Revolution orange

Revolution orange

Révolution orange

Les manifestants de la Révolution orange se réunissent sur la Place de l'Indépendance à Kiev le 22 novembre 2004. Certains jours, le nombre de protestataires au centre de Kiev atteint des centaines de milliers.

La Révolution orange (ukrainien : Помаранчева революція, Pomarantchéva révolioutsiya) est une large campagne de protestations contre la fraude électorale qui se déroule en Ukraine dans le cadre de l'élection présidentielle de 2004. Le mouvement débute le 22 novembre 2004, suite à la proclamation par la Commission électorale des résultats préliminaires du second tour. Ces résultats sont en contradiction avec les sondages de sortie des urnes et les observateurs internationaux constatent de nombreuses irrégularités.

L’orange était la couleur arborée par les manifestants.

Organisée et conduite par les supporters du candidat de l'opposition Viktor Iouchtchenko (déclaré perdant par la Commission électorale), la Révolution orange mobilise plus d'un demi-million de manifestants à Kiev, ainsi qu'une vague de protestations à travers le pays pendant une quinzaine de jours[1]. Le principal résultat de la Révolution orange est l'annulation par la Cour suprême du scrutin du 21 novembre, en raison de fraudes massives, et l'organisation d'un nouveau vote le 26 décembre 2004. Le résultat final voit la victoire de Viktor Iouchtchenko, qui réunit 52 % des voix contre 44 % pour son rival Viktor Ianoukovytch. Le 23 janvier 2005, Viktor Iouchtchenko prononce son discours d'investiture sur la Place de l'Indépendance à Kiev et devient le 3e président de l'Ukraine.

Sommaire

Contexte

À travers la révolution orange, et après la révolution des Roses en Géorgie (novembre 2003), ce serait la lutte d'influence que se livreraient en sourdine Moscou et Washington dans la zone qui transparaîtrait[2].

Le caractère spontané du mouvement est remis en question par la Russie et plusieurs titres de presse d'horizons divers, qui soulignent que la « Révolution orange » a bénéficié d'aides extérieures et notamment de soutiens financiers de milieux proches des intérêts de gouvernement américain ou opposant au « régime » de Vladimir Poutine : par exemple, le candidat Iouchtchenko a bénéficié de 65 millions de dollars de la part de l'administration Bush[3]. Pour les opposants à la révolution orange, celle ci aurait eu pour objectif d'isoler la Russie des pays d'Europe de l'Est, une stratégie s'inscrivant selon les experts du Kremlin dans un dispositif dit de « double endiguement »[4].

Historique

Place de l'Indépendance à Kiev


Le résultat du second tour l'élection présidentielle et le début de la révolution orange

À la suite du premier tour, où aucun candidat n'a atteint les 50 % de votes nécessaires pour une victoire au premier tour, un deuxième tour est organisé le 21 novembre 2004. Les sondages de sortie des urnes indiquaient une avance de 11 % pour Iouchtchenko. Des observateurs étrangers, comme l'OCDE, ont rapporté des irrégularités et des allégations de fraude électorale furent avancées. Iouchtchenko et ses partisans ont refusé les résultats officiels. Ils ont alors organisé des rassemblements de protestation à travers le pays et ont incité à une grève générale. Plusieurs municipalités, dont celles de Kiev et de Lviv, ont annoncé qu'elles n'acceptaient pas la présidence de Ianoukovytch.

Le 23 novembre 2004, une manifestation pacifique rassemblant environ un demi-million de défenseurs de Iouchtchenko a eu lieu sur la place de l'Indépendance à Kiev, devant le siège du parlement ukrainien, la Verkhovna Rada.

Les manifestants arboraient des drapeaux de couleur orange, symbole principal du mouvement. De nombreuses banderoles orange portant le slogan Tak! Yushchenko! (tak signifie « oui » en ukrainien) figuraient dans les cortèges. À l'intérieur de la Verkhovna Rada, Iouchtchenko a prêté symboliquement serment comme « président », devant les défenseurs du parlement.

Les gouvernements occidentaux, malgré la ferme opposition russe de Vladimir Poutine, ont soutenu qu'il y avait irrégularité des élections, tandis que Poutine et le président biélorusse Loukachenko ont été les seuls à reconnaître l'élection de Ianoukovytch et à le féliciter, avant même qu'elle ne soit proclamée par la commission électorale ukrainienne.

Le « troisième tour » et la victoire de Viktor Iouchtchenko

Après des négociations difficiles, les deux partis, aidés par l'Union européenne, en particulier par la diplomatie polonaise et le président polonais Aleksander Kwaśniewski, ont convenu de tenir un « troisième tour » le 26 décembre 2004. La constitution ukrainienne a également été modifiée par la Rada dans un sens plus parlementaire, mais elle n'est entrée en vigueur qu'en 2006.

La presse internationale a qualifié ce mouvement de « révolution orange » (qui était la couleur du parti du candidat) et a souligné l'absence presque totale d'incidents violents, ainsi que la prise de conscience politique des Ukrainiens. En 2001, un mouvement de protestation contre le président Koutchma avait dégénéré en affrontements avec la police.

Suite à la tenue du « troisième tour », Viktor Iouchtchenko fut crédité de 51,99 %, contre 44,19 % pour son rival, Viktor Ianoukovytch. Ce dernier a, peu après, annoncé qu'il porterait plainte contre les nombreuses fraudes que les partisans de Viktor Iouchtchenko auraient commises. Les quatre plaintes qu'il a déposées ont été invalidées par la Cour suprême ukrainienne.

Pendant ce temps, plusieurs citoyens ont porté plainte, individuellement, contre des fraudes dont ils ont été témoins. Les plaintes furent reçues par fax et le contenu de la plupart des plaintes était identique - seuls le nom et la signature différaient. Ces plaintes ont retardé la proclamation officielle de la victoire de Viktor Iouchtchenko.

Leonid Koutchma

Le 29 décembre, des partisans de Iouchtchenko ont, à sa demande, bloqué l'accès au siège du gouvernement afin d'empêcher la tenue d'un conseil des ministres. Selon Iouchtchenko, le gouvernement n'avait plus le droit de réunion, puisqu'il fut dissous par le parlement suite aux fraudes lors du second tour. Cependant, vis-à-vis de la loi ukrainienne, cette dissolution doit être approuvée par le président ukrainien, Leonid Koutchma, ce qui n'a pas été le cas. Suite au dépouillement des bulletins de vote du « troisième tour », Leonid Koutchma a déclaré que le perdant devait annoncer sa défaite.

Le 31 décembre, Viktor Ianoukovytch a finalement démissionné de son poste de Premier ministre sans toutefois reconnaître sa défaite. Il annonça qu'il utiliserait tous les moyens légaux pour faire invalider ce « troisième tour ». Le 20 janvier 2005, la Cour suprême ukrainienne a rejeté la plainte de Viktor Ianoukovytch et annoncé que cette décision était sans appel ; de ce fait, Viktor Iouchtchenko fut déclaré vainqueur de l'élection présidentielle.

Le 23 janvier, Viktor Iouchtchenko a prêté serment et a été investi comme président de l'Ukraine, ce qui était un des objectifs de la Révolution orange.

Les suites de la Révolution orange

Controverses

Le financement de la Révolution orange

La logistique de cette manifestation semble avoir été largement prévue par les organisations Pora et Znayu, qui ont des liens avérés avec le mouvement Otpor qui avait réussi à faire chuter l'ex-président serbe Slobodan Milošević en juillet 2000 et s'était déjà impliqué dans la Révolution des Roses georgienne de décembre 2002, ainsi que dans les tentatives de renversement du régime dictatorial biélorusse de 2001 et 2004.

Ces organisations seraient elles-mêmes alimentées par des organisations américaines, telles le Konrad Adenauer Institute, proche de la CDU, l'Open Society Institute de George Soros, le National Democratic Institute, proche du parti démocrate américain et la Freedom House, proche du gouvernement américain[5].

L'origine de ces fonds a été pointée du doigt par l'ex-pouvoir ukrainien, le gouvernement russe ainsi que des groupes occidentaux d'extrême gauche, qui ont accusé le gouvernement américain d'avoir organisé une manipulation de la population ukrainienne pour étendre leur zone d'influence.

Le milliardaire israélo-russe Boris Abramovitch Berezovsky a affirmé qu'il n'envoyait pas d'argent aux partis (ce que la loi ukrainienne interdit) mais « à des mouvements pro-démocratie ». Il affirme avoir transmis l'argent sur les comptes de proches du président Victor Iouchtchenko qui ont, eux, nié ce financement[6].

Marque déposée

Le slogan Tak! Iouchtchenko (« Oui ! Iouchtchenko ») est une marque déposée, qui est actuellement au bénéfice exclusif du fils du président Iouchtchenko, Andriy Iouchtchenko.

Le logo aurait été déposé pour éviter qu'il ne soit détourné, mais depuis la fin de la révolution orange, ses droits ont été reversés au fils du président, ce qui a causé une controverse sur le train de vie luxueux de ce dernier[7].

Voir aussi

Bibliographie

  • Gilles Lepesant, Juliane Besters-Dilger, Natalya Boyko, James Sheer, L'Ukraine dans la nouvelle Europe, CNRS, 6 janvier 2005, 199 pages, (ISBN 2271062845).
  • Alain Guillemoles, Cyril Horisny (photographies), Même la neige était orange : la révolution ukrainienne, Les Petits Matins, 10 mai 2005, 173 pages, (ISBN 2915879028).
  • Étienne Thévenin, L'Enjeu ukrainien : ce que révèle la Révolution orange, CLD, 13 mai 2005, 214 pages, (ISBN 2854434684).
  • Bruno Cadène, L'Ukraine en révolutions, Jacob-Duvernet, 216 pages, 23 mai 2005, (ISBN 284724090X).
  • Viatcheslav Avioutskii, Les Révolutions de velours, Armand Colin, 2006, (ISBN 978-2200345402).

Filmographie

  • Orangelove (orANGELove, 2006), fiction ukrainienne, réalisée par Alan Badoïev.

Articles connexes

Liens externes

Notes et références

  1. Alain Guillemoles et Cyril Horiszny, Même la neige était orange. La révolution ukrainienne, Les Petits Matins, 2005.
  2. « La Russie cherche à contenir les avancées américaines dans l'ex-URSS », Le Monde, 28 août 2005.
  3. « Les multiples pièces de l’échiquier ukrainien », Le Monde diplomatique, janvier 2005
  4. « Le tsar se rebiffe », Alexandre Del Valle, Le Spectacle du Monde n°524, juin 2006
  5. Jean-Christophe Victor (dir.), Les Dessous des cartes - Atlas géopolitique, éd. Tallandier, 2005 (p.44)
  6. « Après avoir soutenu la "révolution orange", Berezovski veut être remboursé », Le Monde, 3 septembre 2007.
  7. « Le fils aîné du président ukrainien à nouveau au coeur d’un scandale », dépêche de l'AFP, 3 août 2005.
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