Sigismund Thalberg

Sigismund Thalberg
Sigismund Thalberg
Sigismond Thalberg. Lithographie de Josef Kriehuber, 1841.
Sigismond Thalberg. Lithographie de Josef Kriehuber, 1841.

Naissance 7 janvier 1812
Genève, Drapeau de Suisse Suisse
Décès 27 avril 1871
Naples, Drapeau d'Italie Italie
Style Romantique

Sigismund Thalberg est un pianiste et compositeur autrichien à Genève le 8 janvier 1812 et mort à Naples le 27 avril 1871.

Sommaire

Biographie

Sigismund Thalberg est le 8 janvier 1812 à Genève et est enregistré à létat civil comme étant le fils de Joseph Thalberg et Fortune Stein, tous deux originaires de Franfurt-am-Main. Mais il a été établi quen fait Sigismund était le fruit dune union illégitime et quen conséquence on lui avait attribué une fausse filiation et de faux noms. En effet, Sigismund Thalberg est en fait le fils de la baronne Wetzlar et du prince Franz Joseph von Dietrichstein, qui était déjà marié. Cela dit, rien nest sûr, et lintrigue de la naissance de Thalberg reste entière, malgré des indices troublants.

On connaît peu de choses sur la jeunesse de Thalberg. Mais la tradition veut que Thalberg ait rejoint la capitale autrichienne à lâge de dix ans, accompagné de sa mère. Dès lors, il aurait pris des cours de piano avec Czerny et Hummel, mais à nouveau rien nest sûr, ce dautant plus que Czerny, dans ses Mémoires, ne fait pas état dune quelconque rencontre avec Thalberg. En revanche, il aurait étudié avec le bassoniste August Mittag, premier basson du Hofoper de Vienne. Cette rencontre aurait été primordiale dans la vie de Thalberg : en effet, selon plusieurs sources, Sigismund , en arrivant à Vienne, se serait lié damitié avec le duc de Reichstadt, fils de Napoléon, mieux connu sous le surnom de « lAiglon ». Ce dernier lui aurait tant relaté les hauts faits militaires de son père que Thalberg aurait été prêt dembrasser une carrière militaire. Lon doit donc à Mittag la primeur davoir découvert le talent de Sigismund pour la musique et de lavoir dirigé dans cette voie.

À partir de lannée 1826, la biographie de Thalberg devient plus claire et les faits plus sûrs. Cette même année, il prend des leçons avec le pianiste Ignaz Moscheles, lun des grands virtuoses de lépoque, et se produit pour la première fois en public, le 17 mai. En 1827, il joue le Concerto en Si mineur de Hummel. Dès lors, sa carrière est lancée et il joue régulièrement en public à Vienne. Son répertoire est surtout classique mais déborde sur les débuts du romantisme, avec les Concerti de Beethoven et les œuvres de Hummel.

Lannée suivante, en 1828, Thalberg publie sa première œuvre ; il sagit de la Fantaisie sur des thèmes dEuryanthe de Weber.

En 1830, Thalberg rencontre Mendelssohn et Chopin à Vienne. Cest lapogée du romantisme. Il rencontre également Clara Wieck, future star du piano et future femme de Schumann. A lépoque, elle a 10 ans, et joue pour et avec Thalberg. Dans son journal est écrit : « La technique de Thalberg est très accomplie, son jeu est clair et précis, puissant et expressif, mais il ne produit pas assez deffet. » Au début des années 1830, Thalberg étudie le contrepoint avec Simon Sechter (1788-1867) et utilise ce procédé dans les œuvres quil compose. En 1834, il publie la Fantaisie sur des thèmes de Norma, qui remporte un grand succès.

Fort de sa nouvelle popularité, Thalberg arrive à Paris en novembre 1835. Cest loccasion de donner plusieurs concerts. Le premier est donné pour lambassadeur dAutriche Rudolph Apponyi à la mi-novembre. En janvier de lannée suivante, il participe à un concert de la « Société du Conservatoire de Paris », il joue sa Grande Fantaisie op.22. Thalberg fait sensation auprès des artistes parisiens de lépoque, dont Rossini et Meyerbeer.

Mais Thalberg ne reçoit pas que des éloges. Ainsi Chopin ne partage pas l'avis général : Thalberg joue excellemment, mais ce n'est pas mon homme. Il joue les forte et les pianos à la pédale et non avec la main, fait des dixièmes aussi aisément que je fais les octaves, et porte des boutons de chemise en diamants. (mais la critique de Chopin peut être jugée partiale car elle se fonde également sur l'apparence de Thalberg, qui plaisait d'ailleurs beaucoup aux femmes).

Après ces premiers succès, qui, signalons-le, lui rapportent des sommes que vraisemblablement aucun virtuose navait jamais gagné jusqualors, Thalberg quitte Paris et voyage vers Bruxelles, puis Londres. La réputation du jeune virtuose parvient aux oreilles de Liszt, qui se considérait alors comme le meilleur virtuose de lépoque. La rivalité commence, et Liszt commence à critiquer ouvertement les œuvres de Thalberg. Le compositeur hongrois se fait alors de nombreux ennemis, compte tenu du succès grandissant du jeune Thalberg.

En 1837, on retrouve à nouveau Thalberg à Paris, Liszt donnait déjà plusieurs concerts. La relation entre les deux est distante mais reste cordiale. Cest à cette époque qua lieu le fameux duel pianistique entre les deux virtuoses.

Extrait de la Fantaisie op.33 sur des thèmes de Moïse de Rossini.

Le compositeur Pixis (1788-1874) a en effet lidée de réunir les deux pianistes chez lui, en la présence de Chopin. Mais Thalberg, avançant une rechute de grippe, décline finalement linvitation, ce qui ne manque pas de provoquer la moquerie. Le 16 février, Thalberg se produit dans les salons de Zimmermann Liszt est présent pour l'écouter, Liszt dont le visage trahi tour à tour la moquerie, le dépit et le dégoût, il ira jusqu'à déclarer « Je viens d'entendre Thalberg : c'est une mystification complète. De toutes les choses déclarées supérieures, c'est assurément la plus médiocre que je sache. Son dernier morceau (composé récemment) sur God Save The King est même bien au -dessous du médiocre. Comme je l'ai dit à Chopin : "C'est un grand seigneur manqué qui fait un artiste encore plus manqué" »[1]

Finalement, cest la princesse Cristina Belgiojoso qui organise le fameux duel le 31 mars 1837. Un concert caritatif au profit des exilés italiens, dont la princesse fait dailleurs partie, donne un parfait prétexte pour ce duel pianistique. Les places sont vendues 40 francs de lépoque (soit plus de 100 euros pour notre époque). Les deux virtuoses joutent à grand renfort de fantaisies sur des thèmes dopéras. Le public, subjugué par les deux artistes, se refuse à trancher. Le duel est conclu ainsi, non sans ce mot desprit que l'on attribue généralement à la princesse Belgiojoso mais qui est en réalité le fait de Marie d'Agoult : « Thalberg est le premier pianiste du monde. Liszt est le seul. »

En avril de la même année, Thalberg retourne à Bruxelles, puis à nouveau à Londres en mai. Sa performance londonienne déchaîne les passions, et le journal The Atheneum du 20 mai relate le triomphe en ces mots exaltés :Le jeu de ce merveilleux artiste mérite les éloges les plus flatteurs. […] Les adjectifs manquent pour rendre justice à cette technique hors du commun, néanmoins tempérée par un bon goût délicat, qui fait sans nul doute du jeu de Thalberg le plus merveilleux que jaie jamais entendu.”

Une telle critique constitue le quotidien de Thalberg qui, partout il va, croule sous les louanges.

Sa Fantaisie op.33 sur des thèmes de Moïse de Rossini remporte un franc succès, notamment auprès de Clara Wieck (future Clara Schumann).

Après cette aventure londonienne, Thalberg continue ses tournées, toujours en Grande-Bretagne. Puis il se produit à nouveau Paris au printemps 1838 puis retourne à Vienne en avril, tandis que Liszt donne dans cette même ville un concert au profit des victimes de la terrible inondation qui, du 13 au 18 mars, a touché Pesth. Une fois de plus, les deux virtuoses se retrouvent. Thalberg assiste à un concert de son rival et linvite même à dîner, le 28, avec le prince Dietrichstein (le père supposé de Thalberg), qui se félicite davoir à sa table « Castor et Pollux ». Le jour suivant, les deux pianistes dînent à nouveau à la même table, invités par Metternich.

Liszt quitte Vienne en mai, mais Thalberg reste. Cest loccasion pour ce dernier de rencontrer Schumann, de passage à Vienne. Ils se rencontrent à plusieurs reprises en octobre et novembre, et Thalberg joue à Schumann des Etudes de Chopin, de Kessler et Hiller, des morceaux de Beethoven, Schubert, Dussek, et déchiffre à vue les Kreisleriana de son auditeur. Schumann, qui écrit dans la Neue Zeitschrift für Musik, fait de son côté une critique enthousiaste des nouvelles Etudes op. 26 de Thalberg et conclue son article ainsi : « Cest un dieu du piano ».

Après avoir fait ses adieux à Vienne en décembre 1838, Thalberg entame une nouvelle tournée à travers lEurope. Il donne le même mois des concerts à Dresde et joue à deux reprises pour la Cour du roi de Saxe, qui lhonore du titre de « Virtuose de la Chambre du Roi de Saxe ». Lon rapporte que Thalberg aurait répondu en ces termes à lhonneur qui lui était fait : « Attendez de voir Liszt ! ». Ensuite, Thalberg se rend à Leipzig pour y donner notamment sa Fantaisie sur « La Donna del Lago » de Rossini. Mendelssohn assiste au concert et est enthousiasmé par Thalberg. Dès lors, les deux pianistes deviennent amis. Ensuite, cest Berlin, puis Dantzig, Mitau et enfin Saint-Pétersbourg qui accueillent Thalberg. Le pianiste regagne ensuite lEurope de lOuest : Londres puis Bruxelles, il retrouve son ami le violoniste Charles de Bériot, et remporte des triomphes.

Accompagné de Bériot, Thalberg voyage encore et toujours. Il rejoint la Rhénanie, y donne des concerts acclamés. Suivent Londres, puis Paris. Toutefois, Thalberg saccorde dans la capitale française un repos bien mérité et ne donne pas de concert. Pendant ce temps, Liszt revient lui aussi à Paris, avec lambition de se produire abondamment. Mais, prenant conscience que lanimosité à son égard des partisans de Thalberg ne sest pas tassée, il ne se produit que pour un concert. Et il na pas foncièrement tort car la Revue et Gazette Musicale qui paraît après ce seul concert se permet de larges critiques. Le journaliste Henri Blanchard reproche à Liszt davoir repris à Thalberg la technique du chant médium grâce aux pouces. De même, un essai paraît dans la Gazaette Musicale en 1840, intitulé « Liszt-Thalberg », rédigé par Léon Escudier. Le critique créé une hiérarchie entre les deux compositeurs, qui donne la part belle à Thalberg, tandis que Liszt aurait certes une technique prodigieuse mais moins de sensibilité.

Quelques mois plus tard, durant lhiver 1840-1841, Liszt part à son tour à la conquête de la Grande-Bretagne. Mais même il subit linévitable comparaison avec son homologue, qui était passé par les mêmes lieux une année auparavant. Et, à nouveau, la comparaison est plutôt défavorable au compositeur hongrois.

A cette même période, Thalberg est à Francfort-sur-le-Main, il joue pour un concert de charité au profit de lorphelin Johanna Körbel. Mais Thalberg se cantonne à ce concert, car il privilégie à cette époque la composition. Il travaille en effet à sa Seconde Fantaisie sur Don Juan op.42 et à sa Fantaisie sur Semiramis de Rossini.

En janvier 1841, Thalberg quitte Francfort pour Weimar. -bas, il se produit à trois reprises à la Cour du Grand Duc, puis au Théâtre de la ville. Il quitte en février Weimar et se rend à Leipzig, il rend visite à Mendelssohn puis à Schumann. Le jour-même de son entrevue avec Schumann, il joue ses propres œuvres, dont la Seconde Fantaisie sur Don Juan, lors dun concert. Schumann en fait une critique enthousiaste dans son journal la Neue Zeitschrift Für Musik.

Après son séjour à Leipzig, Thalberg se produit à Breslau, Varsovie, puis à Vienne, Liszt avait donné une série de concerts à lhiver 1839-1840. Thalberg triomphe à nouveau et na rien à envier à Liszt.

En 1840-1841, cest Liszt qui donne des concerts en Grande-Bretagne et qui est comparé à Thalberg qui était passé par lannée davant. Et une fois de plus, Thalberg ressort sinon grandi, en tout cas pas amoindri de la comparaison.

La concurrence entre les deux pianistes se fait toujours plus féroce : Liszt remporte de nombreux succès à Berlin en hiver 1841-1842, tandis que Thalberg est en Italie. Thalberg épouse une Italienne, Francesca.

Thalberg remporte ensuite un succès encore plus important en France : il passe par Marseille, Toulon et Dijon puis rejoint la capitale. Les critiques sont dithyrambiques, Thalberg engrange énormément dargent et est célébré comme un empereur par le public et les journaux. Lon rapporte même quau cours dun de ses concerts en France, une couronne a été jetée sur la scène. Il reçoit même les honneurs du pouvoir français puisquil est décoré de la Légion dHonneur. Puis Thalberg rejoint Londres, via Bruxelles.

Thalberg continue de parcourir lEurope et sinstalle à Vienne pour quelque temps, jusquà lautomne 1842. Puis il retourne en Grande-Bretagne, puis à Paris pour dautres concerts. La capitale française lui reste favorable, à linverse de Liszt, qui sy fait de plus en plus dennemis.

Durant lhiver 1843-44, Thalberg retourne en Italie pour s'y produire (cette fois avec son épouse Francesca) puis revient sur Paris.

En 1848, les deux rivaux se rencontrent à nouveau, et les tensions sapaisent : Liszt assiste à lun des concerts de Thalberg à Vienne et lapplaudit sans retenue. Cest la première fois depuis 11 ans que Liszt écoute Thalberg !

En 1855, Thalberg réalise son rêve de partir en tournée aux Amériques. Il remporte des succès triomphants à Rio de Janeiro et Buenos Aires. Il revient ensuite à Paris pour quelques mois puis retourne en Amérique, du Nord cette fois-ci. Dès lors, il entame une tournée marathon qui part de New York en novembre 1856. Il donne 5 à 6 concerts par semaine. Hormis les vacances dété quil saccorde, le virtuose ne sarrête pas de jouer jusquà juin 1858. Il a alors joué dans près de 80 villes, et a donné plus de 320 concerts. Il a même joué gratuitement à plusieurs reprises pour des écoliers américains. Ses tournées continuent de lui rapporter des sommes que les Rubinstein et autres Paderewski narriveront pas à égaler.

Cependant, Thalberg doit partir précipitamment des États-Unis sans honorer certains des engagements quil avait prévus : sa femme vient le chercher et le ramener en Europe. Certains disent que Thalberg aurait eu une aventure avec une chanteuse et que sa femme aurait été au courant. Dautres sources ont par la suite évoqué une autre piste : le prince de Dietrichstein (le père supposé de Thalberg) venait de mourir, sans héritier mâle. Le titre fut donné au mari de lautre fille du prince.

Après son retour en Europe, il sinstalle dans une villa près de Naples. Il donne à nouveau des concerts à Paris et à Londres en 1862. En 1863, il effectue sa dernière tournée pianistique, au Brésil. Il demande ensuite à devenir professeur au Conservatoire de Naples, poste qui lui est refusé car il na pas la nationalité italienne. Une année plus tard, un poste dans ce même établissement lui est finalement proposé, mais il décline loffre.

Thalberg, toujours retiré à Naples, passe ses dernières années à publier des éditions commentées du Clavier Bien Tempéré de Bach et du Gradus ad Parnassum de Clementi. Il meurt le 27 avril 1871 à Naples, en laissant derrière lui de nombreuses pièces pour piano, des Etudes, des Caprices, des Fantaisies, un concerto pour piano, plus de cinquante lieder, deux opéras, et surtout une révolution pour le piano : la technique du chant médium des pouces.

S'il est presque oublié aujourd'hui, Thalberg a connu un immense succès de pianiste dans l'Europe du XIXe siècle.

Il avait épousé une des filles du chanteur d'opéra Luigi Lablache, veuve du peintre François Bouchot.

Citations

- Chopin : « Thalberg joue excellemment, mais ce n'est pas mon homme. Il joue les forte et les pianos à la pédale et non avec la main, fait des dixièmes aussi aisément que je fais les octaves, et porte des boutons de chemise en diamants. »

- Schumann : « C'est un dieu du piano. »

- Citation d'une « femme d'esprit » : « Thalberg est le premier pianiste du monde, Liszt est le seul » [2]

Références

  1. Correspondance Franz Liszt Marie d'Agoult, in Franz Liszt par Frédéric Martinez
  2. « La vie de Franz Liszt » par Guy de Pourtalès, p.75

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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Sigismund Thalberg de Wikipédia en français (auteurs)

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