Grenelle De L'environnement

Grenelle De L'environnement

Grenelle Environnement

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Le Grenelle Environnement (souvent appelé Grenelle de l'environnement) est un ensemble de rencontres politiques organisées en France en octobre 2007, visant à prendre des décisions à long terme en matière d'environnement et de développement durable. Le terme « Grenelle » renvoie aux accords de Grenelle de mai 68, et désigne par analogie un débat multipartite réunissant des représentants du gouvernement, d'associations professionnelles et d'ONG.

Le Grenelle Environnement a été annoncé le 18 mai 2007 par Alain Juppé, alors ministre de l'Écologie, du Développement et de l'Aménagement durables, un mois avant sa démission du premier gouvernement Fillon après sa défaite au second tour des élections législatives. Il fait suite au Pacte écologique précédemment proposé par Nicolas Hulot et a donné lieu à un projet de loi (dit «Grenelle I») adopté à la quasi-unanimité à l’Assemblée en octobre 2008, examiné à partir de janvier 2009 et validé le 11 février 2009 par le Sénat en première lecture ; la deuxième lecture a eu lieu en juin 2009 à l'Assemblée, avant que la loi ne soit définitivement adoptée par le parlement lors de sa deuxième lecture au Sénat le 23 juillet 2009.

Le Parlement se penchera ensuite sur un second projet de loi, surnommé « Grenelle II » .

À ce jour de nombreux engagements pris par les pouvoirs publics n'ont pas été tenus voire ont été remis en cause, comme la protection des fameux lanceurs d'alerte, prévue par les travaux du Groupe V.

Sommaire

Principes de fonctionnement

Le débat a été organisé autour de six groupes de travail rassemblant chacun 40 membres répartis en 5 collèges. Ces collèges ont pour vocation de représenter les acteurs du développement durable : l’État, les collectivités locales, les ONG, les employeurs et les salariés.

Les groupes étaient :

  • Groupe 1 « Lutter contre les changements climatiques et maîtriser la demande d’énergie »[1]
  • Groupe 2 « Préserver la biodiversité et les ressources naturelles »[2]
  • Groupe 3 « Instaurer un environnement respectueux de la santé »[3]
  • Groupe 4 « Adopter des modes de production et de consommation durables »[4]
  • Groupe 5 « Construire une démocratie écologique »[5]
  • Groupe 6 « Promouvoir des modes de développement écologiques favorables à l’emploi et à la compétitivité »[6]

Chaque groupe s'est ensuite divisé en ateliers, par exemple, pour le groupe 1, en trois ateliers :

  • Atelier no 1 : Transports et déplacements
  • Atelier no 2 : Bâtiment et Urbanisme
  • Atelier no 3 : Energie et stockage du carbone

Chaque groupe devait se réunir quatre fois, mais la complexité de certains sujets a obligé la majorité des groupes à organiser une ou deux réunions supplémentaires.

Deux ateliers intergroupes ont aussi été crées : l'atelier OGM[7] et l'atelier Déchets[8].

Les groupes de travail ont tenu leur dernière réunion le 25 septembre 2007. Les synthèses et les rapports de chaque groupe ont été rendus publics le jeudi 27 septembre 2007 à 11h[9]. Suite à cela, des réunions locales en régions[10] et une consultation du public sur Internet ont eu lieu, avant d'arriver à la table ronde du Grenelle les 24 et 25 octobre 2007.

Pour la phase dite 4, 33 « chantiers opérationnels » sont mise en place[11].

Résultats

Présidée par Nicolas Sarkozy, la table ronde du Grenelle de l'environnement a eu lieu les 24 et 25 octobre 2007 en présence de Wangari Maathaï, d'Al Gore, tous deux prix Nobel de la paix et de José Barroso, président de la Commission européenne, afin d'aboutir à la définition d'un certain nombre de propositions, mesures et annonces.

Le rapport général[12] reprend le contenu consensuel issu des travaux préparatoires et se présente comme un « cadre de cohérence pour action publique » selon trois priorités que sont la lutte contre le réchauffement climatique, la protection de la biodiversité et la réduction des pollutions. Ce document est une synthèse des travaux, mais n'est pas un exposé d’un programme ni une sélection ou hiérarchisation de propositions, mais plutôt « le socle de ce qui pourrait être une stratégie de développement durable fondée sur le triple objectif de lutte contre le réchauffement climatique, de préservation de la biodiversité et de réduction des pollutions » et donc comme un « exposé des motifs de la future loi de programme dont s’accompagnera la mise en œuvre du Grenelle »[13].

Dans le discours[14],[15] qu'il a donné en conclusion des journées de travail des 24 et 25 octobre 2007, le président de la république s'est prononcé sur les éléments qui ont été moins consensuels (ou non-consensuels) au cours des travaux et débats entamés l'été 2007 lors des ateliers, en annonçant ou confirmant un certain nombre de propositions, et en s'engageant à faire siennes et celles du gouvernement les propositions du Grenelle.

Énergie

Sur le sujet de la taxe carbone, Nicolas Sarkozy a estimé qu'il fallait « que la révision générale des prélèvements obligatoires se penche sur la création d'une taxe « climat-énergie » en contrepartie d'un allègement de la taxation du travail pour préserver le pouvoir d'achat et la compétitivité ».

Il est envisagé la création d'un programme d'un milliard d'euros sur quatre ans pour les énergies et les moteurs du futur.

Agriculture

Quatre COMOP (Comité opérationnel) ont été mis en place et concernent spécifiquement l'agriculture :

- Comop 14 : Développement de l'agriculture biologique avec les objectifs d'aboutir à 20 % de produits biologiques dans la restauration collective d'ici 2012 et de passer en agriculture biologique 20% de la surface agricole utile en France en 2020.

- Comop 15-1 : Dénommé Ecophyto 2018. Il a pour objet la réduction de moitié de la fréquence de traitement des pesticides dans l'agriculture française en 10 ans (conditionnée à « la diffusion de méthodes alternatives, sous réserve de leur mise au point ») et le retrait du marché des substances les plus préoccupantes. Le plan Ecophyto 2018[16], dans la ligne du plan interministériel de réduction des risques liés aux pesticides (PIRRP[17]) a été validé en Conseil des ministres du 10 septembre 2008 par Michel Barnier avec un budget annoncé de 206 millions d’euros pour les 3 premières années, pour notamment aider 3.000 exploitations - pilotes chargées de tester des systèmes agricoles «économes en pesticides». Un indicateur de pression dit « NODU » (nombre de doses unitaires spécifique de la substance active) servira de référence. En 2009, l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques a auditionné plusieurs acteurs du secteur de l'agroalimentaire à ce sujet. «Le NODU n'a baissé que de 5 à 4,7 de 2001 à 2005, le ministère voudrait le voir diminuer jusqu'à 2,5», Joël Mathurin[18]. Un indicateur de fréquence de traitement (IFT) est prévu pour le suivi des épandages par type de culture et des indicateurs d’impact et de risque sont à l'étude, pour publication entre 2009 et 2012. Une formation est prévue pour tous les applicateurs, nécessaire pour obtention d'un certificat utilisateur qui sera obligatoire en 2014 (avec évaluation des connaissances des utilisateurs avant 2010). En 2009, le certificat d'applicateur n'est obligatoire que pour 1 personnes sur 10 et que dans les entreprises de plus de 10 personnes, avec de nombreuses dérogations si un cadre a fait des études agricoles ou au sein de l'ONF. Un axe porte sur l'amélioration du monitoring des risques sanitaires, avec un volet épidémiologique. Un autre axe portera sur l'outre-mer et un autre encore sur la diminution des pesticides hors zones agricoles (espaces verts, jardins privés, routes…). Un comité de suivi doit refléter la composition des groupes de travail du Grenelle et deux plans de communication doivent viser les professionnels en 2009 puis le public en 2010. Certains déplorent le peu d'aides à l'agriculture bio qui est pourtant une des alternatives à l'usage des pesticides de synthèse. La question d'un objectif mesuré en pourcentage est également discuté : en effet si les tonnages de matière active diminuent, leur efficacité et éco-toxicité par gramme a fortement augmenté.

- Comop 15-2 : Certification des exploitations avec l'objectif de 50 % des exploitations agricoles certifiées HVE d'ici 2012.

- Comop 15-3 : Performance énergétique des exploitations avec l'objectif de 100.000 exploitations diagnostiquées en 5 ans.

Transports

  • Annonce de la création d'une « écopastille » sous forme de bonus-malus sur les voitures et d'une « écoredevance » (écotaxe) sur le transport routier avec promotion du ferroutage.
  • En ville, 1 500 km de lignes de tramway doivent être construites hors Île-de-France (contre 329 en 2007) (Investissement évalué à 17 milliards d'euros dont 4 financés par l'État).
  • Concernant le train, le Grenelle s'est prononcé pour doubler le réseau de Lignes à Grande Vitesse (LGV) à l'horizon 2020. Ce sont ainsi 2000 kilomètres de lignes nouvelles qui seront lancées d'ici 2020 (exemple : LGV Provence-Alpes-Côte d'Azur, LGV Bretagne-Pays de la Loire, LGV Sud Europe Atlantique...). 2500 kilomètres sont également à l'étude pour le plus long terme. Ce programme de LGV fera l'objet de concertations avec les régions, concernant les tracés, le financement... [19]
  • Abandon de la mesure de réduction de 10 km/h de la vitesse routière annoncée avant la fin du Grenelle par la secrétaire d'État à l'Écologie Nathalie Kosciusko-Morizet, faute de consensus. C'était une des propositions de l’Atelier 1, lequel y avait vu de nombreux avantages ; la mesure est utile pour l’environnement, mais aussi pour la sécurité routière, la santé et contre le bruit. Elle est facile à appliquer immédiatement et partout, y compris pour le trafic routier de transit – sans aucun coût budgétaire. Diminuer la vitesse aurait incité au report modal (dont vers le bus, tram, métro, vélo pour les trajets courts qui constituent un pourcentage croissant du trafic urbain) et vers le multimodal. Enfin, la vitesse des déplacements automobiles étant pour partie responsable de la périurbanisation, cette mesure aurait probablement aidé à limiter l’étalement urbain et son cortège d’impacts négatifs.
    De telles vitesses déjà imposées aux États-Unis ou en Suède (en ville) semblent pouvoir être acceptées par le public. Le MEDAD (DAEI) a calculé que cette mesure réduirait en France de 250 à 300 kt CO2/an les émissions des véhicules sur autoroutes, et de 1 MtCO2/an si tous les véhicules respectaient la vitesse maximale (-800 kt CO2/an sur les routes). Le groupe 1 proposait à la présidence française de l’UE en 2008 de soutenir cette limitation de vitesse sur tout le réseau autoroutier de l’UE de manière à générer d’importantes économies de carburant et d’émissions de GES, mais aussi à encourager des véhicules plus légers et sobres. Le dissensus et la controverse semblent avoir surtout porté sur la valeur du temps. (Pour les uns « le temps, c’est de l’argent » et il ne faut pas ralentir le trafic, pour d'autre les avantages de la mesure seraient très supérieurs à ses inconvénients, d'autant que le temps passé dans les embouteillages ne cesse de croître dans le monde, malgré et à cause de la croissance des réseaux routiers). Le gain en termes de confort et de sécurité pour l’automobiliste a aussi fait l'objet de controverses. Enfin, de nombreux sondages ont montré depuis 10 ans que l'automobile est l'objet sur lequel les citoyens veulent le moins agir pour l'environnement. Un sondage IFOP fait durant le processus du Grenelle (mi-octobre) estimait[20] que si 93% des sondés souhaitaient qu'on encourage la marche à pied et le vélo, 61% d'entre eux étaient contre la diminution de 10 km/h des vitesses limites sur routes et autoroutes (69% de ceux utilisant leur voiture tous les jours). Seuls 7% des sondés estimaient par ailleurs la mesure efficace contre les émissions polluantes.
  • Le gel, annoncé lors du Grenelle de l'environnement, de toute nouvelle structure aéroportuaire est contredit par la poursuite du Projet d'aéroport du Grand Ouest.

Bâtiment

Fixation de nouveaux seuils dans le public et le privé. Promotion de l'écoconstruction. En ce qui concerne les bâtiments existants, l'objectif est de réduire leur consommation énergétique de 38% d'ici 2020.

Éducation à l'environnement et au développement durable

Un « document d'orientation préliminaire » sur l'éducation au développement durable, a été rendu par le groupe[21] de travail du Grenelle sur l'éducation au développement durable début janvier 2008. Il propose un cadre sur les questions de la pédagogie, de partenariat, de formation et de financement pour le champ scolaire (y compris enseignement supérieur, agricole, sportif, de la santé et de tous les publics « non-scolaires »). L'éducation au développement durable (EDD) y est jugée « indispensable pour tous les types d'établissements d'enseignement, à tous les niveaux ». Un Comop (Comité opérationnel no 34 : «Sensibiliser, informer et former le public aux questions d’environnement et de développement durable») a été mis en place sous la présidence de Hervé Brossard, président de l’Association des agences conseils en communication (AACC). Ce Comop no 34 a rendu ses conclusions à Jean-Louis Borloo le 13/01/2009.

Ainsi, le Comité opérationnel propose un plan d’actions autour de cinq axes directeurs, pour une action mieux orchestrée et plus collective :

- construire une information fiable et des clés de compréhension pour créer la confiance,

- délivrer des messages qui ont du sens, autour du thème «ma vie meilleure»,

- mettre en avant l’existence et l’exemplarité de solutions,

- inviter le grand public à participer et à s’impliquer,

- mobiliser des relais spécifiques (et certaines cibles-clés, et concrétiser des partenariats).

Elles visent à favoriser la mobilisation de tous pour passer de l’étape de la prise de conscience à celle d’une vraie modification de comportements individuels et collectifs. Leur objectif est de s’appuyer sur la richesse des initiatives existantes ou en développement, le plus souvent partenariales. À cette fin, le comité opérationnel a commencé par procéder à un repérage d’expériences et actions déjà réalisées, susceptibles d’être étendues ou partagées, et répondant à la question : «Comment agir ensemble, pour convaincre le public que le développement durable est désirable, et qu’il repose sur la mobilisation de tous, citoyens, consommateurs, salariés, décideurs et relais ?».

Principale proposition du Comité opérationnel : le lancement avant mi-2009 d’un plan national d’engagements pour un développement durable, pour orchestrer, coordonner, mettre en valeur et développer les initiatives de nature à rendre le développement durable plus proche, plus concret et plus crédible pour le grand public. Construit autour d’un cahier des charges invitant les différents acteurs associatifs, privés et publics à s’associer et valoriser ensemble leurs actions, sa première étape serait un appel large à initiatives, relayé par un événement festif national. Le Comité opérationnel suggère que la semaine du Développement durable en avril prochain en soit une nouvelle démonstration.

D’autres propositions, dans les domaines de l’information, de la sensibilisation et de la formation professionnelle sont identifiées dans le rapport, pour développer les synergies, profiter des multiples voies de contact avec le public, agir ensemble et dans la durée.

Haute autorité

Par ailleurs, la mise en place d'une Haute autorité indépendante a également été entérinée, ainsi qu'un triplement en cinq ans de l'agriculture biologique, qui devra bénéficier de 20% des commandes publiques en matière de restauration collective.

Suivi du dossier

Un autre rendez-vous est prévu autour du 15 décembre pour la présentation des programmes.

Le gouvernement se donne 12 semaines supplémentaires pour arbitrer sur la gestion des déchets. Selon Jean-Louis Borloo, « on compte aujourd'hui 350 kg/an et par habitant, il faut au minimum réduire de 7 kilos par an ».

Un comité d'évaluation chargé de faire le point sur la mise en œuvre des mesures sera mis en place dans un an, « à la date anniversaire du Grenelle ».

Le jeudi 6 décembre, le parlement a voté la mise en place en 2008 d'un système de bonus et de malus à l'achat de voiture neuve, en conséquence du Grenelle de l'environnement. [22]

Les engagements

Dans son discours du 24 octobre devant les participants au Grenelle, le 1er ministre François Fillon s’est « solennellement » engagé « à ce que toutes les conclusions précises, concrètes et consensuelles soient mises en œuvre ». « Pour ce qui est des divergences, le président de la République, le Gouvernement et le Parlement trancheront » a-t-il ajouté.

Dans son discours du 25 octobre le président de la République a globalement repris le contenu du rapporteur général, en précisant ce à quoi il s'engageait parmi les propositions qui n'avaient pas été tout à fait consensuelles durant les travaux du Grenelle.

Remise en cause des engagements

Le 6 décembre 2007, 80 associations (regroupées dans L'Alliance pour la planète) « L'Alliance demande au ministre d'État Jean-Louis Borloo d'organiser en urgence une réunion du groupe de contact inter collèges et de stopper un processus opaque et unilatéral qui sape les résultats du Grenelle. » Selon Yannick Jadot, directeur des campagnes de Greenpeace et porte-parole du collectif : « Déchets, forêts, publicité, éco-pastille, OGM… les premières mesures de suivi et de mise en œuvre du Grenelle conduisent à une remise en cause une à une des décisions prises il y a moins de 6 semaines […] L'Alliance demande au président de la République et au ministre d'État de remettre en marche la dynamique de travail collective et ainsi de restaurer la confiance. »[23]

Le 7 janvier 2009, L'Alliance pour la planète publie sur son site internet la liste des projets nationaux qu'elle juge « Grenello-incompatibles »[24].

Aspects outre-mer

La phase opérationnelle pour l’outre-mer est entrée en vigueur avec l’installation (le 06/02/2008) du « comité opérationnel outre-mer » (COMOP). Ce comité, piloté par Nassimah Dindar, présidente du Conseil Général de La Réunion, est organisé en 7 ateliers selon les titres du plan « vers un Outre-Mer exemplaire » (énergie, déchets, risques naturels, biodiversité et ressources naturelles, pollutions et santé, activités extractives et gouvernance). Le groupe qui sera suivi par Philippe Leyssene (Secrétariat d’État à l’Outre-mer) et Colin Niel (Ministère de l’Ecologie) rassemble 25 participants, dont l'UICN avec l’objectif est de traduire en propositions concrètes les engagements de la table ronde finale du Grenelle (octobre 2007). « L’Outre-Mer, cette France des trois océans, représente une part prépondérante de la biodiversité française, 10 % des récifs mondiaux, 14 des 17 éco-régions françaises et l’un des 15 derniers grands massifs de forêt tropicale non encore (ou peu) fragmenté par les activités humaines » ont rappelé les ministres réunis à cette occasion, précisant leurs attentes fortes sur les énergies renouvelables, économie « ultramarine », vitrine technologique. Jean-Louis Borloo y a aussi confié à Pierre-Alain Roche[25] une mission de préfiguration du plan « Réunion 2030-GERRI », visant à supprimer les énergies fossiles au profit de sources renouvelables ;

Suites données

  • Jean-Louis Borloo et Valérie Pécresse ont annoncé le 26 février 2008 la création d'une « fondation de coopération pour la recherche sur la biodiversité et la préservation du vivant », présentée comme « le 1er outil opérationnel du Grenelle (de) l'environnement », qui doit associer chercheurs, associations, fondations et entreprises en réunissant huit organismes publics de recherche (Cemagref, Cirad, CNRS, Ifremer, Inra, IRD, MNHN et BRGM), de grandes associations ou fondations environnementales et des entreprises.
    Ses objectifs sont :
- renforcer la coopération entre opérateurs de la recherche,
- favoriser l'émergence d'une « écologie prédictive », qui puisse éclairer les choix politiques,
- un « portail unique » pour les ONG, collectivités locales, entreprises.
  • Hubert Reeves et diverses associations (dont FNE) insistent sur la nécessité d’un « financement raisonnable de l'État ». Le Grenelle (de) l'environnement annonçait un doublement des crédits alloués à la recherche sur la biodiversité, mais seuls 6 millions d'euros ont été évoqués sur quatre ans ;
- Capital de 2,7 millions d'euros (venant des 8 organismes de recherche fondateurs)
- 3,3 millions d'euros venant des ministères de tutelle.
  • La loi Grenelle I devrait être validée avant la mi mars 2009, avec quelques ajouts (ex : création d’un carnet de santé du travailleur permettant le suivi de l’exposition des salariés aux toxiques chimiques ou biologiques en milieu professionnel (peut-être généralisé avant début 2012)).
  • Un grenelle des ondes initié le 23 avril 2009 a rendu ses conclusions en mai 2009, à l'occasion d'une table ronde intitulée «Radiofréquences, santé, environnement» (lundi 25 mai 2009) et a proposé 10 pistes d’action, dont un test de réduction du seuil d’exposition aux ondes des antennes-relais et l’interdiction d'utiliser des portables dans les écoles (Le gouvernement propose un interdiction d'usage dans les écoles primaires et une interdiction de vente aux enfants de moins de 10 ans (un décret prévu en juin 2009 imposera l’affichage du débit d’absorption spécifique (DAS) des mobiles lors de leur mise en vente et les opérateurs devront proposer une offre «SMS exclusive»); les associations comme les opérateurs restant insatisfaits et les autorités renvoyant pour leur part au rapport de l’Afsset attendu pour septembre 2009. Le gouvernement ne voit pas de raisons de réviser les seuils d’émission des antennes-relais[26], mais propose de réduire l’exposition de la population via de «meilleures technologies » avec «si possible la définition d’une valeur ‘cible’ au sein des lieux de vie et de travail, harmonisée au niveau communautaire». Les ONG Agir pour l’environnement et Priartem ont quitté au moins provisoirement le groupe, estimant ne pas y être entendu sur les risques liés aux antennes et FNE regrette que sa demande de moratoire sur les implantations n’ait pas été retenue[27].
  • Mi 2009, une consultation publique a été lancée sur le projet de trame verte et bleue française, sur une page dédiée du site du grenelle, avec deux documents téléchargeables et deux questionnaires auxquels chacun peut répondre jusqu'au 15 juillet 2009.

La seconde étape est celle dite du Grenelle II, projet de loi visant à appliquer concrètement le Grenelle I. Le Sénat étudiera ce projet à partir de septembre 2009.

Article détaillé : Grenelle II.


Accompagnements

La Caisse des dépôts et consignations a mis en place un fond de compensation pour la biodiversité via une filiale nouvelle nommée « CDC Biodiversité ». L'éligibilité sera contrôlée par un comité scientifique et par des représentants d'associations de défense de l’environnement, pour aider les acteurs économiques à restaurer ou compenser les dommages créés par les infrastructures et aménagements.

Critiques

De nombreuses associations françaises ont fustigé ou critiqué l'initiative gouvernementale du "Grenelle environnement" dès l'été 2007, appelant à animer un « Contre-Grenelle de l'environnement »[28]. Le mensuel La Décroissance s'en fait l'écho et Jean-Luc Porquet note pour Le Canard enchaîné : « Et si le Grenelle de l'environnement constituait une pure et simple supercherie ? »[29] Il rapporte que selon Stéphane Lhomme « les neuf ONG représentant officiellement l'écologie au Grenelle ont été désignées par le gouvernement, et d'autres carrément exclues, comme (…) Réseau Sortir du nucléaire ou Réseau Action Climat[30] »[29].

Certains linguistes, quant à eux, critiquent vivement l'incohérence étymologique et syntaxique de la locution « Grenelle environnement » et des néologismes qui en ont été tirés et sont promus sans clairvoyance lexicale par le ministère de tutelle de ces rencontres : « intranelle » (intranet du Grenelle) et « grenellocompatible » (compatible avec les orientations des rencontres sur l'environnement)[réf. nécessaire].

Dans le livre Politique de Cassandre, l'essayiste Jean-Christophe Mathias montre en quoi le « Grenelle de l'environnement » serait une imposture, dans la droite ligne des textes et conventions nationales et internationales sur l'environnement[31].

Du côté de la presse libertaire, les critiques ont également été radicales. Ainsi CQFD en évoquant les « Gros nuls de l'environnement » ajoute : « (…) c'est une logique économique qui nous tue. Dans ce cadre-là, les nouvelles stars du « Sauvons la planète » ne peuvent faire mieux que nous concocter une dictature « verte » où les riches paieront pour avoir le droit de polluer et de manger bio, pendant que les pauvres hériteront d'un inframonde bardé de prohibitions, de pénuries et d'aliments synthétiques. »[32]

L'association ATTAC a tenu à noter dans un communiqué : « Il n’est pas question que le processus du Grenelle de l’environnement entérine ce que M. Sarkozy et le MEDEF en attendent : une dépolitisation de l’écologie politique et une instrumentalisation de l’environnemental contre le social. »[33]

Les principaux sujets de dissensus (reconnus par le rapport général) et sujets non-validés ou mis en attente par le gouvernement et/ou le président de la République sont :

  • le nucléaire. Le rapporteur général et le président de la République dans son discours ont insisté sur le fait que la France devait développer les énergies renouvelables, mais ne pouvait pas se passer du nucléaire.
  • les OGM
  • les agro-biocarburants. Le Gouvernement n'a pas tranché sur ce point, mais il a commandé à l'ADEME en accord avec le groupe 1 du grenelle une expertise « pour faire le point sur les qualités et défauts environnementaux » des agro-biocarburants, tout en annonçant une intensification de la recherche et du développement de pilotes industriels sur les biocarburants dit de seconde génération. Le groupe de travail étudiera le « plan biocarburants » français au vu du résultat de ces études avant le 1er février 2008[34], ce qui laisse peu de temps à l'Ademe pour réunir des données indépendantes sur l'ACV et impacts secondaires ou collatéraux des différents agro-biocarburants.
  • la réduction de vitesse sur les routes et autoroutes.
  • le sujet des pesticides, qui a été traité mais avec des réserves importantes ; le président reprenant l'idée de diminuer leur usage, mais « si possible » et si l'on propose des alternatives.

Critique économiste de la critique écologique

À l'opposé de ces critiques, Éric Le Boucher, rédacteur en chef du journal Le Monde chargé des questions économiques a critiqué le « malthusianisme » des associations écologistes, estimant que les mesures prônées par les associations écologistes menaçaient et la croissance et l'environnement au nom d'un refus du progrès scientifique. Il écrit ainsi : « L’alliance objective entre un ministre incompétent en la matière, mais en mal d’exposition médiatique, et les militants écologistes professionnels du tam-tam » [aurait pu aboutir] à « une vague de propositions destinées à montrer que la France est le phare vert de l’humanité polluée, bien symboliques, bien morales, mais plus antiéconomiques les unes que les autres »[35]...

ADEME

L’ADEME a été associée à 2 des 6 groupes de travail (sur le changement climatique et l’énergie, et sur la croissance écologique) de même qu'à l’intergroupe « Déchets ». L'Agence a ensuite été maître d’œuvre de 4 comités opérationnels en tant que chef de projet : sur les énergies renouvelables, la rénovation du bâti existant, l’agriculture et l’éco-fonctionnalité (Vendre un service ou l’usage d’un bien plutôt que ce bien lui-même).

Fin 2008, le projet de « loi Grenelle » confie de nouvelles missions à l’ADEME qui devrait devenir un des «opérateurs de la transition environnementale», via notamment :

  • un fonds démonstrateur, devant faciliter la phase d’industrialisation (400 millions d’euros prévus sur 4 ans, à comparer aux 50 millions de R&D de 2008) mais pas de poste supplémentaire prévu.
  • un fonds Chaleur pour développer la « chaleur renouvelable », les réseaux de chaleur, la valorisation de la biomasse et de la chaleur d'usine d’incinération (330 millions d'€ prévus sur 3 ans)
  • le soutien aux plans Déchets, avec 318 millions d'€ prévus pour 3 ans pour la prévention, le traitement et le recyclage. La taxe générale sur les activités polluantes (TGAP) sur la mise en décharge et d’une nouvelle TGAP pour la prévention des déchets.

L’Ademe travaillera aussi (appels à projet, évaluations) sur les bio ou agro-carburants, les véhicules plus efficients, le « captage et stockage du carbone » (CSC) et la réduction de la pollution lumineuse, avec un budget de soutien pour la communication. Par contre le domaine des sites et sols pollués verrait son budget diminuer (11 millions € en 2009 contre 15 millions en 2008).

Annexes

Articles connexes

Bibliographie

Liens externes

Notes et références

  1. Groupe 1
  2. Groupe 2
  3. Groupe 3
  4. Groupe 4
  5. Groupe 5
  6. Groupe 6
  7. OGM
  8. Déchets
  9. Conférence de presse : Présentation des propositions des groupes de travail et lancement de la consultation
  10. Réunions en région : localisation et dates
  11. « chantiers opérationnels »
  12. [pdf] Rapport général publié le 25 octobre 2007 (39 pages).
  13. Source : introduction du rapporteur page 3 du rapport.
  14. Vidéo du discours
  15. [pdf] Discours du président de la République (19 pages), première conclusion des tables rondes du Grenelle de l'environnement
  16. plan Ecophyto 2018, version septembre 2008, 21 pages, Ed : Ministère de l'Agriculture et de la pêche
  17. PIRRP : plan publié le 28 juin 2006 visant la réduction d'usage des pesticides et des risques sanitaires associés (pour l'environnement, les utilisateurs de pesticides et les consommateurs de denrées
  18. source : Joël Mathurin, sous-directeur de la qualité et de la protection des végétaux.
  19. fichier "tables rondes web.pdf "Document récapitulatif des tables rondes tenues à l'Hôtel de Roquelaure les 24, 25 et 26 octobre 2007"
  20. Accès au sondage IFOP, sur " Les Français et les mesures Transport du Grenelle de l'Environnement" (sondage commandé par une compagnie d'assurance)
  21. Groupe de travail présidé par Jacques Bregeon, professeur a l'École Centrale de Paris, directeur du Collège des hautes études de l'environnement et du développement durable (C.H.E.E. & D.D.) et comprenant 80 personnes réunies en 5 collèges
  22. Automobile : l'Assemblée vote le malus
  23. nouvelobs.com
  24. « La méfiance s'installe entre le gouvernement et les écologistes », Le Monde, 7 janvier 2009.
  25. (Ingénieur général des ponts et chaussées)
  26. Recommandation européenne 1999/519/CE : ne pas dépasser 41 volts/mètre (V/m) pour les émetteurs GSM (900 MHz), 58 V/m pour les DCS (1.800 MHz) et 61 V/m pour l’UMTS (2.100 MHz)
  27. [Communiqués ministériels] (consulté 2009 05 26)
  28. Site « Contre Grenelle »
  29. a  et b Le Canard enchaîné, n° 4537, 10 octobre 2007, p. 5.
  30. Cette association a cependant été retenue par le biais de sa présidente Sandrine Mathy dans le groupe 1.
  31. Jean-christophe Mathias, Politique de Cassandre - Manifeste pour une écologie radicale, Sang de la Terre (La pensée écologique), 2009
  32. CQFD, n° 49, octobre 2007, p. 8.
  33. Communiqué du 29 octobre 2007
  34. Source : Agence de presse, 26 oct 2007
  35. Éric Le Boucher, in Le Monde, 30 septembre 2007
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