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Louis-Nicolas Vauquelin
Pour les articles homonymes, voir Vauquelin.Louis-Nicolas Vauquelin Gravure de François-Jacques Dequevauviller Naissance 16 mai 1763
Saint-André-d'Hébertot (France)Décès 14 novembre 1829
Saint-André-d'Hébertot (France)Champs Pharmacie, chimie Institution Académie des sciences, Collège de France, Académie de Rouen Distinctions Légion d'honneur, ordre de Saint-Michel modifier Louis-Nicolas Vauquelin, né le 16 mai 1763 et mort le 14 novembre 1829 à Saint-André-d'Hébertot dans le Calvados, est un pharmacien et chimiste français. Il découvrit notamment deux éléments chimiques, le chrome et le béryllium.
De parents pauvres, son père dirigeait les ouvriers du château d’Hébertot, que possédait le petit-fils du chancelier D’Aguesseau. Étudiant, tout en travaillant avec eux, Vauquelin se rendit, à l’âge de treize ou quatorze ans, à Rouen, où un pharmacien, qui donnait chez lui des cours de physique et de chimie à quelques apprentis, l’engagea comme garçon de laboratoire. Tout en entretenant le laboratoire et le feu des fourneaux, Vauquelin saisissait à la volée les paroles du professeur et il retenait ce que chaque leçon renfermait de substantiel. Après son travail, il rédigeait la nuit, aidé de quelques livres que lui prêtaient les élèves, ce qu’il avait retenu sur des feuilles volantes. Surpris dans cette occupation par le pharmacien, Vauquelin reçut, au lieu d’encouragements, des réprimandes; et comme il récidivait, le pharmacien, dans un accès d’emportement, lui arracha son cahier des mains et le déchira. « On m’aurait ôté le seul habit que j’eusse au monde, s’écriait-il souvent, j’aurais été moins affligé ! »
Révolté de ce trait, Vauquelin quitta Rouen pour se rendre à Paris tenter la fortune, en se proposant comme élève en pharmacie. Il partit à pied de son village, muni d’un très petit pécule de six francs et de quelques vêtements dus à sa protectrice, madame d’Aguesseau. Le curé d’Hébertot ayant quelques fonds à remettre au chef des prémontrés, il chargea de cette commission Vauquelin, qui, admis dans le luxueux couvent, y reçut l’hospitalité la plus généreuse et la plus abondante. Après avoir passé quelques années dans deux officines de la capitale, une maladie grave contraignit Vauquelin passer deux mois à l’Hôtel-Dieu. Lorsqu’il voulut, à sa sortie de l’hôpital, chercher un nouvel emploi, sa pâleur et sa faiblesse le firent refuser partout. Sans ressources, il marchait au hasard le long de la rue Saint-Denis, en pleurant, lorsqu’il tenta à nouveau sa chance chez un pharmacien nommé Cheradame, qui, touché de sa triste position, le recueillit.
Chez Cheradame, Vauquelin eut l’occasion de faire la connaissance de son compatriote Laugier ; il y rencontra également quelques élèves avec qui il cultiva le latin, le grec, la botanique, qu’il saisissait avec une facilité qui les étonnait. La chimie ne l’occupait pas seule ; comme il avait senti la nécessité de savoir le latin pour continuer ses études, et pour cet effet il imagina d’emporter quelques feuillets détachés d’un vieux dictionnaire latin, et, dans la rue, lorsqu’il portait des remèdes ou faisait d’autres commissions, il en tenait toujours quelqu’une à la main, et la relisait jusqu’à ce qu’il en eût appris tous les mots par cœur. Tant d’application et de rapidité dans les succès obtenus par cet écolier si mal préparé, faisaient souvent le sujet des conversations de Cheradame, qui en parla au chimiste Fourcroy, son parent, dont la sœur avait trouvé asile dans la famille Cheradame. Lorsque Fourcroy, qui venait souvent voir sa sœur chez les Cheradame, eut besoin d’un auxiliaire, on lui proposa Vauquelin.
Agréé par Fourcroy, qui avait également connu la pauvreté dans sa jeunesse, Vauquelin fut désormais possesseur d’un logement, d’une table, d’un revenu de 300 francs, et par dessus tout, d’un laboratoire et de Fourcroy. C’était l’époque où la chimie était en train de d’accéder au statut de science. Converti aux vues de Lavoisier, Fourcroy s’y associait en enseignant la discipline émergente au lycée, au Jardin des plantes, dans son propre laboratoire. Fourcroy ne négligea rien pour compléter l’éducation de Vauquelin ; il devint son précepteur, et il avait presque tout encore à lui apprendre. Vauquelin en profita pour étudier la physique, l’anatomie, la physiologie, l’histoire naturelle, s’exerçant dans le laboratoire du duc de La Rochefoucauld. Bientôt Vauquelin excella et posséda en maître la chimie dont il avait vu l’éclosion. À mesure qu’il lui faisait connaître les auteurs anciens et modernes, qu’il lui formait le langage et le style, il l’introduisit dans le monde et le présenta aux hommes de sciences, le faisant admettre dans la société qui avait entrepris la réforme de la théorie et du langage de la chimie. Devenu par degrés l’aide, l’élève, puis le compagnon assidu de tous ses travaux, enfin l’ami intime de Fourcroy, ce dernier, pour engager Vauquelin, qui restait dans l’obscurité, à se produire, entreprit avec lui des expériences dont les résultats parurent sous le nom du maître et sous celui de l’élève, devenu son égal et son ami. Les deux caractères se complétaient, la pondération de Vauquelin tempérant la vivacité de Fourcroy.
Vauquelin étant, de garçon de laboratoire, devenu grand chimiste, Fourcroy voulait le voir devenir professeur comme lui. Lors de ses premiers essais dans la chaire de chimie de l’Athénée des arts, Vauquelin hésita, se troubla, balbutia, et resta muet. Cependant, à force de lutter, il finit par acquérir toutes les qualités d’un excellent professeur qui forma une élite d’excellents élèves.
Lorsqu’une place fut vacante à l’Académie des sciences, Fourcroy concourut de tout son pouvoir à la faire donner à Vauquelin, le dernier membre à être nommé par cette institution que la Révolution devait fermer, et qui participa, dès lors, à l’édition des Annales de chimie. Fourcroy employa sans cesse le crédit que lui donnèrent les événements politiques pour améliorer la position de Vauquelin, qui dut ses nominations d’inspecteur des mines, de professeur à l’école des mines et à l’École polytechnique, d’essayeur des matières d’or et d’argent, aux effets de cette influence.
Vauquelin occupait, à cette époque, un laboratoire qui faisait partie d’une officine qu’il avait prise dans son changement de fortune, et qu’il tenait avec le titre de maître en pharmacie. Les deux sœurs de Fourcroy, dont il avait été le pensionnaire, partageaient sa nouvelle demeure ; l’ayant recueilli lorsqu’elles étaient pauvres, il les recueillit, à son tour, et ne s’en sépara jamais. Lors de la journée du 10 août 1792, un garde suisse, qui, ayant réussi à échapper à la fureur populaire, fuyait pour éviter la mort qui le pressait, atterrit dans ce laboratoire. Vauquelin prit le parti de jeter son uniforme au feu, couper ses moustaches, noircir son visage et ses mains de charbon avant de l’affubler d’un vieil habit et d’un tablier, lui permettant ainsi d’échapper à ses poursuivants.
Lorsque la France révolutionnaire se vit assiégée de toutes parts, Vauquelin fut envoyé, comme Monge, Berthollet et les autres scientifiques, chercher du salpêtre. Il partit, visita les départements, et en fit sortir des milliers tonneaux de salpêtre qu’il expédia pour les ateliers de la capitale. Lorsque, à côté de l’école de médecine et de l’école normale, s’élevèrent l’École polytechnique, l’École des mines, et l’Institut, une place fut marquée pour Vauquelin dans ces trois derniers établissements. Celle qu’il occupait à l’école des mines, où il était inspecteur et professeur de docimasie, lui mit entre les mains une collection de minéraux d’où sont nées les analyses qu’il en fit et qu’il publia dans le Journal des Mines. Il fut un moment successeur du sénateur d’Arcet, à la chaire de chimie du Collège de France.
Lorsque la mort de Brongniart laissa vacante la chaire de chimie appliquée aux arts du jardin du roi, Vauquelin saisit cette occasion de se rapprocher de Fourcroy qui y était fixé. À la création de la légion d’honneur, Vauquelin fut un des premiers récipiendaires, et il fut fait chevalier de l’Empire. À la formation des écoles spéciales de pharmacie, il fut mis à la tête de celle de Paris. Après s’être vu refuser la la direction d’un bureau de garantie pour les matières d’or et d’argent qui venait d’être fondé et qu’il il sollicitait, sous le prétexte qu’on exigeait des connaissances spéciales de praticien et de manipulateur, Vauquelin s’enferma pour composer l’Art de l’essayeur, qu’il donna au public, en gardant l’anonymat. Aussitôt reconnue l’excellence de l’ouvrage, dont il fut avéré que l’auteur anonyme ne pouvait être qu’un essayeur consommé, Vauquelin se nomma et obtint la place. Lorsqu’il perdit, en 1809, Fourcroy, la chaire de chimie à la faculté de médecine n’appartenait plus à personne. Il fallait, pour l’occuper, l’obtenir au concours, et avoir le titre de docteur en médecine. Vauquelin ne disposait pas de ce titre, mais il le méritait, à la fois par l’étendue de ses connaissances médicales, et par d’autres connaissances que n’avaient pas toujours les médecins de profession. Il écrivit, sur l’analyse de la matière cérébrale, considérée dans l’homme et dans les animaux, une thèse qui lui valut à la fois le doctorat et une chaire, qui lui fut néanmoins enlevée, après douze ans de professorat, au seul motif qu’il l’avait longuement occupée.
Vauquelin était membre de l’Institut, membre de l’Académie royale de médecine, professeur au Jardin du Roi, directeur des essais dans le bureau de garantie. Il était chevalier de la Légion d'honneur et de l’ordre de Saint-Michel. Il fut reçu à l’Académie de Rouen en 1810. En 1827, il fut élu député pour le département du Calvados. Arrivé à la fin de sa carrière, il jouissait à la fois de la considération du monde savant et de l’estime de ses compatriotes. Rien ne manquait à son existence, si ce n’est le seul bien qui donne du prix à tous les autres.
Vauquelin aimait à parler, en privé, du lieu de sa naissance, de la pauvreté de ses parents, de l’humilité de sa condition, des rudes épreuves de son premier âge. Il faisait presque chaque année le voyage d’Hébertot, pour honorer sa mère, assurer son bien-être et celui de ses frères, et retrouver au milieu des siens les affections de famille qu’il étendait jusque sur ses élèves[1]. Sa santé, longtemps chancelante, était profondément altérée, lorsqu’il voulut encore respirer l’air de sa ville natale. À la suite d’une maladie assez prolongée, conséquence peut-être de la nature de ses travaux, une imprudence accéléra, après des alternatives de bien et de mal, l’issue finale. Il s’était retiré dans le château de son ami Duhamel, où, malgré les soins que lui donnait un très habile médecin de Caen, du nom de Le Sauvage, il s’affaiblit rapidement et il expira tranquillement dans la nuit du 14 novembre 1829, alors qu’il essayait de traduire quelques vers de Virgile.
La rue Vauquelin dans le 5e arrondissement de Paris, qui accueille aujourd’hui l’École supérieure de physique et de chimie industrielles, porte son nom.
Contributions à la chimie et découverte d’éléments chimiques
Ses premiers travaux paraissent tout d’abord sous le nom de son maître et patron, puis de leurs noms conjoints. Il publie ensuite en nom propre 376 écrits entre 1790 et 1833. La plupart d’entre eux ne sont que de simples compte-rendus d’opérations analytiques, patientes et laborieuses, et il est finalement assez surprenant que parmi toutes les substances qu’il a analysées, il n’ait détecté que deux nouveaux éléments : le chrome en 1797 dans un minerai de plomb rouge de Sibérie, et le béryllium en 1798 dans du béryl. Il réussit également à obtenir de l’ammoniac liquide à la pression atmosphérique.
Il tient aussi, parallèlement ou successivement, les postes d’inspecteur des mines, professeur à l’École des mines et à Polytechnique, analyseur d’échantillons d’or et d’argent, professeur de chimie au Collège de France et au Jardin des Plantes, membre de la Chambre de commerce et d’industrie, commissaire sur les lois pharmaceutiques et enfin professeur de chimie à la faculté de médecine, où il succéda à Antoine-François Fourcroy en 1809. Ses cours, qui comportent une partie pratique en laboratoire, sont suivis par de nombreux chimistes, qui furent récompensés par la suite.
Par ailleurs, il n'hésita pas de réclamer en faveur d'Armand Seguin et donc de Bernard Courtois la priorité de leur découverte de la morphine, lorsque Serturner publia son travail en 1816.
Notes
- ↑ Ainsi, lorsque Orfila fut menacé d’expulsion en 1807, lors de la guerre d’Espagne, il eut la chance de trouver un protecteur en la personne de Vauquelin, qui le réclama pour son élève, garantit sa conduite, et le sauva de l’expulsion.
Dernières réalisations
Il est l’un des fondateurs en 1801, de la Société d’encouragement pour l’industrie nationale. Il est professeur à l’université de Paris à partir de 1809. En 1806, en étudiant des asperges, il isole l’acide aminé asparagine, le premier à être découvert. Il découvre également la pectine et l’acide malique dans les pommes et isole l’acide camphorique et l’acide quinique.
Principales publications
- Instruction sur la combustion de végétaux, 1794
- Manuel de l’essayeur, Tours, 1799 et 1812
- Dictionnaire de chimie et de métallurgie, 1815
- Thèse sur les opérations chimiques et pharmaceutiques, 1820
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