Forêt en France

Forêt en France
Sur cette photo satellite (d'août 2002), la forêt apparaît en vert foncé

D'après les cinq dernières campagnes annuelles d'inventaire réalisée par l'Inventaire Forestier National de 2005 à 2009[1] sur l'ensemble du territoire français, la forêt en France métropolitaine représente 161 000 km2 du territoire, soit un taux de boisement situé entre 29,1 et 29,5% (surface des forêts rapportée au territoire national, env. 545 000 km2 pour la métropole), à quoi il faut ajouter environ 2 000 km2 de bosquets (de 5 à 50 ares), qui n'entrent pas dans la définition d'une forêt.

Dans les Départements d'Outre-Mer, les chiffres des différents (Agriculture ou DAAF) ministères ne concordent pas toujours, cependant on peut avancer ces chiffres[2] : La Guyane compte près de 83 000 km2 de forêt amazonienne, soit 96% de sa superficie ; La Réunion : 1 370 km2[3] de forêts (53% de sa superficie) ; La Martinique : 490 km2 de forêts (46% de sa superficie) ; Mayotte : 140 km2 de forêts (37% de sa superficie) ; La Guadeloupe : 640 km2 de forêts (39% de sa superficie).

Au total, la France métropolitaine et les DOM comptent donc 246 640 km2 de forêts diverses, soit 36,76% de la superficie totale du pays (env. 670 922 km2).

En métropole, le taux de boisement a fortement augmenté depuis le XIXe siècle grâce à d'importants efforts de reboisement. Cela a été possible, malgré l'industrialisation et l'urbanisation et le développement des infrastructures, par l'intensification de l'agriculture et l'abandon de la traction hippomobile, qui ont contribué à libérer des surfaces importantes de terres cultivées.

La forêt française a fortement souffert des tempêtes des 26 et 27 décembre 1999, qui ont abattu l'équivalent de sept années de récolte[4] et de la tempête de janvier 2009[5]

Au niveau européen, en termes de surface, la France se classe en quatrième position, derrière la Suède, la Finlande et l'Espagne (respectivement 27, 22 et 18 millions d'hectares environ selon la FAO). La forêt française représente 10 % de la surface boisée européenne.

Sommaire

Essences principales

Au XIXe siècle[Quand ?], les résineux occupaient 24 % des surfaces des forêts relevant du régime forestier (des collectivités ou domaniales).et les feuillus 76 %[6].

Pour l'année moyenne 2007, en France métropolitaine, le volume sur pied est de 2,4 milliards de mètres cubes.
Les feuillus en représentent 64 % (1537 millions de mètres cubes) et les conifères 36 % (865 millions de mètres cubes).

Hors outre-mer, Le volume se répartit entre :

Pour plus de précisions, consulter le site de l'IFN, rubrique « Tableaux standard »

Les peupleraies occupent environ 193 000 ha.

La diversité de la forêt française s'explique par sa position à l'intersection des trois principaux climats du continent européen (méditerranéen, continental et océanique) et le fait qu'elle occupe toutes les altitudes, depuis le niveau de la mer jusqu'à la limite supérieure de la végétation.

Les forêts tropicales des départements et territoires d'outre-mer, notamment en Guyane française (la forêt équatoriale y couvre huit millions d'hectares environ), ne comportent pas d'essence principale. Il s'agit d'un mélange de très nombreuses espèces (plusieurs centaines d'espèces par hectare en Guyane).

Débats sur le volume de bois (mort ou sur pied)

Les modalités d'estimation ont varié selon les époques et les régions. Les statistiques officielles sont produites par l'IFN, mais sur la base d'extrapolations et de mises à jour faites environ tous les 10 ans.

La quantité, nature et qualité de bois sur pied sont des données importantes pour la planification de l'exploitation, pour optimiser les dates de coupes et ne pas risquer la surexploitation. Depuis le rapport Bianco, on estimait que la forêt produisait plus de bois qu'on en coupe, ce qui a encouragé une sylviculture plus dynamique, mais selon le SNUPFEN, « Lors d’un colloque interne les 7 et 8 Mars dernier le Directeur général de l’ONF, Pascal Viné a annoncé que les données qui avaient amené à lancer tout l’établissement dans le « produire plus » de bois en volume étaient erronées »[7]Le rapport Puech, une partie des objectifs du grenelle de l'environnement, ou encore les déclarations du Président de la république à Urmatt, ou le rapport Gaymard auraient donc été produits sur de estimations ayant surestimé le volume de bois sur pied (« les chiffres de l’IFN (inventaire forestier national) comportent une erreur de 20 millions de m3 (sur 103 millions de m3 de production annoncés) ».

Structure de la forêt française

Les trois quarts de la forêt française relèvent de la propriété privée et 10 % sont des forêts domaniales, propriété de l'État. Le reste est la propriété des collectivités locales, principalement les communes mais aussi les départements et les régions.

Ces forêts publiques sont gérées par l'Office national des forêts.

Forêt privée

La forêt privée est de loin la plus importante en métropole avec 120 070 km² (un peu plus de 12 millions d’ha), soit presque 3/4 de la surface forestière (74,7 %), et 71,2 % du volume sur pied (1,7 milliard de m³)[1].

Elle est très fractionnée : 3,5 millions de propriétaires possèdent en moyenne 2,6 ha, dont 2,6 millions ont moins de 1 ha. Ce morcellement est le résultat du partage des héritages comme le permet le code civil napoléonien. Le bocage et les arbres isolés ont beaucoup reculé, mais le boisement de rente (ou parfois spontané) sur les zones de recul agricole augmente, notamment en montagne et moyenne montagne[8].

Pour donner une cohérence à cet ensemble, le bois étant une ressource naturelle importante tout comme le fer, le pétrole, etc., les Centres régionaux de la propriété forestière (CRPF) furent créés en août 1963. Ces établissements publics à caractère administratif fournissent des conseils techniques et juridiques, et veillent à ce que les Plans simples de gestion (PSG) soient écrits et mis en œuvre. Un PSG est un document où le propriétaire forestier liste les actions qu’il entend mener dans son bois pour une période donnée (dix ans minimum, vingt ans maximum). Le PSG est agréé par le CRPF si les actions prévues sont conformes au Schéma Régional de Gestion Sylvicole. Un propriétaire peut être contrôlé à tout moment par la Direction départementale de l'Agriculture et de la Forêt chargée de veiller au respect des PSG. Si ce n’est pas le cas, le propriétaire s’expose à des amendes.

La forêt privée est beaucoup moins importante dans les collectivités d'outre-mer, voire marginale comme en Guyane où les forêts cédées par l'État aux particuliers le sont essentiellement en vue de valorisation agricole.

Forêts publiques

Forêts domaniales

Forêt domaniale france métropolitaine 2006.jpg
CLD dom

En métropole, les forêts domaniales ont généralement des origines anciennes (forêts royales, de chasses et de rentes, du clergé, ou anciens domaines de chasse ou seigneuriaux, souvent héritées de biens saisis à l'époque de la Révolution). Il existe quelques exceptions dans l'Est et le Nord du pays avec notamment les forêts de guerre plantées sur la zone rouge (la plus marquée par les séquelles de guerre de la période 1914-1918)

Surfaces  : Selon le premier « bilan patrimonial »[9] des forêts domaniales, les forêt domaniales françaises couvrent 16 490 km², soit 3,1 % du territoire métropolitain français (en 2006) et 10,1 % du total enforesté (en métropole, en 2000) et 13,2 % du volume sur pied. Les 1 699 000 ha de forêt domaniale de France métropolitaine sont répartis en 1 426 forêts. 85 % de ces massifs sont boisés.
La surface moyenne de ces forêts était en 2006 de 1 190 ha (un peu moins de 12 km2), mais 70 % de la surface totale était constituée de massifs de dix à cent km², les forêts de plus de 2 000 ha couvrant 60 % de la surface domaniale totale.
La forêt d'Orléans est le plus grand massif géré d'un seul tenant (si l'on ne tient pas compte de sa fragmentation par les routes) avec 350 km2 (34 600 ha).
Le plus vaste complexe de massifs forestiers publics se trouve dans le Nord des Vosges avec 430 km2.

Ressource en bois (source IFN) : le volume total de bois sur pied est estimée à :

  • 266 millions de m3 (183 m3/ha en moyenne) ;
  • 32,4 millions de m² de surface terrière (22,2 m2/ha en moyenne) ;
  • 922 millions de tiges (635 tiges/ha en moyenne) ;
  • les très gros bois (de plus de 67 5 cm de diamètre) sont rares (8 % environ du volume sur pied).

Types de forêt et de sylviculture : Il s'agit souvent de futaie régulière (72 % de la « surface disponible pour la production », contre 49 % pour l'ensemble des forêts métropolitaines) de plaines et vallons composées d'arbres jeunes. Ces forêts sont plutôt à dominante feuillues (sur 62 % de la surface disponible pour la production, soit légèrement moins que pour la moyenne française qui est de 64 %.
Un quart de la forêt domaniale pousse cependant au-dessus de 1 000 mètres d’altitude sur des sols plutôt pauvres et acides, et sur des pentes plus difficiles à exploiter (ce qui est plus que la moyenne nationale (12 % de la forêts françaises publique et privée), sur un territoire équivalent à 8 % du territoire métropolitain français.

Essences dominantes[1]: Elles varient fortement selon les régions et l'altitude. Pour la France (forêt domaniale), le Chêne (sessile ou pédonculé) arrive en tête (avec un tiers (26 %) de la surface productive, le chêne sessile dominant (19 % contre 7 % de pédonculé). Viennent ensuite le hêtre (21 %), le sapin pectiné (8 %), puis le pin sylvestre (7 %), le charme (5 %), l'épicéa commun (5 %) et le pin maritime (4 %). Avec les modifications climatiques induites par l'effet de serre, ces proportions, et la répartition des essences pourraient changer.

Économie: Ces forêts ont produit 971 000 m2 de bois par an[1], en surface terrière, vendu à 75 % sur pied et provenant à 45 % des 4 régions les plus boisées (Lorraine, Centre, Alsace et Champagne-Ardenne). La chasse apporte un revenu complémentaire atteignant souvent 50 % du revenu annuel de la forêt, avec une population de sangliers et de cervidés qui a fortement augmenté suite à l'agrainage et aux plans de chasse, au point de poser des problèmes d'équilibre sylvocynégétique. 8 500 cerfs et 36 100 chevreuils sont officiellement prélevés par an, ce qui n'est pas assez de l'avis de certains[Qui ?] pour éviter des dégâts trop importants sur les arbres.
64 % de la forêt domaniale est facilement exploitable (soit 930 000 ha sur 1 456 000 ha)[1].

État environnemental, menaces Ces forêts sont théoriquement non cessibles et protégées par leur statut, mais nombre d'entre elles ont été coupées par des routes, autoroutes, voies ferrées depuis le milieu du XXe siècle. Localement des défoliateurs ou des scolytes posent problème, souvent dans les années suivant une canicule ou forte sécheresse. Les incendies de forêts sont une source de préoccupation forte sur les littoraux, méditerranéens surtout. La forêt domaniale est souvent pauvre en bois mort et doit faire face localement à une forte pression du public que l'ONF a pour mission d'accueillir.
Sauf dans quelques zones touchées par la tempête ou réserves naturelles biologiques domaniales, les très vieux arbres et le gros bois mort sont très rares. Les zones à haute naturalité, proche de ce que pourrait être en France une forêt primaire sont réduites à quelques zones relictuelles, en zone montagneuse.

Les pluies acides semblent avoir fortement diminué leurs impacts. Les tempêtes ont fait de gros dégâts dans un tiers des forêts avec 19 690 000 m3 de chablis lors des deux tempêtes de décembre 1999 (plus de 7 % de la ressource totale a été couchée par le vent).

Une partie des boisements est très artificielle (enrésinement des années 1960-70). Avec 30 160 km de routes forestières en forêts domaniales (sans compter les routes qui longent leurs lisières, non sans impacts) la densité est de 1,8 km de routes pour 100 ha de forêts (chiffres 2006), avec :

  • 16 % de routes bitumées,
  • 43 % de routes empierrées,
  • 41 % de routes sur sol plus ou moins naturel.

Enfin, on trouve de vastes forêts domaniales outre-mer. En particulier en Guyane, 7,5 millions d'hectares d'un seul tenant forment une immense forêt domaniale. Cette forêt est peu exploitée : environ 60 000 m3/an de grumes.

Forêts militaires

Un certain nombre de forêts sont la propriété de l'État, mais au titre du Ministère de la Défense. Ces forêts ne sont en conséquence pas nécessairement gérées par l'ONF.

Forêts communales et des collectivités locales

Appartenant essentiellement aux communes (11 000 communes, sur 36 000 au total sont propriétaires de forêts, soit près d'une commune sur trois) alors que l'État possède 1 514 forêts domaniales. Des départements, régions et d'autres établissements publics possèdent aussi des forêts.
Elles couvrent 25 090 km², soit 15,6 % de la forêt française, et comptent 426 millions de mètres cubes, soit 17,7 % du volume sur pied français[1]. Ces forêts, comme celle de l'ONF et certaines forêts privées accueillent une partie des 15 millions de français s'adonnant à la randonnée, en solo ou au sein d'associations.
Il existe une Fédération nationale des communes forestières[10], qui a signé en 2003 un nouvelle charte de la forêt communale matérialisant ses objectifs et engagements partenariaux. Cette fédération exprime périodiquement des revendications à l'état, y compris pour défendre l'ONF qui est un des partenaires privilégié de ces communes[11]. la Fncofor a fait des propositions sur la forêt lors du Grenelle de l'environnement et a signé avec les autres représentants de la forêt un texte commun avec France nature environnement, centré autour d'un consensus sur l'objectif et la méthode pour « Produire plus de bois tout en préservant mieux la biodiversité » à travers une « démarche territoriale concertée dans le respect de la gestion multifonctionnelle des forêts. » La Fncofor a travaillé avec France Forêts dans un programme visant à proposer des projets pilotes de recherche forestière pour optimiser la captation du carbone, espérant « aussi à terme toucher les dividendes d’une politique de gestion durable qui permet de protéger la ressource en eau et les sols en forêt »[12].

Forêts des départements d'outre-mer

Les forêts publiques couvrent des surfaces restreintes dans les départements insulaires (150 km2 en Martinique, 380 km2 en Guadeloupe, 990 km2 à la Réunion), qui doivent faire l'objet de mesures de protection. En Guyane française, la forêt publique couvre 75 000 km² dont environ 4 000 km2 seulement font l'objet d'un plan d'aménagement pour la production ou la conservation. Cette dernière abrite 98% de la faune vertébrée et 96% des plantes vasculaires spécifiques à la France.

Évolution de la forêt

Après avoir longtemps régressé, la forêt métropolitaine s'étend depuis le début du XIXe siècle, en particulier grâce au boisement des Landes.
Elle poursuit son retour ou son extension dans la plupart des régions avec une dynamique suivie par le programme Dynaflor de l'INRA (Dynamiques forestières dans l'espace rural (UMR Dynafor[13]).

Quelques chiffres-clés :

  • 9 millions d'hectares au milieu du XIXe siècle : cela correspond à l'expansion maximale des terres agricoles et de la population rurale, avant le début de l'exode rural.
  • 11 millions d'hectares en 1950 : la forêt a gagné un peu, mais l'absence de mécanisation et le maintien de fortes densités agricoles limite le mouvement de déprise agricole et d'abandon.
  • 16,1 millions d'hectares en moyenne 2007[1] : la mécanisation a entraîné une rétractation de l'agriculture sur les portions potentiellement les plus productives ou facilement mécanisables. Certaines régions anciennement peu boisées ont vu une forte augmentation des superficies : Bretagne. D'autres correspondent à de grands massifs traditionnels qui continuent à croître : Languedoc-Roussillon, Provence-Alpes-Côte d'Azur.

À l'exception du massif landais (artificiel), les forêts ont déserté la façade maritime française, en raison surtout des prélèvements destinés à la construction navale qui des années 1000 jusqu'à il y a deux siècles, ont fait disparaître la majorité des forêts de la façade occidentale de l'Hexagone. La construction d'un navire de guerre en bois nécessitait l'utilisation d'au moins un millier d'arbres.

La production ligneuse annuelle de la forêt française est estimée à 10,3 millions de mètres carrés[1] dont 6,6 millions de mètres carrés de feuillus. Attention, il ne s'agit pas de la récolte mais de la production biologique de bois (mortalité non déduite).

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

Bibliographie

  • (fr) Des arbres et des hommes. Actes du colloque Forêt et société. Lyon. 1979, Actes sud et La Revue Forestière. 1979
  • (fr) Cinotti B., 1996. « Évolution des surfaces boisées en France : proposition de reconstitution depuis le début du XIXe siècle », Revue forestière française, Vol. 48, n° 6. Nancy : Engref. pp. 547-562.
  • (fr) Lochu S., 1998. « Évaluation des quantités de carbone stocké ». Rapport à la Mission interministérielle de l’effet de serre, octobre 1998, 94 p.
  • (fr) Dereix, C.; Galibert, A. L'approche territoriale de la gestion forestière : une plus-value pour la qualité des paysages, ENGREF, 2008

Notes et références



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