Isaac II

Isaac II

Isaac II Ange

Monnaie d'Isaac II Ange

Isaac II Ange11551204) est un empereur byzantin (1185-1195 et 1203-1204), fils d’Andronic Ange et d’Euphrosyne Kastamonides. C’est un arrière petit-fils d’Alexis Ier Comnène.

Sommaire

Accession au trône

Le 11 septembre 1185, alors que Thessalonique était attaquée par les Siciliens, une voyante avait affirmé à son cousin Andronic Ier Comnène, alors empereur, qu’Isaac devait lui succéder au trône. Isaac tua le soldat chargé de l’arrêter, courut à Sainte-Sophie où il expliqua à la population ce qui s’était passé. Mécontent de l’empereur, la population proclama Isaac basileus et marcha sur le palais impérial. Andronic s’enfuit, mais rattrapé, il fut emprisonné puis exécuté.

Cependant Isaac n'était pas de taille à relever la tâche qui l'attendait. L'empire était rongé de l'intérieur, l'œuvre des premiers Comnènes avait commencé à péricliter en à peine 5 ans et Isaac confirma cette chute. Le nouvel empereur, contrairement à ses prédecesseurs, n'avait pas de vue d'ensemble ni de plan pour relever l’Empire.

Administration intérieure

Sur le plan intérieur, Isaac II fut incapable d'empêcher la désintégration de l’Empire et l’aristocratie féodale se montra de plus en plus rebelle. Le basileus altéra les monnaies, augmenta les impôts, paya mal les fonctionnaires qui se payaient donc sur le peuple. Il avait confié l'administration du trésor à son oncle maternel, Théodore Kastamonidès, excellent financier mais exacteur impitoyable. À sa mort Isaac le remplaça par des hommes inadaptés à la situation de crise de l'Empire et qui achevèrent de ruiner le Trésor de l'empire.

Politique extérieure

Durant tout son règne Isaac eut à combattre sur le front des Balkans où les Serbes progressaient de manière inquiètante au dépens de l'Empire et où les Bulgares se plaignant d'un impôt trop lourd se constituèrent avec les Valaches en un état indépendant (1187). Mais un des évènements le plus important du premier règne d'Isaac fut la Troisième croisade mené par Frédéric Barberousse.

Guerre contre les Normands

Dès son avènement, Isaac II eut à combattre les Normands, qui avaient eu comme projet d'envahir l'empire sous Andronic Ier Comnène et que l'avènement d'un nouveau basileus n'avaient pas arrêté dans leur politique belliciste. Le nouvel empereur nomma rapidement le stratège Alexis Branas au commandement suprême des forces militaires. Celui-ci remporta des succès contre les troupes siciliennes du roi normand Guillaume II le Bon, notamment lors la bataille du fleuve Strymon ; elles furent repoussées et forcées de conclure la paix.

Révolte des Bulgares

La mauvaise administration d'Isaac conduisit à des révoltes. Un impôt extraordinaire levé sur les troupeaux pour financer le mariage d'Isaac II avec une princesse hongroise fut l'occasion d'une révolte des bergers valaques. Cette insurrection s'étendit à toute la Bulgarie. La révolte fut dirigée par deux boyards, Pierre et Ivan Asen.

Leurs demandes furent repoussées par Isaac. Bulgares et Valaques décidèrent donc de s'allier. La nouvelle confédération fit alliance avec les Coumans et le joupan serbe Étienne Nemanja. Pendant les années 1186-1187 Isaac empêcha les valacho-bulgares de s'établir en Thrace, avec l'aide du stratège Alexis Branas, mais ne put mater la révolte.

Peu après la tentative d'usurpation d'Alexis Branas, les Valaques et les Bulgares pillèrent et envahirent la Thrace. Il fallut qu'Isaac l'Ange entre en campagne en 1188 pour les en chasser. Selon les termes d’un traité de paix, il leur octroyait le pays situé entre le Danube et les Balkans. La Bulgarie redevenait à nouveau un pays dangereux pour l'Empire, près de deux siècles après son anéantissement presque total par Basile II.

Néanmoins Isaac II, désireux de restaurer la puissance de l'Empire dans les Balkans, lança une offensive contre les Bulgares peu après celle qu'il avait lancée avec succès contre les Serbes en 1190. Mais cette nouvelle attaque n'eut pas la même fortune. En 1191, le basileus alla assièger Tirnovo, mais une invasion subite des Coumans le força à battre en retraite et il subit une grande déroute en repassant les Balkans. Mais ce qui empêcha Isaac de repartir à l'offensive, ce fut la révolte de Constantin l'Ange, gouverneur de Philippopolis qui fut proclamé empereur par ses soldats (1193) ; il fut cependant arrêté à Andrinople et on lui creva les yeux.

Les Asên profitèrent de ces événements pour passer les Balkans et ravager la Thrace, battant deux généraux impériaux près d'Arcadiopolis (1194-1195). L'empereur manquant de troupes passa tout l'hiver à lever une armée et demanda à son gendre le roi de Hongrie des secours. Il finit par partir en campagne au printemps de 1195, mais ce fut pour être renversé par une conspiration mené par son propre frère Alexis.

Guerre contre les Serbes de Stefan Nemanja

Après la mort de Manuel Ier Comnène en 1180 les serbes se considérèrent dégagés de leurs promesses envers Byzance et Stefan Nemanja reprit sa marche d’invasion. Il soutint opportunément la révolte valacho-bulgare pour se faire de nouveaux alliés dans sa lutte contre Constantinople. En 1187, il réussit à s'emparer de de la place de Niš et chercha à s'offrir un débouché sur l'Adriatique en occupant la Dioclée en Dalmatie jusqu'aux Bouches de Kotor. Pour arrêter les Serbes, Isaac Ange dut s'allier avec le roi Béla III de Hongrie, dont il épousa la fille Marguerite en 1185 et avec qui il conclut une alliance dirigée contre les Serbes et les Bulgares.

Cependant en 1190, peu après que la croisade allemande eut quitté le territoire byzantin, Isaac II fit le projet de reconquérir les Balkans. Il dirigea une expédition contre Stefan Nemanja et le battit sur la Morava. Cette défaite obligea le chef serbe à signer un traité par lequel il restituait ses dernières conquêtes, mais qui lui garantissait les anciennes. Le deuxième fils du joupan serbe épousait une nièce du basileus et devenait sébastocrator. Ainsi se finit la lutte entre les Serbes et les Byzantins sous le règne d'Isaac II Ange.

Croisade de Frédéric Barberousse (1188-1190)

C'est le 27 mars 1188, à la suite de la prise de Jérusalem par Saladin le 2 octobre 1187, que Frédéric Barberousse décida de prendre la croix à Mayence. Frédéric, comme ses prédecesseurs, devait passer par l'Empire byzantin s'il voulait atteindre la terre sainte. Il choisit la voie diplomatique pour arriver à ses fins. Après des échanges d'ambassades un accord fut signé en septembre 1188 entre l'empereur du Saint Empire romain germanique et Isaac II. Cet accord autorisait les armées germaniques à traverser le territoire byzantin à condition qu'elles s'abstiennent de toute violence. Malheureusement cette croisade qui n'aurait dû causer aucun problème eut des conséquences très néfastes pour l'Empire à cause d'une décision d'Isaac.

Traîtrise d'Isaac II

Barberousse habillé en croisé eut à se battre contre Isaac II pour aller en terre Sainte

En effet, peu après le départ de l'armée germanique, Isaac II changea d'avis pour une raison inconnue et signa avec Saladin un traité d'alliance par lequel il s'engageait à détruire l'armée des croisés.

À son arrivée en territoire byzantin, Frédéric Barberousse fut pris au dépourvu, les routes qu'il devait emprunter étaient bloquées par l'armée impériale et les convois de vivres stoppés ;, il apprit de plus que ses ambassadeurs à Constantinople avaient été faits prisonniers.

Une pareille traîtrise enragea Fréderic qui se mit en rapport avec tous les ennemis de Byzance. Stefan Nemanja en profita pour capturer de nouvelle forteresses à l'empire byzantin. Très vite le conflit entre les deux empereurs devint un conflit armé et les forces germaniques forcèrent le passage de Trajan gardé par l'armée impériale. Des lettres pleines de récriminations furent échangées et Frédéric ravagea la Thrace, déclarant qu'il n'arrêterait le conflit qu'en cas de libération de ses ambassadeurs. Finalement le gouverneur de Philippopolis, Nicétas Khoniatès, alla informer le basileus de la situation et ce dernier, après plusieurs échanges d’ambassades, accepta de libérer les deux ambassadeurs (19 octobre 1189).

Mais le conflit n'en était pas fini pour autant, car les ambassadeurs libérés mirent Frédéric Barberousse au courant de l'accord signé entre Saladin et Isaac, des prédications haineuses du patriarche et du mauvais traitement qui leur avait été infligé. L'empereur germanique se considéra donc en état d'hostilité avec l'Empire et après une bataille sanglante entre ses forces et l'armée byzantine à Didymotika, marcha sur Andrinople qu'il atteignit le 22 novembre. En février 1190 les Allemands étaient presque aux portes de Constantinople et occupaient la plupart des places fortes de Thrace et de Macédoine orientale après avoir incendié Berrhoé et Philippopoli.

Compromis

Isaac l'Ange, se sentant perdu, tenta de tromper l'ennemi en faisant traîner les négociations en longueur. Finalement les deux empereurs signèrent le traité d'Andrinople (février 1190) par lequel le basileus s'engagea à faire passer en Asie Frédéric Barberousse et son armée à Sestos et à Gallipoli, à leur assurer des vivres, à payer une indemnité aux deux ambassadeurs qui avaient été retenus captifs et à ne pas punir ceux qui avaient aidé les Allemands. C'était une capitulation totale.

Les croisés franchirent donc l'Hellespont (21-30 mars) et traversèrent l'Asie Mineure, non sans qu'Isaac ne prévienne Saladin de leur mouvement. Les Allemands attaquèrent le sultan d'Iconium Kılıç Arslan qui fut battu et s'avançaient vers la Terre Sainte. L'arrivée de Frédéric Barberousse excitait la terreur dans le monde musulman mais ce dernier mourut au passage du Selef le 10 juin 1190. Après cet événement l'armée germanique se dispersa.

Conséquence

La conséquence directe en Occident de l'animosité entre Frédéric Barberousse et Isaac II fut la confirmation de l'hypothèse selon laquelle le principal obstacle à la croisade était l'empire byzantin. Cela fait partie des nombreuses autres causes qui aboutirent à la prise de Constantinople par les latins en 1204.

Mouvements séparatistes

Depuis le règne d'Andronic I les tentatives de sécession voire d'usurpation avaient été nombreuses et l'avènement du nouvel empereur fut loin de les arrêter. Cependant seulement trois hommes furent vraiment dangereux pour Isaac II.

Défection d'Alexis Branas (1187)

Le basileus dut lutter contre son stratège Alexis Branas, qui, après avoir vaincu les Bulgares, se fit proclamer empereur par ses soldats et établit un blocus devant Constantinople. La situation d'Isaac était désespérée lorsqu'arriva un chevalier franc, Conrad de Montferrat, beau-frère du basileus, de passage à Constantinople, sur le chemin de Jérusalem. La charge des cavaliers francs permit la victoire de la sortie d'Isaac. Conrad tua lui-même Alexis Branas au cours d'un duel à la lance.

À Chypre (1186)

Peu après le traité de paix signé avec Ivan Asen Ier, Isaac II Ange dut lutter contre le mouvement séparatiste d'Isaac Comnène. Le basileus envoya un flotte contre Chypre, où se trouvait celui-ci, mais la flotte impériale subit un désastre face à la flotte sicilienne envoyée par Guillaume II pour secourir Isaac Comnène. L'amiral normand vainqueur, Margaritone, reçut en fief du roi de Sicile les territoires conquis en 1185 qu'il possédait encore et resta en possession de Zante et Céphalonie.

En Asie Mineure.

En Asie Mineure, Isaac II Ange ne pouvait venir à bout du séparatiste Théodore Mancaphas qui se créa un territoire comprenant la Lydie et Philadelphie. Pour l'en déloger l'empereur fit appel au duc des Thracésiens, Basile Vatatzès, qui le chassa. Théodore Mancaphas se réfugia auprès du sultan d'Iconium. Il obtint de ce dernier des troupes avec lesquelles il ravagea les provinces byzantines. Isaac II finit par obtenir à prix d'argent que Théodore Mancaphas lui fût livré, mais cet épisode en dit long sur l'impuissance de l'empereur et la désagrégation progressive de l'empire.

Fin du règne

Le 8 avril 1195, Isaac II fut détrôné et aveuglé par son frère Alexis III. Alexis, son fils, se réfugia à Venise et demanda l’aide de la république. Profitant de l’occasion, le doge Enrico Dandolo détourna la Quatrième croisade sur Byzance en 1203 et rétablit Isaac II sur le trône impérial associé avec Alexis, couronné sous le nom d’Alexis IV.

L’occupation des Francs et la politique menée par Alexis IV suscitèrent le mécontentement de la population, et une révolte conduite par Alexis Doukas Murzuphle éclata (1204), causant la mort d’Isaac II et d’Alexis IV.

Bilan

Excepté pour la deuxième partie de son règne où il n'eut qu'un rôle symbolique, le règne d'isaac II fut une catastrophe pour l'empire byzantin, qui perdit définitivement les Balkans avec la révolte des Bulgares et la progression des Serbes. Après deux siècles d'unité, les Balkans redevinrent une mosaïque d'Etats dangereux pour l'empire byzantin. L'intégrité de l'Empire était donc gravement menacée.

De surcroît, les mouvements d'usurpation ou séparatistes de plus en plus dangereux pour Byzance sont révélateurs de l'impuissance du basileus.

Une grosse erreur d'Isaac a sûrement été sa brouille avec Frédéric Barberousse qui entraîna une guerre ouverte entre les deux empereurs qui se termina par une véritable capitulation d'Isaac. Cet événement a bien sûr été un des facteurs qui entraînèrent l'animosité entre l'empire germanique et l'empire byzantin et plus largement entre l'Occident et Byzance, et qui conduira à la prise de Constantinople en 1204.


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