- Ancien et Mystique Ordre de la Rose-Croix
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Antiquus Mysticusque Ordo Rosae Crucis
L'Antiquus Mysticusque Ordo Rosae Crucis (nom latin, en français : « Ancien et Mystique Ordre de la Rose-Croix »), également connu par son sigle AMORC, ou encore sous la terminologie Ordre de la Rose-Croix AMORC, se définit lui-même comme étant un « mouvement philosophique, initiatique et traditionnel mondial, non sectaire et non religieux, apolitique ». En France, alors que le mouvement n'avait pas été listé en 1995, un rapport parlementaire publié en 1999 mentionne l'association parmi les groupes sectaires dans sa section sur les créances.
Fondé en 1915 sous l'impulsion de Harvey Spencer Lewis et à partir d'une synthèse d'« enseignements rosicruciens anciens », l'AMORC revendique environ 250 000 membres dans le monde. La devise de l'AMORC est : « la plus large tolérance dans la plus stricte indépendance ».
Sommaire
Doctrine générale
La doctrine de l'AMORC indique que Dieu est considéré comme l'Intelligence universelle qui a pensé, manifesté et animé la Création. Cette dernière est imprégnée d'une Âme universelle qui évolue vers la perfection de sa propre nature. La vie est le support de l'évolution dans l'univers et sur la Terre. La matière doit son existence à une énergie vibratoire. Le temps et l'espace sont des états de conscience et n'ont aucune réalité matérielle indépendante de l'homme. Le destin de tout être humain est déterminé par la manière dont il applique son libre arbitre et par le karma qui en résulte. L'évolution spirituelle de l'homme est régie par la réincarnation et a pour but ultime d'atteindre la perfection. À l'issue de son évolution spirituelle, l'âme de tout être humain réintègre l'Âme universelle en toute pureté et vit en pleine conscience dans l'Immanence divine[1]
Historique
Origine historique
L'AMORC, bien que créé en 1915, revendique une filiation avec la fraternité mystique du début du XVIIe siècle qui se faisait connaître en placardant sur les murs de Paris l'affiche des députés du collège de la Rose Croix.
Origines selon Harvey Spencer Lewis
D'après les écrits de Harvey Spencer Lewis (1883-1939), fondateur et premier « imperator [2] » de l'AMORC, l'Ordre de la Rose-Croix trouverait son origine traditionnelle en Égypte ancienne. HS Lewis considérait en effet qu'un seul et unique Ordre de la Rose-Croix avait existé à travers les âges, avec diverses dénominations et que l'AMORC en serait l'héritier. Il aurait été fondé par le pharaon Thoutmôsis III en regroupant les écoles de mystères existantes au sein d'une même entité. Toujours d'après cette théorie, le pharaon Amenophis IV (ou Akhénaton, nom qu'il prit lorsqu'il fonda sa religion monothéiste) aurait poursuivi son œuvre. L'« ordre » se serait ensuite étendu dans le monde antique grâce aux philosophes grecs qui allaient étudier dans les temples d'Égypte, comme Pythagore. Il se serait ensuite développé au sein des cercles d'alchimistes, puis à l'interieur de l'Ordre du Temple, avant de révéler son existence au public.
Dans son Histoire complète de l'Ordre de la Rose-Croix, Harvey Spencer Lewis affirme que d'après la tradition orale des Rose-Croix, la grande école de Mystères de Thouthmôsis, qu'il nomme la « Grande Fraternité Blanche », donna naissance à l'« ordre » qui plus tard utilisera le symbole de la Rose et de la Croix.
Selon Valérie Dupont, membre de l'AMORC, des écoles de Mystères (pour l'instruction des prêtres ou des « divines épouses »[3]) se sont reconstituées au cours du régne d'Amosis I, sous l'impulsion d'Ahmes Nefertari qui fit rechercher les anciens rituels lors du relèvement de l'Égypte après l'invasion des Hyksos. Toujours selon Valérie Dupont, à la même époque, des mystères plus anciens, ceux d'Heliopolis, auraient été récupérés dans le plus grand secret, et quelques années plus tard, Thouthmôsis III en aurait été le ré-unificateur.
Cycle de 108 ans
Toujours selon HS Lewis, l'« ordre » serait régi par des cycles périodiques de 108 ans, où alternent périodes d'activité et de sommeil. Il aurait été actif sur le sol américain à l'époque de Thomas Jefferson, qui en aurait été membre, puis serait tombé en sommeil en application de la règle des 108 ans. Si l'on se réfère à ses mémoires, HS Lewis aurait reçu en 1909 une initiation rosicrucienne à Toulouse, France, pour procéder au « réveil » de l'Ordre de la Rose-Croix aux États-Unis, ce qu'il fit plus tard en fondant l'Antiquus Mysticusque Ordo Rosae Crucis (Ancien et Mystique Ordre de la Rose-Croix). Le dernier cycle d'activité devrait s'étendre jusqu'en 2017. (H. Spencer Lewis est le seul à faire référence à un tel cycle de 108 ans[réf. nécessaire].)
Au XVIIe siècle, notamment dans Silentium post clamores, Michael Maier précise que les Rose-Croix sont les successeurs des collèges des Brahmanes hindous, des Égyptiens, des Eumolpides d'Éleusis, des Mystères de Samotraces, des Mages de Perse, des Gymnosophistes d'Éthiopies, des Pythagoriciens et des Arabes. On peut trouver un autre exemple dans l'ouvrage Apolegeticus Integritatem Societatis de Rosae Cruce (1617) de Robert Fludd, médecin et rosicrucien anglais, qui explique comment « la sagesse fut extraite de la doctrine des hiéroglyphes » qui « peut être contemplée dans les pyramides memphytes où les philosophes antiques la célébraient »[4]. L'Égypte à laquelle font référence Michaël Maier et Robert Fludd était figurée par le personnage mythique d'Hermès Trismégiste. L'AMORC dès le début du siècle dernier a ainsi pu développer la théorie selon laquelle les Hermès sont liés aux sages de la XVIIIe dynastie. Du reste, les enseignements de cet Ordre moderne sont pour une grand partie inspirée de l'hermétisme égyptien.
Toujours selon H. S. Lewis, auparavant certains groupes de l'« ordre » en France se réunissaient dans la plus grande discrétion sous couvert d'associations comme la société philomatique. Il explique qu'avant de recevoir son initiation à Toulouse, H. S. Lewis entra donc en relation avec certaines de ces sociétés alors même qu'il présidait le « New York Institute for Psychical Research ». D'après l'AMORC, parmi les membres fondateurs de cet institut figurent des personnalités comme l’écrivain et poétesse Ella Wheeler Wilcox (1850-1919) et Isaac Kauffmann Funk (1839-1919), connu pour ses ouvrages sur les sciences psychiques[5].
Origine selon des points de vue extérieur à l'Ordre
H. S. Lewis exprima ces positions à une époque où les connaissances sur l’histoire du rosicrucianisme n’étaient guères développées. Aujourd’hui les positions de l’A.M.O.R.C. ont évolués et il ne prétend pas posséder une filiation ininterrompue depuis Thoutmôsis III, ce qui de toute façon serait indémontrable. Pour ce qui est de ses origines historiques, l’A.M.O.R.C. se place plus volontiers dans le sillage du rosicrucianisme du XVIIe siècle[réf. nécessaire] .
D'après ce qu'Harvey Spencer dit lui-même, lorsqu'il travaillait au sein de l’Institut de recherches psychiques de New York, May Banks-Stacey, une des dernières « descendantes du mouvement rosicrucien américain » lui aurait révélé les moyens d'accéder à la connaissance de ses vies antérieures. Au cours d’une ou plusieurs réincarnations précédentes, elle lui aurait révélé son appartenance à une fraternité mystique comme les rosicruciens d’Égypte. Lors de ses expériences, Harvey Spencer Lewis aurait retrouvé des connaissances acquises dans des vies antérieures, mais en aucun cas il ne s'est prévalu d'être la réincarnation de ce pharaon. »[6]
L'AMORC se voit aussi reprocher par le CR+C de se présenter comme seul héritier moderne de la Tradition rosicrucienne[7], de qualifier les autres sociétés rosicruciennes de « sectes » et leurs dirigeants de « gourous »[8]. Pourtant, l’AMORC ne prétend pas être le seul héritier moderne de la tradition rosicrucienne, mais il met en garde les chercheurs contre des mouvements peu sérieux qui se réclament du rosicrucianisme.
Harvey Spencer Lewis
Harvey Spencer Lewis dit avoir été initié au rosicrucianisme à Toulouse le 12 août 1909[9] En décembre 1913, Harvey Spencer Lewis confie aux membres du New York Institute for Psychical Research son intention d’établir l’ordre de la Rose-Croix en Amérique. Il fonde l'AMORC le 1er avril 1915 aux États Unis.
Ensuite, selon lui, une des dernières descendantes des rosicruciens d'Amérique, May Banks-Stacey, prend contact avec lui. D'après les écrits de Harvey Spencer Lewis, elle lui remet un petit coffre et des documents sur lesquels il reconnaît des symboles rosicruciens qu’il avait vus à Toulouse en 1909[10]. Par la suite, il aurait reçu des « mandats » et les manuscrits secrets des premiers rosicruciens américains (qui dateraient de 1694)[11].
Harvey Spencer Lewis aurait également été franc-maçon au rite égyptien de Memphis-Misraïm, et en tous cas, fut reçu à Paris par les plus hauts dignitaires du collège des rites maçonniques. Camille Savoire, l'un des responsables de la maçonnerie française, dans une lettre datée de 1928, lui exprime toute sa sympathie et son intérêt pour les enseignements rosicruciens.
D'apres Robert Van Loo, membre exclu de l'AMORC, il se serait intéressé à la Golden Dawn (ou Ordre Hermétique de l'Aube Dorée). Selon lui, il postula pour devenir membre de cet ordre, essuya un refus, et créa ensuite ce qui allait devenir l'AMORC en forgeant une filiation égyptienne imaginaire. Toujours selon Van Loo, HS Lewis aurait été très proche (malgré le déni de l'AMORC à ce sujet[12]) du mage Aleister Crowley, adepte de la Golden Dawn.
D'après l'AMORC, Harvey Spencer Lewis n’avait aucune sympathie pour Aleister Crowley, et dès octobre 1916, avait sévèrement critiqué celui-ci en le présentant comme un magicien noir. Il précisait qu’Aleister Crowley était un imposteur, qu’il n’avait rien à voir avec l’AMORC et n’était pas le chef secret du rosicrucianisme, contrairement à ce qu’il tentait de faire croire[13]
À partir de 1930, l'AMORC se dote d'un conseil qui regroupe les responsables de toutes les juridictions mondiales. Parmi ces responsables le peintre et tibétologue Nicolas Roerich est légat de l'AMORC pour le Tibet. Selon l'AMORC, il lui communique alors certaines « techniques » tibétaines, dont les enseignements contemporains de l'AMORC portent encore la marque[14].
Il se dit parfois que le véritable nom de l'AMORC, ou le nom hermétique, secret, traditionnel, authentique, est en fait : Antiquus Arcanus Ordo Rosæ Rubeæ et Aureæ Crucis (Ordre Ancien et Secret de la Rose Rouge et de la Croix d'Or)[15]. Or si Antiquus Arcanus Ordo Rosæ Rubeæ et Aureæ Crucis a bien été utilisé par Harvey Spencer Lewis, en concurrence avec Antiquus Mysticusque Ordo Rosae Crucis, pour désigner son Ordre, plusieurs autres sociétés ont également usé de noms contenant « rose rouge » et « croix d'or », ce qui entraîne facilement des confusions[16]. On peut citer :
- L'Ordo Rosæ Rubeæ et Aureæ Crucis, cercle intérieur rosicrucien de la Golden Dawn.
- L'Antiquus Arcanæ Ordinis Rosæ Rubeæ Aureæ Crucis, dont Spencer Lewis aurait reçu son initiation à Toulouse.
- L'Antique Arcanæ Ordinis Rosæ Rubeæ et Aureæ Crucis, d'Émile Dantine.
- L'Antiquus Arcanus Ordo Rosæ Rubeæ et Aureæ Crucis, société autrichienne créée vers 1937 par Eduard Munninger, qui fut auparavant membre de l'AMORC.
Dissidences
Le premier imperator est Harvey Spencer Lewis de 1915 à 1939, puis son fils Ralph Maxwell Lewis lui succede. En 1987, alors que RM Lewis n'a pas désigné de successeur, Gary L. Stewart devient imperator[17]. Mais en 1990, il est démis de ses fonctions par le conseil suprême, et poursuivi en justice pour malversations financières (à noter que les poursuites à son encontre furent finalement abandonnées à l'issue du procès l'ayant opposé à l'AMORC[18]).
Le Grand Maître de l'époque de la juridiction de langue française, Christian Bernard, se voit confier la charge d'imperator. Il assume conjointement ces deux fonctions jusqu'en mai 1993 où Serge Toussaint le remplace au poste de grand maître (installé à Toulouse le 31 mai 1993).
Quant à Gary L. Stewart, après avoir été exclu de l'AMORC, il participe quelque temps à une organisation l'« Ancient Rosae Crucis » où il prend la fonction d'imperator, avant de fonder en 1996 un autre groupe, la Confraternité de la Rose-Croix (CR+C)[19].
Cette période voit la création d'organisations indépendantes de l'AMORC ou d'autres dissidences :
En 1988, Raymond Bernard, ancien grand maître de la juridiction française de l'AMORC, fonde le « Cercle international de recherches culturelles et spirituelles » (CIRCES)[20]. Le CIRCES est ensuite rebaptisé « Comité d'initiatives et de réalisations caritatives et sociales » et rattaché à l' Ordre souverain du temple initiatique (OSTI), autre ordre créé ou réactivé par le même Raymond Bernard.
En 1990, la France voit la création du « Mouvement pour la sauvegarde des enseignements traditionnels et initiatiques » (SETI)[21], groupe dissident fondé par plusieurs officiers exclus de l'AMORC pour cause de divergence de vues avec Christian Bernard. En 1997, le SETI ajoute à son nom celui de « Cénacle de la Rose+Croix » ; en novembre 1998, il noue contact avec la Confraternité de la Rose-Croix de Gary L. Stewart, (mêmes initiales, CR+C, qui ne traduisent pas pour autant de lien organique entre les deux associations)[22].
Fonctionnement
De nos jours, l'AMORC est divisé en juridictions de langue[23], chacune ayant un siège distinct. Il existe ainsi par exemple en Europe une juridiction allemande [24], anglaise [25], espagnole[26], italienne[27], néerlandaise[28], nordique[29], etc. Le siège de la juridiction francophone se trouve en Normandie ; celui de la juridiction anglophone d'Amérique à San Jose, en Californie, etc.
Quant au siège mondial de l'AMORC, il fut d'abord établi à New York (1915-1918) puis déplacé à San Francisco (1920-1925), Tampa (1925-1927) et San Jose (1927-1993) au Rosicrucian Park[30] San Jose, Californie. Plus récemment, le siège mondial fut installé quelque temps près de la ville de Lachute, Québec, à proximité de Montréal, mais ce lieu ne sert plus aujourd'hui que pour les réunions annuelles des grands maîtres des différentes juridictions[31]. Actuellement,l'adresse officielle de la Grande Loge Suprême est à San Jose (Californie) 1342 Naglee Avenue - CA 95191 [32]
L'AMORC revendique environ 250 000 membres dans le monde, dont approximativement 30 000 pour la juridiction francophone[33]. Les membres, appelés « rosicruciens », peuvent fréquenter des organismes locaux appelés « loge », « chapitre » ou « pronaos ». Selon l'AMORC, à n'importe quel moment un membre peut décider de mettre fin à son affiliation, sans avoir à se justifier[34].
Hiérarchie
Le dirigeant de l'AMORC au niveau mondial est l'imperator. Alors que la traduction littérale semble indiquer qu'il s'agit d'un titre impérial[35], le titre serait en fait, selon l'imperator actuel, employé avec le sens de "imperare sibi" « Maitre de soi »[36]. Chaque grande loge (ou juridiction de langue) est dirigée par un grand maître, proposé à ce poste par l'imperator, et élu par le conseil suprême (composé des autres grands maîtres). Le conseil suprême élit aussi l'imperator, et possède le pouvoir de le destituer si besoin. Au sein d'une grande loge, le grand maître est secondé par les grands conseillers (équivalents des conseiller régionaux), les grands conseillers étant secondés par les moniteurs régionaux, tous nommés par le grand maître. Au niveau d'un organisme affilié (loge, chapitre, ou pronaos), les responsables sont les officiers (en place pour un ou deux ans suivant la fonction exercée), et le responsable administratif est le président du conseil d'administration. Les officiers sont choisis au sein de la loge par un conseil d'administration et confirmés dans leur fonction par la grande loge.
Financement
L'AMORC finance ses activités de diverses manières. Il y a tout d'abord la cotisation annuelle versée par ses membres[37], mais aussi la capitation versée par les organismes affiliés, les dons des membres en vertu de la « loi d'AMRA »[38] ainsi que les revenus de l'espace Saint Martin[39]. L'AMORC publie également des livres et diverses revues à travers ses maisons d'édition (Diffusion rosicrucienne en France et The Rosicrucian Supply Bureau aux États-Unis).
La commission parlementaire française a détaillé le patrimoine immobilier et financier de l'AMORC en France. Par l'intermédiaire d'une société commerciale, l'AMORC est propriétaire de l'espace Saint-Martin à Paris[17] qui forme un complexe de 2 500 m2, composé de 10 salles sur trois niveaux, d’un auditorium de 400 places, d’une librairie et d’une galerie d’art. L'AMORC possède également le Château d’Omonville qui abrite l'Université Rose-Croix internationale (URCI)[40] dans l’Eure, classé aux monuments historiques. Le papier à en-tête de l'AMORC reprend la façade du château. Le Cénacle de la Rose+Croix (CR+C) parle de « multinationale de l'ésotérisme » pour qualifier l'AMORC[41]. De plus, selon le rapport parlementaire sur l'argent et les sectes, l'AMORC aurait fait l'objet d'un redressement fiscal de 118 millions de francs, dont 32 millions de francs de dégrèvement accordé par le fisc[42]
Publications
L'AMORC publie régulièrement sur internet le Rose+Croix Journal qui est une revue internationale en ligne, dont les articles traitent de sujets concernant les sciences, les arts, la philosophie, la spiritualité, l’ésotérisme, l’histoire, ou tout autre domaine de l’activité humaine[43].
L'AMORC publie également The Rosicrucian Forum, depuis 1930, qui est la revue officielle de l'ordre réservée aux membres, The Rosicrucian Digest, depuis 1930 également, et la revue Rose-Croix. Par le passé, il a également publié The American Rosae Crucis, de 1916 à 1918, puis une revue réservée exclusivement à ses membres, intitulée Cromaat [44], de 1918 à 1919 à New York, puis The Triangle, de 1920 à 1925, à San Francisco, Californie et The Mystic Triangle, de 1925 à 1930, à Tampa, Floride, puis San José, en Californie [45].
En août 2001, l'Ancien et Mystique Ordre de la Rose-Croix a publié la Positio Fraternitatis Rosae Crucis, présentée comme le « quatrième manifeste rosicrucien ». Contrairement aux autres manifestes, son contenu n'est pas ésotérique. Il propose les considérations des dirigeants de cette société rosicrucienne moderne sur « le monde comme il va », et sur la façon dont l'idéal rosicrucien pourrait contribuer à éclairer l'humanité dans la période de crise profonde des valeurs que nous vivons.
Plus récemment, l'AMORC a également édité une déclaration rosicrucienne des devoirs de l'homme[46]. Cette déclaration a été diffusée en encart publicitaire dans le Monde, le Journal du Dimanche, le Figaro et VSD.
Enseignements et buts revendiqués
L'AMORC affirme aider ses membres à réaliser un certain équilibre humain par la réalisation d'un genre de Maîtrise personnelle d'ordre ésotérique et Mystique par une culture enrichissante. Pour cela un enseignement est mis à la disposition des membres de l'AMORC. Selon le mouvement, il dure environ une trentaine d'année sur douze degrés et est fondé sur une recherche/étude strictement personnelle[47].
Selon l'AMORC, trois mots expriment cette recherche : Harmonie (avec le « Cosmique »), Bienveillance et maîtrise (de soi, du cosmos, des lois de l'univers Naturel). Dans cette doctrine, Dieu est plutôt perçu comme un Principe Impersonnel et une Énergie Cosmique, alors que Jésus fait figure de grand initié.
L'enseignement de l'AMORC est envoyé sous forme de documents mensuels d'une dizaine de pages. Ces monographies traitent des sujets de « philosophie ésotérique : l'aura, l'alchimie spirituelle, les grands initiés, le karma et la réincarnation, les cycles cosmiques, les vibrations de la matière, les phases de la conscience humaine, les manifestations de la vie, la guérison métaphysique, les centres psychiques, les sons vocaux, son symbolisme universel etc.
D'après la brochure intitulé : « la Maîtrise de la Vie », ces enseignements tiennent compte d'une certaine « progression » ou degrés : [48]
- les « lois du macrocosme et du microcosme en relation avec les principes hermétiques ».
- la conscience humaine. On y décrit une « pratique de la relaxation et de la concentration » ;
- les lois de la vie. Le « vitalisme ancien » et la « Force Vitale ». La Nature et l'« Âme Universelle ».
- « l'Évolution cosmique » ;
- l'histoire de la Philosophie selon l'AMORC ;
- la « thérapeutique rosicrucienne » ;
- le corps psychique de l'homme (référence aux rosicruciens du XVIIe siècle (Van helmont, Goclenius,Maier), le « voyage astral ») ;
- les origines de l'homme et de la destinée : le concept de Dieu, l'Âme Universelle, l'âme humaine et ses attributs, l'avant-vie, le mystère de la naissance, l'application du libre arbitre, le karma et la manière de le maîtriser, le mystère de la mort, l'après-vie, la réincarnation, l'assistance aux mourants, le pouvoir de la prière, etc.
- le symbolisme traditionnel et les « principes mystiques » qui s'y rapportent, etc.
Il existe des degrés au-delà.
Activités
Musée rosicrucien des antiquité égyptiennes
L'AMORC présente au public un musée d'antiquités égyptiennes à San Jose, sur côte ouest des États Unis [49].
Récemment une momie du musée a fait l'objet d'une étude en collaboration avec le Stanford University Hospital[50]
Université Rose Croix Internationale
L'AMORC possède une « université de recherche » depuis le début du XXe siècle. Elle est composée de membres de l'AMORC spécialisés dans un domaine particulier des sciences ou de la culture. Des recherches sont effectuées dans la juridiction de langue française dans des branches aussi diverses que l’astronomie, l’écologie, l’égyptologie, l'informatique, la médecine, la musique, la psychologie, les sciences physiques et les « traditions ésotériques du passé »[51]
Controverses
Sur l'origine de l'Ordre
Pour certains, il n'existerait aucune preuve historique de l'existence de ce mouvement avant que Harvey Spencer Lewis n'en parle (début du XXe siècle). L'écrivain Pierre A. Riffard par exemple en conclut : « Il règne dans les écrits un désordre historique et une philosophie assez bigarrée. Et la pensée de Lewis est aussi plate que son titre d'« Imperator » est ronflant »[52]
Quant aux manuscrits du XVIIe siècle, ces mêmes auteurs pensent qu'il pourrait s'agir à l'origine d'un jeu (ludibrium) d'un étudiant allemand, Johann Valentin Andreae.[réf. nécessaire] Ces détracteurs rappellent qu'il est reconnu que le fondateur supposé de Rose-Croix, Christian Rosenkreutz est une personnalité fictive.
Pourtant dès le début du XVIeme siècle divers ouvrages sont publiés parallèlement à la fama fraternitatis qui font référence et défendent la fraternité de la R..C.. Notamment en Allemagne par Michael Maier dans le "Silentium post clamores", en Angleterre par Thomas Vaughan dans "the Fame and Confession of the Rosie Cross".
Sur la notion de secte
Parlement français
La commission parlementaire française chargée du rapport sur « Les sectes et l'argent » du 10 juin 1999 a inclus l'AMORC dans son rapport[17]. Celui-ci cité dans le précédent rapport sur les sectes, était « non pris en compte »[53]. Les parlementaires a effectué ce changement pour deux raisons : d'une part l'AMORC remplit certains des critères sectaires retenus dans le rapport de 1995[54], d'autre part du fait du poids économique et financier de l'organisation[17].
En 1995, les parlementaires ont repris les critères utilisés par les Renseignements Généraux (RG). Selon ces derniers, un mouvement se présentant comme religieux est une secte si les indices suivant sont observés : la déstabilisation mentale, le caractère exorbitant des exigences financières, la rupture induite avec l'environnement d'origine, les atteintes à l'intégrité physique, l'embrigadement des enfants, le discours plus ou moins anti-social, les troubles à l'ordre public, l'importance des démêlés judiciaires, l'éventuel détournement des circuits économiques traditionnels et les tentatives d'infiltration des pouvoirs publics.
Le rapport parlementaire de 1999 est contesté par l'AMORC. son Grand maître, Serge Toussaint, publie en 2006 un livre, préfacé par Janine Tavernier, présidente de l'Union nationale des associations de défense des familles et de l'individu (UNADFI) jusqu'en 2002[55],[56]. Dans ce livre, il affirme que son mouvement fait l'objet d'amalgames, donnant son explication sur la raison pour laquelle des parlementaires en sont venus à ce jugement.
Philippe Vuilque, président du groupe d’études sur les sectes à l’Assemblée Nationale confie que les membres de l’AMORC « font du lobbying auprès des parlementaires » en prétendant que leur présence dans le rapport parlementaire est une erreur. Le député ajoute que leurs pratiques sont pourtant « symptomatiques de dérives sectaires »[57] ; pour l'AMORC il s'agit de discrimination. En réponse à des lettres de l'AMORC :
- Georges Fenech écrit : « il ne m'appartient pas de discuter du bien-fondé d'un rapport parlementaire [...] toutefois je puis vous indiquer que tant au cours de ma carrière de magistrat confronté au phénomène sectaire, qu'à l'occasion de réflexions et travaux menés à ce sujet, je n'ai eu à connaître de faits ou de positions pouvant préjudicier à votre éthique. De plus à ma connaissance les tribunaux n'ont pas été saisis de plaintes à votre encontre. » [58]
- Jacques Guyard affirme que « depuis qu'en 1999 la Commission d'enquête de l'Assemblée Nationale avait rangé l'AMORC dans la liste des mouvements présentant des dérives sectaires, je tiens à témoigner qu'aucun fait n'a pu vous être reproché qui vienne conforter ce classement. » [59]
La mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (MIVILUDES) mentionne l'AMORC et son « Institut Culturel de l’Enfance » dans son rapport de 2005 sur la protection des mineurs face à l'entreprise sectaire[60].
Association de familles
L'Union nationale des associations de défense des familles et de l'individu victimes de sectes (UNADFI), première association française de lutte contre les sectes a parfois mis en garde contre l'AMORC au vu de certaines pratiques rituelles de ce groupement. Cependant, Janine Tavernier, présidente de l'UNADFI de 1993 à 2001, affirme à titre personnel dans la préface du livre de Serge Toussaint : « secte sur ordonnance » [61] que l'AMORC n'est pas une « secte » en considérant les critères de l'ADFI à savoir « la nocivité et la dangerosité ». Elle complète : « C'est pour rester fidèle à moi-même, à mes convictions, refusant le silence et la lâcheté, que j'ai accepté de m'associer à ce livre qui dénonce l'injustice dont l'AMORC a été victime en ayant été classé comme secte. »
L'ADFI Deux-Savoie a inclus l'AMORC dans une liste de sectes présentes en Savoie. Elle a été poursuivie en diffamation par l'AMORC et relaxée ; l'appel de l'AMORC a été jugé irrecevable[62].
Revenant sur les points précédents, un article de la revue « Le Point » relaye les revendications de l'AMORC et se demande si l'association n'aurait pas fait l'objet d'un faux procès, expliquant que « détacher du pilori est plus difficile que d'y clouer »[63]
Relation avec l'Ordre du Temple Solaire ?
Selon Libération, Joseph di Mambro, fondateur de l'Ordre du Temple solaire, a commencé son parcours dans le « monde de l'ésotérisme » par l'AMORC, dans les années 1950[64] (de 1956 à 1970[65]) ; selon Le Point, il était maître de la « loge Debussy »[66], loge de l'AMORC. Raymond Bernard est même un moment inquiété ; il affirme alors que Di Mambro aurait bien été « Maître » d’une loge rosicrucienne pendant une année et qu'il aurait été ensuite amené à l'exclure de l’AMORC[67]. Selon l'Agence France-Presse, Joseph di Mambro apparait comme membre de l'AMORC jusqu'en 1989, tandis que 130 noms d'adeptes apparaissent à la fois dans les données de l'OTS et dans celui de l'AMORC[68].
Le Grand Maitre de l'AMORC, Serge Toussaint témoigne sur le dossier[69].
Notes et références
- ↑ Ordre de la Rose-Croix A.M.O.R.C.
- ↑ selon Christian Bernard, imperator ne signifierait pas « empereur » mais « maître de soi »
- ↑ Au sujet des divines épouses, voir les travaux de Christiane Desroches Noblecourt, qui n'a rien à voir avec l'AMORC
- ↑ Robert Fludd, Apolegeticus integritatem societatis de rosea cruce (1617), page 48
- ↑ The Widow’s Mite and other psychic phenomena, paru en 1904 ou The Psychic Riddel trois ans plus tard http://www.rose-croix.org/histoire/histoire16.htm l'institut de recherches psychiques de New York
- ↑ AMORC
- ↑ Source : voir note 6.
- ↑ http://www.crc-rose-croix.org/hist/schedule.asp
- ↑ Site de l'AMORC
- ↑ Site de l'AMORC
- ↑ Bureau de Documentation sur les Sectes et le Religions
- ↑ http://www.rose-croix.org/histoire/histoire20.htm
- ↑ (« Some books not recommended, The Imperator reviews a few books », The American Rosæ Crucis, vol. I, n° 10, octobre 1916, p. 22-23.) http://www.rose-croix.org/histoire/histoire19.htm
- ↑ Histoire de la Rose-Croix - 19
- ↑ http://home.planet.nl/~amorc.nl/enontsta.html
- ↑ Cf. l'article Manifestations of the Neo-Rosicrucian Current.
- ↑ a , b , c et d Rapport parlementaire français n°1687, du 10 juin 1999
- ↑ http://rosecroix.chez-alice.fr/interview_france.htm
- ↑ Site officiel de la Confraternity of the Rose Cross
- ↑ Site officiel du CIRCES
- ↑ Site officiel du SETI, Cénacle de la Rose-Croix
- ↑ Voir note 12.
- ↑ Une juridiction regroupe tous les pays où l'on parle la même langue et est dirigée par un Grand Maître. [1]
- ↑ Juridiction allemande de l'AMORC
- ↑ Juridiction anglaise de l'AMORC
- ↑ Juridiction espagnole de l'AMORC
- ↑ Juridiction italienne de l'AMORC
- ↑ Juridiction hollandaise de l'AMORC
- ↑ Juridiction des pays de langue nordique de l'AMORC
- ↑ Photos du Rosicrucian Park http://www.rosicrucian.org/park/index.html
- ↑ Article sur le domaine rosicrucien de La chute Quebec http://www.rose-croix.org/revue/pdf/automne_2005.pdf
- ↑ inscription officielle au bureau fédéral sous le numéro 770260906
- ↑ Voir note 4.
- ↑ 08 A.M.O.R.C. Admission à l'A.M.O.R.C.
- ↑ Le titre « imperator » était donné aux généraux romains victorieux et non aux empereurs
- ↑ Actualité des Religions - JUILLET / AOUT 2002 : Les Roses+Croix
- ↑ 08a A.M.O.R.C. informations sur l'affiliation
- ↑ http://www.prevensectes.com/amorc2.htm
- ↑ 199 rue Saint Martin, 75003 Paris http://www.espacesaintmartin.com
- ↑ Voici une photo de la façade du Château d'Omonville http://www.amorc.cz/images/France/P6171697.JPG
- ↑ Voir les déclarations faites sur un site lié au CR+C [2], [3]
- ↑ Rapport parlementaire, III. B.2
- ↑ The Rose+Croix Journal
- ↑ Reproduction des revues Cromaat [4]
- ↑ Source : Voir note 1.
- ↑ http://www.rose-croix.org/Documents/Declaration.pdf
- ↑ [Philosophie des Rose Croix http://www.rose-croix.org/10_amorc_philosophie_rose.htm
- ↑ 03 A.M.O.R.C. Ses enseignements
- ↑ Rosicrucian Egyptian Museum & Planetarium
- ↑ Rosicrucian Egyptian Museum & Planetarium
- ↑ Page d'accueil URCI UniversitéRose-Croix Internationale
- ↑ Pierre A. Riffard, L'Ésotérisme, Robert Laffont, collection Bouquins, 1990, p. 844.
- ↑ Assemblée nationale, rapport sur les sectes, 1995
- ↑ Rapport parlementaire n°2468 du 10 janvier 1996
- ↑ CAPLC pour la Liberté de Conscience, religion, croyance, conviction, pensée, culte,
- ↑ sectes sur ordonnance par Serge Toussaint, Grand Maitre de l'AMORC
- ↑ Stéphanie Forestier, « Une secte se réunit aujourd'hui en centre-ville » Le Parisien, 29 avril 2006 [5]
- ↑ [6]
- ↑ lettre de réhabilitation du président de la commission parlementaire
- ↑ Rapport MILVUDES 2005
- ↑ CICNS-NEWS - Au nom de la liberté spirituelle
- ↑ Actualités sur les sectes en septembre 1998, Prévensectes, lire en ligne
- ↑ Le Point, septembre 2006
- ↑ liberation.fr
- ↑ prevensectes.com
- ↑ Le Point, samedi 9 janvier 1999, p. 56 [7]
- ↑ Raymond Bernard - Interview
- ↑ http://www.prevensectes.com/rev9911.htm#2 AFP, citée par prevensectes]
- ↑ prevensectes.com
Bibliographie
Publications de l'AMORC
- AMORC, Maîtrise de la Vie, brochure de présentation gratuite de l'Ordre
- AMORC, Code de vie du Rose-Croix, Diffusion Rosicrucienne, 2005 (ISBN 2914226241)
- AMORC, L'ordre de la Rose-Croix AMORC en questions, Diffusion Rosicrucienne, 1996 (ISBN 2908534665)
- Dupont, Valérie, Féminin actif, féminin solaire, Diffusion Rosicrucienne, 2002 (ISBN 2914226101)
- Harvey Spencer Lewis, Histoire complète de l'Ordre de la Rose Croix, Éditions Diffusion Rosicrucienne
- Serge Toussaint, Faut-il brûler les Rose-Croix ?, Les Presses du Management, 2000 (ISBN 2878454588)
- Christian Rebisse, Rose-croix : Histoire et mystères, Diffusion Traditionnelle, 2003 (ISBN 2908353229)
Égypte antique
- Christiane Desroches Noblecourt, La femme au temps des pharaons, Stock, Paris, 1986 (ISBN 2234019419)
- Robert Bauval, Le mystère du grand sphinx, Éditions du Rocher, 2003 (ISBN 2268033945)
- Walter Burkert, Les cultes à Mystères dans l'antiquité, Belles Lettres, 2003 (ISBN 2251324364)
Autres
- Raymond Bernard, Messages du sanctum céleste, Ed. Rosicruciennes, 1970
- Michaël Maier, Silentium post clamores, 1617
- Robert Van Loo, L'Utopie Rose-Croix, Du XVIIe siècle à nos jours, Dervy, 2001 (ISBN 2844541070)
Voir aussi
Liens internes
Liens externes
- Site officiel de l'AMORC
- Quatrième manifeste "Positio Fraternitatis Rosae Crucis"
- musée rosicrucien des antiquités égyptiennes
- Photos du Rosicrucian Park construit par le premier Imperator Harvey Spencer Lewis
- Université Rose-Croix internationale
- Prévensectes Site de prévention contre les sectes, page consacrée à l'AMORC
- Les sectes et l'argent L'AMORC est cité dans le rapport parlementaire français de 1999 n°1687, ainsi que le Rapport sur la situation financière, patrimoniale et fiscale des sectes, ainsi que sur leurs activités économiques et leurs relations avec les milieux économiques et financiers
- Sectes sur ordonnance par Serge Toussaint, Grand Maitre de l'AMORC.
- Articles sur l'AMORC compilés par l'UNADFI
- Portail des religions et croyances
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