Jean-Bernard Mérian

Jean-Bernard Mérian

Johann Bernhard Merian

Johann Bernhard Merian, ou Jean-Bernard Mérian en français, né à Liestal, le 28 septembre 1723 et mort à Berlin le 12 février 1807, est un philosophe suisse.

Fils de Jean-Rodolphe Mérian, pasteur et chef de la république, Mérian fit ses études au collège et à l’université de Bâle. Après avoir obtenu des succès dans les sciences philologiques et métaphysiques, il concourut aux différentes chaires de l’université, et échoua quatre fois de suite dans ses efforts. Les circonstances et les conseils de sa famille, bien plus qu’une vocation décidée, le déterminèrent à embrasser la carrière ecclésiastique. Dès qu’il fut entré dans les ordres, il s’adonna à la prédication ; mais les succès qu’il obtint ne pouvaient le satisfaire. Son esprit inquiet demandait un autre aliment ; il rêvait d’un autre genre d’existence et surtout d’une autre gloire. L’accueil qu’il reçut à Lausanne, dans la maison de madame de Savigny, le détermina à se livrer particulièrement à l’étude de la langue française, détermination qui devait avoir la plus grande influence sur le reste de sa vie.

Après avoir séjourné quelque temps à Amsterdam où l’échevin Witt lui confia l’éducation de son fils, il se rendit à Berlin et choisit bientôt la Prusse pour sa patrie adoptive. Sur la recommandation de Bernoulli, il fut attaché à l’Académie de Berlin et dut une pension aux bons offices de Maupertuis qui en était directeur. Mérian ne tarda pas à trouver l’occasion de prouver sa reconnaissance à son bienfaiteur en prenant sa défense contre König dans la fameuse querelle sur la découverte des principes de la moindre action. Ce fut dans ce but, et pour remplir les devoirs que lui imposait sa qualité de membre de la classe de philosophie spéculative, que Mérian publia un grand nombre de Mémoires, tous remarquables par une dialectique vigoureuse, une clarté trop souvent rare dans ces sortes de discussions abstraites, quelquefois aussi par une raillerie fine, lorsqu’il repousse les personnalités de son adversaire.

Mérian s’était aussi proposé de combattre la philosophie de Wolff pour laquelle presque toute l’Allemagne s’était prononcée. Tous les sujets qu’il traita ont pour objet des matières de métaphysique ou de morale : l’Apperception de notre existence ; l’Existence des idées dans notre âme ; l’Action, la puissance et la liberté ; le Principe des indiscernables ; le Premier principe de Leibnitz et celui de Locke relativement à l’origine de nos idées ; le Sens moral, le Désir, l’lntensité du plaisir et de la peine ; le Suicide, etc.

Son talent philosophique ne s’est montré dans aucun de ses ouvrages avec plus d’éclat que dans ses dix Mémoires sur le problème de Molyneux, regardés par quelques-uns comme des chefs-d’œuvre d’ordre, de clarté, de distribution, d’impartialité. On a encore de Mérian un Parallèle de la philosophie de Wolff et de celle de Kant. Lorsque le système de ce dernier entraîna toute l’Allemagne, il le jugea sainement, et prévit qu’il irait se joindre à tant d’autres systèmes, qui, dans le monde des idées, brillent pour s’éteindre et s’éteignent pour reparaître encore.

Ses écrits, regardés comme des modèles d’ordre, de simplicité et de bonne foi, sont insérés dans les Mémoires de l’Académie de Berlin, dont il fut sans contredit l’un des plus beaux ornements. Il s’occupa beaucoup aussi de l’ouvrage de David Hume, Recherches sur l’entendement humain, et il en donna une traduction en 2 vol. Amsterdam, 1758, in-12. Il publia aussi en 1770 un ouvrage intitulé, Système du monde, qui a été réimprimé à Paris, 1781, in-8°. Son système est le même que celui que son compatriote Lambert a exposé dans ses Lettres cosmologiques sur l’étendue de l’univers sensible, l’enchaînement et l’harmonie du monde, le nombre et la distinction des étoiles fixes et des comètes.

Devenu directeur de la classe des belles-lettres en 1770, Mérian continua à s’occuper de philosophie, mais il s’adonna plus particulièrement à des sujets de littérature. Comme il il s’était livré, dans sa jeunesse, à l’étude des poètes tant anciens que modernes et qu’il possédait parfaitement les langues latine, italienne et anglaise, il relisait souvent Virgile, le Dante et Milton. Il a consigné le résultat de ses réflexions dans des Mémoires. Dans l’un d’eux il a démontré, par toute l’histoire de la poésie, que les sujets tirés des sciences proprement dites sont des sujets ingrats, et que les idées scientifiques introduites dans la poésie, même par de grands maîtres, nuit toujours à leurs talents. S’il obtint les suffrages universels pour ce travail, il n’en fut pas de même lorsqu’il soutint, d’accord dans cette occasion, avec Wolff qu’il avait combattu d’une manière si vigoureuse sur le terrain de la métaphysique, en s’appuyant de doutes historiques, de conjectures et d’analogies, qu’Homère n’avait pas écrit ses poèmes.

Mérian a publié une Traduction du poème de Claudien sur l’enlèvement de Proserpine, 2 vol. in-8, précédée d’une Dissertation sur cet auteur. Enfin, il a fait plusieurs Éloges, entre autres celui de Formey. Si l’on en excepte ses dignités académiques, il n’a jamais occupé d’autre place que celle d’inspecteur du collège français et celle de directeur des études.

Outre les différents ouvrages de Mérian déjà cités, on doit mentionner encore de sa Traduction de l’histoire naturelle, etc. l’Histoire naturelle de la religion de Hume, avec un examen critique et philosophique, 1759, in-12 ; ses Dissertations sur les passions, sur la tragédie, sur la règle du goût, et les Essais politiques et moraux, même date. Il a revu les Œuvres du comte Algarotti, traduites de l’italien sous la direction de l’abbé Michelessi, Berlin, 1772, 8 vol. in-8°.

Ancillon lut à l’académie de Berlin, en janvier 1810, l’Éloge de Mérian dont la mort fut pourtant sans exciter de regrets bien vifs car, s’il était un esprit original et un honnête homme, on lui reprochait son avarice et un cœur froid.

Sources

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