Anglicans

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Anglicanisme

L'anglicanisme est une confession chrétienne dont l'origine remonte au XVIe siècle lorsque le roi d'Angleterre Henri VIII rompt avec le pape et Rome. La plupart des Églises se reconnaissant dans cette confession sont rassemblées au sein de la Communion anglicane.

L'Église anglicane se dit à la fois catholique et réformée : catholique, parce qu'elle affirme avoir conservé la succession apostolique, et réformée parce qu'elle a adhéré aux principes nouveaux de la réforme protestante. De fait, l'Église anglicane ne se considère pas comme protestante, mais plutôt comme une Église catholique non romaine. Toutefois, l'Église catholique ne lui reconnaît pas cette qualité : l'encyclique Apostolicae Curae publiée par le pape Léon XIII déclare ainsi que la succession apostolique ne perdure pas au sein de l'Église anglicane et conteste la validité de ses ordinations.

Sommaire

Histoire

Article détaillé : Église d'Angleterre.

À l'inverse de ce qui s'est produit en Europe continentale, la séparation entre l'Église d'Angleterre et la papauté ne vint pas de querelles théologiques, mais avant tout politiques. Le roi d'Angleterre, Henri VIII, jusque là soutien sans faille de la papauté, avait épousé en 1509 Catherine d'Aragon. Sans héritier mâle, et par ailleurs épris de sa maîtresse Anne Boleyn, il fait parvenir au pape en 1527 une demande d'annulation de son mariage. Ayant essuyé en 1530 un refus définitif de Clément VII, il se proclame l'année suivante alors « Chef Suprême de l'Église et du Clergé d'Angleterre » et rompt toute relation diplomatique avec Rome.

Le « divorce royal » peut alors être prononcé : dès que son union avec Catherine d'Aragon est invalidée par le nouvel archevêque de Cantorbéry, Thomas Cranmer, Henri VIII épouse sa favorite le 23 mai 1533.

Organisation du clergé

Une distinction importante de l'anglicanisme par rapport au catholicisme romain est le droit qu'ont les clercs (prêtres et évêques) de se marier et d'avoir des enfants. Dans la plupart des églises anglicanes, il est aussi possible pour des femmes d'être ordonnées prêtres et même évêque dans quinze Églises de confession anglicane - aux États-Unis, en Écosse, au Canada ou en Nouvelle-Zélande notamment[1]. Le Synode Général de York en juillet 2008 a décidé par vote d'étendre cette capacité à l'Angleterre[2]. Cette décision ne devrait toutefois pas être opérante avant 2014 en Angleterre[3].

L'archevêque de Cantorbéry a historiquement la prééminence sur les autres évêques anglicans ; chef spirituel des Anglicans, il n'exerce cependant aucun pouvoir sur les Églises sœurs de la Communion. Il ne faut pas en effet comprendre la Communion anglicane dans un sens romain. Si les évêques anglicans du monde se réunissent régulièrement lors des conférences de Lambeth et se reconnaissent encore volontiers comme issus du même rameau, les divergences liturgiques et théologiques entre les courants de l'Église anglicane sont telles que se pose aujourd'hui la question de la signification de la Communion anglicane et de sa pérennité.

Dans ces circonstances, l'actuel archevêque de Cantorbery, Rowan Williams essaie de jouer de son mieux un rôle d'apaisement et ainsi de maintenir l'unité de son Église.

Les sacrements dans l’Église anglicane

L’Église anglicane célèbre deux sacrements : le baptême et l’Eucharistie, ainsi que cinq autres « petits sacrements » ou rites sacramentaux : la confirmation, le mariage, l’onction des malades, la confession et l’ordination sacerdotale. Il y a une controverse à propos de la consubstantiation vs. la transsubstantiation.

Le dimanche (et même en semaine), on célèbre l’Eucharistie, selon la même structure que dans les autres Églises traditionnelles. Selon la tradition de l’Église primitive, les fidèles communient sous les deux espèces. [réf. nécessaire]

Un prêtre anglican
Liturgie anglicane en langue française

Dans l'Église anglicane on se sert du rite anglican, qui a trois sous-rites, tous les trois en vigueur :

  • celui de 1662, ou, « classique », qui se trouve dans le Book of Common Prayer ;
  • celui mis sur pied par le prêtre moine dans les années 1950, ou « moderne », et qui a beaucoup influencé le rite romain contemporain, et qui se trouve dans l'Alternative Service Book ;
  • celui du missel anglican et du bréviaire anglican, ou « traditionnel », très proche du rite tridentin et du rite de Sarum.

La première liturgie anglicane en langue anglaise fut éditée en 1544 pendant le règne d'Henri VIII. Sous son fils, Édouard VI, l'archevêque de Canterbury Thomas Cranmer prépara en 1549 une liturgie de caractère plus protestant que la version précédente. Sous le règne de Marie I un retour au catholicisme romain supprima la liturgie anglicane et Cranmer fut condamné au bûcher. Après les persécutions et bouleversements des règnes précédents, la liturgie anglicane restaurée de 1559 sous Élisabeth Ire retrouva l'équilibre entre les tendances protestante et catholique de l'église en Angleterre à l'époque, tout en gardant la quasi-totalité du texte de Cranmer. Le triomphe du puritanisme parlementaire pendant la guerre civile anglaise supprima de nouveau cette liturgie, et ce ne fut qu'en 1662 qu'une nouvelle rédaction du Book of Common Prayer fut adoptée, ayant comme base les versions de 1544 et 1549. Une version francophone, le Livre des prières publiques, fut faite par le prêtre Jean Durel, Jersiais qui devint Doyen de Windsor, et approuvée par Charles II le 6 octobre 1662. Cette version fut destinée à l'usage des églises paroissiales des îles de la Manche et de l'Église française de la Savoie. Selon les premiers mots de la préface :

« Depuis que l'Église anglicane a fait un corps de sa liturgie, elle a toujours eu la prudence de tenir un juste milieu entre une trop grande rigueur à refuser d'y admettre le moindre changement, et une trop grande facilité à souffrir qu'on y en introduise sans raison. »

Universalité et divisions

Cette forme du christianisme est aujourd'hui présente principalement dans les pays qui ont pu être imprégnés par la culture anglaise, comme les anciennes colonies américaines et africaines du Royaume-Uni. Elle est symboliquement dirigée par la Reine du Royaume-Uni, l'Archevêque de Cantorbéry, aujourd'hui Rowan Williams, en étant le primat.

Les Églises anglicanes ont conservé une bonne partie de la liturgie et de l'organisation hiérarchique catholique (sauf le cardinalat et la papauté). Cependant, au XXe siècle et au XXIe siècle, certaines Églises de la communion anglicane ont pris des décisions libérales par rapport à d'autres confessions chrétiennes : ordination de femmes prêtres, acceptation d'un évêque homosexuel vivant en couple, par exemple.

Les fractures de la Communion anglicane

De nos jours, les Églises anglicanes sont notamment divisées sur la question de l'ordination des femmes et des homosexuels. Cette dernière décision crée cependant d'importants remous au sein de la Communion anglicane, déjà profondément divisée entre les conservateurs et les libéraux depuis le virage libéral pris depuis vingt ans : premières ordinations de femmes dès 1974 dans certaines provinces, choix d'un pasteur ouvertement homosexuel, Gene Robinson, comme évêque du New Hampshire en 2003 par la branche épiscopalienne, et enfin, ouverture officielle à la nomination d'évêques femmes depuis la conférence de Lambeth en juillet 2008 [2].

En réponse à cet affaiblissement moral dénoncée par les Anglicans conservateurs (et leurs évêques venant le plus souvent d'Afrique, d'Océanie et d'Amérique du Sud), près de 300 évêques ont choisi de boycotter la conférence de Lambeth, synode décennal des évêques anglicans, prévue à l'été 2008. Ils se ont ainsi réuni un contre-synode à Jérusalem, voulant créer de leur propre mot une nouvelle « Communion dans la Communion ».

De fait, il existait déjà un certain nombre d'Églises anglicanes du « Continuum », c'est-à-dire indépendantes du siège de Canterbury. Elles ont pour la plupart leurs origines autour des polémiques aux années 1970 concernant l'ordination des femmes. La plus grande de ces Églises est appelée la communion anglicane traditionnelle, en anglais Traditional Anglican Communion (TAC), ou encore Communion anglo-catholique, à cause de sa grande proximité liturgique et théologique avec Rome.

Vers un retour partiel au catholicisme ?

Par ailleurs, en Angleterre, suite à une importante immigration en provenance de pays catholiques comme la Pologne[4], le nombre d'anglicans pratiquants serait désormais inférieur au nombre de catholiques pratiquants[5], ce que conteste l'Église anglicane[6]. L'anglicanisme reste néanmoins majoritaire avec près de 25 millions de baptisés en Angleterre et au Pays de Galles, pour 4,2 millions de catholiques et moitié moins de musulmans[7]. Des observateurs expliquent[Qui ?] par ailleurs les conversions au catholicisme de certains anglicans, comme la spectaculaire conversion de l'ancien premier ministre Tony Blair, consécutivement aux divisions sur l'ordination des femmes et des homosexuels en tant que prêtres au sein de l'Église anglicane, sans que l'on puisse noter une tendance de fond.

Anecdote

Le sémiologue Umberto Eco, à qui on demandait son avis sur la controverse PC-Macintosh, eut une réponse inattendue : il compara l'austérité des commandes du DOS à celle des offices protestants, la richesse iconographique de Mac OS à celle du catholicisme, et Windows à une synthèse entre les deux courants qui correspondait exactement à l'anglicanisme. Cet article est repris dans son recueil Comment voyager avec un saumon.

Notes et références

  1. Les futures femmes évêques anglaises sèment le trouble dans l'Église, in Top Chrétien d'après Belga, 09/07/2008
  2. a  et b L'Eglise anglicane approuve le principe de l'ordination des femmes évêques, in Le Monde d'après les agences AFP et AP, le 08/07/2008, article en ligne
  3. Top Chrétien, op. cit.
  4. Ruth Gledhill, Catholics set to pass Anglicans as leading UK church, in Times online, 15/02/2007
  5. en moyenne , à la messe dominicale, environ de 850 000 fidèles contre 862 000 d'après Christian Research cité par Jonathan Petre, cfr infra
  6. Jonathan Petre, Anglicans: England is not a Catholic nation, in Telegraph.co.uk, 24/12/2008
  7. Ruth Gledhill, op. cit.

Voir aussi

Bibliographie

  • Buchanan, C. O. (2006). Historical dictionary of Anglicanism. Historical dictionaries of religions, philosophies, and movements, no. 62. Lanham, Md: Scarecrow Press (OCLC 60971744)
  • Ward, K. (2006). A history of global Anglicanism. Cambridge, UK: Cambridge University Press (OCLC 70764829)
  • (en) Peter F. Anson, The Call to the Cloister: Religious Communities and kindred bodies in the Anglican Communion, SPCK, 1955 
  • (en) Stephen Neill, Anglicanism 
  • (en) Edward Norman, Anglican Difficulties: A New Syllabus of Errors, Morehouse, 2004 
  • (en) William L. Sachs, The Transformation of Anglicanism: From State Church to Global Community, Cambridge University Press, 1993 
  • (en) Sykes, Stephen, John Booty, and Jonathan Knight, (eds.), The Study of Anglicanism, Fortress Press, Minneapolis 
  • William Temple (archevêque), Doctrine in the Church of England
  • (en) William Henry Griffith Thomas, The Principles of Theology: An Introduction to the Thirty-Nine Articles, Longmans, Green & Co, London, 1930 

Articles connexes

Liens externes

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