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Brunehilde (reine)
Brunehilde ou Brouniakhildis (en germanique Déesse cuirassée, de Brunia qui veut dire broigne et Khildis la déesse de la Victoire), est une princesse wisigothe devenue reine des Francs qui dans les faits va régner sur au moins un royaume mérovingien (Austrasie et/ou Burgondie) pendant 33 ans.
Elle est née en Espagne vers 547 et morte exécutée en 613 à Renève. Brunehaut est la forme française ancienne de son nom. Certains historiens contemporains comme Roger-Xavier Lantéri préfèrent la forme Brunehilde. Cependant, d'autres historiens comme Bruno Dumézil conservent la forme traditionnelle pour la distinguer du personnage mythologique, la valkyrie Brunehilde.
Sommaire
Biographie
Fille d’Athanagild, roi des Wisigoths, et de Goïswinthe ou Godesvinda, elle épouse Sigebert Ier, roi franc mérovingien d’Austrasie, au printemps 566.
Sa sœur aînée, Galswinthe est assassinée en 567. Elle était la femme de Chilpéric Ier, lui-même frère de Sigebert et roi de Neustrie. L’instigatrice est Frédégonde, concubine de Chilpéric. Ce meurtre va déclencher une longue guerre entre l’Austrasie et la Neustrie, au nom de la faide germanique, sorte de « vendetta ».
Sigebert Ier est assassiné en 575 par deux sicaires de Frédégonde, à Vitry (près de Tournai), alors qu’il venait d’être porté sur le pavois. Son fils Childebert II, alors âgé de 5 ans, est sauvé et proclamé roi par la noblesse austrasienne à Metz. Brunehilde est faite prisonnière par Chilpéric Ier, son beau-frère, et emmenée en exil à Rouen.
En 576, elle réussit à séduire et à épouser Mérovée, son neveu et fils de Chilpéric Ier. Après avoir semblé accepter cette union, Chilpéric essaye de faire arréter son fils qui finit par périr dans sa fuite (577). Brunehilde retourne en Austrasie où son fils, Childebert II, est trop jeune pour gouverner. Elle assure la régence au grand mécontentement des Meilleurs[réf. nécessaire], une aristocratie à l’origine de la féodalité, qui cherche à accaparer le pouvoir. Même après la proclamation officielle de la majorité du roi en 585, confirmée lors du traité d'Andelot en 587, Brunehilde garde la réalité du pouvoir jusqu'à la mort de Childebert à l'âge de 25 ans en 595.
Chilpéric Ier sera assassiné en 584 en revenant d’une partie de chasse, peut-être à l'instigation du maire du palais de Neustrie, Landry, devenu amant de Frédégonde.
Devant l’hostilité des Meilleurs, Brunehilde se rapproche du roi Gontran Ier, frère de son premier époux Sigebert Ier, roi de Burgondie et de Paris. En 587, elle signe un traité avec Gontran Ier. Sans enfant, celui-ci adopte alors Childebert II sous l’influence de la reine (traité d'Andelot) .
À la mort de Gontran Ier en 592, Childebert hérite comme prévu de la couronne de Burgondie et sa mère Brunehilde règne en fait sur l’Austrasie et sur la Burgondie mais doit faire face aux attaques de Frédégonde régente de Neustrie pour son fils Clotaire II âgé de 8 ans.
En 595, à la mort de Childebert II, très probablement empoisonné peut-être à l'instigation de Frédégonde, Brunehilde exerce encore la régence au nom de ses deux petits-fils, Théodebert II en Austrasie et Thierry II en Burgondie. Mais ces derniers s’opposent, encouragés par les Meilleurs.
Toujours en guerre contre Clotaire II et en butte à l’opposition de l’aristocratie austrasienne qui finit par la rejeter (en 601), Brunehilde dût chercher refuge auprès de Thierry II, roi de Burgondie. A l'instigation de sa grand-mère qui le dominait, Thierry décida d'entreprendre une guerre contre son frère Théodebert. Ce dernier fut sévérement battu à Toul en 611 puis, malgré ses alliances avec les Germains, à Tolbiac. Fait prisonnier il fut assassiné à Chalon-sur-Saône en 612. Thierry II mourut peu après en 613, peut-être empoisonné, mais plus probablement de mort naturelle, laissant le royaume à son fils illégitime Sigebert II âgé de 12 ans que Brunehilde, alors âgée d'environ 70 ans, essaya de faire accepter.
Une partie de la noblesse d’Austrasie, menée par le maire du palais Warnachaire qui détestait Brunehilde, se révolta et décida de soutenir le roi de Neustrie Clotaire II opposé à la reine-régente. Abandonnée par ses armées, Brunehilde s'enfuit dans le Jura suisse où elle fut rejointe par le connétable de l'armée de Neustrie, Herpon qui l'arréta et la livra à Clotaire. Ce dernier fit exécuter trois de ses quatre arrières petits-fils ; le dernier fut tondu puis enfermé dans un couvent colombanien. Il fit supplicier Brunehilde durant trois jours, à Renève sur Vingeanne. Finalement elle fut attachée par les cheveux, un bras et une jambe à la queue d’un cheval indompté, après avoir été exposée nue au dos d'un chameau. Son corps fut mis en lambeaux et brûlé. Ses restes, finalement recueillis, furent apportés et enterrés à l’abbaye Saint-Martin d'Autun qu’elle avait fondée.( fin de l'année 613)
Abhorrée par certains chroniqueurs, elle est décrite comme très autoritaire, énergique, altière, souvent rusée, belliqueuse, manipulatrice et marquée par la tradition germanique de la faide qui déchira les Mérovingiens sous son « règne ». Brunehilde, comme sa rivale Frédégonde, est restée dans l’Histoire comme une assez « mauvaise » figure. Elle était pourtant très cultivée, fait plutôt rare pour l’époque même parmi les rois et la noblesse, et avait une très haute conscience de sa qualité de reine, fille de roi. Elle eut des partisans parmi la noblesse franque austrasienne et bourguignonne. Trois fois régente des royaumes d'Austrasie et Burgondie, d'abord pour son fils Childebert, puis pour ses petits-fils Théodebert et Thierry et enfin pour son arrière petit-fils Sigebert, elle s’est efforcée de conserver l’autorité royale sur une aristocratie souvent rebelle et prompte à la confisquer.
Notons qu’elle avait une conception de l’État très contemporaine. Elle s’est vu reprocher par le « pape de Rome », de laisser les Juifs et les Chrétiens de son royaume fêter les jours de Pâque ensemble dans les mêmes lieux de culte… Elle répondit que les problèmes religieux étaient de la responsabilité des « papes » (les évêques), et non de la sienne. Elle était reine de ses sujets, pas de leurs âmes…
Postérité
Déformée par l’historiographie franque
Dans un monde où s’imposait la coutume des Francs, elle a constamment cherché à préserver les restes d’une conception romaine de l’État et de la justice. La misogynie de l’époque et des temps postérieurs expliquent en grande partie les légendes noires dont est encore victime sa mémoire.
Legs
Elle s’attacha à entretenir les routes de communication, ainsi les nombreuses voies romaines qu’elle restaura portent le nom de chaussée Brunehaut. Comme Mélusine, elle est dans le légendaire des « bâtisseuses ».
Bibliographie
Biographies
- Bruno Dumézil, La reine Brunehaut, Paris, Fayard, 2008 (ISBN 978-2-213-63170-7).
- Antoine Flobert, Étude sur Brunehaut, 1860.
- Roger-Xavier Lanteri, Brunehilde, Perrin, Paris, 1995. (ISBN 2-7028-1396-8)
Romans historiques
- Jacques-Marie Boutet de Monvel et Marie-Antoinette Duchesne, Frédégonde et Brunéhaut, 1775.
- Jean-Louis Fetjaine, Les Voiles de Frédégonde, Belfond, Paris, 2006 (ISBN 978-2-298-00115-0).
- Jean-Louis Fetjaine, Les Larmes de Brunehilde, Belfond, Paris, 2007, (ISBN 978-2-714-44266-6).
Pièces de théâtre et Opéra
- Étienne Aignan, Brunehaut ou les Successeurs de Clovis, tragédie, Paris, 1810 (disponible sur Gallica).
- Népomucène Lemercier, Frédégonde et Brunehaut, tragédie, Paris, 1821.
- Th. Gardie, Mérovée ou une vengeance de Frédégonde, tragédie, Paris, 1851.
- Ernest Guiraud et Camille Saint-Saëns, Frédégonde, opéra, Paris, 1895.
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