- Interprétation (danse)
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En danse, l'interprétation est la manière de transcrire par des gestes/attitudes/postures une dynamique musicale.
Sommaire
Style
Chaque danse à son propre style. Le but de l'interprétation est d'y rajouter une note personnelle visant à enrichir la danse sans la dénaturer.
On peut remarquer deux grands courants participant à l'interprétation
- Le courant jazz-classique : inspiré des danses classiques/modern-jazz, surtout par les filles (pivots, balayages...)
- Le courant Hip-Hop : en reprenant les principes d'isolation, et de "wave"
L'écoute musicale
L'écoute musicale est capitale pour l'interprétation. C'est le travail d'écoute qui permettra de faire corps avec la musique voire d'anticiper celle-ci.
Grille de blues
- Généralités
Une très grande partie des musiques sont basées de près ou de loin sur la grille de blues « I-IV-V » sur 12 mesures. Cette grille a une progression très caractéristique :
I-I-I-I-IV-IV-I-I-V-IV-I-I
Chaque chiffre romain correspond à une mesure de 4 temps. I, IV et V correspondent aux accords. Exemple, si on prend Do comme référence (blues en DO), I correspond à l’accord de Do majeur, II à celui de Ré, III pour Mi, IV pour Fa, V pour Sol, VI pour La, VII pour Si (on recompose ainsi la gamme majeure de Do = Do, Ré, Mi, Fa, Sol, La, Si). Donc un Blues en Do est composé des accords Do(I), Fa(IV), Sol(V). Ce même blues en Mi donnera Mi(I), La(IV), Si(V)
Au final on se retrouve avec des séquences de 12x4 = 48 temps
Ex : Do-Do-Do-Do-Fa-Fa-Do-Do-Sol-Fa-Do-Do Ecouter
- Blues & Poésie
Une musique blues est structurée de la même manière qu’une poésie (vers, strophe, refrain, rimes)
Lorsqu’on écoute la musique (point de vue du danseur), les mesures sont regroupées par 2 en phrases musicales de 8 temps (ie. vers en poésie). Les 12 mesures forment alors une séquence (strophe) de 6 phrases musicales : I-I-IV-I-V/IV-I. Le I (respectivement IV et V) contient souvent la même mélodie.
Le morceau de musique est ensuite composé avec plusieurs séquences. D’une séquence à l’autre la tonalité est souvent respectée (I correspondra par exemple toujours à Do) mais entre 2 séquences, les phrases peuvent varier. On note en général les séquences par une lettre (A, B…)
Un morceau peut se représenter alors ainsi :
A = séquence d’introduction
B = séquence « couplet »
B = séquence « couplet »
C = séquence « refrain »
B = séquence « couplet »
B = séquence « couplet »
C = séquence « refrain »
D = séquence « pont »
B = séquence « couplet »
E = séquence « Outro » ou « Fin »Grille standard
La grille standard est sur une base de 4 phrases de 8 temps (4x8) souvent regroupées par 2 (2x(4x8)). Il n’y a pas vraiment de progression typique d’accords (cf. blues), mais la dernière phrase d’une séquence se démarque toujours.
Composition d'un morceau
Exemple : tequilla (Los Lobos), structure standard : 6x(2x[4x8]) temps
SSSS Intro guitare, idem, +basse, idem
SSSS Intro +cymbale, idem, +guitare étouffée, idem,
ABAB Couplet thème joué à la trompette. Thème = A+B
ABAB idem + trompette 2
CCCD Refrain avec break sur le 5e temps de la dernière phrase
ABAB Couplet
RRRR Pont(= solo)
RRRR dont la dernière phrase
CCCD Refrain + break
ABAB Couplet
FFFF Final
FFFF' Final avec juste la guitare et la fin de la dernière phrase modifiée pour marquer la fin de la musique avec break sur le 4e temps.nota : S = intro, ABCD = motifs/phrases, R = Pont, F = Final
Débuts et fins de phrases
Afin de repérer les débuts et fins de phrases, on peut constater que :
- la fin de chaque phrase est souvent ponctuée par un double coup de caisse claire, de charlet ou par un instrument.
- le début d'une phrase (1er temps) contient très souvent la note la plus basse de l'accompagnement (basse ou contrebasse). Cette note est souvent la fondamentale de la gamme du morceau (ex. Mi si on est sur un blues en Mi)
- Le début d'une phrase musicale coïncide aussi avec le début d'une phrase chantée.
Intro
L'intro donne le tempo et le rythme du morceau. Elle est en général interprétée par des jeux de jambes et de corps, sans pas de base. C'est la montée en puissance des danseurs. Les intros fortes sont souvent ponctuées par un break (en général sur le temps 1 ou 5), au contraire des intro douces, où le chorus correspond au moment où tout l'orchestre vient reprendre le thème, annoncé dans la dernière phrase de l'intro, par un seul instrument.
On peut remarquer aussi que la plupart des intros ont la dernière phrase de la grille qui fait une coupure.
Couplet
Le couplet (verse), est basé une grille de 4x8 temps correspond au thème du morceau. Souvent, la quatrième phrase se distingue des 3 premières pour annoncer la fin de la grille, et peut contenir un break.
nota : Certains morceaux proposent une gille en 6x8 temps.
C'est durant le couplet que l'on propose des séries de passes plus ou moins alambiquées, qui doivent coller au maximum avec la musique.
Refrain
Le refrain (chorus) est le moment où la musique s'exprime pleinement. Le refrain reprend en général le thème avec quelques modifications le mettant en valeur. Il peut aussi correspondre à un second thème (toujours mis en relief).
Également mis en valeur par les couplets, le refrain est souvent le moment ou les danseurs passent leurs plus belles passes.
Pont
Le pont (bridge) est une sorte de pause dans la musique. Souvent constitué d'un solo, contrastant souvent avec le thème du morceau. Il est souvent constitué d'une mélodie non entendue jusqu'alors, jouée sans breaks.
Le pont est LE moment où les danseurs peuvent exprimer au maximum leur interprétation et leur créativité.
Final
Le final, (qui est souvent proche lorsqu'on a entendu 2 fois l'ensemble "couplet + refrain") est une partie importante de la danse puisque c'est la dernière impression que l'on donne non seulement au public, mais aussi à sa partenaire. Souvent, le final est annoncé par :
- Deux refrains d'affilé, le dernier ayant sa dernière phrase légèrement modifiée pour faire comprendre que le morceau est fini. (...[{A}{B}{C}{D}][{A}{B}{C}{D}])
- Une répétition à l'identique de l'avant dernière phrase d'un couplet ou d'un refrain (en 4x8) (...[{A}{B}{C}{C'}])
- La dernière grille est composée de la sorte : répétition une première fois de la dernière phrase de l'avant dernière grille. Répétition une seconde fois de cette phrase avec éventuellement une altération. Enfin Conclusion en 2x8 temps (...[{A}{B}{C}{D}][{D}{D}{E}{F}])
On remarquera souvent une modification des temps 7 et 8 de la dernière phrase pour faire entendre la fin du morceau.
La technique d’improvisation
L’improvisation laisse une grande part au « feeling », le ressenti du moment qui varie en fonction de son humeur, de la cavalière (danses de société)… Mais comment interpréter le feeling ?
1re étape : adapter sa danse à l’énergie musicale
Une musique est rarement linéaire, et il faut trouver la manière de « ralentir la danse ». Cela se fait en général avec des mouvements coulés, faire un pas sur deux… Il ne faut pas hésiter à regarder ce que les autres danseurs font et imiter leurs meilleures interprétations.
Lorsqu’une musique est très calme de bout en bout, il faut arriver à déceler les moindres accents pour en profiter pour passer une accélération. De même, sur une musique rapide, il faut détecter les passages un peu plus tranquilles pour s’économiser, et varier l’interprétation.
La musique « qui tourne » est une sensation, souvent associée à un gimmick court dynamique et enchaîné plusieurs fois d’affilée, qui encourage les tours (sur soi-même, d’un bras, d’une jambe, d’une éventuelle cavalière…).
Le break est une pause plus ou moins marquée dans la musique que l’on peut souvent interpréter avec un freeze (gel de tout mouvement du corps) en attendant que la musique reparte. Il est très agréable d’arriver à s’arrêter net en même temps que la musique. De plus, cette coupure se prête fort bien à de nombreuses interprétations plus ou moins originales (tombers, mouvements du corps, jeux de jambes…)
2e étape : repérer les breaks
Le break est une coupure dans le morceau sujette à beaucoup d’interprétation, il est donc très utile de pouvoir les anticiper. Heureusement, avec un peu de pratique, il est possible de savoir exactement quand il arrivera.
Le break arrive dans 99% des cas sur la dernière phrase musicale d’une séquence musicale. Donc la solution est d’arriver à repérer les phrases musicales puis ces séquences. Ce travail est très fastidieux, mais il permet de faire beaucoup de progrès dans l’interprétation. L’interprétation des breaks, quant à elle est grandement facilitée du fait que sur un morceau, tous les breaks sont identiques (en général).
Le break est interprété par un arrêt simultané du pas de passe des danseurs et de leurs mouvements. Ces derniers profitent alors de ces 4 ou 8 temps pour proposer une interprétation de la musique (jeux de jambes, de corps...) : libre cours à l’imagination !
Ils sont généralement situés sur les temps 1 ou 5 de la dernière phrase de la grille (la grille étant constituée de 4 ou 6 phrases de 8 temps). Cela vaut pour les intros, les verses, les chorus et les finals.En général les breaks son annoncés :
- 1. AABC : B annonce un break (modification de la tonalité) qui intervient sur le premier temps de C
- 2. AAAA' : A' a 2 notes modifiées. C'est sur le temps qui suit qu'arrive le break.
- 3. AAAB : B correspond à un changement de tonalité ou de rythme annonçant souvent un break à la fin
- 4. AAABCD : Part dans le même esprit que l'exemple précédent (3), mais le changement de tonalité est réappliqué sur deux phrases supplémentaires. Ce schéma est souvent appliqué après le schéma 3, lorsque celui-ci n'est pas ponctué par un break : cela permet de signaler que s'il n'y a pas eu de breaks durant le schéma 3, il y en aura un pendant la phrase "D".
Nota : Certaines musiques sont dépourvues de breaks, tandis que d'autres en ont à outrance...
3e étape : le reste
Une fois que l’on sait repérer assez facilement les breaks, on est beaucoup plus attentif à la mélodie, et on arrive à y déceler mille et un détails susceptibles d’interprétation (coup de cymbale, répétition d’un motif musical, bruitage en arrière plan…). Il faut alors essayer de trouver le mouvement le plus adapté à la musique.
Le point essentiel de la 3e étape est que l’on commence à faire corps avec la musique, et même sur une musique inconnue on arrive à se mettre parfois à penser comme l’artiste compositeur. Par exemple il arrive d’anticiper un très gros break dès la première séquence musicale. À ce moment, on oublie toute la technique de danse pour se livrer à une interprétation de la musique.
Exemple d'interprétation : Les questions-réponses Les question réponses sont constitués de deux passages de 4 ou 8 temps avec un motif identique. Le premier passage est "doux" musicalement (question), puis, comme une "réponse", le second passage reprend avec tout l'orchestre exactement le même motif. On assista parfois à un jeu de questions-réponses d'un chanteur avec son public (ex : la fin du morceau de Ray Charles "What I say")
Les questions-réponses sont interprétées par un mouvement précis du danseur effectué sur le premier passage, répété par la danseuse sur le second passage (ou vice versa). Le danseur n'effectuant pas le mouvement, reste alors fixe.
Le miroir
Pour améliorer son interprétation, il est essentiel de maîtriser le rendu esthétique de sa danse. Pour cela il existe 2 moyens : le miroir et la vidéo. Dans les deux cas, le principe est le même : voir les défauts et les corriger. Le miroir a le mérite d’être instantané, et de se corriger très rapidement. Il facilite également le travail de coordination avec les autres danseurs, et aide le professeur à montrer les défauts.
Placement du corps, perfection du geste sont autant d’éléments à travailler en miroir. Cependant, il existe des situations « exceptionnelles » qui empêchent l’usage du miroir (démos, compétitions, spectacles…). Ces situations génèrent un stress et une énergie qui ne sont pas facilement reproductibles en salle d’entraînement. C’est pourquoi une vidéo s’avère précieuse (mouvements parasites, regards mal placés, hésitations etc…).
Liens internes
Danses incitant à l’interprétation
Autres
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