sont faciles d'accès et la biopsie présente très peu d'effets secondaires (hématome de la lèvre ou anesthésie locale régressive) De plus, les résultats obtenus sont très satisfaisant. En revanche si l'on désire obtenir une plus grande quantité de parenchyme salivaire, on peut pratiquer une biopsie des glandes salivaires principales mais cette opérations présente des risques neurologiques : atteinte du nerf facial dans la parotide. De plus, comme toute les biopsie, Il existe un certain nombre de risques qui contre-indiquent la réalisation d'un prélèvement :
- Risque de dégénérescence maligne: Ce risque est provoqué à la suite du traumatisme représenté par l'acte lui-même. Ex : Neurofibromatose de Von Recklinghaussen, lichen-plan.
- Risque d'essaimage et d'extension en tissu sain . Ex : Tumeurs mixtes salivaires.
- Risque d'aggravation d'un processus malin évolutif. Certaines tumeurs, telles que les tumeurs vasculaires, sont susceptibles après traumatisme biopsique de voir leur potentiel évolutif exacerbé, car lors de la biopsie, on va provoquer une effraction vasculaire et donc un risque de dissémination.
- Risque hémorragique grave.
Comme tout acte chirurgical, la biopsie peut être contre-indiquée en cas de risque infectieux ou hémorragique. Ces contre-indications, en rapport avec l'état général du patient, ne sont que relatives, car tout acte peut être réalisé dès que le protocole de prise en charge du patient est établi en collaboration avec le médecin traitant et en prenant les précautions qui s'imposent devant tout patient à risque. La biopsie peut également être contre-indiquée lorsque la notion de continuité est compromise. Il faut en effet considérer la biopsie comme un des éléments de l'ensemble des mesures thérapeutiques pour lequel une certaine continuité doit être respectée. Or la réalisation d'une biopsie peut entraîner des modifications de forme ou de volume ou une désorganisation tissulaire de nature inflammatoire susceptibles de désorienter ou de gêner l'appréciation de la thérapeutique par le praticien à qui le patient sera confié. Lorsque la lésion est franchement maligne, ou lorsque sa nature, sa taille ou sa localisation (Ex. partie postérieure de la langue) posent problème, il devient alors préférable d'adresser le patient à des praticiens plus spécialisés. La biopsie devient alors contre-indiquée pour des raisons de faisabilité ou de compétence.
Biopsie osseuse
Cette biopsie permet notamment de savoir si une tumeur est maligne ou non, elle permet également de suivre son évolution et son éventuelle propagation. La biopsie est un examen diagnostique qui se fait sous anesthésie locale, elle peut se faire aussi bien dans un bloc opératoire que chez un médecin spécialiste. La biopsie osseuse intervient surtout chez les patients atteints (par exemple) :- D’ostéopénie(diminution de la masse osseuse pour un patient comparé à un sujet témoin de même âge, même sexe et même origine ethnique) la biopsie est réalisée pour faire une quantification via l’histologie.
- De tumeurs osseuses (qu’elles soient malignes ou bégnines)
- D’ostéoporose
- D’ostéomyélite
- De la maladie des os de verre
La biopsie intervient le plus souvent après des examens plus faciles à réaliser comme les radiographies ou les examens sanguins. L’examen ne peut se faire sans le consentement libre et éclairé du patient. La biopsie doit être réalisée sur un os proche de la surface de la peau et de préférence loin des organes et des vaisseaux sanguins. Pour cela la biopsie osseuse se fait le plus souvent sur les crêtes iliaques.
L’acte consiste à insérer une aiguille (appelée Trocart) qui est constituée d'une tige métallique de forme cylindrique et terminée par une pointe triangulaire très coupante, suppléé par un outil permettant de créer une rotation de celle-ci (appelé Mandrin). Cette aiguille permet de prélever un morceau d’os à la façon d’un carottage et à extraire celui-ci rapidement dans le but de faire un point de compression très rapidement après l’extraction dans le but d’éviter toute hémorragie. Le prélèvement est ensuite placé dans un liquide de fixation pour l’envoyer au laboratoire d’analyse.
La biopsie osseuse s’inscrit dans une démarche thérapeutique et ne peut être envisagée comme une intervention exploratrice, c’est pourquoi cet examen est souvent complété par un traitement chirurgical (pour les tumeurs bégnines par exemple). Lors de l’acte chirurgical les praticiens sont souvent aidés par divers outils comme les scanners dans le but de bien situer la zone où le praticien veut effectuer le prélèvement.
La biopsie n’est pas un acte anodin un des risques majeur de cet acte est la fragilisation de l’os pouvant entrainer une fracture de celui-ci. D’autre part durant l’intervention les médecins sont particulièrement attentifs aux risques d’hémorragies. Après l’examen il est recommandé de rester au moins 24h allongé afin d’éviter tout saignements là où la biopsie a été réalisée.Sources
- (fr) PROCEDURE DE REALISATION D'UNE BIOPSIE OSTEO-MEDULLAIRE
- (fr) Pathologie chirurgicale Tome 3: Chirurgie de l'appareil locomoteur Par Laurent Boccon-Gibod J.Y Nordin [1]
- (en) Bone Biopsy - Webmd.com
Notes et références
- La biopsie : indication, contre-indication et protocole opératoireLe courrier du dentiste - juin 2002
- Zaret, BL The Yale University School of Medicine Patient's Guide to Medical Tests. New Haven: Yale University School of Medicine et GS Sharpe Communications Inc, 1997.
- "Qu'est-ce qu'une biopsie? Netdoctor.co.uk. 6 Mai 2004 (Mai 27, 2004).
- National Library of Medicine. "Muscle Biopsy." Medline Plus. May 5, 2004 (May 27, 2004).
- http://www.medtechsurgical.com/Produits/ROSA-Neurochirurgie
- http://medphar.univ-poitiers.fr/Acp_med/textecours/glandessalivaires.htm. Sur univ-poitier.fr. Consulté le 20/11/2011
Voir aussi
- Biopsie du trophoblaste ou choriocentèse
- Biopsie ostéomédullaire
- Biopsie rénale
- Biopsie trans-thoracique
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