Hilaire Etienne Octave Rouille de Boissy

Hilaire Etienne Octave Rouille de Boissy

Hilaire Étienne Octave Rouillé de Boissy

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Rouillé de Boissy, Hilaire.jpg

Hilaire Étienne Octave Rouillé du Coudray, marquis de Boissy, est un homme politique français, né à Paris le 5 mai 1798 et mort à Louveciennes le 26 septembre 1866.

Sommaire

Biographie

Arrière-petit-fils d'Hilaire Rouillé du Coudray (1684-1776), directeur du contrôle général des finances sous la Régence, il était le fils d'Hilaire Rouillé du Coudray (1765-1840), marquis de Boissy, pair de France en 1815. Par sa mère, sœur du marquis d'Aligre (1770-1847), il était le petit-fils du président Étienne François d'Aligre, l'une des plus grandes fortunes de l'Ancien Régime.

Conseiller général du Cher, où il possédait de grandes propriétés, il fut nommé pair de France le 7 novembre 1839 par ordonnance de Louis-Philippe Ier. Il ne tarda pas à se faire remarquer par l'indépendance et la singularité de son caractère et, dit un biographe, « par un genre oratoire en opposition constante avec les convenances parlementaires établies dans la haute Chambre. »[1] « Ses opinions politiques, assez difficiles à préciser, le tenaient, pour ainsi dire, en dehors de tous les partis, et son caractère, aussi original qu'indépendant, le portait à combattre une proposition avec d'autant plus d'acharnement qu'il savait, d'avance, qu'elle réunirait la presque unanimité des suffrages » (Dictionnaire des parlementaires français).

Il débuta au Palais du Luxembourg en s'opposant avec une grande vivacité à un projet de loi tendant à accorder, à titre de récompense nationale, une pension à la veuve du colonel Combes.

La Chambre, dit-il, n'interprètera point avec sévérité ma persistance. Elle sera juste : elle y verra la religion du devoir devant lequel aucun de nous ne recule : toujours émettre son opinion quand il juge utile qu'elle soit connue, la toujours soutenir quand il lui paraît important qu'elle triomphe, et cela alors même que, pour ses convenances personnelles et pour ses affections, il préférerait ne point élever la voix...

Il souleva pourtant, ce jour-là, de violentes exclamations. Vivement interrompu, depuis lors, chaque fois qu'il montait à la tribune, il ne se faisait pas faute d'en user de même lorsque les orateurs du gouvernement prenaient la parole. Un jour qu'il demandait aux ministres pourquoi ils tenaient la garde nationale en suspicion, il répondit à la majorité et au président de la Chambre des pairs, le chancelier Pasquier :

Je ne conçois pas qu'on ne permette pas de dire ici ce qui se dit à une autre tribune. Nous pairs de France, montrons-nous donc un peu plus conservateurs de la dignité, des prérogatives de la pairie. Deux tribunes existent, égales en droit, quoiqu'avec des droits différents ; n'abaissons pas la nôtre, et disons donc ce qui est dans notre opinion et ce que nous croyons utile au pays.

Il dit un jour à Guizot, qui justifiait sa politique par des raisons diplomatiques :

À mon sens, la vérité est le moyen d'arriver plus vite au but ; la plus grande habileté, c'est la franchise.

Adversaire des traités de 1831 et de 1834 et de l'entente cordiale entre la France et le Royaume-Uni, il demanda la révision de la convention sur le droit de visite des navires : « Ce n'est pas, dit-il, élever une prétention imprudente qui puisse compromettre la paix. C'est, au contraire, écarter avec une sollicitude intelligente ce qui, certainement, la troublerait dans un avenir prochain. » Il réclama également (1840) la suppression du gouvernement militaire en Algérie et son remplacement par un gouvernement civil au nom de la séparation des pouvoirs. Il intervint à plusieurs reprises dans les discussions sur les affaires étrangères, pressant le gouvernement d'adopter une attitude plus ferme à l'égard des puissances, et sur le budget.

Son franc parler avait le don d'exaspérer ses collègues, tandis que la presse et le public s'amusaient fort de ses saillies[2].

À la mort de son père, en 1840, le marquis de Boissy, devenu maître de sa fortune, créa le journal Le Législateur, qui n'eut qu'une existence éphémère. Le 15 décembre 1847, à Paris (chapelle du Luxembourg), il épousa la comtesse Teresa Guiccioli (1800-1873), que sa liaison avec Lord Byron avait rendue célèbre.

Comme il s'était fait une sorte de popularité en dénonçant à la tribune tous les « scandales du jour », il fut invité, durant la campagne des banquets, au banquet réformiste du XIIe arrondissement de Paris et accepta l'invitation. Pour autant, il échoua aux élections à l'Assemblée constituante d'avril 1848.

Après le rétablissement de l'Empire, Napoléon III l'appela au Sénat le 4 mars 1853. À demi rallié au gouvernement impérial, il se signala encore par de bruyantes interventions et par quelques discours, notamment sur la question du pouvoir temporel du pape (1865), qui ne laissèrent pas d'être assez désagréable au pouvoir. Ces discours, parfois incohérents, entremêlés souvent de mots spirituels, contenaient toujours des protestations de dévouement envers l'empereur qui, par les critiques qui les accompagnaient, prenaient, peut-être en dépit de leur auteur, des airs de cruelles railleries. Il parut pour la dernière fois au Sénat en 1866, l'année même de sa mort, dans la discussion de l'adresse :

Existe-t-il au monde, dit-il, quelqu'un qui soit complètement satisfait de la situation ?
Oui, sans doute, nous sommes tous très contents, répondirent, selon Le Moniteur, des voix nombreuses.
Je ne le crois pas, répliqua le marquis de Boissy.

En 1848, il avait vendu le château de La Marre et le moulin de la Ramée à Douy-la-Ramée, acquis par son père en 1785, à M. Fouillaux, cultivateur et meunier.

Décorations

Œuvres

  • Mémoires du marquis de Boissy, rédigés d'après ses papiers par P[aul] Breton, avocat, l'un de ses anciens secrétaires. Précédés d'une lettre-préface par Mme la marquise de Boissy, Paris, E. Dentu, 1866

Références

Sources

Notes

  1. cité par le Dictionnaire des parlementaires français
  2. « Voyez plutôt, écrit un commentateur du temps. Il n'y a qu'un seul instant, la Chambre languissait, les ministres ronflaient sur leurs portefeuilles, les journalistes bâillaient sur leurs notes, quand tout à coup ce mot a retenti : Je demande la parole. Aussitôt la Chambre se réveille comme en sursaut, les ministres en font autant, et regardent avec inquiétude M. de Boissy qui s'élance à la tribune : les journalistes se préparent à écouter de toutes leurs oreilles ; on se croirait au théâtre, au dénouement d'un drame qui a mal commencé, mais qui offre une péripétie intéressante. Cependant M. le baron Pasquier dispute la parole au noble pair mais celui-ci défend son droit contre les arguties du président... » (cité par le Dictionnaire des parlementaires français
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