Albert de meun

Albert de meun

Albert de Mun

Albert de Mun

Adrien Albert Marie, comte de Mun, né au château de Lumigny (Seine-et-Marne) le 23 ou le 28 février[1] 1841 et mort à Bordeaux le 6 octobre 1914, est un homme politique français, théoricien du corporatisme chrétien.

Sommaire

Biographie

Marié en 1867 à Simone d'Andlau, ils seront les parents notamment de Bertrand de Mun, député de la Marne.

Adrien-Albert de Mun fut formé à Saint-Cyr, et participa au conflit franco-allemand de 1870 en tant que capitaine de cavalerie, où il fut fait prisonnier.

En captivité en Allemagne, avec son ami René de La Tour du Pin, il découvrit un ouvrage d'Émile Keller, député du Haut-Rhin. Il découvrit aussi avec son ami le mouvement catholique populaire existant outre-Rhin depuis 1848 à l'initiative de personnalités telles que Lieber, le futur chef du Zentrum, le parti de démocratie chrétienne, et Wilhelm Emmanuel Ketteler, archevêque de Mayence et initiateur du catholicisme social.

Les événements de la Commune de Paris (1871) et la répression sanglante qu'elle entraîna, lui firent mesurer le fossé qui séparait la classe ouvrière du libéralisme. Il fonda alors les cercles ouvriers avec René de la Tour du Pin, Félix de Roquefeuil-Cahuzac et Maurice Maignen. Il souhaitait contribuer de cette façon à la rechristianisation du peuple et à la défense de ses intérêts matériels et moraux : l'œuvre des cercles comptait en 1878 375 cercles, 37 500 ouvriers, et 7 600 membres des classes dirigeantes.

En 1881, il est l'un des fondateurs de la revue l'Association catholique où il défend la foi catholique.

Pendant son activité parlementaire, ininterrompue de 1876 à 1902, il contribua à l'élaboration de presque toutes les lois sociales de la Troisième République. Catholique et monarchiste, il soutient l'aventure populiste du général Boulanger pour contrecarrer la république bourgeoise, rencontrant le général à plusieurs reprises pourvu d'une barbe postiche pour ne pas être reconnu par les policiers[2]. Il se rallia à la République dans le sillage des positions de Léon XIII et de la Doctrine sociale de l'Église. En 1885, il crée un parti catholique et social, installé au siège de la Ligue de la Contre-Révolution datant de l'année précédente[3]. En 1901, il fut avec Jacques Piou l'un des fondateurs d'Action Libérale Populaire, le parti politique des catholiques ralliés à la République.

Il est élu à l'Académie française au premier tour le 1er avril 1897.

En 1909, Albert de Mun prit position contre l'Action française, en souhaitant publier un article dans le journal L'Univers, intitulé « Descendons dans la rue ». Malgré l'opposition d'un prêtre, le père Janvier, proche de l'Action Française, il maintint sa position et trouva un soutien en la personne du cardinal Amette.

Plusieurs lycées portent aujourd'hui son nom, dont les lycées privés sous contrat Albert de Mun à Nogent-sur-Marne, dans le Val-de-Marne, et dans le 7e arrondissement de Paris.

Témoignage

La cousine d'Albert de Mun, Elisabeth de Gramont, duchesse de Clermont-Tonnerre, consacre plusieurs pages de ses Souvenirs ("Au Temps des Equipages", Grasset, 1928) à Albert de Mun ; le frère de ce dernier, Robert de Mun, avait d'ailleurs épousé la tante d'Elisabeth, Jeanne de Gramont.

"M. de Mun, officier de cuirassiers, avait mené joyeuse vie en Algérie jusqu'à son mariage avec la jolie Melle d'Andlau, et à partir de ce moment, croyant et pratiquant, il vécut en grand catholique avec sa femme et ses nombreux enfants, partageant son temps entre la Chambre des députés et ses études de philosophie chrétienne.

La belle Mme de X..., le ramenant dans son coupé, lui fit des agaceries.

- Vous me voyez navré, mais je ne trompe jamais ma femme.

Il allait chaque matin à la messe avec un gros paroissien sous le bras. Je sais que ses sentiments religieux étaient sincères, mais il avait la religion un peu ostentatoire. D'une simplicité presque monacale dans sa vie privée, il rechercha les biens temporels pour ses enfants qu'il allia aux grandes marques de champagne et d'eau-de-vie.

(...)Enfant, il montait sur les tables et faisait déjà des discours. Il fut longtemps le plus grand orateur de la droite et peut-être de la Chambre, où il avait une situation prépondérante. La noblesse de sa nature lui valait l'estime et le respect de ses adversaires même. Son beau physique, l'art des gestes, une voix extraordinaire, faisaient de lui un véritable tribun. Il était vraiment le représentant de la papauté en France et eut de longs conciliabules avec Léon XIII dont il propagea les idées. Il tint tête à Waldeck-Rousseau en de mémorables discours. Il est le dernier grand parlementaire de la droite. Lorsque le Panthéon fut désaffecté, en 1885, il fit un discours retentissant où il déploya (en vain) ses plus belles qualités pour sauvegarder l'église de Sainte-Geneviève, la patronne de Paris.

(...)Albert de Mun fut nommé académicien, et il fit un de ses derniers beaux discours à l'Académie Française quand il reçut le poète Henri de Régnier. Les nymphes de Régnier ne plaisaient pas à M. de Mun et c'est d'une voix vibrante et chaleureuse qu'il pourfendit l'auteur de la Cité des Eaux et des Jeux Rustiques et Divins, le jour de sa réception.

M. de Mun était le descendant du philosophe rationaliste Helvétius, l'auteur du livre De l'Esprit. A l'intelligence de son ancêtre, il joignait le charme créole des La Ferronays, ses grands-parents, qui sont dépeints dans les Récits d'une Soeur. Mme Craven, sa tante, publia ce récit."

Travaux parlementaires

  • Député du Morbihan de 1876 à 1878 et de 1881 à 1893
  • Député du Finistère de 1894 à 1914

Parmi les nombreux travaux de la Commission d'Études législative et de la Commission législative de l'Œuvre des Cercles catholiques d'ouvriers, on trouve :

  • la question des syndicats professionnels et de la responsabilité des accidents dont les ouvriers sont victimes dans l'exercice de leur profession ;
  • les projets de loi sur les prud'hommes mineurs ;
  • les caisses de retraite ;
  • les caisses de prévoyance ;
  • les assurances ouvrières ;
  • la création de caisses de prévoyance dans chaque groupe professionnel des arts et métiers et de l'industrie ;
  • un projet de loi organique de l'industrie ;
  • la question de l'arbitrage.

Principales publications

  • Discours [et écrits divers] (7 volumes, 1888-1904)
  • La Loi des suspects : lettres adressées à M. Waldeck-Rousseau, président du conseil des ministres (1900) Texte en ligne
  • Contre la séparation (2 volumes, 1905) Texte en ligne 1 2
  • Ma vocation sociale : souvenirs de la fondation de l'Œuvre des cercles catholiques d'ouvriers, 1871-1875 (1908) Texte en ligne
  • Les Dernières heures du drapeau blanc (1910)
  • Combats d'hier et d'aujourd'hui (6 volumes, 1911)
  • L'Heure décisive (1913)
  • La Guerre de 1914, derniers articles d'Albert de Mun (28 juillet-5 octobre 1914) (1914)

Liens internes

Notes et références

  1. Né le 23 février 1841 selon sa notice biographique sur le site de l’Académie française ; né le 28 février 1841 selon le site de l’Assemblée nationale.
  2. Philippe Levillain, Boulanger, fossoyeur de la monarchie, 1982 p.120 ; cité dans L'Histoire, spécial n°162, la droite 1789-1993, janvier 1993, p.15-16
  3. L'Histoire, spécial n°162, la droite 1789-1993, janvier 1993, p.18

Lien externe

Bibliographie

  • Jacques Prévotat, Les Catholiques et l'Action française, Fayard, collection Pour une histoire du XXe siècle, préface de René Rémond, 2001 (ISBN 2-213-60333-2)
  • Gérard Cholvy, Christianisme et société en France au XIXe siècle. 1790-1914. Points Histoire.
  • Philippe Levillain, Albert de Mun. Catholcisme français et catholcisme romain, du Syllabus au Ralliement, Rome, Ecole française de Rome, 1983, 1070 p.


Précédé par
Jules Simon
Fauteuil 8 de l’Académie française
1897-1914
Suivi par
Alfred Baudrillart
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