Histoire de la Savoie de 1914 à 1945

Histoire de la Savoie de 1914 à 1945
Histoire de la Savoie
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Antiquité

Moyen Âge

Époque moderne

Époque contemporaine

Voir aussi

Chronologie de la Savoie

La période de 1914 à 1945 fut celle des deux guerres mondiales qui n'épargnèrent pas les pays de Savoie, mais aussi celle de l'essor industriel de la Savoie grâce à la houille blanche.

Sommaire

Première Guerre mondiale

Au cours de la « Grande Guerre », les Savoyards participent aux combats dans les régiments d'infanterie. Il n'existe pas de bataillons constitués exclusivement de Savoyards, mais ont les retrouve dans le 30e RI (basés à Annecy, Thonon, Rumilly et Montmélian), 97e RIA (basés à Chambéry, Bourg-Saint-Maurice, Moûtiers et Modane), le 230e et 297e, ainsi que dans les bataillons des chasseurs alpins (11e, 13e, 22e, 51e, 53e et 62e qui forment la 28e Division d'infanterie)[1]. Ces troupes, surnommées les « Diables bleus »[Note 1], combattent sur tous les fronts (Alsace, Lorraine, Verdun, Chemin des Dames), ainsi que sur le front alpin, jusqu'au retournement d'alliance avec l'Italie.

La population savoyarde, majoritairement rurale, participe à l'effort de guerre, mais les récoltes sont faibles. L'industrie, par contre, prospère. Ainsi les aciéries d'Ugine fabriquent des munitions (obus) ou encore des plaques de blindage pour les tanks[1].

Zone neutralisée de Savoie

Article détaillé : Zone neutralisée de Savoie.

Lors du Congrès de Vienne et du Traité de Paris de 1815, il fut décidé de créer une zone neutre savoyarde et de fixer un statut international à la Suisse et une garantie de sa neutralité et de l'inviolabilité de son territoire. La zone savoyarde devait même à l'origine être mise sous la défense militaire suisse.

La zone neutralisée de Savoie s'étendait sur tout le département de la Haute-Savoie et sur une partie du département de la Savoie. Cette zone neutralisée fut utilisée durant la Première Guerre mondiale de 1914 à 1918.

Bilan humain et transformations sociales

La Savoie n'eut pas à subir d'invasion. Aucune destruction n'est à déplorer. Toutefois, le dramatique accident de de Saint-Michel-de-Maurienne, qui avait fait 425 morts le 12 décembre 1917 marque les esprits[1].

Les pertes sont nombreuses entre 19 632 morts, selon les sources officielles[2],[Note 2].

Sur le plan économique, l'industrie prospère, les usines savoyardes profitent de cette guerre transformant ainsi la tradition rurale du territoire.

L'entre-deux-guerres

L'affaire des zones

En 1919, à la sortie de la guerre, la France choisit de dénoncer le traité de Turin par l'article 435 du traité de Versailles qui supprime la zone neutralisée[3] en Savoie et la grande zone franche pourtant établies lors de l'Annexion (édition de bulletins "oui et zone" dans la partie Nord du duché). La Confédération helvétique, qui s'était mise d'accord avec le Gouvernement français, ne s'est pas opposée à ce processus, dans la mesure où ses droits militaires ne se justifiaient plus. En échange, elle reçut l'appui français pour son entrée dans la Société des Nations, ainsi que l'installation sur son territoire des bureaux de cette nouvelle organisation internationale. L'article 435 du traité de Versailles abroge la zone neutralisée militairement[4]. Cet article visa aussi les zones franches douanières de la Haute-Savoie et de Gex. Ainsi l'article précise : "(ces zones) ne correspondaient plus aux circonstances actuelles, déclarant qu'il appartenait à la France et à la Suisse de régler entre elles, et d'un commun accord, le régime des territoires dans les conditions jugées opportunes par les deux pays." Plus tard en 1932, la Cour internationale de justice de La Haye condamne la France et l'invite à remettre en place la zone franche (liée directement aux conditions d'annexion), conformément aux traités antérieurs alors caducs de 1815, 1816 et 1829, soit 650 km², contre 4 000 km² dans le traité d'annexion de 1860.

Contexte culturel

Au lendemain de la Première Guerre mondiale, l'immigration italienne, grâce à son fort taux de natalité, constitue le principal facteur de la croissance démographique en pays de Savoie[5]. Pour autant la Savoie atteint en 1920 son niveau démographique minimum avec environ, en tout et pour tout, 450 000 habitants[6]. Le visage savoyard change peu à peu. Français depuis seulement 1860, désormais la Savoie ou plus exactement les départements de la Savoie et de la Haute-Savoie connaissent de nombreuses mutations culturelles. Comme exemple symbolique on peut citer l'abandon des toitures en tavaillon, tradition séculaire, remplacé, par la tôle, la tuile ou l'ardoise. La Savoie connait également durant cette entre deux guerre une véritable révolution sur le plan économique et touristique avec l'apparition de structures et d'organisations de sports d'hiver à Megève, Chamonix et en d'autres lieux d'altitude[6]... Le développement de l'automobile favorisera un tourisme vert estival.

L'essor industriel de la houille blanche

Le système montagnard est remis en question avec l’exploitation des nouvelles ressources naturelles montagnardes : l’utilisation de l’énergie produite par les chutes d’eau ou houille blanche. L’invention de la Dynamo (1870) révolutionne l’utilisation de la houille blanche. Si cette énergie est déjà utilisée localement par les populations dans les scieries le long de cours d’eau, cette innovation technologique permet le développement d’un véritable tissu industriel, notamment en Tarentaise, en Maurienne, dans le Val d’Arly ou dans le Haut-Faucigny[Note 3].

Profitant de la topographie, on équipe, dans un premier temps, des usines de transformation des métaux (arrivant par train) à proximité des chutes à faible débit, puis les nouvelles technologies aidant, à proximité des rivières à plus haut débit. Ces conduites forcées (allant parfois jusqu'à 12 km) donnent ainsi naissance à l'industrie électrochimique et électro-métallurgique. En réalité, l'implantation d'usines en milieu montagnard est la conséquence de la présence d'une énergie renouvelable à faible coût, permettant de compenser le coût de transport des matières premières jusque sur les sites.

Ce développement industriel bouleverse et transforme les sociétés locales (apparition de nouvelle organisation sociale avec les ouvriers-paysans) et met un coup d'arrêt à l'exode rural débuté au XIXe siècle.

La présence de ces usines explique la raison pour laquelle la Savoie devient une cible stratégique en 1940.

Seconde Guerre mondiale

Bataille de France

La 28e Division d'Infanterie Alpine est basée à Chambéry, en 1939, commandée par le Général Lestien, est envoyé dans les Vosges, sur la ligne Maginot, dans la mesure où l'Italie ne s'engage pas dans le conflit. Les 13e, 53e et 67e bataillons des chasseurs alpins sont envoyés en Norvège où ils participent à la bataille de Narvik[7], puis réexpédiés via le Royaume-Uni en France pour participer à la bataille de France, en mai[7],[8].

Article détaillé : Bataille des Alpes.

Le 10 juin 1940, Mussolini déclare la guerre à la France. La Savoie est prise entre deux étaux. Les combats débutent dans les Alpes. L'armée italienne, commandée par le prince héritier Umberto de Savoie et le général Alfredo Guzzoni, formée par 22 divisions et 321 000 hommes se lancent sur les secteurs du Petit-Saint-Bernard et du Mont-Cenis[8]. Face à cette force, les 185 000 hommes du général René Olry réussissent à résister. Dans la vallée, les Allemands passent le Rhône à Culloz et entrent dans Aix-les-Bains, Chambéry n'est pas encore tombée. La signature de l'armistice du 22 juin 1940 met fin aux combats. Un second armistice est signé avec l'Italie le 24 juin qui exige l'occupation de la Haute-Tarentaise et la démilitarisation de la frontière[8].

L'occupation

Les Italiens occupent la Haute Tarentaise et la Haute Maurienne. La rumeur d'une annexion était véhiculée par ceux qui avaient fuient l'Italie, se souvenant du cri des députés fascistes en 1938[Note 4]. Cependant, Mussoloni avait rappelé au comte Galeazzo Ciano qu'il ne revendiquerait pas l'ancien duché de Savoie[9]. En novembre 1942, la Savoie est tout entière placée sous l'occupation italienne.

La capitulation italienne, le 8 septembre 1943, oblige les Allemands à prendre rapidement possession des départements savoyards.

La résistance

De par sa position géographique et sa proximité avec l'Italie et surtout la Suisse, la Savoie connu une forte activité en matière de résistance contre tout d'abord l'occupation italienne puis allemande. La résistance permis le passage de nombreux réfugiés, organisa de nombreux réseau pour le marché noir... Plusieurs maquis vit le jour parmi lesquels on peut citer le Maquis des Glières évoluant sur le plateau des Glières qui avec son territoire montagneux favorisa l'émergence d'un maquis organisé et dirigé par le Lieutenant Tom Morel, Compagnon de la Libération. Le plateau des Glières fut choisi en janvier 1944 pour recevoir les parachutages d'armes pour alimenter la résistance locale. Zone dégagée, peu accessible par la route donc par l'ennemi, mais aussi repérable par les avions alliés par sa proximité du lac d'Annecy. La « bataille des Glières » (mars 1944) fit 149 morts chez les maquisards face à plus de 2000 soldats de la Wehrmacht et miliciens de Vichy. La tragédie des Glières connu des équivalents dans le Chablais et les Bauges.

Notes et références

  • Notes :
  1. Ce surnom provient de combats, qui eurent lieu en 1915 dans les Vosges (Grand Ballon), au cours desquels les chasseurs alpins, habillés en bleu, à cours d'armes, utilisent les rochers pour les faire tomber sur l'ennemi. Reprenant le dessus, chantant, les survivants allemands les qualifièrent de « Blauen Teufeln ». Cité par les ouvrages de Claude Muller, Les mystères du Dauphiné, Éditions De Borée, 2001, p. 96-101  et Marie-Hélène Léon, Les chasseurs alpins. Mythe et réalités des Troupes de montagne, L'Harmattan, 1998 (ISBN 2738447376, 9782738447371), p. 21-22 .
  2. 9 843 tués en Savoie et 10 400 en Haute-Savoie d'après Louis Comby, Histoire des Savoyards, Nathan, 1977, p. 129  ; ainsi que Paul et germaine Veyret, Au cœur de l'Europe, les Alpes, Paris, Flammarion, 1968  ; D'autres chiffres : 8 881 pour la Savoie et 9 193 pour la Haute-Savoie d'après une étude de l'abbé François Gex cité dans André Palluel-Guillard et al., La Savoie de Révolution française à nos jours, XIXe-XXe siècle, Ouest France Université, 1986 (ISBN 2-85882-536-X), p. 354 , reprises par Thérèse Leguay, Jean-Pierre Leguay, Emmanuel Cerisier, Histoire de la Savoie, Editions Jean-paul Gisserot, 2005 (ISBN 2877478041, 9782877478045), p. 112 .
  3. Exemples de sites tirés de André Palluel-Guillard et al., La Savoie de Révolution française à nos jours, XIXe-XXe siècle, Ouest France Université, 1986 (ISBN 2-85882-536-X)  :
    • Tarentaise : Usine de la Rosière à Bozel (Groupe Bozel-Malétra, 1922) ; Villard du Planay ; Usines de Plombière et de Château-Feuillet (ferro-silicium) sur la commune de La Léchère ; Usine de Notre-Dame-de-Briançon (traitement des dérivés de l'acétylène et élaboration du graphite pour les électrodes, 1932) ;
    • Maurienne : Usines de Saint-Jean-de-Maurienne, de La Saussaz, de La Praz de la Compagnie AFC (Alais, Froges et Camargue) ;
    • Val d'Arly : Usines de la Société d'électrochimie et d'électrométallurgie et des aciéries électriques d'Ugine (SECEMAEU) ;
    • Haut-Faucigny : Site de Chedde à Passy (cf. Cheddite).
  4. Le 30 novembre 1938, lors de l'accueille du ministre des Affaires étrangères, le comte Galeazzo Ciano a été accueilli par les députés fascistes italiens sous les cris de « Corsica ! Djibouti ! Tunisia ! Nizza ! Savoia ! » au Parlement, réclamant l'annexion de ces territoires.
  • Références :
  1. a, b et c A.Beruard, J.Châtel, A.Favre, M.Hudry, Découvrir l’Histoire de la Savoie, éd. Centre de la Culture Savoyarde, 1998 (ISBN 2-95113-791-5), p. 174-175 .
  2. Mémoire des Hommes, recherche par département.
  3. Louis Comby, Histoire des Savoyards, éd. Nathan, Coll. Dossiers de l’Histoire, 1977 (ISBN 0154-9499), p. 130 .
  4. Henri Ménabréa, Histoire de la Savoie, éd. Grasset, 1933, 1960, 1976, p. 380, "La question des zones et le traité de Versailles" .
  5. Pierre Milza, Voyage en Ritalie, éd. Payot, 1995
  6. a et b La Société savoisienne d'histoire et d'archéologie - Chronologie de la Savoie
  7. a et b Jean Vallette d'Osia, Quarante-deux ans de vie militaire. 1916-1958 (Volume 2), Éditions Lyonnaises d'Art et d'Histoire, 1991, p. 21-44 
  8. a, b et c Louis Comby, Histoire des Savoyards, éd. Nathan, Coll. Dossiers de l’Histoire, 1977 (ISBN 0154-9499), p. 130 .
  9. Paul Guichonnet, Nouvelle encyclopédie de la Haute-Savoie, Le La Fontaine de Siloë, coll. « Hier et aujourd'hui », 2007 (ISBN 2842063740, 9782842063740), p. 36 .

Voir aussi

Bibliographie

Pour une bibliographie générale, il faut consulter l'article Histoire de la Savoie

  • Jean-Pierre Leguay (sous la dir.), t4 – La Savoie de Révolution française à nos jours, XIXe-XXe siècle, Evreux, éd. Ouest France, 4 tomes, 1986 (ISBN 2-85882-536-X) .
  • Michel Germain, Chronique de la Haute Savoie pendant la Seconde Guerre mondiale, Evreux, La Fontaine de Siloé, 4 tomes, 1986 (ISBN 2-90869-785-8) .

Articles connexes

Divers

Liens externes

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