Ioulia Tymochenko

Ioulia Tymochenko
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Ioulia Tymochenko
Юлія Тимошенко
Julija Tymošenko
Yulia Tymoshenko (2008).jpg
Ioulia Tymochenko, en 2008.

Mandats
13e Premier ministre ukrainien
18 décembre 20073 mars 2010
(&&&&&&&&&&&&08062 ans, 2 mois et 15 jours)
Président Viktor Iouchtchenko
Viktor Ianoukovytch
Gouvernement Tymochenko II
Législature VIe Rada
Majorité BIouT - Notre Ukraine
Prédécesseur Viktor Ianoukovytch
Successeur Oleksandr Tourtchynov (intérim)
Mykola Azarov
10e Premier ministre ukrainien
24 janvier 20058 septembre 2005
(&&&&&&&&&&&&02277 mois et 14 jours)
Président Viktor Iouchtchenko
Gouvernement Tymochenko I
Majorité BIouT - Notre Ukraine
Prédécesseur Mykola Azarov
Successeur Iouriï Iekhanourov
Vice-Premier ministre
chargée du Fioul et de l'Énergie
30 décembre 199919 janvier 2001
Président Leonid Koutchma
Gouvernement Viktor Iouchtchenko
Prédécesseur Aleksey Sheberstov
(ministre de l'Énergie)
Successeur Ivan Plachkov
(ministre du Fioul et de l'Énergie)
Biographie
Nom de naissance Ioulia Hryhian (Grigyan)
Date de naissance 27 novembre 1960 (1960-11-27) (50 ans)
Lieu de naissance Dnipropetrovsk, RSS d'Ukraine (Union soviétique)
Nationalité ukrainienne
Conjoint Oleksandr Tymochenko
(depuis 1979)
Enfants Eugenia Tymochenko-Carr
(née en 1980)
Religion Orthodoxie
(Patriarcat de Kiev)

Lesser Coat of Arms of Ukraine.svg
Premiers ministres ukrainiens

Ioulia Volodymyrivna Tymochenko (ukrainien : Юлія Володимирівна Тимошенко), née Hryhian (Grigyan) le 27 novembre 1960 à Dnipropetrovsk (RSS d'Ukraine), est une femme d'affaires et femme politique ukrainienne, d'origine russo-arménienne[1].

Après avoir fait carrière dans l'industrie gazière, elle fonde en 2001 le Bloc Ioulia Tymochenko (BIouT), une coalition de partis politiques de centre-droit la soutenant. Réputée charismatique, elle est célèbre pour sa participation à la Révolution orange, lors de laquelle certains médias occidentaux la surnomment la « Jeanne d'Arc de la Révolution »[2].

Viktor Iouchtchenko, porté à la présidence de l'Ukraine par la Révolution orange, la nomme Premier ministre le 24 janvier 2005, puis la limoge le 8 septembre suivant. Pour la seconde fois de sa carrière, Tymochenko est nommée Premier ministre le 18 décembre 2007. Ses deux mandats sont marqués par une forte rivalité avec le président Iouchtchenko, son ancien allié.

Candidate du BIouT à l'élection présidentielle de 2010, Tymochenko est la première femme à être qualifiée pour le second tour d'une élection présidentielle en Ukraine. Elle est défaite par Viktor Ianoukovytch qui réunit 48,95 % des voix contre 45,47 % à Tymochenko. Son gouvernement est renversé le 3 mars 2010 à la suite d'un vote de confiance à la Verkhovna Rada, après quoi Ioulia Tymochenko devient le chef de l'opposition.

Le 11 octobre 2011, l'ancien Premier ministre est condamnée à sept ans d'emprisonnement pour abus de pouvoir dans le cadre de contrats gaziers signés avec la Russie en 2009, alors qu'elle exerçait la fonction de chef du gouvernement. Cette condamnation est critiquée par l'Union européenne et les États-Unis, entre autres, qui voient un motif politique dans ce procès.

Biographie

Jeunesse et formation

Ioulia Hryhian naît le 27 novembre 1960 à Dnipropetrovsk, dans l'oblast de Dnipropetrovsk, en République socialiste soviétique d'Ukraine. Son père est arménien et sa mère est juive[réf. nécessaire]. Alors qu'elle a trois ans, son père quitte le domicile familial, laissant sa mère l'élever seule[3]. Ioulia prend alors le nom de jeune fille de sa mère, Telehina, sous lequel elle termine sa scolarité dans l'école secondaire, en 1977.

En 1979, elle rejoint la faculté d'économie de Dnipropetrovsk pour étudier la technologie cybernétique. La même année, elle épouse Oleksandr Tymochenko, fils du responsable politique de la région de Dnipropetrovsk[1], avec lequel elle a une fille, Eugenia, née un an plus tard, en 1980.

En 1984, elle est primée par l'université avec un diplôme d'honneur. Comme n'importe quelle jeune spécialiste, elle obtient une « tâche » (une pratique habituelle en URSS), en l'occurence pour travailler en tant qu'ingénieur économiste à l'usine de machines-outils de Dnipropetrovsk.

Carrière de femme d'affaires

En 1988, son mari Oleksandr et elle ouvrent une entreprise de services, un magasin de location de vidéos, lancé avec 5 000 roubles soviétiques qu'ils ont empruntés. De 1989 à 1991, Ioulia Tymochenko a travaillé en tant que directrice commerciale du centre de jeunes « Terminal » de Dnipropetrovsk[4].

En 1991, elle devient directrice de gestion de la société Ukrainian Oil Corporation. Quatre ans plus tard, en 1995, Ioulia Tymochenko devient PDG de Systèmes énergétiques unis d'Ukraine, compagnie de distribution de gaz. À ce poste, qu'elle occupe jusqu'en 1997, elle fait fortune et se crée un important réseau de connaissances. Elle est alors surnommée la « princesse du gaz ».

Carrière politique

Débuts

Ioulia Tymochenko entre en politique en 1996, et est élue à la Verkhovna Rada Oukraïny (Parlement ukrainien) de l'oblast de Kirovohrad, obtenant 92,3 % des voix dans sa circonscription. En 1997, elle devient la première députée présidente du parti Hromada. Elle est ensuite réélue, en 1998 et 2002. En 1998, elle devient la présidente de la Commission budgétaire de la Rada. L'année suivante, elle fonde un parti politique, Batkivchtchina (« Patrie »).

En décembre 1999, Tymochenko est nommée vice-Premier ministre chargée du Fioul et de l'Énergie dans le cabinet du Premier ministre Viktor Iouchtchenko. Tenue pour responsable d'un conflit avec les oligarques de l'industrie, elle est congédiée par le président Leonid Koutchma, en janvier 2001.

En février 2001, elle est arrêtée, accusée de falsification de documents douaniers et de contrebande de gaz entre 1995 et 1997 — elle était alors présidente de Systèmes énergétiques unis d'Ukraine —, mais est libérée quelques semaines plus tard. Ses partisans avaient organisé plusieurs manifestations de protestation près de la prison où elle était incarcérée. Selon Tymochenko, ces accusations ont été fabriquées par le régime de Leonid Koutchma, sous l'influence des oligarques, qui se sentaient menacés par ses efforts pour éliminer la corruption et instituer des réformes fondées sur le marché. En dépit d'un blanchissement de ses accusations, la justice russe avait lancé un mandat d'arrêt international contre Ioulia Tymochenko, pour des « versements de pots-de-vin » à des responsables du ministère de la Défense[5].

Campagne contre le président Koutchma, puis campagne des élections législatives de 2002

Article détaillé : Élections législatives de 2002.
Ioulia Tymochenko, en 2002.

Ioulia Tymochenko lance le Forum du salut national, en février 2001, en vue des élections législatives de 2002.

Dès l'abandon des charges judiciaires qui pèsent contre elle, Ioulia Tymochenko devient l'un des principaux dirigeants du mouvement de contestation contre le président Leonid Koutchma pour son rôle présumé dans le meurtre du journaliste Georgiy Gongadze R.. Lors de ces campagnes, Tymochenko est d'abord connue comme une leader révolutionnaire passionnée, comme elle le laissait croire lors de ses apparitions à la télévision ou en brisant les fenêtres de son ancienne prison lors d'une des manifestations.

L'année suivante, Ioulia Tymochenko sera impliquée dans un mystérieux accident de voiture auquel elle survivra avec des blessures légères - certains pensent qu'il aurait pu s'agir d'une tentative d'assassinat de la part du gouvernement[6]. Dans le même temps, elle fonde le Bloc Ioulia Tymochenko (BIouT), alliance de plusieurs partis d'opposition qui obtient 7,2 % des suffrages exprimés lors des élections parlementaires de 2002, ce qui lui permet de former son propre groupe au Parlement.

Ses détracteurs ont suggéré que, tel un oligarque, elle aurait acquis sa fortune indûment. Certains ont spéculé que sa familiarité avec la conduite illégale du business uniquement en Ukraine justifiait sa manière unique de combattre la corruption, si toutefois elle restait disposée à le faire. Son ancien partenaire d'affaires, l'ancien premier ministre ukrainien Pavlo Lazarenko, a été condamné aux États-Unis pour avoir blanchi plusieurs milliards de dollars, pour corruption et pour fraude[7].

En tant que vice-Premier ministre, elle a fait cesser de nombreux arrangements illégaux et autres corruptions dans le secteur énergétique. Sous sa direction, les recettes de l'industrie et de l'électricité ukrainiennes ont augmenté de plusieurs milliers de pour cent. Elle a déchiré la pratique du troc dans le marché de l'électricité, exigeant que les clients industriels payent leur électricité en devises. Elle a également mis fin à de nombreuses exemptions particulières pour plusieurs organisations. La réussite de ces réformes signifiaient que le gouvernement avait suffisamment de fonds pour payer les fonctionnaires et augmenter les salaires.

Révolution orange, puis Premier ministre (2005)

Article détaillé : Révolution orange.
Ioulia Tymochenko s'adressant aux députés de la Rada, le 4 février 2005, lors de son discours de politique générale.

Lors de l'élection présidentielle de 2004, Ioulia Tymochenko apporte son soutien à Viktor Iouchtchenko, qui se présente comme un candidat sans étiquette et affiche des positions pro-occidentales, à la différence de son adversaire Viktor Ianoukovytch, ouvertement soutenu par la Russie[8]. Les résultats du second tour, qui donnent Viktor Ianoukovytch gagnant, sont considérés comme truqués par de nombreux observateurs et conduisent à la Révolution orange, manifestations de masse à Kiev et dans plusieurs autres villes ukrainiennes, à laquelle prend activement part Ioulia Tymochenko. La Cour suprême de l'Ukraine annule finalement les résultats et annonce la tenue d'un nouveau second tour, qui aboutit à l'élection de Iouchtchenko, fin décembre. Disposant au Parlement d'une majorité, dont fait partie le Bloc Tymochenko, il est en mesure de nommer un nouveau chef de gouvernement issu des forces coalisées de la Révolution orange. Son choix se porte le 24 janvier 2005 sur Ioulia Tymochenko, considérée comme la plus radicale des leaders de la Révolution orange[8].

Tymochenko est très populaire dans les milieux nationalistes, mais plutôt peu appréciée dans l'est de l'Ukraine ou en Russie et a priori il n'était pas certain qu'elle obtienne le soutien du Parlement, la Verkhovna Rada. Son groupe parlementaire ne contrôle que vingt sièges contre une centaine pour le mouvement Notre Ukraine de Viktor Iouchtchenko et une vingtaine pour l'autre allié de la coalition, le Parti socialiste d'Ukraine. Elle est considérée comme l'égérie de la « Révolution orange ». Malgré cette base assez étroite, sa nomination a été aisément ratifiée par la Rada, avec 375 voix pour et aucune contre, réunissant donc bien au-delà de l'alliance qui soutenait Viktor Iouchtchenko. Même les rares opposants à sa nomination ont préféré être absents pour ne pas à avoir à voter contre elle.

« Elle exercera ces fonctions par intérim jusqu'à l'examen de sa candidature (au poste de Premier ministre) par le Parlement », a souligné la porte-parole du président. En effet, selon la Constitution ukrainienne, le président doit présenter son candidat au poste de Premier ministre devant le Parlement, et celui-ci doit ensuite entériner sa nomination. Le gouvernement Tymochenko remporta le vote de confiance et fut investi par le Parlement. Lors de son discours de politique générale, elle déclare que « la réforme économique sera ma priorité. Je dirai aux gens : “Oubliez les pots de vin, payez vos impôts” ».

Après une série de démissions à la suite de tensions à l'intérieur du gouvernement conçernant des mesures de privatisations, le président Iouchtchenko la limoge de son poste de Premier ministre le 8 septembre 2005.

Campagne des élections législatives de mars 2006

Formations politiques arrivées en tête dans les districts électoraux lors des législatives de 2006 ; en violet, le Bloc Tymochenko.

Après son licenciement, Ioulia Tymochenko commence à parcourir le pays dans l'espoir de remporter les élections législatives de 2006 en tant que chef de son Bloc. Elle a rapidement annoncé qu'elle voulait revenir au poste de Premier ministre.

Lors des élections, le 24 mars, son bloc effectue une percée, avec près de 23 % des suffrages exprimés, il remporte 129 sièges sur 450, loin devant le parti Notre Ukraine dont est issu le président Viktor Iouchtchenko. Il était alors envisageable qu'elle puisse former une coalition avec le parti Notre Ukraine et le Parti socialiste d'Ukraine (SPU), pour empêcher le Parti des régions, la principale formation politique pro-russe du pays, de prendre du pouvoir, faisant clairement savoir qu'elle comptait redevenir Premier ministre. Cependant, les négociations avec Notre Ukraine et le SPU rencontrèrent vite de nombreuses difficultés. Le mercredi 21 juin 2006, les médias ukrainiens ont rapporté que les partis étaient finalement parvenus à un accord de coalition, après près de trois mois d'incertitude politique[9].

L'investiture par la Rada de Ioulia Tymochenko au poste de Premier ministre aurait alors du être acquise, les 3 partis y disposant d'une confortable majorité de sièges. Cependant, en l'espace de quelques jours après la signature de l'accord de coalition, il était devenu clair que les membres de cette dernière se méfiaient les uns des autres, en particulier en ce qui concernait l'organisation de procédures parlementaires visant à élire simultanément Poroshenko à la fonction d'orateur et Ioulia Tymochenko au poste de Premier ministre. Pour aggraver les choses, les députés du Parti des régions ont bloqué le parlement du jeudi 29 juin[10] au jeudi 6 juillet[11].

Le Parti des régions a ensuite lancé un ultimatum à la coalition, exigeant que les procédures parlementaires soient observées, notamment par le biais de commissions parlementaires incluant plusieurs de ses membres. L'accord de coalition avait en effet privé le Parti des régions et leurs alliés communistes de toute représentation au sein de l'exécutif et de tout leadership dans les commissions parlementaires[12]. En signe de protestation, dans les conseils régionaux locaux contrôlés par le Parti des régions, les comités ont été verrouillés de la même manière.

Finalement, suite à la nomination surprise d'Oleksandr Moroz du Parti socialiste comme président de la Rada et son élection le 6 juillet, avec le soutien du Parti des régions, la « coalition orange » s'effondre. Après la formation d'une nouvelle coalition, dirigée par l'ancien Premier ministre Viktor Ianoukovytch et composée du Parti des régions, des socialistes et des communistes, Ianoukovytch redevient chef du gouvernement, écartant du pouvoir les formations de Tymochenko et de Iouchtchenko. Alors que Tymochenko a immédiatement annoncé que sa force politique formerait un cabinet fantôme calqué sur le nouveau gouvernement, le parti Notre Ukraine a hésité jusqu'au 4 octobre 2006, date à laquelle il rejoint également l'opposition[13].

Premier ministre pour la seconde fois (2007-2010)

Article détaillé : Élections législatives de 2007.
Composition politique de la Rada issue des législatives de 2007.

Le 11 mai 2007, la présidence ukrainienne annonce qu'un attentat était en préparation contre les chefs de l'opposition parlementaire dont Tymochenko, le chef d'Autodéfense populaire et ancien ministre de l'Intérieur Iouri Loutsenko et l'ancien ministre des Situations d'urgence David Jvania.

Lors des élections législatives anticipées du 30 septembre 2007, le bloc dirigé par Ioulia Tymochenko arrive en deuxième position avec 30,7 % des voix, gagnant presque huit points par rapport aux précédentes législatives de mars 2006 (22,9 %). Le parti des Régions de Viktor Ianoukovytch remporte les élections avec 34,4 % des voix. Après les premiers dépouillements, le « Bloc Ioulia Tymochenko » arrivait en tête et l'OSCE avait déclaré que les élections s'étaient déroulées de manière libre et équitable[14],[15].

Nommée Premier ministre par le président Iouchtchenko, elle ne réussit pas à obtenir la majorité le 11 décembre, en obtenant seulement 225 voix sur les 226 requises.

À nouveau proposée au poste de Premier ministre, la Rada entérine sa nomination à la tête du gouvernement le 18 décembre lors d'un deuxième vote par 226 voix sur les 450[16].

Crise politique de 2008

Ioulia Tymochenko avec le président Viktor Iouchtchenko, le 18 octobre 2007 à Lisbonne. La difficile cohabitation entre le président de la République et son Premier ministre fut à l'origine d'une crise politique parlementaire.
Ioulia Tymochenko, le 9 décembre 2009.

Près d'un an après son retour à la tête du gouvernement, les tensions entre Ioulia Tymochenko et le président Iouchtchenko sont tellement vives que le 18 août 2008, les services de la présidence sont allés jusqu'à accuser Mme Tymochenko d'avoir trahi l'intérêt national pour préserver ses ambitions personnelles[17]. Le 2 septembre, après des semaines de tensions exacerbées par des divergences concernant l'attitude à adopter face au conflit russo-géorgien, la coalition entre le Bloc Tymochenko et Notre Ukraine, le parti présidentiel, vole en éclat à l'occasion d'une réforme constitutionnelle visant à réduire les pouvoirs du chef de l'État au profit de ceux du gouvernement[18]. Les députés de Notre Ukraine étaient alors pratiquement les seuls à s'opposer à la promulgation de la loi, massivement approuvée par l'opposition pro-russe et le Bloc Tymochenko[18]. Accusée par le secrétaire général adjoint de M. Iouchtchenko de vouloir s'arroger le soutien de la Russie pour la prochaine élection présidentielle[17], Ioulia Tymochenko rétorque le lendemain, en Conseil des ministres, que :

« Le président et son entourage ont usé de tous les moyens pour détruire la coalition [...] Il est dommage que le président se comporte de manière aussi irresponsable. La coalition a cédé hier par sa faute »

. Conformément à la Constitution, les députés ont dix jours pour trouver une issue à la crise, sans quoi une nouvelle coalition devra être formée dans un délai de trente jours avant une nouvelle dissolution du Parlement. Cherchant à s'assurer le soutien des députés de Notre Ukraine au nom de la stabilité politique, Ioulia Tymochenko leur déclare, à l'occasion d'une intervention retransmise à la télévision, que :

« Ils ont encore dix jours pour retourner au sein de la coalition [...] Je suis convaincue que le travail de la coalition démocratique sera poursuivi »

— [18],[17]

Le 16 septembre 2008, le président de la Rada Arseni Iatseniouk confirme l'éclatement de la coalition du Premier ministre et présente sa démission, qui devait en principe être suivie de celle de Ioulia Tymochenko, conformément à l'accord de coalition. Elle aurait par la suite exercé ses fonctions par intérim jusqu'à la formation d'un nouveau gouvernement[19]. Dans la journée elle annonce finalement qu'elle refuse de démissionner en expliquant que la coalition n'a pas éclaté. « C'est le président [...] qui l'a quittée unilatéralement » a-t-elle déclaré devant la presse à l'issue du conseil des ministres. « Nous ne sommes pas un troupeau de moutons qui saute dans le gouffre si l'un d'eux le fait », a-t-elle poursuivi[20].

Ioulia Tymochenko est restée jusqu'au bout farouchement opposée à l'idée de déclencher de nouvelles législatives, refusant de démissionner et déclarant qu'« aucun homme politique ne souhaite plonger l'Ukraine dans des élections anticipées en cette période importante. Mais, si Iouchtchenko et Ianoukovytch - qui sont des idéologues des élections anticipées - permettent leur déclenchement, ils porteront par la suite la responsabilité de toutes les conséquences que pourrait avoir la crise financière mondiale sur l'Ukraine »[21]. À la suite de la dissolution du Parlement par Viktor Iouchtchenko, le 8 octobre 2008, des élections devaient se tenir le 7 décembre 2008[22], puis le 14 décembre[23]. Mais après le rejet d'un projet de loi sur le financement d'élections législatives anticipées, le président Iouchtchenko annonce le 11 novembre 2008 qu'il renonce provisoirement à leur tenue[23].

Ioulia Tymochenko bataille jusqu'au bout pour qu'une nouvelle coalition soit formée[24]. Début décembre 2008, le Bloc Tymochenko et le Parti des régions engagent des négociations[25], mais après l'élection de Volodymyr Lytvyn à la présidence de la Rada (parlement de l'Ukraine) le 9 décembre, celui-ci a annoncé la formation d'une nouvelle coalition alliant son parti, le Bloc Lytvyn, au Bloc Tymochenko et à Notre Ukraine[26]. Après des négociations, les trois partis signent un accord de coalition le 16 décembre[27].

Situation pré-électorale

Le 5 février 2009, le deuxième gouvernement Tymochenko a survécu à un deuxième vote de confiance de la part de la Rada[28]. Mais les relations entre Ioulia Tymochenko et le président Iouchtchenko[29], le Secrétariat de la présidence de l'Ukraine[30] et l'opposition menée par le Parti des régions restent encore très tendues. D'après Tymochenko elle-même, ses rapports conflictuels avec le chef de l'État reposent essentiellement sur une querelle de personnes bien plus que sur une quelconque forme d'antagonisme d'ordre idéologique. Elle a d'ailleurs admis que « la lutte pour la prochaine élection présidentielle a officieusement commencée »[31].

Élection présidentielle de 2010

Résultats obtenus au second tour de l'élection présidentielle par Ioulia Tymochenko dans chaque oblast.

Confirmant les rumeurs faisant état d'une possible candidature à l'élection présidentielle ukrainienne de 2010, Ioulia Tymochenko annonce, le 7 juin 2009, qu'elle se porte effectivement candidate au palais Maryinsky, lors d'une intervention en direct sur la chaine nationale[32]. Moscou avait annoncé sa préférence pour Ioulia Tymochenko par rapport à Viktor Iouchtchenko[33], mais sans la soutenir.

Lors du premier tour de l'élection, le 17 janvier 2010, elle arrive en deuxième position avec 25,05 % des suffrages, se qualifiant ainsi pour le second tour contre Viktor Ianoukovytch (35,32 %). Elle arrive largement devant le président sortant (5,45 %). Son rival refuse de prendre part à un débat télévisé contre elle. Elle se montre particulièrement virulente contre lui, le qualifiant notamment de « candidat de la mafia et de la criminalité[34] ». Durant l'entre-deux tours, elle tente de remobiliser l'électorat « pro-occidental » qui s'était divisé au premier tour.

Le second tour a lieu le 7 février : après dépouillement de la totalité des bulletins, Tymochenko réunit 45,47 % des voix, contre 48,95 % pour Viktor Ianoukovytch[35]. Les proches de Ioulia Tymochenko dénoncent alors des fraudes massives dans l'Est du pays, mais celle-ci retire son recours en justice visant à invalider le résultat du scrutin, le 20 février 2010[36]. Ianoukovytch appelle alors à sa démission en vue de former un nouveau gouvernement, mais Tymochenko refuse de quitter son poste de Premier ministre.

Chef de l'opposition à Ianoukovytch (depuis 2010)

Ioulia Tymochenko, en compagnie de la chancelière allemande Angela Merkel lors du sommet du PPE, le 15 septembre 2010.

Ioulia Tymochenko reconnaît sa défaite à la présidentielle, mais refuse cependant de démissionner de son poste de Premier ministre. Alors que sa coalition au Parlement s'est effondrée après le départ du parti de Volodymyr Lytvyn et les divisions de Notre Ukraine, une motion de censure est votée contre son gouvernement par 243 voix sur 450, le 3 mars 2010[37]. Tymochenko dénonce « le marchandage [qui] se déroule autour du poste de chef du gouvernement » et ceux qui « grattent à la porte de Ianoukovytch »[38]. L'intérim est alors exercé par son vice-Premier ministre Oleksandr Tourtchynov jusqu'au 11 mars, date à laquelle Mykola Azarov est investi Premier ministre.

Depuis le renversement de son gouvernement, Ioulia Tymochenko est le chef de l'opposition avec son parti, le Bloc Ioulia Tymochenko. Le 27 avril, elle s'oppose au maintien de la présence militaire russe en Ukraine et organise une manifestation au Parlement.

Accusations et procès

Le 14 décembre 2010, Ioulia Tymochenko est assignée à résidence dans le cadre d'une « enquête pour abus de pouvoir aggravé » et a interdiction de quitter Kiev tout au long de la procédure[39],[40]. Selon le politologue Volodimir Fessenko, les poursuites judiciaires visant l'ex-chef du gouvernement ne sont qu'une manœuvre politique destinée à écarter Ioulia Tymochenko de la scène politique, quelques jours avant la mise en place de réformes impopulaires[39]. Le 16 décembre, une manifestation de députés la soutenant dégénère au Parlement : cinq députés du Bloc Ioulia Tymochenko sont blessés et hospitalisés[41].

En cas d'inculpation, Ioulia Tymochenko encourt de sept à dix ans de prison et risque de ne pas pouvoir se présenter aux élections législatives de 2012 et à la présidentielle de 2015. L'ancien Premier ministre dénonce une justice sélective et souligne que dix anciens membres de son gouvernement ont été arrêtés. Elle rappelle que trois grands projets de lois anti-corruption élaborés par son gouvernement et approuvés par les experts du Conseil de l'Europe et de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe ont été retirés par Viktor Ianoukovytch. L'asile politique accordé à un ancien membre de son gouvernement, Bogdan Danilichine, montre selon elle que l'Europe reconnaît la justice ukrainienne comme partiale[42].

Son procès pour abus de pouvoir lors de la signature d'un accord gazier avec la Russie s'ouvre le 24 juin 2011, alors que plusieurs milliers de personnes se réunissent dans le centre de Kiev pour la soutenir[43]. Dans un entretien accordé au Figaro, Ioulia Tymochenko dénonce un procès qui « s'est transformé en farce » et « de nouvelles affaires pénales qui, régulièrement, s'autodétruisent ». Indiquant avoir porté plainte devant la Cour européenne des droits de l'homme, elle critique l'attitude de Viktor Ianoukovytch, qui utilise selon elle « des méthodes soviétiques pour éliminer l'opposition », et la proximité manifeste entre le pouvoir judiciaire et le pouvoir politique[44].

Le 5 août 2011, le président du tribunal de Kiev satisfait une demande du parquet en plaçant Ioulia Tymochenko en détention provisoire[45]. Ses partisans organisent aussitôt un sit-in devant le tribunal pour protester contre cette décision[46]. Dans le même temps, l'incarcération de Ioulia Tymochenko entraîne des réactions au niveau international : les États-Unis estiment que son procès semble motivé par des raisons politiques et réclament sa libération immédiate, tandis que l'Union européenne appelle l'Ukraine à respecter les normes du droit[47],[48]. Le 11 octobre, elle est condamnée à sept ans de prison ferme[49]. La condamnation est notamment dénoncée par l'Union européenne, les États-Unis et la Russie[50].

Récompenses

En 1998, l'Église orthodoxe ukrainienne lui remet la récompense de l'Ordre de Sainte Varvara pour services exceptionnels rendus au pays.

Pendant le forum économique international de Krynica Morska, en Pologne, Ioulia Tymochenko a été retenue pour le titre honorifique de Personnalité de l'année d'Europe Centrale-Orientale, étant la seule femme de la liste. Exactement 4 ans après, en septembre 2005, les experts européens reconnaîtront l'action de Ioulia Tymochenko en tant que Premier ministre de l'Ukraine, en lui attribuant ce titre.

En 2005, elle a reçu une autre récompense internationale, le Price of Foundation, pour ses « qualités exceptionnelles de chef, les accomplissements économiques et la politique d'anti-corruption de son Cabinet et pour sa lutte contre les atteintes à la démocratie surgissant dans le monde moderne ».

Au classement 2005 de Forbes, Ioulia Tymochenko était la troisième femme la plus puissante de la planète[51]. En 2008, elle est classée 17e, puis seulement 47e en 2009, toujours selon le magazine Forbes.

Notes et références

  1. a et b Portrait de I. Tymochenko dans le Courrier international, 9 décembre 2004 (trad. du Moskovski Komsomolets).
  2. (en) The queen of Ukraine's image machine, BBC News, 4 octobre 2007.
  3. « Portrait de la (re)belle ukrainienne qui aime se frotter aux hommes », Gala, 9 février 2010.
  4. (en) New Cabinet headed by Tymoshenko is named, Ukrainian Weekely, 13 février 2005.
  5. « Ukraine : Mandat d'arrêt lancé par la justice russe contre Ioulia Tymochenko », RIA Novosti, 4 octobre 2004.
  6. (en) Ukraine opposition leader injured, BBC News, 29/01/2002
  7. (en) Former Ukraine PM is jailed in US, BBC News, 25 juillet 2006.
  8. a et b « Une orange radicale à la tête du gouvernement ukrainien », Libération, 25 janvier 2005.
  9. (en) Ukraine's former Orange allies reach coalition deal, Tymoshenko to be PM, Kyiv Post, 26 août 2006.
  10. (en) Sit-in disrupts Ukraine assembly,BBC News, 29 juin 2006
  11. (en) Yanukovych called off the blockade, Ukrayinska Pravda, 6 juillet 2006.
  12. (en) The Party of Regions Demands 10 Parliamentary Committees, Ukrayinska Pravda, 5 juillet 2006.
  13. (en) Roman Bezsmertnyi: Our Ukraine transfers to opposition, site officiel de Notre Ukraine, 5 novembre 2007.
  14. (en) Ukraine: Tymoshenko, Yanukovych Vie For Wafer-Thin Victory, Radio Free Europe, 2 octobre 2007.
  15. Législatives : vers une coalition du «camp orange», RFI, 1er octobre 2007.
  16. (en) Tymoshenko Gets Second Shot At Premiership, Radio Free Europe-Radio Liberty, 18 décembre 2007.
  17. a, b et c Le Point.fr, 03/09/2008, Crise au sommet en Ukraine, menace d'élections anticipées
  18. a, b et c leJDD.fr, 3 septembre 2008, Nouvelle crise politique en Ukraine
  19. (fr) Ukraine : la coalition pro-occidentale a volé en éclats, Le Monde.fr, le 16 septembre 2008
  20. (fr) Ukraine: le Premier ministre Ioulia Timochenko refuse de démissionner, Agence France-Presse, le 17 septembre 2008
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  41. « Violente empoignade au Parlement ukrainien », site du Figaro, 17 décembre 2010.
  42. « Ioulia Timochenko : “La prison ne me fera pas taire” », site de La Croix, 28 janvier 2011.
  43. « Ukraine : ouverture du procès de l'ex-premier ministre Ioulia Timochenko », Le Monde, 24 juin 2011.
  44. « “Ianoukovitch utilise des méthodes soviétiques” », Le Figaro, 15 juillet 2011.
  45. « Ukraine: l'ex-Premier ministre Ioulia Timochenko jetée en prison », TF1-LCI, 5 août 2011.
  46. « Sit-in des supporters de Timochenko à Kiev », Radio France internationale, 6 août 2011.
  47. « Ukraine: la tension monte après l'incarcération de Timochenko », Le Parisien, 7 août 2011.
  48. « L'UE dénonce l'incarcération de Ioulia Timochenko », Le Figaro, 7 août 2011.
  49. http://www.lefigaro.fr/international/2011/10/11/01003-20111011ARTFIG00517-ioulia-timochenko-condamnee-a-sept-ans-de-prison.php
  50. http://fr.news.yahoo.com/ioulia-timochenko-condamnée-à-sept-ans-prison-en-104709648.html
  51. (en) « Les 100 femmes les plus puissantes », Forbes, 25 juillet 2005.

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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Ioulia Tymochenko de Wikipédia en français (auteurs)

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