- Jeanne Detourbey
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Comtesse de Loynes
Marie Anne Detourbay, dite Mademoiselle Jeanne de Tourbey, par son mariage comtesse de Loynes, est une célèbre demi-mondaine née à Reims en 1837 et morte à Paris en 1908, qui tint un salon littéraire et politique influent sous le Second Empire et la Troisième République. Elle fut la maîtresse en titre du critique littéraire Jules Lemaître.
Sommaire
Biographie
Marie Anne Detourbay est née à Reims dans une pauvre et nombreuse famille. On prétend que, durant son enfance, elle fut employée à rincer les bouteilles de champagne. Elle monta à Paris et, sous le nom de « Mademoiselle Jeanne de Tourbey », son étoile ne tarda pas à briller d'un grand éclat au firmament de la galanterie.
Elle eut pour premier protecteur Marc Fournier, directeur du Théâtre de la Porte Saint-Martin, qu'elle ruina et qui dut la « céder » au prince Napoléon qui l'établit dans un magnifique appartement de la rue de l'Arcade, à deux pas des Champs-Élysées.
Elle ne tarda pas à y recevoir une assemblée exclusivement masculine où l'on voyait le Tout-Paris des lettres : Ernest Renan, Sainte-Beuve, Théophile Gautier, Lucien-Anatole Prévost-Paradol, Émile de Girardin. Gustave Flaubert tomba fort amoureux d'elle et lui écrivit des lettres enflammées.
Vers 1862, elle rencontra Ernest Baroche, maître des requêtes au Conseil d'État et directeur du commerce extérieur au ministère de l'Agriculture qui en fut extrêmement amoureux. Il mourut en 1870 en lui laissant la somme considérable de 800 000 francs-or (16 millions de francs ou 2,4 millions d'euros).
Cette fortune permit à Jeanne de Tourbey d'épouser en 1872 le comte Victor Edgar de Loynes, officier carabinier démissionnaire d'authentique noblesse. Ce mariage la faisait passer du demi-monde au monde tout court. Les époux ne tardèrent pas à se séparer, le comte partant pour l'Amérique où il disparut. La comtesse conserva toutefois son nom bien que le mariage n'ait été que religieux, la famille du comte s'étant opposée à leur union civile.
Ses réceptions de la rue de l'Arcade, gagnèrent en prestige. Désormais, elle recevait tous les jours entre 5 et 7 heures. Sa surface mondaine s'accrut encore lorsqu'elle s'installa sur l'avenue des Champs-Élysées même. Aux célébrités du Second Empire succédaient celles de la Troisième République naissante, nouveau régime que la comtesse de Loynes n'aimait guère : Georges Clemenceau, Georges de Porto-Riche, Alexandre Dumas fils, Ernest Daudet, Henry Houssaye, Pierre Decourcelle, et bientôt toute une pléiade de jeunes écrivains emmenés par Maurice Barrès.
Dans les années 1880-1885, elle rencontra chez Arsène Houssaye le critique Jules Lemaître, de quinze ans son cadet, et qui allait devenir l'homme de sa vie. Sous son impulsion, il devait fonder, en 1899, la Ligue de la patrie française dont il deviendrait le premier président. Ensemble, ils portaient haut les couleurs du nationalisme. Ils mirent leurs espoirs dans le général Boulanger puis ils furent passionnément anti-dreyfusards (V. Affaire Dreyfus), ce qui entraîna la rupture avec certains de leurs amis comme Georges Clemenceau, Georges de Porto-Riche ou Anatole France.
« Vers 1901, [...] tous les soirs, un peu avant sept heures – on dînait très exactement à sept heures chez Mme de Loynes – M. Jules Lemaître remontait la rue d'Artois [...] pour se rendre au fameux entresol où l'attendait une femme blondie, fardée, et qui paraît de satins clairs une soixantaine largement dépassée. [...] Dans son salon, Mme de Loynes opposait crânement ses cheveux décolorés, ses rides et ses atours tapageurs au portrait qu'avait fait d'elle Amaury Duval : une jeune femme brune, aux cheveux sages, strictement vêtue de velours noir. »[1]
Vers la fin de sa vie, Mme de Loynes aida Charles Maurras et Léon Daudet à fonder l'Action française en offrant 100 000 francs-or.
Elle repose au cimetière Montmartre où sa tombe qui n'est pas entretenue, recouverte de végétation, est actuellement à l'abandon.
Résidences
Reims :
- 16, rue du Cadran-Saint-Pierre (en 1852)
- 8, rue de la Grosse-Écritoire (en 1854, pension bourgeoise)
Paris :
- Place Royale (place des Vosges)
- Rue de Vendôme (en 1857)
- 28, rue de l'Arcade (VIIIe arrondissement) (en 1865)
- 53, avenue d'Iéna (en 1886)
- 152, avenue des Champs-Élysées (VIIIe arrondissement) (dès 1896)
Notes et références
- ↑ Becq de Fouquières, Mon Paris et mes Parisiens. Vol. 1, pp. 45-46
Voir aussi
Sources
- André Becq de Fouquières, Mon Paris et mes Parisiens. Vol. 1, Paris, Pierre Horay, 1953
Liens externes
Bibliographie
- Arthur Meyer, Ce que je peux dire
- Eugène Dupont, La Dame aux Violettes, in Reims-Magazine,
- Lucienne Ercole, La Dame aux Violettes
- Myriam Harry, La vie de Jules Lemaître, Flammarion, Paris.
- Pierre-Robert Leclercq, La comtesse de Loynes, Le Cherche Midi.
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