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Histoire des Juifs au Suriname
L’histoire des Juifs au Suriname commence dès le milieu du XVIIe siècle. À cette époque, les Anglais commencèrent à coloniser cette portion de la côte guyanaise et à en exploiter les potentialités agricoles. Ils firent venir à cet effet un grand nombre d’esclaves africains servant de main d’œuvre et quelques colons européens. Parmi eux se trouvait une importante communauté Sépharade, de langue espagnole et portugaise. Celle-ci devint la plus grande communauté juive de la zone des Caraïbes et bénéficia d’une liberté inégalée aux Amériques et même en Europe à cette époque. Après que la colonie fut passée aux mains des Hollandais les privilèges de la communauté perdurèrent et les juifs fondèrent Jodensavanne, la « savane des Juifs » qui devint la plus grande localité agricole juive de l’époque. Avec le temps, les Juifs se mêlèrent aux populations noires, les deux communautés s’influençant mutuellement.
Installation des Juifs
il semblerait que des Juifs aient été présents dès les débuts de la colonie anglaise en 1651 mais il ne s’implantèrent durablement que dans les années 1660, s’établissant le long du fleuve Suriname, principale artère de communication de la colonie[1]. Les Anglais avaient favorisé cette installation, faisant bénéficier les Juifs de nombreux privilèges inédits pour l’époque tels le droit de commercer, de posséder des terres, de pratiquer publiquement leur culte et de créer des tribunaux juifs[1].
David Cohen Nassi membre de la communauté juive proposa de créer un village juif autonome, idée fut acceptée par les autorités britanniques qui à cet effet octroyèrent à leurs sujet juifs cinq hectares de terres non loin du fleuve Suriname. Ainsi fut créé le village de Cassipora, du nom de la crique où il était situé[1]. L’emplacement du village reste incertain à ce jour mais son cimetière, -le plus vieux cimetière juif de la colonie- a été retrouvé. L’épitaphe la plus ancienne date de 1666. Sous l’influence de Samuel Nassi, fils de David Cohen Nassi, la localité gagna en autonomie, elle obtint une représentation au sein des instances de la colonie et se dota de bateaux permettant la mise en place d’un commerce fluvial[1].
Colonisation hollandaise et fondation de Jodensavanne
En 1667, la colonie passa aux mains des Hollandais qui renouvelèrent le statut accordé aux colons juifs par les Anglais . Cette politique visait non seulement à retenir la population juive mais aussi à faire venir d’autres Juifs. Apparemment les Hollandais étaient tout à fait satisfaits des services rendus par la population juive ainsi qu’en témoigne le gouverneur Cornelis Van Aerssen Van Sommelsdijck « Je dois exprimer l’immense satisfaction que je tire et continue à tirer chaque jour de la diligence, du zèle, de la sollicitude et de l’honnêteté des membres de la nation juive [[ …]], et je souhaiterais pouvoir en dire le quart de nos chrétiens.»[1]
Après avoir dû céder au Portugal le Brésil néerlandais en 1654, les Provinces-Unies projettent de réinstaller les Juifs obligés de fuir ces territoires dans deux colonies néerlandaises, l'île de Cayenne (actuelle Guyane française) et Nieuw Middelburg, dans le territoire d'Essequibo (actuelle Guyana). Afin d'accroître la population et de dynamiser ces colonies, ils y invitent les Juifs de Livourne via leur représentant à Amsterdam, Paulo Jacomo Pinto. Le 12 septembre 1659, un des réfugiés juifs du Brésil conclut un accord avec la Compagnie néerlandaise des Indes occidentales pour la création d'un village juif, Remire ou Irmire, sur la côte ouest de l'île, où s'installent également des Gorneyim. En 1664, à l'arrivée des Français à Cayenne, les Néerlandais se rendent sans combattre mais obtiennent la garantie du libre exercice de leur religion pour les Juifs. Néanmoins, les deux tiers des Juifs de Remire, soit environ 300 personnes, partent s'établir au Suriname, alors britannique. Ils y ont bénéficié sous la colonisation britannique, puis néerlandaise, d'une certaine autonomie dans une localité appelée Jodensavanne qu'ils avaient mise sur pied en 1652 sur la Savannah près de la crique de Cassipora [2],[3].
En 1685, ainsi que l’atteste une pierre tombale, les Juifs quittèrent Cassipora devenue trop exigüe fondèrent à deux kilomètres en aval la colonie de Jodensavanne, la savane des Juifs qui devint dès lors le centre de la communauté juive du Suriname autour duquel gravitait le restant des Sépharades. Cette communauté, fut par plusieurs aspects totalement inédite et exceptionnelle dans l’histoire juive de l’époque. Elle constitua la plus importante localité agricole juive de son temps et ses habitants jouirent de privilèges totalement inédits dans la chrétienté[1].
Notes et références
- ↑ a , b , c , d , e et f Aviva Ben Ur, « Distingués des autres Juifs »: les Sépharades des Caraïbes in Le monde sépharade (Tome I), Le Seuil, 2006, pp.279-327
- ↑ The history of Jews in Suriname
- ↑ The Foundation for Jodensavanne
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