Histoire de la marine française en indochine de 1939 à 1945

Histoire de la marine française en indochine de 1939 à 1945

Histoire de la marine française en Indochine de 1939 à 1945

L’histoire de la marine française en Indochine française pendant la période 1939-1945 est généralement méconnue. Peu de gens, en effet, connaissent le nom de la bataille de Koh Chang, qui est pourtant, la seule victoire navale remportée par la France au cours des deux guerres mondiales.

Au moment où le pays entre en guerre avec l'Allemagne, en 1939, la marine française de la colonie d'outre-mer se compose de deux forces navales aux fonctions bien distinctes. La première, la Marine en Indochine, est assez limitée et se trouve sous le commandement du contre-amiral Jules Terraux (1883-1951). Elle est formée de canonnières fluviales, des navires de la mission hydrographique (essentielle dans un pays traversé par le riche réseau de cours d'eau que constitue le Mékong et son lacis inextricable de bras secondaires), d'un pétrolier, de plusieurs petits bâtiments, ainsi que de bases à terre (arsenal de Saïgon, bases navales, aéronautique navale et casernements). La seconde, modeste aussi, est constituée par les Forces navales en Extrême-Orient (FNEO). Celles-ci comprennent un seul sous-marin, deux croiseurs (dont le célèbre Lamotte-Picquet), cinq avisos (dont quatre avisos coloniaux) et plusieurs canonnières fluviales de Chine.

L'Indochine française (le nom date de 1888), comprenant la Cochinchine (au sud), l’Annam (sa longue plaine côtière), le Tonkin (au nord), le Cambodge et, à partir de 1893, le Laos. Le territoire chinois de Kwang-Chou-wan (Guǎng zhōu) devint français en 1900.

Sommaire

L'expansion japonaise et la première offensive (22-25 septembre 1940)

Sous l'impulsion du premier ministre, le général Hideki Tōjō, et de son gouvernement militariste, le Japon continue une politique expansionniste commencée avec l'annexion de la Corée en 1910. Après la Mandchourie (ou Mandchoukouo, 1937-1945), avant-poste de son occupation chinoise, il s'attaque, en 1937, à la Chine de Tchang Kaï-chek (guerre sino-japonaise, avec prise de Pékin, puis de Shanghaï et massacre de Nankin). Visant à une mainmise progressive sur l'ensemble des colonies européennes en Asie, le Japon décide de prendre ensuite possession de l'Indochine française. Cependant, ses troupes rencontrent des difficultés en Chine du Sud.

Le croiseur Lamotte-Picquet devant Shanghaï (début 1939). Il y avait 25 officiers et 550 gradés et hommes d'équipage à bord de ce bâtiment de guerre, unité principale des Forces navales d'Extrême-Orient (8 000 tonnes, 8 pièces de 155 mm, 4 de 75 mm, 12 tubes de lance-torpilles et deux hydravions).

À la suite de la défaite française de juin 1940, la France signe avec l'Allemagne un armistice lui permettant de garder ses colonies, qui ne présentent pas le moindre intérêt pour Hitler. La situation en France occupée laisse les lointaines colonies plus lointaines que jamais — et donc plus vulnérables. Cela redonne espoir au Japon, qui songe d'abord à s'installer au Tonkin (en prévision d'une expansion ultérieure) avec ou sans l'accord de la France.

C'est ainsi que, le 19 juin 1940, le général Georges Catroux (1877-1969), gouverneur général de l'Indochine, reçoit un ultimatum exigeant notamment la fermeture de la frontière avec la Chine et le libre passage des troupes japonaises. Catroux estime, étant sur place, qu'il est mieux à même d'apprécier la situation que son gouvernement, alors replié à Bordeaux avant de s'installer à Vichy (sous la direction du maréchal Pétain). Il prend sur lui de faire aux Japonais des concessions extrêmement graves et irréversibles. Ses initiatives, jugées malheureuses, entraînent sa destitution immédiate.

C’est le vice amiral d'escadre Jean Decoux (1884-1963) qui prend la suite de Catroux. Nommé commandant en chef des Forces Navales d'Extrême-Orient en 1939, Decoux avait pris son commandement à bord du Lamotte-Picquet à Saïgon le 12 mai de la même année. Le 25 juin 1940, il est désigné gouverneur général de l'Indochine, poste qu'il ne pourra prendre que le 20 juillet et qu'il occupera pendant cinq ans. Peu après, les FNEO sont dissoutes, ce qui signifie que leurs bâtiments relèvent de Marine Indochine, alors sous les ordres du contre-amiral Terraux.

Le 30 août 1940, le gouvernement de Vichy, devant le fait accompli, accepte de reconnaître les «intérêts dominants du Japon» et lui concède d'importantes facilités militaires au Tonkin. Une convention d'application est signée le 22 septembre, mais elle ne satisfait pas le commandement militaire japonais en Chine qui, passant outre, lance sa première offensive la nuit même. Sa division du Kwang Si, dans la province de Canton, franchit la frontière chinoise et attaque les garnisons de Lang Son (Lạng Sơn) et autres postes frontaliers. Tombé à la tête de son détachement motorisé, le lieutenant-colonel Louvet est le premier mort de la guerre du Pacifique. Les combats durent jusqu'au 25 septembre. L'empereur Hirohito ordonne finalement le cessez-le-feu et la libération des prisonniers. Il exprime en outre « son regret profond de l'incident inattendu de Lang Son » et s'engage au respect de la souveraineté française en Indochine; promesse qui, en dépit des événements ultérieurs (attaque de Pearl Harbor et entrée en guerre du Japon), sera intégralement respectée jusqu'au coup de force du 9 mars 1945. Certes, l'Indochine doit subir la présence de troupes japonaises sur son sol, mais il s'agit de stationnement et non d’occupation, l'administration française gardant la totalité de ses prérogatives et de ses moyens (civils et militaires).

On notera que l'Indochine ne pouvait attendre aucun secours des alliés de la France. Farouchement opposé à toute forme de colonisation, le président des États-Unis, Franklin D. Roosevelt, refuse son aide. Le 3 novembre 1940, il donne à Edward Stettinius, son secrétaire d'État, l'ordre «d'abandonner les Français [d'Indochine] à leur sort». Roosevelt souligne que le gouvernement américain ne doit leur accorder « ni armes, ni munitions, ni aucun appui à une quelconque mission militaire — en aucune circonstance ».

La guerre franco-thaïlandaise

Article détaillé : Guerre franco-thaïlandaise.

Le Siam, qui a la particularité d'être le seul pays non colonisé de la péninsule indochinoise, passe d'une monarchie absolue à une monarchie constitutionnelle grâce à un coup d'État le 24 juin 1932. Mais tout change en 1938 quand, lors d'un second coup d'État, le maréchal Phibun Songkhram (1897-1964) s'arroge les fonctions de premier ministre et instaure de fait un régime dictatorial et militariste à l'instar de celui du Japon, pays dont il devient l'allié. En 1939, le pays prend le nom de Thaïlande [terre thaïe]. Phibun Songkhram aspire, en unifiant tous les territoires de langue et d'ethnies thaïes de la péninsule indochinoise, à créer une "grande Thaïlande", de même que l'Allemagne cherche à construire un grand Reich, "pan-thaïsme" qui fait écho au pan-germanisme des nazis.

En juin 1940, la Thaïlande négocie un pacte de non-agression avec la France. Mais, sous l'impulsion japonaise, décide de récupérer ses provinces du XVIe siècle (l'ancien royaume khmer) et met brusquement fin aux pourparlers. Le refus, par les Français, de changer les frontières du Laos et celles du Cambodge — territoires alors placés sous leur protectorat — déclenche une série d'escarmouches le long du Mékong en septembre 1940, suivie par une recrudescence d'hostilités au Laos comme au Cambodge. C'est ce que le contre-amiral Paul Romé nommera la « drôle de paix ».

La bataille navale de Koh Chang (17 janvier 1941)

Article détaillé : Bataille de Koh Chang.

Afin de faire taire les armes aux frontières, l'amiral Decoux réunit ses états-majors et met au point une offensive contre la Thaïlande, offensive que le contre-amiral Terraux et le capitaine de vaisseau Régis Bérenger (1888-1971) préparent de concert. Le 16 janvier, Bérenger réalise l'ordre d'opération grâce aux renseignements fournis par un des hydravions français, qui avait signalé la présence de bâtiments thaïlandais dans une baie au sud de Koh Chang, c'est-à-dire dans les eaux territoriales ennemies. L'action offensive sera menée avec brio, et c'est ainsi que, sous le commandement de Bérenger à bord du Lamotte-Picquet, la marine française remportera une victoire décisive contre la flotte thaïlandaise.

Lors de l'engagement, les forces françaises se composent de cinq bâtiments seulement : le croiseur Lamotte-Picquet, les avisos coloniaux Dumont d'Urville et Amiral-Charner, ainsi que les avisos Tahure et Marne (un rescapé de la guerre de 1914-1918). Au petit matin du 17 janvier 1941, ces cinq bâtiments se rassemblent à l'archipel Poulo-Condore (aujourd'hui Côn Đảo), au sud-est de la pointe de Camau. Ils traversent ensuite le golfe du Siam en silence radio pour surprendre, sur rade de Koh Chang, la force navale ennemie. Face au groupe hétérogène de navires français, la Thaïlande possède une flotte supérieure : deux garde-côtes cuirassés, puissamment armés et blindés, ainsi que plusieurs torpilleurs tout neufs. Il y avait également un risque hydrographique, car, comme l'écrit Jean-René Tréhard, alors enseigne de vaisseau à bord de l'aviso Tahure, les cartes n'étaient pas très fiables et ne montraient pas tous les récifs de la région.

Surprenant la flotte ennemie au mouillage et lui bloquant trois passes sur quatre, les bâtiments français envoient par le fond deux torpilleurs thaïlandais, puis endommagent gravement l'un des deux garde-côtes (le Dombhuri), qui se retire du combat pour s'échouer en feu sur la côte. Le combat durera près de deux heures (1h40), dans ses différentes phases.

Graphique des routes lors de l'engagement de Koh Chang qui, le 17 janvier 1941, oppose la flotte française à la flotte thaïlandaise dans le golfe de Thaïlande (golfe du Siam). Koh Chang est la seule victoire navale française des deux guerres mondiales.

Lors de leur retour à Saïgon, les cinq bâtiments français subissent les attaques de l'aviation thaïlandaise, mais, protégés par l'artillerie française (la DCA), regagnent la capitale intacts. Il n'y a, chose remarquable, aucune perte humaine et que très peu de blessés parmi les équipages des navires français. Pourtant, souligne Casimir Guillerm, canonnier pointeur à bord du Lamotte-Picquet, « le combat a été d'une rare violence ». De leur côté, les Thaïlandais auraient perdu quelque 300 hommes.

Le capitaine de vaisseau Bérenger est promu contre-amiral à la suite de cette victoire, qui met fin aux agressions répétées de la Thaïlande. La victoire amène le Japon à traiter avec la France et à lui laisser l'administration de l'Indochine. L'Indochine est cependant amputée de ses territoires laotiens et cambodgiens (la riche province de Battambang, ainsi que Siem Reap, Kompong Thom, Champassak) au profit de la Thaïlande, entretemps devenue alliée des Japonais.

Une plaque commémorant le souvenir de Koh Chang a été apposée au mémorial du Mont Faron, à Toulon, et, en 2001, à l'occasion du 60e anniversaire, au fort Montbarey, à la sortie de Brest. Il existe, depuis 1995, un boulevard Koh Chang à Cancale (Ille-et-Vilaine), un square Koh Chang surplombant l'océan à Perros-Guirec (Côtes-du-Nord) depuis 2000, une place du même nom inaugurée à Saint-Jean-de-Monts (Vendée) en 1999, ainsi que des plaques ou stèles dans plusieurs municipalités de France qui commémorent l'artisan de cette victoire, l'amiral Bérenger : Dinard (Ille-et-Vilaine, 1992), Lagord (Charente-Maritime, 1994) et Seignosse (Landes, 1994). Dans ses Mémoires de guerre, le général de Gaulle évoque « la brillante victoire navale du 17 janvier 1941 au cours de laquelle le croiseur Lamotte-Picquet et quelques avisos français ont envoyé par le fond la flotte du Siam ».

Toutefois, parce qu'elle a été remportée sous le gouvernement de Vichy, aucun président français, de de Gaulle à Chirac, n'a voulu honorer cette victoire. Aucun timbre, aucune médaille ne l'a jamais commémorée, aucun navire ne porte son nom (la tourelle de 100 mm de l'actuelle frégate anti-sous-marine La Motte-Picquet porte tout de même le nom de Koh-Chang) et il n'y a pas de rue Koh-Chang à Paris.

Les convois des côtes d'Annam (1942-1944)

À partir de fin 1940, le gouvernement de Vichy n'a pratiquement plus de relation maritime avec l'Indochine. Avec l'entrée en guerre du Japon le 8 décembre 1941, l'Indochine française se trouve totalement isolée du reste du monde. Ni la métropole ni ses alliés ne lui fournissant de vivres, d'armes ou de matériel, elle est désormais obligée de vivre en autarcie. Au cours des trois années qui suivent, ce sont les efforts de sa marine qui lui permettent de survivre. En effet, parce qu'elles ne peuvent plus être entretenues (il y a pénurie de matériel, plus aiguë encore qu'en métropole) ou, pis, parce qu'elles sont la cible de bombardements américains, les voies routières et ferroviaires ne sont plus en mesure d'assurer des liaisons efficaces et fréquentes. C'est vraiment grâce à la voie maritime — aux convois des côtes d'Annam de 1942 à 1944 — que les échanges de matières premières entre le nord (le Tonkin, principal producteur de charbon) et le sud du pays (Cochinchine et Cambodge, grands producteurs de riz) peuvent être maintenus.

Ces échanges commerciaux constants entre Saïgon et Haïphong, vitaux pour le fonctionnement des usines et des centrales — et donc pour la survie de la population — se font à l'aide de vieux caboteurs, les meilleurs cargos de la marine nationale ayant en effet été saisis en avril 1942 par les Japonais et par les Anglais. Ces caboteurs sont, pour la plupart, de vieux charbonniers, parfois âgés de plus de quarante ans, ayant navigué sous divers pavillons. Évoquant cette période héroïque, le contre-amiral Paul Romé, alors enseigne de vaisseau, parle à juste titre d'une « armada hétéroclite » : le Song-Giang n'avait-il pas été un chaland sur le Rhin et le Tai-Poo-Sek un long-courrier russe ?

En automne 1942, la contre-offensive américaine se fait nettement plus agressive : les avions et sous-marins américains basés en Chine ont pour mission d'attaquer systématiquement tout bâtiment en mer. Les convois assurant la navette le long des côtes d'Annam doivent alors être dûment escortés par des patrouilleurs de la marine, essentiellement pour des missions de sauvetage. Mais, du fait des Américains, sur onze cargos et sept escorteurs ayant assuré ces convois, il ne reste plus, fin 1944, que quatre cargos et deux escorteurs. Les pertes en hommes atteignent près du tiers des effectifs.

Le coup de force japonais du 9 mars 1945

Article détaillé : Combats en Indochine (1945).

Fin 1944, les forces japonaises reculent dans l'ensemble du Pacifique : Philippines, Birmanie, Guam. Tokyo est de plus en plus menacé par les "forteresses volantes" américaines, ces bombardiers destructeurs qui déciment leurs escadrilles. Pour son gouvernement aux abois, l'Indochine représente, plus que jamais, un territoire de la plus grande importance stratégique : la seule base viable lui permettant d'opérer un regroupement de ses troupes dispersées sur différents fronts : Singapour, Thaïlande, Malaisie. Afin d'assurer la sécurité des communications et des manœuvres de repli, le Japon met sur pied une seconde offensive. Mais, contrairement à celle des 22-25 septembre 1940, celle-ci est d'envergure, puisqu'elle a pour but de supprimer la présence française en Indochine. C'est ainsi qu'entre janvier et mars 1945 les effectifs japonais passent de 8000 hommes à 60 000.

L'armée japonaise attaque le vendredi 9 mars 1945, prenant l'ensemble du pays par surprise : au sud, Saïgon, au nord, Hanoï, la citadelle de Lang Son (Lạng Sơn), verrou de la porte de Chine, et Dong Dang, poste clé de la frontière du Tonkin. Avec un effectif total de 12 000 soldats européens seulement (Français et quelques autres nationalités), garnisons, forts et casernements où flotte le drapeau tricolore ne résistent pas longtemps à ces assauts répétés. Les combats inégaux (plus de dix contre un) s'achèvent par des atrocités (escrime à la baïonnette sur les prisonniers, éviscération, décapitation).

À Lang Son, l'état-major japonais avait invité les autorités civiles et militaires à un dîner à 18h. Les convives sont faits prisonniers à la conclusion du repas. Deux sont abattus : le lieutenant-colonel Amiguet et le chef de bataillon Leroy. Entretemps, à la citadelle de Lang Son, les troupes françaises tentent de briser les vagues d'assaut japonaises pendant plusieurs heures. Parce qu'il refuse de se rendre, le général Émile Lemonnier sera décapité, ainsi que le résident Auphelle. Le colonel Robert connaîtra le même sort deux jours plus tard. Les 400 survivants seront exécutés sauvagement.

Tous les navires français subissent de semblables attaques. Lorsqu'ils ne sont pas faits prisonniers avant, les marins sabordent leur bâtiment, ouvrant le feu sur leur propre bateau ou le coulant au canon afin de ne pas le laisser aux mains des Japonais. C'est ainsi que disparaissent: En Cochinchine, le Paul-Bert, le Mytho, l’Avalanche et l’Amiral-Charner à Mytho [My Tho], la Marne, le Lapérouse et le Capitaine-Coulon à Cantho [Can Tho]; au Cambodge, le Francis-Garnier à Kratié; au Tonkin, le Commandant-Bourdais à Haïphong, ainsi que la Vigilante. Seules deux petites canonnières du Tonkin, Frézouls et Crayssac, pourront s'échapper et se replier en Chine après une admirable campagne en baie d'Along [Ha Long].

Les équipages naufragés se joignent aux combattants à terre, soit en corps constitué comme le groupement du capitaine de corvette Mienville qui, dans le Transbassac (plaines occidentales du delta du Mékong), contint les Japonais pendant trois semaines, soit en éléments dispersés qui prennent refuge dans la brousse. Comme tant d'autres, le quartier-maître mécanicien Raymond Cordier part sans vivres ni carte. Il retrouve des compagnons d'infortune, qui doivent se disperser afin de pouvoir survivre. La nuit tombée, ils se mettent en quête de nourriture dans les rares villages des hauts plateaux moï. Un des camarades de Cordier meurt, un autre perd la raison (on doit l'attacher la nuit), un troisième est rongé par la dysenterie : il faut se rendre…

Après une retraite jusqu'aux Trois Frontières, le lieutenant de vaisseau Romé et ses hommes prennent la brousse et doivent tailler leur chemin au coupe-coupe dans une végétation dense où grouillent des colonies de sangsues. Après des tribulations incroyables, à bout de forces, ils sont dénoncés par un chef de village qui leur avait offert l'hospitalité. Dans la même région, le groupe du capitaine de corvette Moreau réussira à tenir trois mois en un lieu quasi inaccessible sur la rive droite du Donnai (aujourd'hui Dong Nai), mais sera, lui aussi, trahi par les autochtones.

Le major général américain Claire Lee Chennault, de la 14th USAAF, célèbre aviateur ayant organisé les "Tigres volants", reçoit l'ordre d'abandonner les Français d'Indochine à leur sort.

On ne connaîtra cependant jamais le sort exact de tous ceux, trop nombreux, qui périrent, soit du fait de l'ennemi, soit de faim ou de misère au sein d'un pays moï sauvage et hostile.

Dans ses mémoires, Claire Lee Chennault (1893-1958), major général de l'armée américaine à la tête de la 14th USAAF (force aérienne de l'USAAF pendant la Seconde Guerre mondiale), explique l'objectif qui lui était confié. Il ajoute : « Les ordres du GQG précisaient que les unités françaises ne devaient recevoir ni armes ni munitions. J'ai appliqué les ordres à la lettre, sans pouvoir me faire à l'idée que je laissais les Français se faire massacrer dans la jungle, tandis qu'on m'obligeait à ignorer officiellement leur sort ». [I carried out my orders to the letter, but did not relish the idea of leaving Frenchmen to be slaughtered in the jungle while I was forced officially to ignore their plight.]

Malgré son ampleur et sa sauvagerie inouïe, le coup de force du 9 mars ne provoque cependant aucun remous dans la métropole, trop occupée à se relever de ses ruines. Jacques de Folin souligne que Le Monde a été le seul journal à publier un éditorial sur l'anéantissement des forces françaises par l'armée japonaise. Pourtant, plus d'un historien pense maintenant que « la guerre d'Indochine a commencé le 9 mars 1945 ».

Les camps de déportés

Après leur capture, de nombreux marins sont internés dans des camps de prisonniers tel celui de Thu-Dau-Mot, au nord de Saïgon (ancienne caserne Vassoigne) ou le camp Virgile (ancienne caserne du RAC [Régiment d’artillerie coloniale]), à Saïgon. Logés dans les écuries, ils étaient dévorés par les punaises et les moustiques et dormaient littéralement à la dure, blottis sur des pavés.

Un plus grand nombre encore de marins fut interné au camp Martin-des-Pallières, ancienne caserne militaire du 11e RIC (Régiment d'infanterie coloniale), à Saïgon, d'où l'on pouvait voir les flèches de la cathédrale. Ce vaste camp de concentration, placé sous les ordres du colonel Masuda, regroupait, vers la fin, quelques 4500 prisonniers français qui se trouvaient en Annam, en Cochinchine et au Cambodge. Les autochtones qui avaient rejoint les rangs de l'armée française étaient enrôlés de force dans l'armée japonaise (nombreux sont ceux qui s'échappèrent).

Ces prisonniers dormaient où ils le pouvaient : sur des planches, des bas-flancs en bois, des nattes de jonc ou, faute de mieux, à même le sol, sans la moindre couverture. À la longue, le manque de place en força quelques uns à partager les chambrées où l'on avait isolé les malades contagieux (plusieurs cas de tuberculose et même un cas de lèpre). Tous les matins, les gardes choisissaient un contingent de 500 à 600 soldats pour des corvées à l'extérieur du camp : travaux de terrassement, tranchées à creuser, transport d'eau, coupe de bambous (afin de protéger les grilles de la caserne du regard des curieux), etc., le plus souvent sous un soleil de plomb. Le second-maître Maurice Amant, autrefois télémétriste à bord du Lamotte-Picquet, raconte qu'on lui avait fait faire des trous de 60 cm sur 60 cm, profonds d'un mètre et espacés de deux mètres, à l'intérieur d'une cour entourée d'un mur et fermée par la suite. Ce n'est qu'après sa libération qu'il en apprit le but : les Japonais avaient placé des mines dans chacun de ces trous ; en cas de débarquement allié, ils auraient rassemblé tous les prisonniers dans la cour afin de les expédier collectivement vers leur "dernier voyage".

À Haïphong, le radiotélégraphiste Georges Vellard, fut interné, comme quelques autres marins, à l'école Henri-Rivière, où les avaient précédés quelque 200 civils. Il réussit à s'en évader et à gagner Hanoï à bord d'un camion grâce à l'entremise d'un membre de la Croix-Rouge. Il exercera la fonction de radio clandestin à Hanoï, puis à Haïphong au moyen d'un émetteur utilisé avec les stations terrestres d'Indochine et les stations mobiles de la Marine en Extrême-Orient.

Certains prisonniers, comme les quartiers-maîtres Marius Besselièvre et Pierre Le Peuch, tombèrent entre les mains de la redoutable Kempetaï, police politique — et secrète — souvent comparée à la Gestapo nazie. À la suite de la fusillade du 9 mars à Hanoï, Le Peuch fut hébergé par un Tonkinois compatissant qui le cacha deux jours et deux nuits dans son grenier. Mais il dut se constituer prisonnier quand les Japonais, ayant établi la loi martiale, menacèrent de la peine de mort tout Tonkinois coupable d'héberger des militaires français. Peu de détenus survécurent au traitement inhumain des prisons de la Kempetaï. Les hommes y subissaient des tortures (bastonnade, asphyxie par absorption d'eau), puis étaient entassés à sept ou huit dans des cages de bambou pendant plusieurs jours d'affilée. La nuit, en plus des incessantes piqûres de moustiques, les vociférations des sentinelles et les hurlements des autres prisonniers les tenaient éveillés. Privés de sommeil, de nourriture digne de ce nom, d'exercice et de l'hygiène la plus élémentaire, leurs corps émaciés se couvraient rapidement de vermine et de plaies infectées en permanence.

La Kempetaï contrôlait également des camps de travaux forcés rassemblant près de 4000 prisonniers dans la région particulièrement insalubre de Hoa Binh, au bord du delta du Tonkin. Dans ces sinistres "camps de la mort lente", la seule eau que ces hommes pouvaient boire provenait des marais environnants, à l'odeur nauséabonde. La dysenterie et le paludisme emportèrent beaucoup de prisonniers. Ceux qui tentaient de s'échapper étaient abattus d'une balle dans le dos ou décapités.

À leur retour en métropole, malgré les sévices dont ils furent victimes, les marins et autres rescapés de ces camps ne reçurent ni les honneurs ni les titres ni les pensions militaires d'invalidité auxquels ils auraient dû avoir droit. Leurs requêtes n'étaient pas justifiées aux yeux de l'administration. Les anciens de Marine Indochine ont multiplié les démarches pendant de longues décennies pour qu'un projet de loi leur reconnaisse enfin le statut de "prisonnier de guerre détenu par les Japonais après le coup de force du 9 mars 1945" — mais sans le moindre succès (et ce, contrairement aux prisonniers du Viêt Minh). Le gouvernement a attendu un demi-siècle avant de reconnaître officiellement ces événements — qui ne figurent toujours pas dans les manuels d'histoire — et de rendre une justice partielle à la résistance française en Indochine. Ce n’est, en effet, qu'à l'occasion du 50e anniversaire du coup de force japonais en Indochine que le ministère des Anciens Combattants et des Victimes de guerre s'est résolu à accomplir ce que l'on appelle le "devoir de mémoire". Ainsi, Philippe Mestre, son ministre de l'époque, est chargé, le 9 mars 1995, d'inaugurer dans le jardin des Tuileries, à Paris, une plaque commémorative honorant « les 2650 soldats et résistants morts pour la France en Indochine ».

La lente libération des marins d'Indochine

Le 2 septembre 1945, à bord du USS Missouri, en rade de Tokyo, le général Yoshijiro Umezu signe la capitulation japonaise devant le général Douglas MacArthur.


Grâce à un poste récepteur clandestin, les prisonniers du camp Martin-des-Pallières, à Saïgon, pouvaient écouter les nouvelles. C'est ainsi qu'au début du mois d'août 1945, comme le reste du monde, ils apprennent, stupéfaits, qu'un nouveau type d'armes, des "bombes atomiques", larguées à Hiroshima et à Nagasaki avaient forcé l'empereur Hirohito à capituler sans conditions. Ils apprirent même cette étonnante nouvelle — immédiatement hurlée en breton à travers tout le camp Martin-des-Pallières — avant leurs gardiens, grâce à Radio-Delhi, qui ne censurait pas les informations comme la radio japonaise.

Le Japon ayant "accepté l'inacceptable", la Seconde Guerre mondiale prend officiellement fin le 2 septembre 1945, avec la reddition japonaise signée à bord du cuirassé USS Missouri, en rade de Tokyo, sous la présidence du général Douglas MacArthur et en présence du général Leclerc, qui contresigne au nom de la France.

Cependant, les membres de Marine Indochine sont restés, pour la plupart, prisonniers jusqu'au 12 septembre. Au lieu d'être promptement libérés, ils se sont trouvés dans une situation peu croyable : celle de demeurer non seulement prisonniers, mais encore sous la garde des Japonais, c'est-à-dire d'être des vainqueurs, paradoxalement captifs des vaincus.

Dans presque tous les cas, leur libération s'avère être longue et pénible. Certains prisonniers, comme le second-maître Maurice Amant, secrétaire de l'état-major, le quartier-maître radio Jean Morel, les quartiers-maîtres mécaniciens René Goudeau, Raymond Cordier, Henri Chentrier et le second-maître mécanicien André Kernevez sont libérés par les Forces françaises au camp Martin-des-Pallières, à Saïgon, ou bien à la caserne Calmette du 11e RIC, comme le quartier-maître torpilleur René Reynaud. D'autres encore sont libérés par des troupes de l'armée anglo-indienne venant de Singapour, comme ce fut le cas pour le quartier-maître mécanicien Gaston Estebénet.

Quant au fusilier-marin Pierre Le Peuch, prisonnier à la citadelle d'Hanoï, il n’est libéré que le 25 octobre, et ce, après accord avec la mission militaire sino-américaine. Le personnel marine est autorisé, sous escorte chinoise, à quitter le camp de la citadelle d'Hanoï et à rejoindre, par convoi ferroviaire, le port d'Haïphong. Là, ils occupent — sans armes — les locaux délabrés de l'école Henri Rivière, où ils sont en résidence surveillée par l'armée chinoise. Il leur faut attendre la date du 6 mars 1946 — jour du débarquement de force de l'armée française venue de Saïgon — pour être véritablement libérés (non sans pertes humaines du côté français, car les Chinois tirent sur la flotte de Leclerc).

En hommage aux soldats d'Indochine, le général de Gaulle écrit, dans ses Mémoires de guerre, que « dans le capital moral d'un peuple, rien ne se perd des peines de ses soldats ».

Chronologie des navires français coulés par les Américains

    • Le 22 novembre 1942, en baie d'Along, le Khai-Dinh est coulé par des bombardiers américains.
  • Le 30 novembre 1942, le Canton saute sur une mine mouillée par sous-marin américain devant la pointe Lagan.
  • Le 7 mai 1943, le G.G. Pasquier saute sur une mine américaine devant Doson [Do Son].
  • Le 26 novembre 1943, le S.S. Van Vollenhoven est torpillé devant Thuy-Hoa (au nord du cap Varella) par le sous-marin américain U.S. Bowfin.
  • Le 26 novembre 1943, le patrouilleur Béryl sombre, également devant Thuy-Hoa et très certainement dans les mêmes circonstances.
  • Le 15 janvier 1944, le Ping Sang est coulé par bombe en baie d'Along.
  • Le 17 février 1944, le Kai Ping est coulé par bombe dans le port de Benthuy [Ben Thuy].
  • Le 20 février 1944, le Francis Garnier (cargo) saute sur une mine devant la Pointe Lagan.
  • Le 26 février 1944, l'Astrolabe et le Picanon sont coulés dans le port de Tourane (aujourd'hui Da Nang) par un raid de bombardiers Mitchell.
  • Le 30 avril 1944, le Song-Giang et l'aviso Tahure (qui escortait un convoi de riz pour le Tonkin) sont tous deux torpillés de nuit au nord du cap Varella par le sous-marin américain U.S. Flasher.
  • Le 12 janvier 1945, le croiseur Lamotte-Picquet et l’Octant sont coulés à Thanh-Tuy-Ha par les porte-avions de la U.S. Task Force 38.
  • Le 12 janvier 1945, le Tai-Poo-Sek et l'Albert Sarraut sont coulés dans le port de Saïgon au cours du même raid.
  • En mai 1945, l’Armand-Rousseau, rescapé de 26 escortes de convois sur les côtes d'Annam, est coulé dans le Rach La par une bombe américaine.

Bibliographie

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  • Association "Citadelles et Maquis d'Indochine 1939-1945", L'Indochine dans le Second Conflit Mondial : 1939-1945, Publi-Offset, Mercuès, 1996.
  • Association nationale des anciens prisonniers-internés d'Indochine (ANAPI), ANAPI : Notre histoire, 1985-2003, Atalante Éditions, 2004.
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  • Charbonneau, René, et José Maigre, Les Parias de la victoire, France-Empire, 1979.
  • Chennault, Claire Lee, Way of a Fighter: The Memoirs of Claire Lee Chennault, Major General, U.S. Army (Ret.), G.P. Putnam's Sons, New York, 1949.
  • de Boisanger, Claude, On pouvait éviter la guerre d'Indochine, Adrien Maisonneuve, 1977.
  • Decoux, Amiral Jean, À la barre de l'Indochine: Histoire de mon gouvernement général (1940-1945), Plon, Paris, 1949.
  • de Folin, Jacques, Indochine 1940-1955 : La fin d'un rêve, Librairie académique Perrin, 1993.
  • de Gaulle, Général Charles, Mémoires de guerre, Plon, Paris, 1989.
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  • Kernevez, André (FNEO 1939-1945, Président de l'Amicale des Anciens de Marine Indochine 1939-1945), Allocutions prononcées lors des trois cérémonies commémoratives annuelles [9 mars; Congrès de juin; 2 septembre] des Anciens de Marine Indochine 1939-1945 depuis le 2 septembre 1991.
  • Mordal, Jacques, Marine-Indochine, Amiot-Dumont, 1953.
  • Romé, Contre-Amiral Paul (FNEO 1939-1945), Les oubliés du bout du monde : Journal d'un marin d'Indochine de 1939 à 1946, Éditions Danclau, Dinard, 1998.
  • Vellard, Georges (FNEO 1939-1945), Histoire méconnue: 1939-1946 Marine Indochine (Mémoires), Éditions Canope, Chamalières, 1999.

Articles connexes

Notes et références

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