- Androgynie
Un ou une androgyne est un être humain dont l'apparence ne permet pas de savoir à quel sexe ou genre il/elle appartient. Le terme vient du grec ancien anèr (andros au génitif), homme, et gunè, femme. Le terme est aussi revendiqué par certaines personnes qui ont une identité de genre ni tout-à-fait masculine ni tout-à-fait féminine, quelle que soit leur apparence physique. Quand une personne présente des caractéristiques sexuelles ambiguës, on parle plutôt d'intersexuation.
Ce terme a servi à caractériser des êtres humains ambigus, mais peut aussi renvoyer à une figure religieuse.
Sommaire
L'androgynie, à ne pas confondre avec…
Les gens ont tendance à assimiler à ce style des tendances homosexuelles et transidentitaires. Il est important de comprendre que l'androgynie ne comporte aucun de ces critères dans sa définition. Il s'agit surtout d'hommes ou de femmes qui s'épanouissent dans un style brisant les tabous des genres vestimentaires hommes / femmes et / ou qui ont une image (psychologique) de soi qui mélange le masculin et le féminin.
Il n'est donc pas, non plus, lieu de la confondre avec l'intersexuation, qui concerne des personnes nées de sexe physique ambigu, ni des personnes comme les shemales, mot anglais utilisé dans la prostitution et la pornographie pour signifier une femme transexuelle non opérée (toujours avec des organes sexuels masculins), ni à l'un des multiples exemples possibles, dans les sociétés humaines, d'hommes qui s'identifient comme des femmes, avec ou sans modifications corporelles. Cependant, l'androgynie, comme beaucoup de ces autres termes, peut entrer, dans un sens large, dans la catégorie du transgenre, qui, dans une définition répandue, concerne tous ceux qui ont une identité de genre ou un comportement qui ne rentre pas dans ce qui est considéré comme typique pour leur sexe physique.
Représentations de l'androgynie dans l'histoire
L'androgyne dans l’Antiquité
Les peuples de l'Antiquité faisaient une nette différence entre ce que Mircea Eliade appelle l’« hermaphrodite concret » et l’« androgyne rituel » : un nouveau-né présentant des signes d'hermaphrodisme était dans certaines cultures et à des époques particulières, considéré comme un signe de la colère des dieux et mis à mort sur le champ. Seul était toléré l'androgyne rituel en tant que modèle de la coïncidence des opposés, réunissant les puissances magiques et religieuses liées à chacun des deux sexes ; dans ce cas, il ne s'agissait plus d'hermaphrodisme physiologique, mais de l'acquisition des pouvoirs des deux sexes par des pratiques rituelles, notamment par le fait de se travestir.
Ainsi, chez les Romains, la naissance à Sinuessa d'un androgyne durant la deuxième guerre punique est rangée avec d'autres phénomènes hors normes, tous considérés comme des prodiges, signes de la colère des dieux. L'enfant fut jeté à la mer[1]. Julius Obsequens rapporte aussi plusieurs cas d'enfants androgynes, nouveau-nés ou âgés de quelques années, éliminés en les jetant à la mer ou dans le fleuve, tandis que la ville concernée est purifée par des processions de neuf jeunes filles chantant des hymnes[2].
Le mythe platonicien de l’androgyne
Le mythe platonicien de l'androgynie est relaté par le personnage d'Aristophane, dans le Banquet (189c - 193e). Au commencement, les êtres humains étaient de trois sexes doubles : mâle/mâle, femelle/femelle, et androgyne (mâle/femelle). Ayant provoqué la colère des dieux, ils furent punis par Zeus qui les sépara chacun en deux moitiés, formant les êtres humains actuels. Depuis cette séparation cruelle, ceux-ci n'ont de cesse de retrouver leur moitié, ce qui explique le phénomène amoureux.
Au XIXe siècle
Balzac et Swedenborg
Balzac a centré son roman Séraphîta sur un personnage d'androgyne directement issu des théories de Swedenborg. Séraphîtüs-Séraphîta, aimé en tant qu'homme par Minna et en tant que femme par Wilfred, fait preuve d'une érudition et de capacités intellectuelles largement supérieures à la moyenne ; se réalisant dans l'amour humain, concret, il n'est cependant pas un ange descendu sur terre, mais un humain parfait, c'est-à-dire un être « total ».
L’androgyne décadent
Dans les romans et les nouvelles appartenant au mouvement décadent du XIXe siècle, la figure de l'androgyne est récurrente, mais sous la forme d'un hermaphrodite morbide, voire satanique, qui ne connaît d'existence que sensuelle. On a affaire à une « dégradation du symbole ».
L’androgynie au XXIe siècle
Un androgyne est une personne qui estime ne pas trouver sa place dans le schéma binaire homme/femme des sociétés contemporaines. Quand la personne s'identifie au genre sexuel opposé à son sexe biologique, il s'agit de transsexualisme. Quand la personne refuse d'être catégorisée sous les deux seules étiquettes admises, il s'agit d'une personne transgenre. Certaines personnes se qualifient plutôt d'intergenre, bien que pouvant être considérées comme faisant partie de la catégorie des transgenres au sens large du terme.
L'androgynie désigne aussi un style vestimentaire dans les mouvements Glam Rock et Cosplay, où hommes et femmes s'habillent sans tenir compte des codes vestimentaires habituels, piochant allègrement dans les registres censés appartenir au genre opposé ; au sens large on parlera de travestissement.
Parmi les personnalités et groupes les plus connues pour leur apparence androgyne aux XXe et XXIe siècles on retrouve entre autres : David Bowie, Klaus Nomi, Marilyn Manson, Brian Molko de Placebo, Boy George (chanteur de Culture Club), Nicola Sirkis (chanteur du groupe Indochine), Bill Kaulitz des Tokio Hotel, Mylène Farmer, Mika Doll, Cinema Bizarre (groupe de pop-rock allemand), ainsi que la chanteuse britannique Elly Jackson (La Roux).
L'androgynie est l'une des bases du mouvement musical japonais Visual Kei, avec des artistes et des groupes comme Mana de Malice Mizer et Moi Dix Mois,X Japan, Dir En Grey, Miyavi (lorsqu'il était membre de Dué le Quartz)), Versailles, The GazettE, Dio - Distraught Overlord, An Cafe, etc.
Il y a également des personnages fictifs androgynes, tel que les Jasdebi dans le manga D.Gray-man ou alors Leo dans Tekken 6 Deidara et Haku du manga Naruto. Hideyoshi Kinoshita est un exemple flagrant d'androgynie dans le manga Baka To Test To Shoukanjuu Ni.
Notes
- Tite-Live, histoire romaine, livre XXVII, 11
- Julius Obsequens, Des prodiges, 86 ; 92 ; 94 ; 96 ; 107 ; 108 ; 110.
Voir aussi
Articles connexes
Bibliographie
- 2007, Androgynie & Anorexie, 306 pages, PDF, de Patricia Bourcillier
- Foucault Michel, Les anormaux, Seuil, 1999, 368,p. ISBN 2-02-030798-7
- Brisson Luc, Le sexe incertain. Androgynie et hermaphrodisme dans l'Antiquité gréco-romaine, Les Belles Lettres, Paris, 1997.
- L'infirmerie après les cours de Mizushiro Setona
- 1962 Méphistophélès et l'Androgyne de Mircéa Eliade.
- (1986) L'imaginaire androgyne d'Honoré de Balzac à Virginia Woolf de Frederic Monneyron
- (1990) L'androgyne dans la littérature de Frederic Monneyron
- (1994) L'androgyne romantique du mythe au mythe littéraire de Frederic Monneyron
- (1996) L'androgyne décadent. Mythe, figure, fantasmes de Frederic Monneyron
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