Interprétation (de conférence)

Interprétation (de conférence)

Interprétation (de conférence)

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Sommaire

Remarques générales

L’interprétation permet à des personnes ne parlant pas la même langue de communiquer. Cette activité s’exerce de différentes manières selon le contexte de l’échange : interprétation de conférence, dans un tribunal, de liaison, sociale, etc.

L'interprète assure la restitution aussi fidèle que possible des interventions dans les différentes langues. Il doit faire preuve de souplesse, de capacité d'analyse et d'une parfaite maîtrise des langues concernées. Les connaissances linguistiques ne sont que la partie visible de l'iceberg. Dans tout discours, une grande partie du message n'est pas énoncé mais demeure implicite. L'interprète doit compléter le puzzle en s'appuyant sur une solide culture générale et en insérant çà et là les pièces spécifiques du sujet abordé. Plus importante encore est la capacité à saisir l'intention de l'orateur au-delà des simples mots. Dans un environnement multilingue, cela exige une connaissance intime non seulement des langues, mais des cultures représentées ainsi que de leurs différences. Dans une réunion multilingue, les interprètes œuvrent ainsi pour qu’elle se déroule comme si chacun parlait la même langue.

Même si elle s'exerce dans des conditions normales, la tâche de l'interprète est exigeante et ardue. Si l'on y ajoute les arcanes de la matière traitée, les textes débités à des vitesses impossibles, les discours d'orateurs étrangers à la syntaxe approximative, on obtient en effet l'équivalent intellectuel de la haute voltige, sans filet de sécurité. On en arrive même à une situation invraisemblable que Claude Piron, ancien traducteur à l'OMS, raconte dans Le Défi des langues : quand dans une réunion internationale un délégué asiatique s'exprime en anglais, on entend de petits cliquetis qui indiquent que les délégués anglophones se branchent sur l'interprétation française, espérant comprendre ainsi quelque chose, la prononciation de l'orateur le rendant inintelligible. En fait, constate Claude Piron, ils prêtent à l'interprète des capacités surhumaines car il arrive que celui-ci ne comprenne pas mieux, si bien qu'il en est réduit à imaginer plus ou moins ce que raconte celui qu'il doit interpréter.

La tâche de l'interprète est en outre rendue encore plus difficile par les problèmes techniques comme les microphones accrochés autour du cou de l'orateur et qui viennent frapper son épingle de cravate, le micro ouvert posé sur la table à côté du ventilateur d'un projecteur, les coups portés par l'orateur sur le micro de table pour appuyer ses dires ou le frottement de papiers devant le micro, etc. La liste est sans fin.

Certains confondent souvent traduction (écrite) et interprétation (orale). Ces deux activités sont très proches car elles impliquent compréhension de la langue et de sa signification sous-jacente, nécessitant dans les deux cas de ne pas limiter le texte (oral ou écrit) à son sens littéral, mais de conserver fidèlement les sens cachés. Traduction écrite et interprétation orale divergent cependant quant à leur méthode. La traduction consiste à transférer des idées exprimées par écrit d’une langue dans l’autre. À la différence des traducteurs, les interprètes travaillent sur des messages fugitifs qu'ils doivent restituer quasi instantanément, avec peu de temps pour la réflexion et la recherche de style (voir faux-amis).

Modes d'interprétation

  • Dans le cas de l'interprétation consécutive, l'interprète reproduit l'intégralité du discours une fois l'intervention terminée, en se servant éventuellement de notes simples, souvent des symboles (type pictogramme) si possible détachés d'un système linguistique. En raison des contraintes de temps, il est rare que cette technique soit utilisée lorsqu'il y a plus de deux langues actives.
  • Dans le cas de l'interprétation simultanée, l'interprète, installé dans une cabine spécialement équipée d’une console avec microphone et d’écouteurs, suit l'énoncé du discours et traduit au fur et à mesure de l'intervention. Certaines combinaisons linguistiques sont plus difficles à traduire que d'autres. Par exemple, de l'allemand vers le français, car l'information essentielle pour commencer une phrase ne vient souvent qu'à la fin (verbe, négation etc.) ce qui fait qu'il faut parler avec une phrase entière de décalage par rapport à l'original, ce qui n'est pas obligatoirement le cas entre deux langues romanes. Du fait de l'intense niveau de concentration requis, les interprètes travaillent à deux et se relaient toutes les 20-30 minutes. Une bonne équipe se partagera le travail, l'interprète en pause préparant par exemple les documents traités en séance pour son collègue.
  • Le chuchotage est une variante de l'interprétation simultanée. L'interprète suit les interventions en salle et traduit en chuchotant à l'oreille de son ou sa délégué(e). L’interprétation en langue des signes est utilisée pour la communication entre sourds et entendants. Elle se fait en simultanée ou en consécutive.
  • L'interprétation "de liaison" se caractérise par son cadre informel (réunions de travail, visites...). L'intreprète travaille la plupart du temps sans prendre de notes, en mémorisant de courts passages et en les restituant dans la langue d'arrivée. Cette discipline est souvent pratiquée par des amateurs qui considèrent que parler deux langues suffit à se lancer dans cet exercice parfois bien périlleux.

Contextes et langues de travail

Lors d'une réunion, les participants peuvent s'exprimer dans l'une des langues passives, à partir desquelles l'interprétation est assurée. Ils peuvent aussi suivre les débats dans une ou plusieurs langues actives, à savoir les langues vers lesquelles l'interprétation est prévue. Lorsque le nombre de langues passives est différent de celui des langues actives on parle de couverture linguistique asymétrique (les participants peuvent parler un grand nombre de langues mais l'interprétation n'est assurée que vers quelques langues).

Les réunions ont lieu dans la quasi-totalité des cas dans des salles équipées de cabines d'interprétation simultanée'. Les interprètes y travaillent par équipes de deux interprètes minimum par langue active, ou de trois dans une réunion comptant au moins six langues passives. En règle générale, les interprètes traduisent à partir d'au moins trois langues passives vers leur langue maternelle. Dans certains cas, ils assurent aussi une interprétation bi-active ou « retour »' à partir de leur propre langue vers une autre langue (de A vers B et de B vers A), Lorsque l’interprétation n’est pas possible en direct, on a recours au relais, c’est-à-dire à l’interprétation par l'intermédiaire d'une troisième langue: la langue A est d'abord interprétée vers une langue B (la langue-pivot), puis vers une langue C par des interprètes travaillant à partir de la langue B.

L’interprétation dans les institutions européennes

Depuis le 1er janvier 2007, les langues de travail de l’Union européenne sont au nombre de 23 : français, allemand, anglais, danois, espagnol, estonien, finnois, grec, hongrois, italien, letton, lithuanien, maltais, néerlandais, polonais, portugais, slovaque, slovène, suédois, tchèque et les trois nouvelles langues: l'irlandais le bulgare et le roumain. En effet, la langue, les langues sont au cœur de la communication internationale. La possibilité d’exprimer exactement ce que l’on souhaite dans sa langue maternelle, de comprendre parfaitement ce que disent les autres, est un droit fondamental. Donner à chaque participant autour de la table la possibilité de s'exprimer dans sa propre langue est une exigence fondamentale de la légitimité démocratique de l'Union européenne. Dans de nombreux cas, les actes juridiques résultant des discussions auront un effet immédiat et direct sur la vie des citoyens. Il ne doit y avoir aucun obstacle à la compréhension et à l'expression d'idées lors des réunions. Les citoyens d'Europe ne doivent pas être représentés à Bruxelles par leurs meilleurs linguistes: ils doivent pouvoir envoyer leurs meilleurs experts.

La Direction Générale de l'Interprétation (aussi connue comme SCIC – Service Commun Interprétation-Conférences) est le plus grand service d'interprétation du monde. Il assure l'interprétation pour plus de 11 000 réunions par an. Partie de la Commission européenne, il relève de la compétence de M. Orban, membre de la Commission. Comme son nom l'indique, c'est un service commun qui assure une interprétation de qualité élevée, à Bruxelles et ailleurs dans le monde, pour la Commission européenne, le Conseil de l'Union européenne (généralement appelé «Conseil de ministres»), le Comité économique et social, le Comité des régions, la Banque européenne d'investissement et d'autres organes de l'Union européenne. La DG Interprétation permet une communication multilingue entre intervenants, ce qui est au cœur du processus décisionnel de la Communauté. Quant aux textes écrits, le service de traduction de la Commission européenne en assure la traduction officielle. Ainsi, la DG interprétation met à disposition des interprètes pour une cinquantaine de réunions par jour. Les régimes linguistiques de ces réunions varient considérablement. Cela va de l'interprétation consécutive à deux langues, qui requiert la présence d'un interprète, à l'interprétation simultanée vingt vers vingt.

[1]

Au Parlement européen, la Direction de l'Interprétation assure toutes ses réunions : séances plénières à Strasbourg ou à Bruxelles, commissions parlementaires et groupes politiques à Bruxelles et dans d'autres villes européennes et délégations parlementaires pour les relations avec les pays tiers. Elle recrute également des interprètes pour la Cour des Comptes et les services de la Commission européenne installés à Luxembourg, siège du secrétariat du Parlement Européen.

[2]

À la Cour de justice, dont le siège est à Luxembourg, la Direction de l'interprétation assure l'interprétation des audiences devant les trois juridictions (Cour de justice, Tribunal de première instance et Tribunal de la Fonction Publique) ainsi que des autres réunions (séminaires pour magistrats, visites d'information ou protocolaires).

[3]

La DG Interprétation et les services d'interprétation du Parlement européen et de la Cour de justice sont responsables de la communication multilingue dans les réunions, principalement par l'interprétation simultanée, pour un coût total d'environ un demi-euro par an par citoyen européen. La DG Interprétation coûte au contribuable 0,28 euros par citoyen par an.

L’Association internationale des interprètes de conférence (AIIC)

De nombreux interprètes indépendants et fonctionnaires sont membres de l’Association Internationale des Interprètes de Conférence. L’AIIC fut fondée en 1953, elle rassemble plus de 2600 interprètes de conférence professionnels établis dans plus de 80 pays. L’association a pour but de représenter l’ensemble de la profession.

L’AIIC fixe des normes exigeantes.

Formation au métier d’interprète

Informations sur la profession

Historique / interprètes célèbres

Des exemples historiques tels que la Résolution 242 du Conseil de sécurité des Nations unies et la Dépêche d'Ems montrent l'importance de l'interprétation.

Vu sa place privilégiée, l'interprète placé à un haut niveau de décision politique peut être tenté d'influer sur le cours de l'Histoire. Ce fut le cas d'interprètes devenus célèbres comme la Malinche qui servit d'interprète entre Moctezuma II et Hernan Cortés (voir héroïne ou traîtresse ? (en)). Il faut citer également Melchorejo son prédécesseur.

Ce ne fut cependant pas le cas de Paul-Otto Schmidt, ancien interprète de Adolf Hitler devenu plus tard directeur de l’institut d’interprètes munichois SDI (Sprachen- und Dolmetscherinstitut).

Bien plus récemment, Danica Seleskovitch, qui a "fait" l'Ecole supérieure d'Interprètes et de Traducteurs de Paris (ESIT), lui donnant ses lettres de noblesse, sa réputation, et ses émules. Créatrice, interprète, auteur d'ouvrages sur la profession, elle a œuvré sans relâche pour valoriser ce métier, obtenant des fonds pour accueillir des étudiants du monde entier.

Lien interne

Lien externe

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