Doge De Venise

Le Doge (du latin dux, « chef ») est le dirigeant de la république de Venise.

Sommaire 1 Élection 2 Prérogatives 3 Titulature 4 Liste des doges de Venise 5 Bibliographie 6 Article connexe

Élection

Le texte de la promissio ducalis est fixé en 1172, et établit le mode d'élection du Doge qui impose une majorité de voix sur un collège restreint de 40 (puis 41) électeurs,

Celle-ci fait ensuite l'objet de remaniements : en 1192, lors de l'élection d'Enrico Dandolo ; puis en 1229, pour l'élection de Jacopo Tiepolo où, à partir de cette dernière date, l'élection dogale est soumise à l'examen du Conseil des Cinq correcteurs.

Puis une nouvelle réforme est mise en place en 1268, pour l'élection de Lorenzo Tiepolo. Celle-ci, d'une complexité sans égal restera quasiment inchangée jusqu'à la fin de la République.
Ainsi, les patriciens du Grand Conseil sont les premiers à entrer en lice, pourvu qu'ils aient plus de trente ans. Ils défilent devant le « ballotino », un enfant agé de dix ans environ, qui leur remet à chacun une boule, retirée d'une urne. Trente boules sont en or, les autres sont de banales billes de cuivre. Sitôt qu'un candidat électeur se trouve pourvu d'une boule d'or, les huissiers crient son nom, invitant de la sorte tous les membres de sa famille à quitter la Salle, car durant le scrutin, aucun lien de parenté ne peut exister entre deux membres désignés.
Un nouveau tirage au sort réduit alors le nombre d'électeurs à neuf, lesquels, à leur tour, proposent 40 autres noms. Le vote, cette fois, a lieu par bulletin. Pour être confirmé, chacun des quarante élus doit obtenir 7 des 9 voix.
Nouveau suffrage, nouvelle réduction : les 40 passent à 12 qui en élisent 25 autres, qui seront à nouveau réduits à 9. Ceux-ci en désignent 45, ramenés à 11 par un ultime tirage au sort selon le mécanisme des boules d’or. Le ballotino est toujours là qui les compte à l'aide d'une petite main en bois. Ces onze seront les électeurs des électeurs du doge…. Car il faut encore passer par le nombre 41. Quarante et un privilégiés dont les noms ne peuvent figurer dans aucun des choix précédents.
Cette fois, Venise tient son conclave. Celui-ci va pouvoir désigner le Doge, opération qui durera le temps nécessaire. Comme il faut au candidat une majorité d'au moins vingt-cinq des quarante et une voix, les scrutins risquent d'être nombreux. Par exemple : un seul suffit pour désigner Pietro Grimani en 1741, il en faut soixante-huit pour consacrer Carlo Contarini en 1655.

En 1501, la promissio est élue tous les ans au doge régnant. En 1646, la dogaresse est interdite de couronnement. Au cours du XVII^e siècle, les membres de la famille du doge se voient interdire les magistratures ou les ambassades.

Prérogatives

Le doge est le premier magistrat de la république, l'incarnation de la majesté de L'Etat dont il est le premier serviteur.

Ses attributs sont le dais et la pourpre, souvenir de l'Empire byzantin.

Ses habits sont somptueux, son manteau est fait d'hermine et de brocart, lamé d'or, d'argent ou de soie écarlate, ou encore la couronne adjointe en 1173 au bonnet dogal, le corno ducale (ou "Zoïa"), qui témoignent de son pouvoir. Une fois l'an, le jour de Pâques, il est de nouveau coiffé de la "Zoïa" de cérémonie. Les autres jours, il porte le corno ordinaire.

Transformé en sorte d'idole majestueuse, courtisée, le "Prince Sérénissime" perdra dans l'aventure du dogat une grande part de son patrimoine, investi essentiellement en apparat.

Un doge n'a pas le droit d'abdiquer. Il doit dissimuler ses armoiries, il ne peut accepter de présents, ni quitter son palais sans motif officiel. Le café, le théâtre lui sont défendus. S'il désire se retirer hors de Venise, ce n'est qu'avec la permission de ses Conseillers. Sur sa bourse personnelle, il est tenu d'offrir cinq fois l'an, un fastueux banquet.

Néanmoins, les Vénitiens n'ont eu de cesse de limiter son pouvoir. Ceci se fait d'abord par le biais de la promissio ducalis, véritable charte jurée par le doge lors de son entrée en fonction.

Titulature

Le premier titre du doge fut d'abord, au IX^e siècle, dux Veneciarum (« chef des Vénitiens »), dux Croatorum (chef des Croates), dux Dalmatinorum (chef des Dalmates), totius Istriæ dominator (« souverain de toute l'Istrie »), dominator Marchiæ (« souverain des Marches »), traduisant leur domination sur l'Adriatique. En 1095, l'épitaphe du doge Vitale Faliero de' Doni le proclamait même rex et corrector legum (« roi et promulgateur des lois »).

Enrico Dandolo, à la fin du XII^e siècle, s'intitulait dominator quarte et dimidie partis totius Imperii Romanie (« souverain d'un quart et demi de l'Empire de Romanie »). Ce titre fut porté jusqu'en 1356 et abandonné par Giovanni Delfino. Dandolo se vit même proposer la couronne impériale, qu'il déclina.

Liste des doges de Venise

Doges de Venise
VIIIe siècle	697 Paolo Lucio Anafesto 717 Marcello Tegalliano 726 Orso Ipato 737 Teodato Ipato 755 Galla Gaulo 756 Domenico Monegario 764 Maurizio Galbaio 787 Giovanni Galbaio 804
IXe siècle	804 Obelerio Antenoreo 809 Angelo Participazio 827 Giustiniano Participazio 829 Giovanni Ier Participazio 837 Pietro Tradonico 864 Orso Ier Participazio 881 Giovanni II Participazio 887 Pietro Ier Candiano 888 Pietro Tribuno 912
Xe siècle	912 Orso II Participazio 932 Pietro II Candiano 939 Pietro Participazio 942 Pietro III Candiano 959 Pietro IV Candiano 976 Pierre Orseolo 978 Vitale Candiano 979 Tribuno Memmo 991 Pietro II Orseolo 1009
XIe siècle	1009 Ottone Orseolo 1026 Pietro Barbolano 1032 Domenico Flabanico 1043 Domenico Contarini 1071 Domenico Selvo 1084 Vital Faliero de Doni 1096 Vital Ier Michele 1102
XIIe siècle	1102 Ordelafo Faliero 1117 Domenico Michele 1130 Pietro Polani 1148 Domenico Morosini 1156 Vital II Michele 1172 Sebastian Ziani 1178 Orio Mastropiero 1192 Enrico Dandolo 1205
XIIIe siècle	1205 Pietro Ziani 1229 Jacopo Tiepolo 1249 Marino Morosini 1252 Reniero Zeno 1268 Lorenzo Tiepolo 1275 Jacopo Contarini 1280 Giovanni Dandolo 1289 Pietro Gradenigo 1311
XIVe siècle	1311 Marino Zorzi 1312 Giovanni Soranzo 1328 Francesco Dandolo 1339 Bartolomeo Gradenigo 1343 Andrea Dandolo 1354 Marino Faliero 1355 Giovanni Gradenigo 1356 Giovanni Delfino 1361 Lorenzo Celsi 1365 Marco Cornaro 1367 Andrea Contarini 1382 Michele Morosini 1382 Antonio Veniero 1400 Michele Steno 1413
XVe siècle	1413 Tommaso Mocenigo 1423 Francesco Foscari 1457 Pasqual Malipiero 1462 Cristoforo Moro 1471 Niccolò Tron 1473 Nicolo Marcello 1474 Pietro Mocenigo 1476 Andrea Vendramino 1478 Giovanni Mocenigo 1485 Marco Barbarigo 1486 Agostin Barbarigo 1501
XVIe siècle	1501 Leonardo Loredano 1521 Antonio Grimani 1523 Andrea Gritti 1538 Pietro Lando 1545 Francesco Donato 1553 Marcantonio Trivisano 1554 Francesco Veniero 1556 Lorenzo Priuli 1559 Giorolamo Priuli 1567 Pietro Loredano 1570 Alvise Ier Mocenigo 1577 Sebastiano Veniero 1578 Nicolò da Ponte 1585 Pasqual Cicogna 1595 Marino Grimani 1605
XVIIe siècle	1605 Leonardo Donato 1612 Marcantonio Memmo 1615 Giovanni Bembo 1618 Nicolò Donato 1618 Antonio Priuli 1623 Francesco Contarini 1624 Giovanni Ier Cornaro 1630 Nicolò Contarini 1631 Francesco Erizzo 1646 Francesco Molino 1655 Carlo Contarini 1656 Francesco Cornaro 1656 Bertuccio Valiero 1658 Giovanni Pesaro 1659 Domenico II Contarini 1674 Nicolò Sagredo 1676 Alvise Contarini 1683 Marcantonio Giustinian 1688 Francesco Morosini 1694 Silvestro Valiero 1700 Alvise II Mocenigo 1709
XVIIIe siècle	1709 Giovanni II Cornaro 1722 Sebastiano Mocenigo 1732 Carlo Ruzzini 1735 Alvise Pisani 1741 Pietro Grimani 1752 Francesco Loredano 1762 Marco Foscarini 1763 Alvise Giovanni Mocenigo 1779 Paolo Renier 1789 Ludovico Manin 1797
Histoire de Venise • Chronologie de Venise • République de Venise • Venise

Bibliographie

• Philippe Braunstein et Robert Delort, Venise, portrait historique d'une cité, Paris, Seuil, 1971
• Tramezzinimag : liste des doges

Article connexe

• Chronologie de Venise
• Histoire de Venise

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