Fontaine-fourches

Fontaine-fourches

Fontaine-Fourches

Fontaine-Fourches
Carte de localisation de Fontaine-Fourches
Pays France France
Région Île-de-France
Département Seine-et-Marne
(Melun)
Arrondissement Arrondissement de Provins
(Provins)
Canton Canton de Bray-sur-Seine
Code Insee 77187
Code postal 77480
Maire
Mandat en cours
Xavier Lamotte
2008-2014
Intercommunalité Communauté de communes du Canton de Bray-sur-Seine
Latitude
Longitude
48° 24′ 39″ Nord
       3° 24′ 05″ Est
/ 48.4108585, 3.4012985
Altitude n,c, (mini) – n,c, (maxi)
Superficie 11,84 km²
Population sans
doubles comptes
509 hab.
(1999)
Densité 43 hab./km²

Fontaine-Fourches est une commune française, située dans le département de Seine-et-Marne et la région Île-de-France.

Ses habitants sont appelés les Fourchois.

Sommaire

Géographie

Fontaine-Fourches est la commune francilienne la plus éloignée du centre de Paris.

Territoire de 1.184 ha, arrosé par l'Orvin (rivière), qui prend sa source à Saint-Lupien (Aube) et se jette dans la Seine à Villiers-sur-Seine (Seine-et-Marne).

Démographie

Au XVIe siècle, la population de la paroisse de Fontaine, comptait une soixantaine de feux. En 1780, elle en comptait 132 : Fontaine avait 30 feux et Fourches 102. Puis, les deux groupes d'habitations, traversés par le chemin de grande communication n° 49, se trouvèrent reliés par des constructions nouvelles. Depuis 1877, l'église est toujours à Fontaine mais l'école est à Fourches : la Mairie-Ecole a été inaugurée en 1877 ; un ravalement a été effectué en 1906 et l’horloge acquise en 1907. La commune comptait 700 habitants au recensement de 1891 puis 451 à celui de 1999.

Histoire

  • Étymologie : du latin « fons », fontaine, et du latin « furca », bifurcation.
  • Toponymie  : Fontane versus triangulum ; Fontanae prope triangulum ; Fontenes ; Fontaine-Forche; Forche-Fontaine ; Fontaine.

A l’origine, Fontaine et Fourches constituaient deux entités distinctes.

La localité a certainement été habitée à une époque très ancienne : à plusieurs reprises, on a recueilli, sur le territoire communal, des haches, des lances en silex, des percuteurs, des pointes de flèches de la période préhistorique.

Au XIe siècle, Fontanas, plus tard Fons furcia, était une paroisse du diocèse de Sens.

Au siècle suivant, la seigneurie appartint, tout au moins pour partie, à une famille Gateblé, dont un descendant, Gui Gateblé, chevalier, donna à l'abbaye de Vauluisant, un setier de froment et un setier d'avoine, à prendre chaque année sur les dîmes de sa terre ; en 1225, cette donation fut confirmée par Anseau, fils de Gui [archives de l’Aube, G 1252].

La seigneurie passa alors aux Nemours, puis à la famille Britaut-Nangis, vers 1250, par le mariage de Jean Britaut, avec Marguerite de Nemours, "dame de Fontaines", sœur et héritière de Pierre de Nemours, chambrier de France, seigneur de La Chapelle-Gauthier et de « Fontaine près Trainel ». Indépendamment de l'abbaye de Vauluisant, plusieurs établissements religieux possédaient, au Moyen Age, des droits des biens en ce lieu ; le chapitre de cathédrale de Troyes était du nombre ; Jean Britaut, seigneur de Nangis-en-Brie devenu grand pannetier, puis connétable de Sicile, vendit aux chanoines de Saint-Pierre de Troyes, en 1275, une partie de la seigneurie de Fontaine, qu'il tenait du chef de sa première femme, alors décédée.

En mars 1315, Henri de Trainel fit amortir par le roi Louis X de France, dit le Hutin , les héritages cédés par son père aux chanoines de Saint-Pierre de Troyes [archives de l’Aube, G 1252]. L'hôpital Saint-Antoine de Trainel, qui fut un prieuré jusqu'en 1634, possédait aussi des terres, des dîmes et des droits féodaux sur Fontaine, Villiers et Villuis. Les seigneurs de Trainel, cependant, conservèrent toujours la portion principale de la seigneurie dans le village[...]. D'après la tradition, ils y auraient eu un hôtel, au lieu-dit aujourd'hui les Murs, où aucune construction n'existe plus depuis longtemps, mais où l'on constate des traces de fondations et de substructions. Quand la paix, conclue par le traité de Brétigny, en 1360, eut mis fin aux courses des Anglais à travers la Champagne et la Brie, les soldats congédiés par les deux rois, continuèrent la guerre pour leur compte, exigeant des vivres, pillant les villages ; les populations s'armèrent et, avec le concours des seigneurs d'alentour et des arquebusiers de Troyes, se mirent à leur poursuite. Elles purent s'en débarrasser à la fin de janvier 1364. Mais, au moment du passage de ces bandes de pillards, connues dans l'histoire sous les noms de grandes compagnies * et de tard-venus **, Fontaine a été ravagée, ses maisons furent en partie détruites et le moulin brûlé.

  • Grandes compagnies : troupes d'aventuriers financées par les princes en temps de guerre, qui vivaient de pillage et de rançons en temps de paix ou de trêve.
  • Tard-Venus furent des mercenaires démobilisés après le traité de Brétigny du 8 mai 1360.

Deux cents ans plus tard, les troubles religieux jetèrent la consternation de tous côtés ; les reîtres renouvelèrent les exactions de leurs devanciers. En 1576, écrit Claude Haton dans ses Mémoires, "ils prenaient les gens à rançon", tuant ceux qui résistaient et brûlant leurs maisons, comme ils le firent à Noyen (Noyen-sur-Seine), Grisy, Forche-Fontaine et autres lieux de la contrée. Déjà, l'année précédente, des renforts envoyés à l'amiral de Coligny, chef des protestants, par le prince d'Orange, Guillaume 1er, étaient passés par Villiers-sur-Seine, où ils avaient surpris les soldats de la compagnie du capitaine des Ursins, appartenant au régiment de M. de Nangis. Des Ursins (François Juvénal des Ursins), seigneur de Trainel, Villiers et Fontaine, les pourchassa, mais pas assez promptement pour éviter l'incendie d'une partie du village. D'après Claude Haton, d'ailleurs, les soldats du roi, en chassant les troupes de pillards, ne faisaient pas moins de dégâts qu'elles.

Indépendamment de l'hôtel seigneurial qui aurait existé au lieu-dit "les Murs", il y eut encore, au XVIe siècle, sur le territoire de Fontaine, et dans un endroit qu'on appelle le château ou les Chanoines, une autre construction féodale ; mais tout porte à croire que c'était simplement une grange dîmeresse du chapitre de Troyes.

Au temps de Louis XIV et de Louis XV, les héritiers de la famille des Ursins*, en possession du marquisat de Trainel et de grands biens dans la Brie, se qualifiaient toujours seigneurs de Fontaine-Fourches et de Villiers-sur-Seine.

C'est l'un d'eux, Claude-Constant Juvénal d'Harville des Ursins, colonel des dragons d'Orléans, qui, le 7 juillet 1763, moyennant 150.000 livres, vendit Fontaine, avec d'autres biens, mais en se réservant Villiers et les bois de la tuilerie de Mauny, maintenus dans la constitution du marquisat de Trainel, à Pierre Terray de Rozières (1713-1780), procureur général à la Cour des aides, déjà seigneur d'Athis, paroisse de Villiers-sur-Seine.

Pierre Terray était aussi, le frère de l'abbé Joseph Marie Terray, (1715-1778), futur contrôleur général des finances de Louis XV en 1769 qui, devenu seigneur de La Motte-Tilly, fit édifier une nouvelle demeure sur le site de l'ancien château féodal. Les frères Terray résidèrent dans le nouveau château de La Motte-Tilly, édifié à partir de 1754, sur des plans de l'architecte François Nicolas Lancret (1717-1789).

Pierre Terray, héritier de son frère l'abbé Joseph Marie Terray, décédé le 22 février 1778, ne lui survécut que deux ans.

Le domaine, à sa mort, le 18 juillet 1780, revint à son unique héritier mâle Antoine Jean Terray, intendant de Montauban, puis de Lyon, seigneur de La Motte-Tilly, dont la fille (Aglaé) épousa M. le duc d’Harcourt (François Eugène Gabriel (1786 † 1865), (cf liste des seigneurs d'Harcourt), marié en 1807 à Aglaé Terray (1788 † 1867).

Les anciens almanachs de Sens mentionnent l’existence d’un fief de Tilly, ou la Motte-Gravoir, s'étendant sur Fontaine. Déjà, au XVIe siècle, un rôle dressé pour la contribution de l’arrière-ban indique ce fief sous le nom de la Motte-Graval, et ajoute qu'il ne rapportait guère que 10 livres par an ; il appartenait alors à Grégoire Maslard, procureur du roi à Sens, du chef de sa femme Marie Ménagier. Le dernier possesseur, à la Révolution, fut Louis Clément Bonaventure Jodrillat, écuyer, lieutenant général au bailliage de Sens, magistrat lettré, originaire de Noyon, qui se retira à son château de Toussac (Villenauxe-la-Petite), devint conseiller général de Seine-et-Marne (Président du Conseil général en 1802, puis de 1804 à 1806) et finit ses jours à Sens, le 7 avril 1811.

  • Le bailliage était, et une charge, et le territoire administré par le bailli, qui avait le pouvoir d'un préfet actuel ; les bailliages étaient eux-mêmes divisés en prévôtés.
  • Baillis et prévôts étaient chargés au Moyen-Age de faire la police et de rendre justice dans les territoires dirigés par les seigneurs.

Deux autres nobles, propriétaires de biens à Fontaine-Fourches ont péri, victimes de la Terreur : la comtesse de Rossel, née Lhermite et la dame Rossel de Cercy, dont un parent, Christophe de Rossel avait émigré.

Près de l'ancien fief de la Motte-Graval, est sise la fontaine Saint-Martin, source abondante qui s'écoule vers l'Orvin (rivière) et dont les eaux avaient, jadis, la réputation de guérir les fièvres.

En 1814, plusieurs colonnes des armées alliées (*contre Napoléon) ont traversé la commune de Fontaine ; un soldat fut tué au passage et les représailles ne se firent pas attendre : un incendie détruisit un groupe de maisons où logeaient quarante ménages.

Dans les Essais historiques de L. Michelin sur le département de Seine & Marne (1835), il est question d'une maison bourgeoise et d'une ferme appelées Coëmard, appartenant à M. Marlot, tapissier-décorateur de Paris ; ce hameau, situé sur la rive droite de l'Orvin, presque à la limite du département de l'Aube, a disparu depuis.

De même a disparu un écart (hameau ou habitation écartée) du nom de Chariaux, mentionné dans les titres anciens.

Reproduction de passages extraits de L’Almanach de Seine & Marne (édit. 1898) de Théodore LHUILLIER, collectés et publiés dans la brochure "C'était hier : Fontaine-Fourches" par Raymond PLEAU.

Économie

Personnages célèbres

Monuments et lieux touristiques

Patrimoine :

  • L'église St Martin (du XII ou XIII°)
  • Les moulins à eau sur l'Orvin dont le moulin de Tasuble [ou moulin de la Folie] (XVIII au XX)
  • L'huilerie : moulin à eau sur le ruisseau de Charriot
  • Les lavoirs

L’EGLISE SAINT-MARTIN

Des moulures romanes ornent le portail de l'église de la paroisse, consacrée à Saint-Martin, mais l'édifice recourant au plein-cintre et à l’ogive, est caractéristique d'une époque de transition.

Réparée dans son ensemble vers 1570, puis vers 1780, sous la direction de Gatien Maréchaux, architecte sous-ingénieur de la généralité de Paris, cette église était à nouveau en fort mauvais état au début du XIXème siècle : L. Michelin constate, en 1835, qu’elle menace ruine.

La cure était autrefois à la collation* de l'archevêque de Sens. Elle valait 1.200 livres. Le desservant, Germain Colmont, fut appelé en 1555, à Sens, pour assister à la publication de la coutume de ce bailliage.

A la Révolution, on a vendu nationalement quelques terres situées sur Fontaine et appartenant tant à la cure qu'à la fabrique**, en même temps que d'autres biens confisqués sur l'église de Troyes et sur les bénédictines de la Madeleine de Trainel.

La cloche de l'église a été bénite en 1754. Depuis 1901, une messe y est dite chaque année à la mémoire des défunts Nonat. En effet, Jean-Baptiste Nonat avait demandé, par testament, que soit élue par le conseil municipal et le curé, chaque année, une "Rosière", jeune fille méritante de la commune (cf Événements).

Un vitrail représente Saint Martin de Tours, patron des chevaliers qui partage sa cape (ou chape) avec un pauvre ; vêtu à la mode de la seconde moitié du XVIe siècle, il ressemble à un gentilhomme de la Renaissance. En fait, ce soldat romain, en garnison à Amiens pendant l'hiver 337, rencontrant un mendiant qui souffrait du froid, coupa son manteau pour lui en donner une moitié. Le Christ, vêtu de la moitié de manteau, apparut ensuite en songe à Martin, pour le remercier de son acte de charité.

* titre d'un revenu attribué à un prélat.

** conseil chargé d'administrer les fonds et les revenus affectés à la construction, à l'entretien d'une église.


LES MOULINS A EAU

- Le moulin de Bémont

Il a été et est encore, parfois, à tort, considéré comme situé sur le territoire de Fontaine-Fourches. Il existait déjà au XIIIème siècle et est, en réalité, situé sur le territoire de Traînel.

Extrait (p; 23) de Aux confins de la Bassée, FONTAINE-FOURCHES, sa vie..., son passé... de Eugène HUGE & Raymond PLEAU : "Dans son Histoire de Trainel, l'abbé Defer nous donne de précieux renseignements sur celui-ci : «Le moulin de Besmont, à deux kilomètres environ de Trainel, existait déjà au XIIIème siècle, si c'est lui que désigne une charte de 1221, sous le nom - le moulin aus vens - moulins à Trainel - "Cartulaire du Paraclet", cela signifie vraisemblablement le moulin au dessous des moulins de Trainel. Au commencement du XVIème siècle, il fut affermé moyennant un cens en deniers et volailles et une rente en grains à titre d'emphytéose perpétuelle. Quand fut construit à l'intérieur du pays le moulin banal, il fallut régler les attribut de chacun. Le meunier de Besmont avait droit de quête dans les faubourgs et la Borde mais il ne pouvait prendre aucun grain de la ville, sous peine de confiscation de farine et de bestiaux, suivant une transaction de l'année 1604, par devant Me Girault, notaire : "Aujourd'hui (1884), le moulin de Besmont n'a que deux paires de me tandis que l'autre en a quatre paires.» Par ce texte, nous apprenons que le meunier ne pouvait trouver de grain à moudre qu'en dehors de la ville de Trainel ; ce qui nous fait supposer qu'il devait travailler pour les habitants de Fontaine-Fourches. D'après l'état des revenus de la seigneurie de Trainel, dressé en 1780 à la mort de M. Terray de Rosières, le meunier de Besmont devait au seigneur et par an : 1 livre en argent, 36 bichets (1) de froment, 36 bichets de seigle et 4 chapons."]

- Le moulin de Tasuble (appelé communément MOULIN DE LA FOLIE /cf note à la fin du paragraphe)

Situé sur la rive gauche de l’Orvin, l'édifice actuel, construit au XVIIIème siècle, a fourni la région en farine jusqu’en 1962. Extrait ( p. 24) de Aux confins de la Bassée, FONTAINE-FOURCHES, sa vie..., son passé... de Eugène HUGE & Raymond PLEAU : [« Le moulin à eau de Tazuble ou de La Folie est situé sur la rive gauche de la rivière de l'Orvin : il est composé de bâtiments nécessaires à son exploitation et au logement du meunier et de différents autres bâtiments, cour et plusieurs parties de terrain vague...» C'est en ces termes que le géomètre Hubert Jules Hadot, de Bray sur Seine requis par le marquis de Cherisey, propriétaire, pour en faire l'arpentage, décrivait, en novembre 1835, l'emplacement du moulin. Dans son Dictionnaire historique de la Champagne méridionale, Alphonse Roserot, signale qu'en 1398, dans l'aveu fait au suzerain, il est noté l'emplacement du moulin de Tazuble. Par l'état des revenus de la seigneurie de Trainel (2) déjà cité, en 1780, le moulin de Tazuble rapportait au dit seigneur 8 sous 6 deniers d'argent et 48 bichets moins 1 pinte de froment et 48 bichets moins 1 pinte de seigle. En 1835, Didier Billy est locataire du marquis de Cherisey En 1879, le moulin appartient aux héritiers du Comte de Montessus. En 1898, le meunier est M. Légret, les propriétaires sont M. Favin et ses deux soeurs. En 1923, M. Alexandre Charles Albert Delahaye, meunier, en fait l'acquisition. Le moulin fut exploité par M. Pierre Delahaye, son fils, jusqu'à son décès en déportation ; puis l'exploitation fut poursuivie par Mme Grégoire ; il cessa sa fonction en 1962 pour ne plus servir que d'habitation à sa propriétaire. Il fut racheté par M. et Mme Balas en 1992 ; les nouveaux propriétaires le transformèrent en atelier de peintre, tout en restaurant l'environnement et remettant en eau le bief envahi par les végétaux.] 1) Le bichet mesure de Trainel valait 16 pintes, ce qui pourrait équivaloir à 15 litres environ 2) Abbé Defer : Histoire de Trainel, page 149 (l'abbé Defer écrit Tasuble)]

Note : LE MOULIN DE TASUBLE (1) appelé communément MOULIN DE LA FOLIE (2):

1- Le toponyme Tasuble peut être : a) soit issu du latin TABULA qui désigne une “planche”. Or, le moulin a été aussi connu comme "moulin de la Table". Le mot TABLE (v.1050), selon le dictionnaire historique de la langue française d’Alain Rey, est spécialement employé pour désigner une planche à écrire (en concurrence avec tabellae, plus usuel, “tablettes à écrire”), un tableau d’affichage des lois, des listes d’électeurs ou des proclamations publiques et une table de jeu. Il désigne aussi, par analogie de forme, un carré de vigne ou de terre. b) soit une altération* (par aphérèse et syncope) du latin stabulum : lieu ( bon ou mauvais) où séjournent humains ou animaux [gîte, demeure, auberge / étable, écurie, bergerie, poulailler] et aussi lieu de débauche.

  • les altérations phonétiques d'un mot, par adjonction, suppression ou déplacement de phonèmes ou de lettres sont des métaplasmes.

2- Le toponyme « la Folie », s’applique souvent à un étang ou à un moulin. On y voit souvent un mot dérivé de « fol » = fou analogue aux nombreuses « folletières » ou « folatières », qui désignaient des lieux hantés par les esprits « follets » (cf : les « feux follets »); c'est une explication plausible. On peut y voir, avec plus de vraisemblance, le terme qui désignait une petite maison de plaisance et de rendez-vous, sise dans le feuillage [du latin folia, la feuille], où l'on se réunissait pour se divertir librement. (Dictionnaire de L'Académie française page 1:554). Il est cependant préférable de rapprocher ce mot du verbe « fouler » [v. tr. XIe siècle, foler, issu du latin populaire *fullare], qui signifie fouler, écraser, presser (subst. foleïs : presse). Le foulage du raisin, de la vendange. Le foulage du blé sur l'aire. Le foulage des draps, des peaux...cf moulin à folon et fouloir. [Folage, foulage : n. m. XIIIe siècle, au sens de « droit féodal sur la mouture » Dictionnaire de l'Académie]. Au Moyen Age, le droit de « folage » était dû au seigneur du moulin ; or le moulin de la Folie était, précisément, un bâtiment seigneurial.

- Le moulin de la Jalousie

Situé en aval du moulin de la Folie, il a disparu dans des conditions obscures. Extrait ( p. 25) de Aux confins de la Bassée, FONTAINE-FOURCHES, sa vie..., son passé... de Eugène HUGE & Raymond PLEAU : [ En 1835, dans l'opération d'arpentage commandée par le marquis de Chérisey, il est considéré qu'il reste : "... les ruines de ce moulin qui a été incendié, une grange, une écurie et une cour...". En 1898, Théophile Lhuillier, dans une étude sur Fontaine-Fourches, écrit qu'au XIVème siècle, à l'occasion du passage de bandes de pillards membres des grandes compagnies qui ravageaient les campagnes, une partie des maisons de Fontaine et son moulin furent détruits. S'agissait-il de l'établissement précité ? La carte de Cassini établie au XVIIIème siècle représente, en aval de la Folie, un point dénommé Moulin Neuf. Or, ce moulin, par son empla­cement, ne peut être que celui de la Jalousie ; fut-il reconstruit pour être de nouveau incendié dans des circonstances ignorées ? Actuellement, sur la rivière, seule une passerelle, dite de la Jalousie, perpétue le souvenir d'un moulin tombé dans l'oubli et dont le sol est retourné à la nature. ..]

- Le moulin de Tamnoy, (cf note à la fin du paragraphe)

Extrait ( p. 26 ) de Aux confins de la Bassée, FONTAINE-FOURCHES, sa vie..., son passé... de Eugène HUGE & Raymond PLEAU : [Nous avons peu de connaissance sur les origines et le passé du moulin de Tamnoy, sinon qu'il existait au XVlème siècle. Sur un plan conservé au château de la Motte-Tilly, un gué et un moulin dit de Tamnoy, y sont figurés. A cette époque, les chanoines du chapitre de Trainel en étaient les propriétaires. D'après MM Michelin et Lhuillier, cet établissement, au début du XIXème siècle, était une petite usine qui se livrait alors à des activités lapidaires. Nous ignorons avec quels minéraux et pour quel usage il travaillait. A une date inconnue, victime d'un incendie, il fut, plus tard reconstruit à usage d'habitation ; la roue à aubes, heureusement échappée au sinistre, fut restaurée. Dans l'immeuble fut installée une petite usine qui renouvela la tradition lapidaire en fabricant des perles. Toutefois, au début du XXème siècle, le moulin de Tamnoy s'adonnait de nouveau à la minoterie car il était alors exploité par M. Delahaye, meunier, qui transféra ensuite son activité au moulin de la Folie.]

Note : Le moulin de Tamnoy :

TAN (s. m.) : Ecorce pulvérisée du chêne, utilisée dans le tannage végétal des peaux, en raison de sa forte teneur en tanin. Par analogie, écorce pulvérisée d'autres espèces d'arbres, tels que le châtaignier, le bouleau, le saule, l'acacia, le cachou, le sumac etc., qui possède des propriétés similaires. Autrefois, les « moulins à tan », étaient très actifs sur les berges des cours d'eau. ÉTYMOLOGIE Littré (1880) : Origine incertaine. Frisch le tire de l'allem. Tanne, sapin ; Diefenbach, du bas-breton, tanu, chêne ; en gaélique, tionas, en irlandais, tionus, signifient une tannerie. Ce dernier mot convient mieux, parce que c'est plutôt avec l'écorce du chêne qu'avec celle du sapin que se fait le tan. Le mot est ancien ; car on trouve le verbe tanare dans les Gloses d'Erfurt. TLF : Très prob. issu d'un gaul. *tanno- « chêne » que l'on peut restituer d'apr. le bret. tann « chêne », l'a. cornique [lang. parlée en Cornouailles jusqu'au XVIIIe s.] tannen « id. », l'a. irl. teine « houx » (FEW t. 13, 1, p. 84).


  • Le moulin sur le ruisseau de CHARRIOT

Situé en aval des sources de Fontaine, ce moulin, à l’origine, était alimenté par un petit affluent de l’Orvin, le ruisseau de la source de Piètremont (toponyme signifiant que la pente n’était pas très prononcée); cette source fut acquise par la commune de FONTAINE-FOURCHES, « pour l’exécution du projet d’alimentation en eau potable, déclaré d’utilité publique, en exécution de la loi du 3 mai 1841, par décision de M. le Préfet de Seine-et-Marne en date du 7 juin 1933 ». Il est alimenté, aujourd’hui, par le trop plein des sources où puisent les communes de Fontaine-Fourches et de Courceaux.

Son ancienneté toponymique est attestée, et par la présence de l'écart (hameau ou habitation écartée) du nom de Chariaux tel qu'il figure sur le relevé cadastral selon le plan d'intendance établi en 1787, et en tant que moulin à eau de Chareau, tel qu'il figure sur la carte de Cassini, dressée avant la Révolution.

Le vocable "Chareau" qui doit s'entendre comme "qui charrie de l’eau", fut longtemps perpétré dans son acception phonétique "charrie-eau".

Puis, au fil des ans, un glissement sémantique s'opérant, le terme fit alors référence au véhicule de transport d'un usage courant "chari-ot " ; mais la volonté d'entretenir la filiation sémantique avec le terme initial demeura suffisamment forte pour que, curieusement, on le retrouve acté « ruisseau des Fontaines de Charriot », comme si les deux « r », ici, manifestaient un refus obstiné de voir s'appliquer l'exception orthographique qui veut que "chariot" s’écrive avec un seul « r ».

Il fut vendu le 27 mai 1866 par M. François Norbert LEMOT, ancien meunier demeurant à Fontaine-Fourches, à M. et Mme LALLIAUME-HEDRY, propriétaires à Fontaine-Fourches. On y moulait des céréales à l'époque de la transaction, car M. Arthur Bridou, dans sa monographie de 1889, nous le décrit en ces termes : "... il faut citer aussi le ruisseau de Fontaine qui prend naissance au sud-est et fournissait assez d'eau pour faire mouvoir un moulin à farine situé audit lieu et qui ne fonctionne plus depuis quelques années... ". On peut penser que cette cessation d'activité découlait de la concurrence que lui faisaient les moulins de Tazuble (ou de la Folie) et de Tamnoy, plus importants et certainement mieux équipés. Le 18 janvier 1903, les trois enfants Lalliaume vendirent le moulin à M. Charles Armand LANGUILLAT, maçon-huilier et à sa femme Anna, née POYAU et le transformèrent en moulin à huile.

L'huilerie / Historique

Charles Armand LANGUILLAT et sa femme Anna, née POYAU, ( sa première épouse, décédée le 30/10/1892 ) ache- tèrent, le 18 janvier 1903, aux trois enfants Lalliaume, le moulin (à farine) de Chareau pour le transformer en moulin à huile. En effectuant des travaux, Charles Armand LANGUILLAT se blessa et décéda le 30 septembre 1907, victime du tétanos. Sa veuve en secondes noces, Albertine MORET, dont il avait divorcé le 8 juillet 1897, et dont il avait une fille, Charlotte LANGUILLAT, alors mineure, demanda la vente de ses biens.

Le moulin, treizième lot de la vente par adjudication le 29 décembre 1907, fut mis à prix 3.000 francs. « Sur ce prix les feux ont été allumés et plusieurs enchères portées la dernière par Monsieur Joseph LANERET, cultivateur demeurant à Fontaine-Fourches a élevé le prix à cinq mille cinq cents francs. Deux nouvelles bougies ont été allumées et se sont éteintes successivement sans nouvelle enchère. En conséquence Me Plessy notaire commis a proclamé ledit M. Laneret ici présent acceptant adjudication de ce lot moyennant le prix de cinq mille cinq cents francs qu’il s’est obligé à payer ». Le moulin fut alors propriété indivise de M. Joseph Prosper LANERET, de son épouse Anastasie, née POYAU, et de leurs deux filles, Juliette Berthe LANERET et Léa Marthe LANERET. C’est cette dernière qui, avec son mari Auguste Henri LEGRAND, tritura les graines d'oeillette et les noix de la région jusqu’en 1945, date de la cessation d’activité du moulin, victime du progrès industriel, comme toutes les huileries artisanales, et de l’interdiction de la culture de cette variété de pavot qu'est l'oeillette ou pavot noir (papaver somniferum nigrum). cf Pavot somnifère. Auguste Legrand et sa femme furent donc les derniers propriétaires à exploiter ce moulin/huilerie. Le façonnage de l'huile n'étant que saisonnier, ce n'était qu'après avoir terminé la campagne sucrière de la râperie de Villuis, annexe de la sucrerie de Bray, généralement en décembre, que l'huilier pouvait commencer sa propre saison de production d'huile pour les clients de la région qui lui apportaient à traiter, soit des noix, soit, le plus souvent, des graines d'oeillette. Pour réaliser le remplissage du bief du moulin, il se levait à deux à trois heures du matin et s'en allait, dans la nuit, actionner la vanne qui lui permettait de constituer la provision d'eau nécessaire à l'entraînement de la roue à aubes pendant la journée. Dès six heures du matin, le premier client arrivé déchargeait sa récolte de la charrette et mettait son cheval à l'abri, soit à l’écurie (bâtiment aujourd’hui détruit), soit sous le hangar. Les sacs ouverts, aussitôt déposés sur le carreau du moulin, l'oeillette remplissait des récipients déversés dans le concasseur mis en mouvement. Puis, lorsque la trémie était vide et l'appareil débrayé, les graines triturées étaient déposées dans l'auge de pierre où la meule de pierre commençait sa ronde. Une fois les fruits aplatis, on cuisait la pâte sur le four puis on l’enfermait dans des récipients que l’on disposait sous les presses hydrauliques pour en extraire cette huile dorée, légèrement brune, odorante, que l'on versait toute chaude dans des bonbonnes de grès ou de verre, quelquefois dans des pots à lait de 20 litres. Dès que le broyage des dernières graines d'un client était terminé, celles du client suivant emplissaient le concasseur et suivaient le même cheminement. L'huilier et sa femme formant une équipe bien rodée, toutes les opérations se succédaient ainsi, sans perte de temps ni précipitation. Désaffectée depuis que l'on ne cultive plus l'oeillette, l’huilerie a conservé un aspect extérieur solide car la bâtisse a été maintenue en bon état par les descendants des huiliers.

Leurs héritiers, avec le concours d'amis bénévoles, ont entrepris sa restauration : les bâtiments ont été ravalés, le bief réaménagé, la roue reconstruite, la meule et son socle consolidés.

Depuis décembre 2005, la roue peut actionner la meule qui tourne sur son socle… Restent à entreprendre la reconstruction du four et la réparation des presses hydrauliques.

d'après Eugène HUGE & Raymond PLEAU sur FONTAINES-FOURCHES

Événements

La Rosière

Chaque année a lieu, lors de la fête des Rameaux, l'élection de la Rosière du village. Elle est élue pour une année durant laquelle elle participe aux festivités du village. A l'origine, c'est une famille du village qui a fait une dotation à la mairie pour que les tombes de ses membres soient entretenues par l'intermédiaire de la jeune Rosièreou sa famille. Aujourd'hui, une grande fête, une fois par an, réunit tout le village autour de la Rosière.

La journée se déroule ainsi : le matin, messe des Rameaux dans l'église du village. À la sortie de l'église,un apéritif est servi sur le parvis. Après déjeuner, un cortège composé d'une fanfare, des élus locaux et de toutes les personnes du village le désirant, va chercher la future Rosière devant chez elle et la conduit jusqu'à la salle des fêtes. Là, se déroule la cérémonie d'institution de la Rosiere. Les élus font un discours et remettent à la nouvelle Rosière, ainsi qu'à ses deux dauphines (chargées de la remplacer dans ses devoirs en cas de nécessité) des bouquets de fleurs. La Rosière reçoit alors le certificat encadré de sa nomination et une dotation. L'après-midi s'achève par une soirée dansante où les gens du village (et des communes alentour) se retrouvent pour danser, discuter et faire connaissance avec les nouveaux arrivants.

« C’est en 1901 que fut élue la 1ère Rosière de FONTAINE-FOURCHES »

Tel est le titre d'un article de presse paru en 1966, découpé dans la page d'un journal dont le nom n'apparaît pas, hélas, qui relate l'événement en ces termes : « En 1901, fut désignée au deuxième tour de scrutin, par 7 voix sur 11 votants, Mlle Marthe Vajou, 27 ans, sans profession. Elle reçut la somme de 399,27 F. Nous l'avons rencontrée ces jours derniers, alerte malgré ses 92 ans. Elle cultive ses fleurs avec soin et nous a avoué être très fière de son titre de Rosière. Le souvenir de cette journée est toujours présent à sa mémoire.

En 1900 le docteur Auguste Nonat offrit aux enfants des écoles deux prix : et, depuis, chaque année, les meilleurs élèves reçoivent un livret de Caisse d'épargne. A son tour, M. Jean-Baptiste Nonat voulut récompenser la jeune fille, la plus méritante de la commune. Il laissa donc un testament que le maire et le prêtre étaient chargés de faire respecter. Le règlement de ce legs était ainsi conçu :

" Une jeune fille de Fontaine-Fourches sera élue par le conseil municipal et le prêtre du pays comme la plus méritante. En récompense, elle recevra une certaine somme, soit de 1901 à 1922, 500 F en louis d'or. En contre-partie, la Rosière sera tenue d'entretenir la tombe de la famille Nonat pendant une année et de faire dire une messe à la mémoire des défunts Nonat ".

Chaque année, donc, le conseil se réunit en séance extraordinaire et désigne la Rosière par vote secret. Le garde-champêtre va prévenir l'élue et reçoit son assentiment ; si elle refuse, on procède à un nouveau vote et ainsi de suite…

Parmi les soixante-six Rosières, plusieurs l'ont été de génération en génération ; ainsi, Mlle Henriette Ponchon le fut-elle en 1907 et reçut-elle, à cette occasion, la coquette somme de 510 F or. Sa fille, Mlle Jacques, en 1931, sa petite fille, Annette Lamotte, en 1956, Mlles Raymonde Harandsoy, en l947, Chantal Pleau, en 1964, Carmen Morand, en 1965, obtinrent le titre de Rosière comme leur mère l'avait obtenu en 1908, 1943 et 1937. Cette année [1966], Michelle Courtois, jeune fille de 19 ans, sera Rosière et la tradition sera respectée puisque sa maman Charlotte Couturier, âgée à l'époque de 18 ans, le fut en 1939.

A signaler, qu'en 1962, il y eut deux Rosières, des jumelles, Mlles Yvette et Micheline Angellier[...] et que, jusqu'ici, aucune Rosière n'a failli à la requête de la famille Nonat.»

Les 500 louis d'or, compte tenu de l'érosion monétaire, ont été remplacés par une somme d'argent actualisée au fil des ans. La remise du prix, qui a lieu chaque année le jour des Rameaux, donne lieu à des festivités qui drainent une population nombreuse venue des alentours.

Culture

Sports

Jumelages

Articles connexes

Bibliographie

  • Théodore LHUILLIER (1833-1904) Almanach de Seine & Marne 1898
  • Raymond PLEAU C'était hier : Fontaine-Fourches [ Reproduction d'extraits collectés dans L’Almanach de Seine & Marne].
  • Eugène HUGE & Raymond PLEAU Aux confins de la Bassée, FONTAINE-FOURCHES, sa vie..., son passé...
  • Claude Haton, Mémoires ; édition scientifique sous la direction de Laurent Bourquin, Paris : éditions du CTHS
  • Abbé Defer (Eugène-Edmond) Histoire de Trainel. Troyes 1884. Dufour-Bouquot. 248 p.
  • Alphonse Roserot Dictionnaire historique de la Champagne méridionale. Troyes 1948. Impr. Paton

Liens internes

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