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Saint Grégoire de Tours
Grégoire de Tours par Jean Marcellin. Pierre, avant 1853. Première statue du Pavillon Turgot au Pavillon Richelieu, cour Napoléon, palais du Louvre.Évêque Naissance 539 Décès 17 novembre 594
ToursNationalité Gallo-Romaine Vénéré à Clermont, Tours Vénéré par Église catholique romaine et Église orthodoxe Fête 17 novembre Serviteur de Dieu • Vénérable • Bienheureux • Saint modifier Grégoire de Tours, ou Georgius Florentius Gregorius (Georges Florent Grégoire), à Clairmont (aujourdhui Clermont-Ferrand) vers 539[1] et mort à Tours en 594, fut évêque de Tours, historien de l'Église, des Francs et de l'Auvergne.
Sommaire
Biographie
Il est issu, par son père Florent (Florentius), d'une famille aristocratique arverne : son père et son grand-père Georgius (ou Georgins) avaient été sénateurs, et son oncle paternel Gallus ou saint Gal Ier, évêque de Clermont. Par sa mère, il est apparenté aux évêques de Lyon Sacerdos et saint Nizier d'une part, et aux évêques de Langres Grégoire et Tetricus d'autre part. C'est d'ailleurs de Grégoire de Langres qu'il tient son troisième nom, celui par lequel il est connu.
Son père meurt jeune. Élevé par sa mère près de Cavaillon, puis successivement par son oncle Gal († 551) et par l'archidiacre Avit à Clermont, Grégoire achève son éducation auprès de son oncle Nizier, à Lyon où il est envoyé en 563. Durant sa jeunesse, il est sujet à divers maux : un pèlerinage sur le tombeau de saint Martin à Tours (en 562 ou 563) l'aurait, d'après la légende, guéri de l'un d'entre eux.
Peu après, il est ordonné diacre et réside à la basilique Saint-Julien, à Brioude. Il y vit jusqu'à son élection comme évêque de Tours, en 573, probablement à l'instigation de la reine Brunehilde et du roi d'Austrasie, Sigebert Ier[2].
Succédant à son cousin maternel Euphrone dans cette dignité, Grégoire prend alors en charge l'un des plus importants sièges épiscopaux de Gaule. Durant son épiscopat, il est gêné par les querelles des souverains francs, qu'il n'hésite pas à fustiger. Il tient notamment tête au roi Chilpéric Ier, puis à la reine Frédégonde qu'il accuse d'être responsable du meurtre de l'évêque Prétextat.
Il s'éteint à Tours, peut-être le 17 novembre 594[3]. Selon Bruno Dumézil, les arguments en faveur de cette date ne sont pas assez solides pour assurer une date exacte et la mort peut être reculée ou avancée d'un an[4]. Il est vénéré dans cette ville et dans celle de Clermont.
Parmi les auteurs antiques que cite Grégoire se trouvent Virgile, Salluste et Pline ; certains des ouvrages qu'il évoque sont aujourd'hui perdus. La théologie dont il fait preuve reste simple ; il argumente contre les juifs. Il réfute également l'arianisme.
Une Vie de Saint Grégoire a été rédigée au Xe siècle par l'abbé Odon de Cluny.
Œuvres
Les Dix Livres d'Histoire ou Histoire des Francs
Le titre originel de l'ouvrage est Dix livres d’histoire (Decem libros historiarum). Il s'agit d'une histoire universelle du monde et de l'Église, écrite dans une perspective eschatologique, de la Genèse aux règnes des rois francs, en 572, à laquelle s'ajoute un ensemble de récits de vies de saints gaulois, composés de 574 à la mort de Grégoire[5] et réunis sous le nom de Livre(s) des miracles.
Le récit accorde une large place à la Gaule mérovingienne, que Grégoire connaît mieux que le reste du monde : cinq des dix livres et le Livre des miracles concernent l'époque de l'auteur. Ce dernier en donne une image plutôt sombre, mettant l'accent sur les conséquences désastreuses du comportement de certains rois, par opposition au comportement de leurs aïeux chrétiens, à commencer par Clovis. C'est à travers l'Histoire des Francs de Grégoire de Tours que nous est parvenue l'histoire du vase de Soissons.
Pour cette raison, l'œuvre a pu être ultérieurement rebaptisée Histoire des Francs (Historia Francorum) ou Geste des Francs (Gesta Francorum) ou plus simplement Chroniques (Chronicae). Elle fait en tous cas de Grégoire de Tours le père d'une « histoire nationale » des Francs, le principal historien des Mérovingiens et la source majeure dont nous disposons sur leurs règnes.
Par la suite, l’Histoire des Francs a pu servir d'inspiration à d'autres chroniqueurs, notamment à Bède le Vénérable dans son Histoire ecclésiastique du peuple anglais (Historia ecclesiastica gentis Anglorum). C'est peut-être à cause du livre de Bède, un des plus populaires en Europe durant le Moyen Âge, que celui de Grégoire a reçu en retour l'appellation d'Histoire ecclésiastique des Francs (Historia ecclesiastica Francorum) à .
L’Histoire des Francs a été continuée durant les siècles suivants par des auteurs inconnus, auxquels ont été donnés les noms de Frédégaire et Pseudo-Frédégaire.
Editions de l'Histoire des Francs
L'œuvre majeure de Grégoire de Tours a survécu à travers plusieurs manuscrits du Moyen Âge, dans des versions plus ou moins altérées par rapport à l'original. La première impression est réalisée à Paris en 1561.
- Editions anciennes
- Grégoire de Tours, Histoire ecclésiastique des Francs, précédée de sa vie écrite au Xe siècle par Odon, abbé de Cluny, traduction de Henri-Léonard Bordier, F. Didot, Paris, 1859, disponible en ligne (format PDF) sur le site de la BNF : Tome 1 et Tome 2
- Editions récentes
- Grégoire de Tours, Histoire des Francs, édition et traduction de R. Latouche, Les Belles lettres, coll. « Classiques de l'Histoire de France au Moyen Âge », Paris, 1963 (tome 1 : Livres I-V) et 1965 (tome 2 : Livres VI-X)
Autres œuvres
Voici la liste des autres œuvres attribuées à Grégoire de Tours, à la suite de la liste proposée par François Guizot[6] (1787-1874), auteur d'une traduction de l'Histoire des Francs et d'une Notice sur Grégoire de Tours :
- traité À la Gloire des Martyrs, recueil de légendes en cent sept chapitres, consacré au récit des miracles des martyrs.
- Sept livres des miracles (Septem libri miraculorum), recueil de récits de miracles auxquels l'auteur a personnellement assisté ou dont les faits lui ont été rapportés. Il est composé des Miracles de l'apôtre saint André, d'un livre sur les Miracles de Saint Julien de Brioude, martyr à Brioude en Auvergne, en cinquante chapitres et de quatre livres des Miracles de Saint Martin de Tours[7].
- traité À la Gloire des Confesseurs (In Gloria confessorum), en cent douze chapitres.
- notices sur les ''Vies des Pères (Vita Patrum), contenant l’histoire de vingt-trois saints ou saintes de l’Église des Gaules, en vingt chapitres.
- traité sur la Course des étoiles (De cursu stellarum) qui n'a aucun caractère scientifique mais plutôt des prétentions liturgiques où Grégoire tente d'enseigner comment déterminer l'heure des prières et litanies en fonction des astres.
Les ouvrages suivants sont perdus :
- Commentaire du Psautier (In psalterii tractatu librum unum) dont seuls quelques fragments sont conservés[8].
- traité sur les Offices de l’Église.
- préface au traité des Messes de Sidoine Apollinaire.
- traduction latine de la Passion des Sept Dormants d'Éphèse.
Jugements sur l’œuvre de Grégoire de Tours
La langue de Grégoire de Tours, éloignée du latin classique, a valu de nombreux jugements péjoratifs à son œuvre. Ces préjugés ont été jusqu'à très récemment une des causes de la méconnaissance générale du haut Moyen Âge. Cette époque était considérée de façon réductrice comme une période de recul de la civilisation. Pour se convaincre de l'acuité et de la précision du style de Grégoire de Tours, on peut se référer au chapitre I du livre VII de l'histoire des Francs, dans lequel Grégoire décrit la mort et le rappel à la vie du moine Salvi, qui sera plus tard évêque d'Albi puis canonisé après sa mort. La description du miracle par Grégoire de Tours reprend très exactement la description clinique d'une Expérience de mort imminente étudiée par les médecins contemporains, montrant bien que le texte n'est pas une affabulation hasardeuse d'un auteur crédule, prompt à crier au miracle, mais bien un témoignage factuel, qui valide la valeur de l’œuvre, rassure sur la fiabilité l'historien et conduit le lecteur à un autre regard sur le fait religieux.
Bibliographie
Sources
- Abbé Odoat, La vie de Grégoire de Tours, disponible en ligne sur le site : Remacle.org
Livres et articles
- Sur l'époque mérovingienne
- Luce Piétri, La ville de Tours du IVe siècle au VIe siècle, coll. École française de Rome, 1983
- Bruno Dumézil, La Reine Brunehaut, Fayard, Paris, 2008
- Sur Grégoire de Tours
- Article "St. Gregory of Tours", dans Catholic encyclopedia, disponible en ligne sur le site Newadvent.org
- Charles Lelong, Grégoire de Tours. Sa vie et son œuvre, CLD, Chambray (37), 1995. [ISBN 2-85443-285-1]
- Sur l'œuvre de Grégoire de Tours
- P. Fouracre, « Merovingian History and Merovingien Hagiography », Past and Present, 127, 1990
- W. Goffart, The Narrators of Barbarian History : Jordanes, Gregory of Tours, Bede and Paul Deacon, Princeton, 1988, pages 112-134.
- Nira Pancer, Sans peur et sans vergogne. De l'honneur et des femmes aux premiers temps mérovingiens, Editions Albin Michel, « Bibliothèque Histoire », Paris, 2001, 320 p. [ISBN 1-226-12133-1], pages 50-53.
Voir aussi
Liens externes
- Historia Francorum : photographie d'un parchemin du VIIIe/IXe siècle en écriture onciale, le manuscrit latin 17655, folio 13 volume 14, conservé à la Bibliothèque nationale de France, Département des Manuscrits, div. occidentale.
Notes et références
- Bruno Dumézil, La reine Brunehaut, Paris, Editions Fayard, 2008, p. 10.
- Bruno Dumézil, La reine Brunehaut, Paris, Editions Fayard, 2008, pp. 158, 171.
- Adriaan H. B. Breukelaar Historiography and Episcopal Authority in Sixth-Century Gaul, Göttingen, 1994, pp. 64-66
- Bruno Dumézil, La reine Brunehaut, Paris, Editions Fayard, 2008, p. 291.
- Gabriel Monod, Etudes critiques sur les sources de l'histoire mérovingienne, Ier partie, p. 44.
- Surtout connu comme homme politique, Guizot était au départ historien.
- Robert Latouche dans Grégoire de Tours, Histoire des Francs, éditions Les Belles lettres, p. 7.
- Robert Latouche dans Grégoire de Tours, Histoire des Francs, éditions Les Belles lettres, p. 8.
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